Youssou N’Dour star de la musique Sénégalaise et ancien ministre de la Culture de son pays sous Macky Sall, est à Abidjan dans le cadre du Marché des Arts et du Spectacle Africain (MASA). Malgré son agenda très chargé, l’auteur-compositeur, interprète et musicien a bien voulu se prêter aux questions de L’Intelligent d’’Abidjan.
Vous êtes l’invité d’honneur du MASA qui a ouvert le samedi 1er Février 2014. Quels sont vos sentiments par rapport à cette invitation?
Pour nous, c’est un moment très important d’échanges des arts et du spectacle. C’est-à-dire, les artistes, les promoteurs, la presse spécialisée, etc. Un moment, c’était devenu le grand rendez-vous et Abidjan avait confirmé être la plaque tournante de la musique Africaine et depuis cet arrêt, on était triste par rapport à cette situation. Dès qu’on a dit que le nouveau gouvernement allait reprendre le MASA, on a dit que c’était une très bonne chose. En tant qu’artiste, je salue cette démarche du réveil du MASA. Et ensuite, j’ai été honoré au nom du Sénégal d’être l’invité de ce spectacle. Donc, je suis très content et je souhaite que le MASA continue avec son rythme et aussi que tous les professionnels intéressés par la musique Africaine, par la World Music, que ce soit en Afrique et partout dans le monde, puissent soutenir le MASA encore une fois et que le rythme ne soit plus interrompu.
Pensez-vous que c’est une occasion idéale pour promouvoir les artistes Africains ?
Le MASA permet à l’Afrique d’abord de se valoriser, pour se mettre à l’avant et se vendre. L’Afrique, généralement, à des ressources, mais aussi elle a sa culture. Aujourd’hui, si on part dans ce que j’appelle l’économie culturelle, je pense que c’est une très bonne chose que cette économie culturelle de l’Afrique existe. Nous avons des intellectuels qui depuis, très longtemps portent le message culturel. Mais aujourd’hui, il suffit de s’adapter à cette économie culturelle.
Monsieur le ministre, pourquoi au niveau de l’Afrique, les artistes ne décollent pas comme leurs homologues Européens ? Qu’est-ce qui fait le blocage selon vous ?
D’abord, il faut que les marchés s’organisent. Parce que quand la Côte d’Ivoire s’organise et le Mali ne s’organise pas ou vice-versa, on a des problèmes. C’est-à-dire que la circulation de la musique est faussée. Je crois qu’il faut comprendre aussi qu’au niveau de la communication en Afrique, on a beaucoup de difficultés. Combien d’artistes sont connus en Afriques en tant qu’Africains et ils sont passés par Paris ou Londres ou New-York. D’abord, à partir de là-bas, vous pouvez être diffusé un peu partout en Afrique. Il y en a même qui posent la question aux artistes Africains très connus s’ils viennent de Paris. Et cela m’énerve. « Non, j’habite en Afrique, » je réponds. Donc, il faut que le problème de la circulation des informations sur les artistes soit connu un peu partout. C’est l’occasion d’encourager tous les médias aujourd’hui qui travaillent, afin qu’ils puissent relayer les choses qui se passent dans d’autres pays.
Vous êtes un artiste immergent, quel est aujourd’hui le secret de Youssou N’Dour ?
Ecoutez, moi, j’ai d’abord travaillé à partir de chez moi. Je suis sorti plusieurs fois. J’ai refusé d’être cantonné dans un style de musique et je suis ouvert. Et je pense que le talent seul ne suffit pas. Il faut travailler, même si on a du talent. Moi, je remercie mes parents. Mon père m’a toujours mis sur la route du travail. Je ne sais que travailler. Je m’efforce à travailler, à comprendre que j’ai certes du talent, mais qu’il faut encore travailler.
Comment conciliez-vous culture et politique, vous qui avez été ministre de la culture au Sénégal ?
Je pense que la culture arrive avant la politique. Et donc, c’est la politique qui doit écouter la culture, comprendre les choses et aller dans le sens de les structurer et aussi dans le sens de permettre à la culture, d’avoir son libre champ, afin d’évoluer économiquement.
Monsieur le ministre, quand on voit Youssou N’Dour, on peut également penser à son passage dans le gouvernement Macky Sall. Expliquez-nous, ce qui s’est passé, au point que vous ayez fait un bref séjour dans ce gouvernement ?
