Eglise catholique / Le Vatican veut un cardinal nouveau : Le Pape François contre les intrigues, les clans et le favoritisme de cour

Les cardinaux de son premier consistoire ordinaire public réuni pour leur création étant sa première journée de princes de l’église, le Pape François a tenu à leur tracer la ligne de conduite et à leur indiquer ce qu’il attend d’eux, notamment au cours de son pontificat. Ses attentes sont valables également pour eux qui le sont déjà. D’abord, il leur recommande à tous, de rester attentifs à la voix de l’Esprit-saint et à l’écouter car l’Esprit parle à travers les écritures proclamées et il peut nous purifier et nous transformer. Ensuite, le Pape appelle l’ensemble des cardinaux, nouveaux et anciens, à emprunter de mieux en mieux et sans relâche le chemin de la sainteté, leur rappelant l’appel du maître : « soyez saints, car moi le Seigneur votre Dieu, je suis saint ». Ou encore son appel dans l’Evangile de Saint Mathieu : « Soyez parfaits comme votre Père Céleste est parfait. Sainteté et perfection sont donc pour eux, deux efforts et deux objectifs qu’ils doivent parvenir à réaliser. Il s’agit clairement, en particulier pour les cardinaux entrés samedi dernier (22 février) dans le collège cardinalice, d’imiter la sainteté et la perfection de Dieu. Un travail de conversion en somme. D’autant que, « être saint n’est pas un luxe ; c’est nécessaire pour le salut du monde », ajoute le Saint Père. Au cours de cette messe du lendemain (23 février) qui a suivi le consistoire, le Pape François n’a pas, pourrait-on dire, tourné autour du pot pour assener ses vérités et conseils à ses nouvelles créations. « La sainteté d’un cardinal consiste vraiment en ce supplément d’oblativité gratuite. Aimons ceux qui nous sont hostiles, bénissons celui qui dit du mal de nous et saluons d’un sourire celui qui peut-être ne le mérite pas. Opposons la douceur à la tyrannie, oublions les humiliations subies. Cette attitude doit être la conduite d’un cardinal. » Puis le Pape poursuit, plus incisif : « le Cardinal crée entre dans l’église de Rome ; il n’entre pas dans une cour. Evitez donc des attitudes et des comportements de cour à savoir les intrigues, bavardages, les cercles le favoritisme et les préférences. Que votre langage soit celui de l’évangile, que vos comportements soient ceux des Béatitudes et que votre route, celle de la sainteté ».

Le nouveau souverain Pontifie, dès l’entame de son pontificat (dont l’anniversaire, le premier, sera célébré dans deux semaines) avait très clairement marqué son désir de reformer la curie romaine, le collège cardinalice et même l’ensemble des responsables de l’Eglise universelle, en ce qui concerne leurs comportements, habitudes et choix qui faisaient apparaître des divergences profondes et autres images scandaleuses. Il a donc pesé le poids de chaque mot utilisé au cours de cette messe solennelle, pour rappeler à chacun qu’il doit mettre de l’ordre dans sa vie, son ministère et son travail. Et comme s’il ne voulait pas égrener le chapelet de recommandations de remontrances sans insister sur le nouvel état d’esprit des Cardinaux, il a rappelé les paroles de Saint-Paul : « Vous êtes le temple de Dieu », pour leur dire que le temple de Dieu c’est eux. « Dans ce temple que nous sommes, se célèbre une liturgie existentielle : celle de la bonté, du pardon, du service, en un mot, la liturgie de l’amour » leur a-t-il fait remarquer. Avant de préciser davantage : « notre temple est profané si nous négligeons nos devoirs envers le prochain. Si le prochain est laissé dehors, c’est Dieu lui-même qui n’est pas accueilli. Un vide d’amour est comme une église désaffectée ».

Toutes ces paroles dites avec gravité et avec solennité, montrent que le Pontifie régnant veut que le collègue des Cardinaux, plus spécialement, soit plus ardent de charité pastorale et davantage rempli de Sainteté pour servir l’Evangile et aider l’Eglise à rayonner. Si cette ligne est suivie, beaucoup plus maintenant que par le passé, les évêques, les prêtres, les personnes consacrées et les laïcs contribueront grandement à aider le monde à sortir des « sables mouvants du péché », à « aimer nos ennemis et prier pour ceux qui nous persécutent », à prendre aussi le chemin de la miséricorde, comme le préconise si joliment le pasteur Suprême de l’Eglise Catholique. En tous cas, le message Papal de ce dimanche adressé aux Cardinaux, ne souffre aucune ambigüité et stigmatise tout laxisme : sortir des intrigues, éviter d’étaler leurs préférences, s’éloigner des favoritismes, célébrer la liturgie de l’amour à travers le pardon, la bonté et le service et faire montre de zèle dans la charité Pastorale sans oublier de se remplir de Sainteté.

Du Vatican (Rome), une correspondance particulière de Lebry Léon Francis