x Télécharger l'application mobile Abidjan.net Abidjan.net partout avec vous
Télécharger l'application
INSTALLER
PUBLICITÉ

Politique Publié le vendredi 7 février 2014 | L’intelligent d’Abidjan

Interview / Drissa Coulibaly, ex-candidat aux législatives : ‘‘Le PDCI m’a mis à la retraite, il n’a plus besoin de moi à Attécoubé’’

Premier président de la jeunesse communale en 1980, premier président de la JPDCI, adjoint au maire durant 15 ans et candidat PDCI malheureux aux dernières législatives à Attécoubé, Noël Drissa Coulibaly Mba a décidé de scruter un nouvel horizon politique. Après 33 ans de militantisme à promouvoir les idéaux du PDCI, Drissa Coulibaly donne ici, l’exclusivité de son départ du PDCI à l’Intelligent d’Abidjan.

Pourquoi quittez-vous le PDCI pour un nouvel horizon après plus de trente années de militantisme ?

Permettez d’abord qu’en ce début d’année, je formule mes vœux de bonheur, de santé et de prospérité à toutes les populations d’Attécoubé et particulièrement à tous ceux qui ont été mes soutiens lors de ces dernières élections. Il faut préciser que c’est en 1980, date de création de la commune d’Attécoubé que j'ai été pour la première fois président de la jeunesse communale et ensuite premier président la Jpdci d’Attécoubé. Je le précise car c’est important pour la suite de cet entretien. Donc, pendant plus de 33 ans, j'ai participé à la construction de cette commune et contribué à asseoir le Pdci dans cette commune. A ce titre, je mérite plus d'égards de la part de certains frères ouvriers de la dernière heure. Tout le monde a été témoin lors des élections législatives du tort que j'ai dû subir. Ayant été choisi par le parti pour être son candidat aux législatives, vous avez pu constater que malheureusement par manque de cohésion au niveau du Pdci à Attécoubé, j’ai dû affronter dans nos propres rangs un candidat indépendant. Nous avons perdu alors que l'addition de nos voix nous donnait largement vainqueur. Ce candidat indépendant malheureusement a été soutenu par le délégué communal N’Koumo Mobio lui-même, notre père. Ensuite, il y a eu les municipales où nous avons été aux primaires à la recherche de l'investiture de notre parti. Grande a été notre surprise de constater que celui qui avait été indépendant, non seulement, n’a pas été sanctionné, ce qui a été le cas dans d’autres circonscriptions, bien au contraire il a été adoubé par notre parti. Nous pourrions nous en contenter dans la mesure où il s’agissait peut-être pour le parti d’acquérir un poste à Attécoubé, en militant discipliné nous avons refusé malgré les nombreuses sollicitations de nous constituer candidat indépendant. Ce que nous avons déploré dans la démarche du parti, c’est qu'après le choix du candidat indépendant aux législatives pour porter les couleurs du Pdci aux municipales, nous n’avons été associés à rien ni pendant la campagne, ni après celle-ci. Nous avons été complètement ignorés jusqu'à ce jour. D’autre part, au niveau de la direction du parti, vous savez que pendant plus de 10 ans, nous avons été membre du bureau politique du Pdci-Rda, membre du secrétariat général. Je pense que dans la vie professionnelle comme en politique, il existe un profil de carrière. Dans un parti, j'estime qu'il y a des critères qui justifient le choix des personnes pour être membre d'une instance comme le Bureau politique, et pendant une si longue période. Je suis à jour de mes cotisations, je n'ai été l'objet d'aucune sanction disciplinaire de notre parti, j'ai travaillé avec loyauté et dévouement, quelques fois avec mes moyens financiers pour le parti. Je me suis engagé personnellement dans le combat du Pdci et malheureusement après le dernier congrès du Pdci, je redeviens un simple militant, étant exclu de ce Bureau politique. J'ai décelé que le Pdci n’avait certainement plus besoin de moi. On voudrait me mettre à la retraite anticipé qu'on ne s'y prendrait pas autrement.

Avez- vous rencontré les dirigeants de votre parti pour porter cette situation à leur connaissance ?
Avant le congrès, en mars 2013 j'ai été rencontrer le président de notre parti à Daoukro pour l'informer de la situation à Attecoubé. A cette occasion il avait prêté une oreille paternelle et attentive à mes préoccupations. Malheureusement ma situation s'est empirée après le congrès. J'ai estimé par respect pour lui qu'il ne fallait plus l'importuner avec ce type de question.

