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Politique Publié le vendredi 28 février 2014 | Partis Politiques

Crise à l’université: le FPI exhorte les protagonistes à la retenue

© Partis Politiques
Monsieur Laurent Akoun, porte-parole du Front populaire ivoirien (FPI)
Les évènements survenus en milieu universitaire ces derniers jours ont connu un développement qui n’est pas rassurant. La situation est d’autant plus alarmante que ces évènements ont été provoqués par les autorités en charge de l’Enseignement Supérieur. La mauvaise approche actuelle dans la gestion de la violence à l’université, née de la mise en péril des libertés syndicales, en utilisant la police universitaire pour terroriser les étudiants, suscite de sérieuses inquiétudes.

1. Les faits :

Après un an d’expérimentation sur le campus de l’Université Nangui Abrogoua, notamment au cours de l’année universitaire 2012-2013, le gouvernement dévoile et étend aux universités et grandes écoles, son projet de création d’un groupe associatif dans le milieu scolaire et universitaire, dénommé « Conseil des Etudiants ». L’annonce du projet a été faite le jeudi 13 février 2013, par le Pr. Abouattier Mansila, Directeur de Cabinet du Ministre de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique, au cours d’une conférence de presse.

La nouvelle de cette déclaration émanant des plus hautes autorités en charge de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique, a jeté l’émoi au sein de la communauté estudiantine et scolaire.

A priori, le fait qu’un nouveau groupe associatif -même soutenu par un régime- investisse l’espace de l’Enseignement Supérieur de Côte d’Ivoire, ne constitue pas un problème en soi ; la Constitution ivoirienne du 23 juillet 2000 garantit la liberté d’expression des opinions ou des pensées, le droit d’association et le droit syndical en ses articles 9, 10 et 18. Cependant, il y a problème quand Mme Abouattier Mansila affirme que le Conseil des Étudiants sera investi comme le seul organe porte-parole de l’ensemble des étudiants de Côte d’Ivoire. Ce qui implique de facto que la mise en place de cette association met fin aux activités de toutes les autres associations et structures syndicales existantes dans le secteur de l’Enseignement Supérieur. Cette intention, à l’évidence, est en flagrante contradiction avec l’esprit et la lettre du projet démocratique porté par notre loi fondamentale.

Après l’annonce du projet de création du Conseil des étudiants le jeudi 13 février 2014, les réactions ne se sont pas fait attendre. En effet, dès le lundi 17 Février 2014, les étudiants, mais aussi l’APDH, ont produit des déclarations à travers la presse écrite pour dénoncer la volonté du régime Ouattara de vouloir bâillonner la communauté universitaire, comme à l’époque du parti unique. En outre, une vague de protestations et de manifestations d’étudiants a entrainé l’arrêt des cours. Les étudiants ont signifié au Ministre Cissé Ibrahim Bacongo qu’ils n’accepteraient pas la suppression de leurs syndicats et lui ont demandé de sursoir à la création du Conseil des étudiants.

Pour se défendre, le Ministre Cissé Ibrahim Bacongo par la voix de son chargé de communication, a indiqué qu’il « n’a pris aucun acte, ni signé aucune décision, pas plus qu’il n’a publié de communiqué, pour dissoudre quelque association ou organisation d’étudiants que ce soit » (Le quotidien Révélation du 17 février 2013, page 8).

Cependant, il ajoute que l’idée de création d’un conseil des étudiants qu’il soutient, présentée par son Directeur de cabinet, est « une décision prise, souverainement, par les universités », dont les responsables, il faut le rappeler, sont maintenant à sa solde.

Les propos peu rassurants du cabinet du Ministre Cissé Ibrahim Bacongo ont amené les étudiants à manifester sur les campus, pour réitérer leur opposition au projet de création du conseil des étudiants. Cette initiative a été violemment réprimée:
- des étudiants bastonnés par la police universitaire;
- plusieurs d’entre eux ont été blessés dont un dans le coma;
- sept étudiants exclus pour un an des universités ivoiriennes;
- un enseignant molesté.


2. Nos observations

Ainsi, après avoir mis à mal la gouvernance démocratique des universités de Côte d’Ivoire, par l’instauration de l’aliénation des responsables au Gouvernement, depuis les Présidents d’université jusqu’aux directeurs de laboratoire, le régime Ouattara s’attaque maintenant à la liberté syndicale, notamment celle qui a cours dans le milieu universitaire.

On peut se demander ce que cache une telle mesure anachronique, dans un contexte irréversible de pluralité d’opinions. Elle s’apparente à une provocation de plus, afin de trouver de nouveaux motifs de répression, et cacher l’incapacité du régime Ouattara à prendre les mesures efficaces dans le secteur de l’enseignement.

En tout état de cause, le Ministre Cissé Ibrahim Bacongo devrait se rappeler que la liberté syndicale est un droit acquis de haute lutte par les syndicats, les partis de la gauche démocratique et le peuple de Côte d’Ivoire, à la suite du président Laurent Gbagbo, en même temps que la réinstauration du multipartisme dans notre pays depuis les années 1990. C’est donc un droit auquel personne aujourd’hui ne saurait renoncer.
La « police universitaire », créée suite au conseil des Ministres du 5 mars 2013, ne saurait y contraindre les étudiants. Elle aurait dit-on, pour mission officielle, d’assainir le milieu estudiantin par la protection des personnes et des biens. Mais plusieurs indices montrent qu’elle revendique un mandat autre que la sécurité dans les universités.

La situation qui prévaut aujourd’hui dans les universités nous interpelle sur l’ensemble des dérives sociales et des violences, observées çà et là dans le pays.
Au moment où les Ivoiriens sont très éprouvés par les affres de la rébellion armée qui a duré près de 12 ans, le climat délétère qu’engendre une telle instabilité sur le plan sécuritaire constitue une véritable menace contre l’avènement d’une paix véritable et durable en Côte d’Ivoire.

3. NOTRE POSITION

Au regard de la situation que nous vivons ces dernières semaines, le FPI tient à exprimer toute sa compassion aux victimes des violences sur les campus universitaires.

Le FPI, Parti en lutte constante pour les libertés et la démocratie, tient à rassurer particulièrement les étudiants, qu’il est, et restera toujours aux côtés des forces de progrès qui combattent pour l’avènement des libertés, de toutes les libertés.

Le FPI, prenant à témoin l’opinion nationale et internationale, sur le risque d’instabilité chronique du monde scolaire et universitaire, et sur la fragilité du tissu social :

1- exhorte tous les protagonistes de cette nouvelle crise universitaire à la retenue, à la sagesse et à la responsabilité ;

2- appelle encore une fois le gouvernement, à l’ouverture diligente d’un dialogue franc et sincère, avec tous les partenaires sociaux, les partis politiques, afin d’œuvrer ensemble à l’avènement d’une paix durable dans notre pays ;

3- invite la société ivoirienne dans toutes ses composantes, à emprunter la voie des Etats Généraux de la République, véritable plate-forme pour réussir la réconciliation en profondeur que, notre pays la Côte d’Ivoire attend depuis plus d’une décennie.
Fait à Abidjan, le 28 février 2014
Laurent AKOUN

Secrétaire Général & Porte-parole
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