J’ai voulu en accord avec le président Macky Sall, quitter le département pour avoir encore à jouer un rôle transversal dans le cadre du gouvernement. Nous sommes d’accords là-dessus, et c’est pour cela que j’ai quitté le gouvernement pour travailler à ses côtés. Et aussi essayer d’œuvrer avec mon nom, avec ma réputation, avec mon réseau pour la culture. Quand vous êtes dans un département, vous n’êtes concentré que sur ce département. Et maintenant, j’ai la possibilité de travailler transversalement. Mon séjour dans le gouvernement Sall a été bref, mais ça été une très belle expérience pour moi au niveau du département et je crois aussi qu’on n’est pas éternel à un poste. Là, je me sens très bien avec ma position parce que ma passion qui est la musique a manqué, aussi à beaucoup de gens. Et aujourd’hui, non seulement, je peux rester à ses côtés, je peux travailler avec lui tant qu’il veut, mais j’ai aussi la liberté d’exercer ma passion qui est la musique.
Quels sont aujourd’hui vos rapports avec le président Macky Sall ?
Ce sont des rapports corrects avec le président Macky Sall. Je pense que c’est quelqu’un qui reconnaît mes valeurs et qui reste convaincu que nous pouvons continuer à travailler ensemble pour le bonheur des populations du Sénégal. Donc, ce sont des rapports qui sont là et qui sont bien et qui continuent à évoluer.
Mais, récemment la presse en ligne a fait état d’un couac qui ce serait passé entre vous et la garde rapprochée de Macky Sall en France, alors que vous dites que tout va bien entre vous ?
Je préfère ne pas commenter ces choses là. Moi, à un moment donné, on m’a manqué de respect. J’ai mis les pendules à l’heure, c’est tout.
Quels sont aujourd’hui vos rapports avec les artistes ivoiriens ?
Je connais beaucoup d’artistes ivoiriens qui sont des potes. Alpha Blondy, Nayanka Bell, Aicha Koné, Tiken Jah, etc et les jeunes comme Magic System. Nous avons de bons rapports. Je pense que la Côte d’Ivoire joue un rôle très important dans le continent et rayonne aussi au niveau international. Donc, je suis fier de tout ce travail et de tout ce talent venant de la Côte d’Ivoire.
Un mot sur l’action du gouvernement ivoirien par rapport à la relance de la culture?
Je félicite le président Ouattara et le gouvernement. Notamment le ministre de la culture pour avoir initié encore le réveil du MASA. Et cela est une très bonne chose. Et je leur demande de continuer parce que pour récolter quelque chose, il faut investir. Même dans la terre, il faut d’abord planter l’arachide pour attendre que cela produise. Et je pense que la dynamique du gouvernement ivoirien, est sur la voie de relever le défi. Il faut saluer cela.
Réalisé par Dosso Villard
Vous êtes l’invité d’honneur du MASA qui a ouvert le samedi 1er Février 2014. Quels sont vos sentiments par rapport à cette invitation?
Pour nous, c’est un moment très important d’échanges des arts et du spectacle. C’est-à-dire, les artistes, les promoteurs, la presse spécialisée, etc. Un moment, c’était devenu le grand rendez-vous et Abidjan avait confirmé être la plaque tournante de la musique Africaine et depuis cet arrêt, on était triste par rapport à cette situation. Dès qu’on a dit que le nouveau gouvernement allait reprendre le MASA, on a dit que c’était une très bonne chose. En tant qu’artiste, je salue cette démarche du réveil du MASA. Et ensuite, j’ai été honoré au nom du Sénégal d’être l’invité de ce spectacle. Donc, je suis très content et je souhaite que le MASA continue avec son rythme et aussi que tous les professionnels intéressés par la musique Africaine, par la World Music, que ce soit en Afrique et partout dans le monde, puissent soutenir le MASA encore une fois et que le rythme ne soit plus interrompu.
Pensez-vous que c’est une occasion idéale pour promouvoir les artistes Africains ?
Le MASA permet à l’Afrique d’abord de se valoriser, pour se mettre à l’avant et se vendre. L’Afrique, généralement, à des ressources, mais aussi elle a sa culture. Aujourd’hui, si on part dans ce que j’appelle l’économie culturelle, je pense que c’est une très bonne chose que cette économie culturelle de l’Afrique existe. Nous avons des intellectuels qui depuis, très longtemps portent le message culturel. Mais aujourd’hui, il suffit de s’adapter à cette économie culturelle.
Monsieur le ministre, pourquoi au niveau de l’Afrique, les artistes ne décollent pas comme leurs homologues Européens ? Qu’est-ce qui fait le blocage selon vous ?
