Comme dans beaucoup de localités, le RDR est aussi malade à Divo. Malade de ses hommes, malade de son fonctionnement. Malade de ses militants qui ne savent plus à quel saint se vouer et donc qui se sentent abandonnés, oubliés. Malgré tout, dans la perspective des élections de 2015, ces derniers veulent retrousser les manches, mouiller le maillot, pour offrir un second mandat à Alassane Ouattara. Nous les avons rencontrés dans le cadre de la causerie-débat du Patriote avec la base du RDR.
Samedi 15 mars 2014, lendemain de la fête des amoureux, notre équipe de reportage a rendez-vous avec les militants RDR de Divo. Le voyage ne sera pas de tout repos. Et pour cause : parcourir le tronçon N’douci-Divo, distant de moins de 100 km, demande de la dextérité à tout automobiliste qui s’y aventure. Le nôtre en fera une amère expérience puisque à quelques 4km de notre destination, il sera contraint de marquer une halte pour changer sa roue avant qui venait de crever. Finalement, il est un peu plus de 10h 50 lorsque nous franchissons le portail du Conseil régional du Lôh Djiboua. La salle des fêtes affiche complet. Venus de Divo, d’Hiré et même d’Abidjan ou d’autres villes de l’intérieur du pays, les militants locaux du RDR ont effectué nombreux le déplacement pour être les témoins privilégiés de la réunion capitale à laquelle ils ont été conviés par le « doyen » Kanté Koly. L’atmosphère est électrique, signe perceptible de la tension qui règne entre les militants du parti logé à la rue Lepic d’Abidjan Cocody. «Aujourd’hui tout va finir », lâche derrière nous un militant qui semble très remonté. Comme si son message avait été entendu par la table de séance, Kanté Koly, conseiller spécial du président du parti, chargé de la région du Centre-Ouest, plante le décor sans se méprendre.
« Nous ne sortirons pas d’ici tant que tous les problèmes qui minent la gestion du parti à Divo ne trouveront pas de solution. Vous aurez la parole pour dire tout ce que vous avez sur le cœur. Après cette réunion, je ne veux plus entendre de bruits de couloir », assène t-il. Amadou Diallo, secrétaire départemental RDR de Divo, et l’ensemble des militants présents partagent ce point de vue. Les langues se délient. Chacun y va de son commentaire pour dépeindre la situation. Mais tous se rejoignent sur un point. Le malheur du RDR à Divo est parti du choix de son candidat à l’élection législative de décembre 2011.
Les législatives, point de départ de la discorde
En effet, dans la capitale du Lôh Djiboua, les militants ne comprennent pas la gymnastique qui a entouré le choix de leur candidat à ce scrutin. Pressenti pour être leur porte-étendard, Diallo Mamadou, qui n’est autre que leur premier responsable, a été rejeté au dernier moment au profit de Lacina Koné dit Bazo. Et la goutte d’eau qui a fait déborder le vase a été le choix d’un candidat « inconnu », selon leurs termes aux municipales.
Dès lors, explique Mme Kouassi Yao, épouse du secrétaire départemental adjoint, chacun a choisi son camp. Débute alors, selon elle, une chasse aux sorcières. « Le secrétaire départemental a commencé à s’immiscer dans la gestion du RFR. Il nommait et dégommait à sa guise tantôt la présidente communale, tantôt la présidente départementale. Nous avons été obligées de recourir à la présidente nationale pour que je sois maintenue », confie t-elle.
La paix des braves
Les secrétaires de section ne sont pas en reste. « Au nombre de huit, des secrétaires de section ont été remplacés par le secrétaire départemental, parce que, selon lui, nous ces derniers n’ont pas suivi le candidat choisi par le parti », lâche pour sa part Konaté Yaya.
Pour qui, les réunions se multiplient sans donner les résultats escomptés. « Il y a eu beaucoup de rencontres sans solution. Au contraire, les problèmes s’accentuent après nos rencontres. Pour moi, le problème se situe au niveau de nos premiers responsables. Il faut qu’ils soient francs », conseille-t-il. Tout en appelant les uns et les autres à la tolérance. Pour Dosso Mamadou, toutes ces palabres ne sont d’aucune utilité pour le RDR. « Aujourd’hui, on devrait réfléchir à 2015. Nous devons nous demander ce que le RDR fait pour nous et comment les jeunes peuvent se prendre en charge au lieu de faire des querelles inutiles. Le problème du RDR ici, c’est qu’il y a des gens qui ont été démis de leur fonction et qui cherchent à revenir. Il faut créer la cohésion en notre sein. C’est essentiel», exhorte t-il. Après consultation avec la table de séance le maître de cérémonie se décide à passer la parole aux deux protagonistes que sont : Diallo Mamadou et Lacina Koné dit Bazo.