Votre nom rime aujourd’hui avec le Pdci-Rda à Attécoubé. Est-ce qu’avant votre départ, vous avez consulté le doyen N’Koumo Mobio ?
Le doyen N’Koumo Mobio est pour nous à Attecoubé, ce que Houphouët-Boigny a été pour la Côte d’Ivoire. C’est en 1980, lorsqu’il a été maire d’Attécoubé que j'ai fait sa connaissance. Depuis tout ce temps, je l'ai toujours considéré comme un père et jusqu’aux dernières élections j'ai pu constater la réciprocité de ce sentiment. Il m'avait toujours considéré comme un fils. J'ai été choqué lors des élections législatives de m'entendre dire par certaines personnes que j'étais un étranger à Attécoubé. Nous avons vidé ce contentieux mais il n'en demeure pas moins que j'en suis resté définitivement traumatisé. C’est quelqu’un pour lequel j'ai toujours beaucoup d’estime et de respect. On ne peut pas cracher dans une assiette dans laquelle on a mangé. Dans une relation il faut surtout sublimer le positif. Je pense que pendant tout ce temps que j'ai vécu auprès de lui, j'ai beaucoup appris, non seulement dans la vie professionnelle, mais également dans la vie politique. Il demeure toujours pour moi un modèle, une référence, un repère et parce que j'estime que les considérations politiques ne peuvent pas être des raisons pour nous séparer, j'irai en temps opportun l'informer de ma position et avoir ses bénédictions. Il demeure toujours pour moi un père.

Malgré le fait que N’Koumo Mobio soit pour vous un modèle, une référence, un repère, vous envisagez tout de même de changer de parti. Avez-vous rencontré les responsables de cette nouvelle formation politique ?
Je ferai une conférence de presse dans les jours à venir où j'irai beaucoup plus en profondeur sur ce sujet. Permettez que je n’en dise pas plus aujourd’hui, puisque j’ai mes électeurs et mes soutiens à Attécoubé. Je pense que c’est à eux que je dois réserver la primeur de cette déclaration et dans les jours à venir, vous serez situé.

Avant déjà cette déclaration, vous avez entrepris des tournées au niveau de votre commune. De quoi s’agit-il exactement ?
Vous savez bien qu’en toute chose, il faut respecter les gens qui vous accordent de la considération. J’ai été candidat du Pdci et malgré les instructions qui ont été données au niveau de la direction locale de mon Parti, des militants du Pdci et d’autres personnes, populations d’Attécoubé qui m’ont connu et ont vu mon parcours à Attécoubé, ont accepté de me soutenir et d’être avec moi dans tous ces combats. Et je peux vous dire que beaucoup de ces personnes l’ont payé cher d’une manière ou d’une autre. Je ne pouvais pas au moment où je m’apprête à prendre une décision de cette envergure pour réorienter ma vie politique, ne pas aller rencontrer ces personnes, ces sages, ces femme, ces jeunes, pour leur donner un aperçu de ce que je compte prendre comme décision, pour requérir leurs avis et surtout leurs conseils. Donc la tournée que j’ai effectuée ces temps-ci dans la commune d’Attécoubé s’inscrit dans ce cadre : échanger avec les populations, voir avec elles quelle décision nous pourrions prendre ensemble.

Après 33 ans, vous voulez refaire votre vie politique, est-ce une décision bien mûrie ?
C'est un peu excessif de dire que je refais ma vie politique, disons plus simplement que je la réoriente. Je suis d’idéologie Houphouétiste. Quand je vois la gouvernance de la Côte d’Ivoire depuis les indépendances jusqu’à aujourd’hui, je peux dire qu’il y a eu cinq gouvernances. Il y a eu celle d’Houphouët-Boigny, celle d’Henri Konan Bédié, celle très brève de Robert Guei, il y a eu celle de Laurent Gbagbo qui a duré 10 ans et aujourd’hui nous sommes dans l’Administration Alassane Ouattara. Et l’image que la majorité des Ivoiriens retient de la Côte d’Ivoire et même les étrangers en dehors de la Côte d’Ivoire, c’est la Côte d’Ivoire fondée et conduite par Houphouët-Boigny. Avec cette Côte d'Ivoire de paix, de progrès et de bonheur partagé, je demeure dans cette idéologie houphouétienne. Je reste dans la case mais je change de chambre, parce que je suis un Houphouétiste convaincu.