D’abord, il faut que les marchés s’organisent. Parce que quand la Côte d’Ivoire s’organise et le Mali ne s’organise pas ou vice-versa, on a des problèmes. C’est-à-dire que la circulation de la musique est faussée. Je crois qu’il faut comprendre aussi qu’au niveau de la communication en Afrique, on a beaucoup de difficultés. Combien d’artistes sont connus en Afriques en tant qu’Africains et ils sont passés par Paris ou Londres ou New-York. D’abord, à partir de là-bas, vous pouvez être diffusé un peu partout en Afrique. Il y en a même qui posent la question aux artistes Africains très connus s’ils viennent de Paris. Et cela m’énerve. « Non, j’habite en Afrique, » je réponds. Donc, il faut que le problème de la circulation des informations sur les artistes soit connu un peu partout. C’est l’occasion d’encourager tous les médias aujourd’hui qui travaillent, afin qu’ils puissent relayer les choses qui se passent dans d’autres pays.
Vous êtes un artiste immergent, quel est aujourd’hui le secret de Youssou N’Dour ?
Ecoutez, moi, j’ai d’abord travaillé à partir de chez moi. Je suis sorti plusieurs fois. J’ai refusé d’être cantonné dans un style de musique et je suis ouvert. Et je pense que le talent seul ne suffit pas. Il faut travailler, même si on a du talent. Moi, je remercie mes parents. Mon père m’a toujours mis sur la route du travail. Je ne sais que travailler. Je m’efforce à travailler, à comprendre que j’ai certes du talent, mais qu’il faut encore travailler.
Comment conciliez-vous culture et politique, vous qui avez été ministre de la culture au Sénégal ?
Je pense que la culture arrive avant la politique. Et donc, c’est la politique qui doit écouter la culture, comprendre les choses et aller dans le sens de les structurer et aussi dans le sens de permettre à la culture, d’avoir son libre champ, afin d’évoluer économiquement.
Monsieur le ministre, quand on voit Youssou N’Dour, on peut également penser à son passage dans le gouvernement Macky Sall. Expliquez-nous, ce qui s’est passé, au point que vous ayez fait un bref séjour dans ce gouvernement ?
J’ai voulu en accord avec le président Macky Sall, quitter le département pour avoir encore à jouer un rôle transversal dans le cadre du gouvernement. Nous sommes d’accords là-dessus, et c’est pour cela que j’ai quitté le gouvernement pour travailler à ses côtés. Et aussi essayer d’œuvrer avec mon nom, avec ma réputation, avec mon réseau pour la culture. Quand vous êtes dans un département, vous n’êtes concentré que sur ce département. Et maintenant, j’ai la possibilité de travailler transversalement. Mon séjour dans le gouvernement Sall a été bref, mais ça été une très belle expérience pour moi au niveau du département et je crois aussi qu’on n’est pas éternel à un poste. Là, je me sens très bien avec ma position parce que ma passion qui est la musique a manqué, aussi à beaucoup de gens. Et aujourd’hui, non seulement, je peux rester à ses côtés, je peux travailler avec lui tant qu’il veut, mais j’ai aussi la liberté d’exercer ma passion qui est la musique.
Quels sont aujourd’hui vos rapports avec le président Macky Sall ?
Ce sont des rapports corrects avec le président Macky Sall. Je pense que c’est quelqu’un qui reconnaît mes valeurs et qui reste convaincu que nous pouvons continuer à travailler ensemble pour le bonheur des populations du Sénégal. Donc, ce sont des rapports qui sont là et qui sont bien et qui continuent à évoluer.
Mais, récemment la presse en ligne a fait état d’un couac qui ce serait passé entre vous et la garde rapprochée de Macky Sall en France, alors que vous dites que tout va bien entre vous ?
Je préfère ne pas commenter ces choses là. Moi, à un moment donné, on m’a manqué de respect. J’ai mis les pendules à l’heure, c’est tout.
Quels sont aujourd’hui vos rapports avec les artistes ivoiriens ?
Je connais beaucoup d’artistes ivoiriens qui sont des potes. Alpha Blondy, Nayanka Bell, Aicha Koné, Tiken Jah, etc et les jeunes comme Magic System. Nous avons de bons rapports. Je pense que la Côte d’Ivoire joue un rôle très important dans le continent et rayonne aussi au niveau international. Donc, je suis fier de tout ce travail et de tout ce talent venant de la Côte d’Ivoire.
Un mot sur l’action du gouvernement ivoirien par rapport à la relance de la culture?
Je félicite le président Ouattara et le gouvernement. Notamment le ministre de la culture pour avoir initié encore le réveil du MASA. Et cela est une très bonne chose. Et je leur demande de continuer parce que pour récolter quelque chose, il faut investir. Même dans la terre, il faut d’abord planter l’arachide pour attendre que cela produise. Et je pense que la dynamique du gouvernement ivoirien, est sur la voie de relever le défi. Il faut saluer cela.
Réalisé par Dosso Villard