Le jeu d’alliances fait partie intégrante du jeu politique. Mais il y a des alliances congénitalement incompatibles, on dira même contre nature. Surtout celle entre deux partis politiques d’idéologies diamétralement opposées. Le Parti Démocratique de Côte d’Ivoire, parti cinquantenaire de droite qui défend les idéaux de paix, de justice et de dialogue, de cohésion et de tolérance saurait difficilement s’accommoder ou s’accoupler à un parti outrancièrement de gauche qui a conduit le pays dans un chaos sans précédent. Un chaos si profond que les mémoires en sont encore fraiches: nuits effroyables ; déluges de feu ; cris, pleurs et douleurs; rues souillées de sang et de cadavres en putréfaction, psychose générale… Depuis quelques temps, Pascal Affi N’guessan et ses camarades du FPI ne cessent de faire la cour au parti du sphinx de Daoukro. « Henri Konan Bédié est un ancien président de la République, qui a un parcours dans ce pays et qui compte sur l’échiquier politique. Dans cette phase de réconciliation, il est indiqué que le FPI lui rende visite pour lui présenter les vœux de santé, de paix et de prospérité, pour lui, sa famille et l’ensemble des militants du PDCI-RDA »’ a indiqué le jeudi dernier Pascal Affi N’guessan après ce qu’il qualifie de visite de courtoisie au président du PDCI rda. Le PDCI serait-il déçu du RDR pour regarder avec appétit l’appel de pied du FPI. On peut sans le moindre risque de se tromper répondre à la négative. Le PDCI n’a raisonnablement pas de raisons de désespérer de son allié et frère du RDR. Entre le président Bédié et son cadet Alassane Ouattara le courant passe à merveille. Les multiplies petits pas du FPI vers le parti cinquantenaire ne peut donner les résultats escomptés. Car l’histoire récente de la Côte d’Ivoire témoigne éloquemment. En 2000, sous la transition militaire, en l’absence du président Bédié en exil en France, Laurent Dona-Fologo, alors secrétaire général du PDCI, s’était allié à Laurent Gbagbo et son parti, créant ainsi le Front patriotique. Une alliance qui a très vite volée en éclats. Même si le parti d’Affi aux abois cherche alliés, il est quasi impossible pour les héritiers d’Houphouët Boigny de s’allier au FPI qui a toujours combattu le président Félix Houphouët Boigny et son idéal de paix de son vivant. Dans sa nouvelle stratégie, le parti fondé par Laurent Gbagbo veut à coup d’arguments saugrenus associer le PDCI à son projet des états généraux de la République. Ce concept qu’il veut tant novateur que porteur d’une solution, définitive à tous les problèmes de la Côte d’Ivoire. Cette foire d’empoignes vite déclinée par le sphinx de Daoukro qui sait tout comme son cadet Alassane que les états généraux ne peuvent rien apporté à la marche actuelle de la Côte d’Ivoire. En politique tout est possible, Mais aussi comme la loi des physiques, il y a naturellement des bornes qui se repoussent. Jamais de mémoire dans le jeu ouvert par la démocratie, parti de gauche et parti de droite ont filé le parfait amour. Ce n’est pas le FPI d’Affi qui réussira à mettre à sa remorque le parti cinquantenaire qu’est le PDCI RDA.
Moussa Keita
Moussa Keita