On vous annonce au Rdr par exemple qui est un parti du Rhdp. Le Pdci et le Rdr, n’est-ce pas bonnet blanc, blanc bonnet ?
Je ne vais pas vous donner la quintessence de ma prochaine conférence de presse, mais sur ce sujet sur le plan de l’idéologie, on peut dire que ces deux partis épousent la même philosophie politique. Je pense que chacun a son approche de l’Houphouétisme. Ce que nous avons retenu d’Houphouët-Boigny, c’est que c’était le grand bâtisseur. Celui qui, en moins de deux décennies, a réussi à transformer la physionomie de la Côte d’Ivoire en faisant de ce pays un modèle de développement un havre de paix, un oasis dans le désert ouest africain. Et c’est cette référence que les gens ont de la Côte d’Ivoire, c’est le pays bâti par Houphouët-Boigny. Deuxièmement, vous avez constaté que sous le président Houphouët, la cohésion nationale, le vivre ensemble était une réalité. Houphouët-Boigny a réussi à réconcilier tous les enfants de la Côte d’Ivoire de toutes les régions qu’ils soient du Nord, du Sud, de l'ouest, de l'Est ou du Centre. Celui qui, aujourd’hui, incarne le plus ses valeurs à mon avis, c’est le président Alassane Ouattara qui, en moins de 3 ans de gouvernance, sur le plan des infrastructures, est en train de faire ses preuves et sur le plan de la réconciliation et de la cohésion entre les Ivoiriens. Il est également en train de démontrer qu’il est un grand homme, un homme de hauteur qui a su se mettre au-dessus des rancœurs qu’il a pu connaître au cours de ces dernières années. Ces deux valeurs sont fondamentales pour moi et indiquent que la Côte d’Ivoire de Houphouët est de retour. Pour mon choix précis vous le saurez incessamment.

Votre départ ne sera-t-il pas perçu comme une trahison pour vos militants qui vous ont toujours soutenu ?

Une trahison non! Dans la mesure où je vous ai dit que c’est en concertation avec mes soutiens, les chefs traditionnels, les femmes, les jeunes qui m'ont toujours honoré de leur confiance que nous avons mûri cette décision. Je vous ai dit que je viens de terminer une tournée dans la commune et c’est ensemble que nous avons pris la décision que nous allons annoncer. C’est justement pour qu’ils ne soient pas surpris que j’ai pris le soin de faire cette tournée. Et grande a été moi-même ma surprise de constater que la plupart de mes soutiens attendaient cette décision de ma part. Donc, je ne pense pas qu’ils seront surpris. C’est plutôt la joie et le soutien de ces personnes que j’ai observés.

N’êtes-vous pas un opportuniste ?
Non, dans mon cas ce n’est pas de l’opportunisme que d’aller dans un parti quelconque aujourd’hui. Si c’était par opportunisme, je crois que je n’aurai pas attendu aujourd’hui où toutes les élections sont finies pour changer de parti politique. Et puis, à mon niveau, je pense qu’il va être très difficile à tout militant du Pdci de parler d’opportunisme. Nous avons été militants du Pdci et nous avons été des Bédiéistes à des moments de braise. Au moment où beaucoup de personnes n’avaient pas le courage de revendiquer le Pdci. Notamment en 1999. Beaucoup de personnes aujourd’hui se réclament d’être Pdci, d’être Bédiéistes, mais en 1999, nous n’étions pas beaucoup à braver la junte militaire, à investir de notre argent et de notre temps pour nous battre pour le Pdci. Evidemment, aujourd’hui, comme on le dit : « la victoire a plusieurs pères », mais je peux vous dire que quand c’était les moments de braise, nous pouvions nous compter sur les doigts d’une seule main. Beaucoup de ceux qui entourent Bédié aujourd’hui, les nouveaux chantres du Bédiéisme n'étaient pas de ce combat. Je remercie encore une fois l’ensemble de mes soutiens, l’ensemble des populations d’Attécoubé, les chefs traditionnels, les vaillantes femmes, les jeunes et tous ceux qui croient encore à un Attécoubé nouveau, pour leur soutien et leur dire de garder surtout la sérénité. Parce que nous serons toujours avec eux, nous ne les abandonnerons jamais, nous ne les trahirons jamais.

Réalisée par Dosso Villard
PUBLICITÉ
PUBLICITÉ

Playlist Politique

Toutes les vidéos Politique à ne pas rater, spécialement sélectionnées pour vous

PUBLICITÉ