Premier à prendre la parole, Bazo s’explique, pendant 45 minutes, pour arriver à la conclusion suivante : « le secrétaire départemental m’a adressé un courrier me démettant de mon poste de commissaire politique. Dès lors je me suis mis en retrait dans la gestion au quotidien du parti ». Il a surtout confié avoir été choisi comme le candidat du RDR aux législatives à la dernière minute, après qu’Amadou Diallo qui ait eu des difficultés pour confectionner son dossier de candidature. Coupant court, le premier responsable du RDR à Divo s’est dit frustré par tout ce qu’il a vécu. « Les conditions du choix des candidats aussi bien aux législatives qu’aux municipales, pour moi, sont un débat clos », a-t-il tranché. Et le départemental de poursuivre : « A mon niveau, il n’y a pas de problème. Je sais qu’il y a une guerre de leadership mais cela ne doit pas nous faire perdre l’essentiel. Ce qui importe, c’est le RDR. Pour le parti, je suis prêt à faire tous les sacrifices ». Tout en se réjouissant de cette atmosphère détendue, Koly Kanté salue l’esprit d’ouverture avant d’interpeller, Diallo, Bazo et Mme Kouassi. « Depuis son élection en tant que député, Bazo a changé. Il n’est plus le même. Etre député n’est pas une fin en soi. Quant à Diallo, il gère mal les hommes. En gérant les hommes, il faut connaître la valeur des uns et des autres. Mme Kouassi parle trop. Trop c’est trop. Je ne veux plus de querelles de personne ici à Lakota », martèle t-il. Invité spécial de cette cérémonie, Dr Koné Adama, secrétaire départemental du RDR d’Oumé, invite tous les responsables du parti au plan local à la cohésion en vue d’affronter avec beaucoup de vigueur les défis de 2015. Mais dans la main, Bazo et Diallo scellent la paix sous les acclamations du public et disent être prêts pour 2015.
Durant plus de 7 heures d’horloge, les militants, dans un langage franc et sincère, disent leur déception de voir toujours leurs leaders s’entre-déchirer. A l’instar de Mme Yao Amoin, présidente RFR de Hiré, ils supplient leurs responsables locaux de faire, au prix de milles sacrifices, la paix, car, avertit cette brave dame, « 2015 n’est plus loin». Enfin, soupire Mariam Traoré, « je reconnais mon parti». Et celle-ci d’ajouter : « Vous savez, le RDR a toujours surmonté l’adversité.
Les attentes des militants
Il est vrai que cette adversité est interne mais, il urgeait de vite fermer cette parenthèse en attendant 2015 qui s’annonce comme un autre défi de notre parti. À partir d’aujourd’hui, nous nous mettons en mission ». Tout comme elle, Koné Adama se dit également prêt pour la bataille future. « Le RDR était fortement divisé ici. Cela plombait la bonne marche du parti. Aujourd’hui, cette période est derrière nous. L’avenir s’annonce radieux. Nous nous mettons en mission », se réjouit-il. En attendant, tous les militants sont unanimes pour dire que quelque chose doit être fait rapidement pour les militants individuellement et pour la région.
Pour la plupart des militants de Divo, beaucoup de questions restent sans réponse après l’accession à la magistrature suprême de leur mentor. « J’ai subi beaucoup d’humiliation du fait de mon appartenance au RDR. Mais depuis que le RDR est au pouvoir, ma situation n’a pas évolué », fait savoir Koffi Konan. Mlle Touré ne dit pas autre chose : «Nous avions placé beaucoup d’espoirs au RDR. Mais, aujourd’hui, les cadres du parti nous ont abandonnés. Ils sont, pour la plupart, injoignables. Quand nous avons des problèmes, nous ne savons pas à qui nous adresser ». Pour elle, Divo est considérée comme une ville martyre, à cause de ses nombreux morts pour le RDR. « Les gens oublient que c’est ici que Laurent Gbagbo a ordonné à la CRS de mâter sans réfléchir », conclut-elle.
