11 milliards de FCFA (au lieu de 10 milliards). C’est le montant qui a été débloqué, le lundi dernier, par le Conseil fédéral suisse en faveur de quatre personnalités proches de Laurent Gbagbo. Depuis mardi dernier, les noms de ces personnalités sont connus. Il s’agit de Philipe Attey, ancien directeur général de la SOTRA, du colonel-major Alphonse Mangly, ancien directeur général des douanes, de Mme Danièle Boni Claverie, présidente de L’union républicaine pour la Démocratie (URD) et de feu Ibrahim Azzedine, homme d’affaires d’origine libanaise. Ces quatre personnalités à elles seules pèsent 11 milliards de nos francs. Pour des personnes dont on ne connait – à part Azzedine – aucune activité commerciales ou industrielles, c’est difficile de croire qu’elles ont pu engranger autant d’argent à un temps relativement assez court. Mais les onze milliards dégelés ces derniers temps ne sont que la face visible de l’iceberg. Car, depuis la prise de l’ordonnance de blocage le 14 janvier 2011 par le Conseil fédéral suisse, ce sont au total 37 milliards de FCFA, en l’espace d’un an, qui ont été dégelés pour le compte de personnes physiques et morales proches de l’ancien régime. On se le rappelle encore, l’ordonnance de blocage des fonds qui avait été prise au plus fort de la crise, a été à plusieurs reprises modifiée pour permettre aux personnes concernées d’entrer en possession des fonds placés dans des banques suisses. Depuis 2013, les dégels se sont succédé au point de réduire le montant de la cognotte à 11 milliards de FCFA. C’est cette dernière tranche qui a été reversée aux quatre personnalités citées depuis le mardi dernier. Au-delà de l’émoi et de la surprise que cette information suscite dans la société ivoirienne, il faut reconnaitre que cette affaire remet au goût du jour la gabegie à grande échelle qui eu cours pendant les dix de la refondation. Les quelque 37 milliards de nos francs qui sommeillaient dans les comptes bancaires suisses montrent à quel point Laurent Gbagbo et sa coterie avaient du mépris pour les Ivoiriens. Car tout cet argent qui s’est retrouvé dans les institutions bancaires helvétiques n’y était pas pour servir leurs intérêts, encore moins ceux de la Côte d’Ivoire. Ces sommes pharaoniques ont tout simplement été détournées pour servir des intérêts particuliers voire enrichir des individus et leur famille au détriment du peuple ivoirien. On comprend maintenant pourquoi, durant dix ans, rien d’important n’a été réalisé dans ce pays. Ici, ce sont les sommes déposées dans les banques suisses qui ont été rendues public. Qu’en est-il des autres sommes qui ont été détournées vers d’autres pays et des paradis fiscaux ? Pour sûr, il importe, ne serait-ce pour le respect du contribuable ivoirien, que les enquêtes poussées soient effectuées pour permettre à tout cet argent qui appartient en réalité au peuple, de regagner les caisses de la République. Le pays qui en ce moment est pleine reconstruction en a grand besoin.
Jean-Claude Coulibaly
Jean-Claude Coulibaly