Thiery Latt, envoyé spécial
Samedi 15 mars 2014, lendemain de la fête des amoureux, notre équipe de reportage a rendez-vous avec les militants RDR de Divo. Le voyage ne sera pas de tout repos. Et pour cause : parcourir le tronçon N’douci-Divo, distant de moins de 100 km, demande de la dextérité à tout automobiliste qui s’y aventure. Le nôtre en fera une amère expérience puisque à quelques 4km de notre destination, il sera contraint de marquer une halte pour changer sa roue avant qui venait de crever. Finalement, il est un peu plus de 10h 50 lorsque nous franchissons le portail du Conseil régional du Lôh Djiboua. La salle des fêtes affiche complet. Venus de Divo, d’Hiré et même d’Abidjan ou d’autres villes de l’intérieur du pays, les militants locaux du RDR ont effectué nombreux le déplacement pour être les témoins privilégiés de la réunion capitale à laquelle ils ont été conviés par le « doyen » Kanté Koly. L’atmosphère est électrique, signe perceptible de la tension qui règne entre les militants du parti logé à la rue Lepic d’Abidjan Cocody. «Aujourd’hui tout va finir », lâche derrière nous un militant qui semble très remonté. Comme si son message avait été entendu par la table de séance, Kanté Koly, conseiller spécial du président du parti, chargé de la région du Centre-Ouest, plante le décor sans se méprendre.
« Nous ne sortirons pas d’ici tant que tous les problèmes qui minent la gestion du parti à Divo ne trouveront pas de solution. Vous aurez la parole pour dire tout ce que vous avez sur le cœur. Après cette réunion, je ne veux plus entendre de bruits de couloir », assène t-il. Amadou Diallo, secrétaire départemental RDR de Divo, et l’ensemble des militants présents partagent ce point de vue. Les langues se délient. Chacun y va de son commentaire pour dépeindre la situation. Mais tous se rejoignent sur un point. Le malheur du RDR à Divo est parti du choix de son candidat à l’élection législative de décembre 2011.
Les législatives, point de départ de la discorde
En effet, dans la capitale du Lôh Djiboua, les militants ne comprennent pas la gymnastique qui a entouré le choix de leur candidat à ce scrutin. Pressenti pour être leur porte-étendard, Diallo Mamadou, qui n’est autre que leur premier responsable, a été rejeté au dernier moment au profit de Lacina Koné dit Bazo. Et la goutte d’eau qui a fait déborder le vase a été le choix d’un candidat « inconnu », selon leurs termes aux municipales.
Dès lors, explique Mme Kouassi Yao, épouse du secrétaire départemental adjoint, chacun a choisi son camp. Débute alors, selon elle, une chasse aux sorcières. « Le secrétaire départemental a commencé à s’immiscer dans la gestion du RFR. Il nommait et dégommait à sa guise tantôt la présidente communale, tantôt la présidente départementale. Nous avons été obligées de recourir à la présidente nationale pour que je sois maintenue », confie t-elle.
La paix des braves
Les secrétaires de section ne sont pas en reste. « Au nombre de huit, des secrétaires de section ont été remplacés par le secrétaire départemental, parce que, selon lui, nous ces derniers n’ont pas suivi le candidat choisi par le parti », lâche pour sa part Konaté Yaya.
Pour qui, les réunions se multiplient sans donner les résultats escomptés. « Il y a eu beaucoup de rencontres sans solution. Au contraire, les problèmes s’accentuent après nos rencontres. Pour moi, le problème se situe au niveau de nos premiers responsables. Il faut qu’ils soient francs », conseille-t-il. Tout en appelant les uns et les autres à la tolérance. Pour Dosso Mamadou, toutes ces palabres ne sont d’aucune utilité pour le RDR. « Aujourd’hui, on devrait réfléchir à 2015. Nous devons nous demander ce que le RDR fait pour nous et comment les jeunes peuvent se prendre en charge au lieu de faire des querelles inutiles. Le problème du RDR ici, c’est qu’il y a des gens qui ont été démis de leur fonction et qui cherchent à revenir. Il faut créer la cohésion en notre sein. C’est essentiel», exhorte t-il. Après consultation avec la table de séance le maître de cérémonie se décide à passer la parole aux deux protagonistes que sont : Diallo Mamadou et Lacina Koné dit Bazo.
Premier à prendre la parole, Bazo s’explique, pendant 45 minutes, pour arriver à la conclusion suivante : « le secrétaire départemental m’a adressé un courrier me démettant de mon poste de commissaire politique. Dès lors je me suis mis en retrait dans la gestion au quotidien du parti ». Il a surtout confié avoir été choisi comme le candidat du RDR aux législatives à la dernière minute, après qu’Amadou Diallo qui ait eu des difficultés pour confectionner son dossier de candidature. Coupant court, le premier responsable du RDR à Divo s’est dit frustré par tout ce qu’il a vécu. « Les conditions du choix des candidats aussi bien aux législatives qu’aux municipales, pour moi, sont un débat clos », a-t-il tranché. Et le départemental de poursuivre : « A mon niveau, il n’y a pas de problème. Je sais qu’il y a une guerre de leadership mais cela ne doit pas nous faire perdre l’essentiel. Ce qui importe, c’est le RDR. Pour le parti, je suis prêt à faire tous les sacrifices ». Tout en se réjouissant de cette atmosphère détendue, Koly Kanté salue l’esprit d’ouverture avant d’interpeller, Diallo, Bazo et Mme Kouassi. « Depuis son élection en tant que député, Bazo a changé. Il n’est plus le même. Etre député n’est pas une fin en soi. Quant à Diallo, il gère mal les hommes. En gérant les hommes, il faut connaître la valeur des uns et des autres. Mme Kouassi parle trop. Trop c’est trop. Je ne veux plus de querelles de personne ici à Lakota », martèle t-il. Invité spécial de cette cérémonie, Dr Koné Adama, secrétaire départemental du RDR d’Oumé, invite tous les responsables du parti au plan local à la cohésion en vue d’affronter avec beaucoup de vigueur les défis de 2015. Mais dans la main, Bazo et Diallo scellent la paix sous les acclamations du public et disent être prêts pour 2015.
Durant plus de 7 heures d’horloge, les militants, dans un langage franc et sincère, disent leur déception de voir toujours leurs leaders s’entre-déchirer. A l’instar de Mme Yao Amoin, présidente RFR de Hiré, ils supplient leurs responsables locaux de faire, au prix de milles sacrifices, la paix, car, avertit cette brave dame, « 2015 n’est plus loin». Enfin, soupire Mariam Traoré, « je reconnais mon parti». Et celle-ci d’ajouter : « Vous savez, le RDR a toujours surmonté l’adversité.
Les attentes des militants
Il est vrai que cette adversité est interne mais, il urgeait de vite fermer cette parenthèse en attendant 2015 qui s’annonce comme un autre défi de notre parti. À partir d’aujourd’hui, nous nous mettons en mission ». Tout comme elle, Koné Adama se dit également prêt pour la bataille future. « Le RDR était fortement divisé ici. Cela plombait la bonne marche du parti. Aujourd’hui, cette période est derrière nous. L’avenir s’annonce radieux. Nous nous mettons en mission », se réjouit-il. En attendant, tous les militants sont unanimes pour dire que quelque chose doit être fait rapidement pour les militants individuellement et pour la région.
Pour la plupart des militants de Divo, beaucoup de questions restent sans réponse après l’accession à la magistrature suprême de leur mentor. « J’ai subi beaucoup d’humiliation du fait de mon appartenance au RDR. Mais depuis que le RDR est au pouvoir, ma situation n’a pas évolué », fait savoir Koffi Konan. Mlle Touré ne dit pas autre chose : «Nous avions placé beaucoup d’espoirs au RDR. Mais, aujourd’hui, les cadres du parti nous ont abandonnés. Ils sont, pour la plupart, injoignables. Quand nous avons des problèmes, nous ne savons pas à qui nous adresser ». Pour elle, Divo est considérée comme une ville martyre, à cause de ses nombreux morts pour le RDR. « Les gens oublient que c’est ici que Laurent Gbagbo a ordonné à la CRS de mâter sans réfléchir », conclut-elle.
Thiery Latt, envoyé spécial