Des jeunes debout comme un seul homme dansant dans les gradins. Des hommes et des femmes improvisant, à cœur joie, un ballet sur la pelouse… L’ambiance était simplement époustouflante, samedi dernier, au Stade Félix Houphouët-Boigny. Pour son retour, après sept années d’un silence de mort, le Marché des arts du spectacle africain a eu droit à un accueil populaire… Avec à la clé un spectacle d’ouverture d’une grande intensité ! Samedi donc, malgré le temps tantôt menaçant, tantôt pluvieux, par endroits de la ville, les Abidjanais ont déferlé par milliers vers le Stade Félix Houphouët-Boigny pour faire la fête et célébrer dans l’allégresse, la résurrection de ce grand événement culturel, qui fait la fierté du continent. Il faut le dire tout net, l’affiche faisait saliver : Salif Kéïta, Magic System et P-Square. Avant ce trio choc, on a d’abord eu droit à un dialogue de religion, qui a vu un groupe musulman sénégalais, Beugué Cher Boo, et une chorale chrétienne de la RD Congo rappeler en chants, que l’Afrique est riche par sa diversité culturelle. Ensuite, les Marocains de Ribab Fusion ont fait chanter et danser le stade dans une ferveur totale, puis Dobet Gnahoré a gratifié les spectateurs estimés à au moins 15 000 âmes de ses pas endiablés sur scène, avant que Daara J Family, venu du Sénégal, ne surchauffe à blanc la foule. C’est peu après 21h, que le spectacle prend toute une autre dimension avec «l’entrée en jeu » des trois grosses têtes de la soirée. L’honneur revient, dans un premier temps, au Domingo de la musique malienne, Salif Kéita de bercer le public avec ses mélopées mandingues. Une vingtaine de minutes et trois titres dont « Mbifè » et « Teguere », suffisent au chanteur pour mettre le stade à ses pieds, transformant, par moment, la pelouse et les travées du Félicia en une piste de danse. Quand Salif Keïta s’éclipse, c’est Magic System qui prend le relais, pour une heure de show non stop, contrairement aux 45 minutes prévues sur le conducteur de la cérémonie. Devant leur public, qui n’a pas toujours l’occasion de les voir en live, A’salfo, Manadja, Tino et Goudé se devaient de faire plaisir à leurs nombreux fans. Et ils n’ont pas failli à leur réputation. D’ «Anoumabo» à «1ergaou », leur titre fétiche, en passant par « Mi Wan Gno », «Amoulanga», «Kaye Bebo », « Tape Dos», «Secret d’Africain », « Bouger Bouger», «Ambiance à l’africaine », «Chérie coco»…c’est une dizaine de titres qui sont exécutés, avec aisance et enthousiasme par Magic System, offrant ainsi une belle note zouglou à cette manifestation. Quand sonne 23h, le moment fatidique arrive : la montée sur le titanesque podium, dressé pour la circonstance, du très attendu duo nigérian P-Square. Vêtu dans leur habituelle tenue de scène ailée, les jumeaux Peter et Paul Okoye entament tambour battant leur récital de R’n’B et hip hop. Le « Félicia » est en ébullition. Ça chante et ça danse de partout. Ils enchaînent les titres : «Alingo », «I love U», « No One Like You», « E No Easy », « Personnally »…. Agglutinés au pied du podium pour certains, sur la piste d’athlétisme ou dans les gradins, pour d’autres, les spectateurs savourent leur bonheur, au rythme des morceaux et des chorégraphies des frères Okoye. Au bout d’une heure et quart de show, les décibels s’estompent. Le public repart visiblement satisfait, d’avoir vu un beau spectacle. « On s’est bien éclatés, c’était une belle ouverture pour le MASA », se réjouit Marie-Hélène Kouamé, étudiante. «Les artistes ont assuré. C’était super», s’enflamme, entre deux sourires, Aminata Traoré, agent commercial. C’était tout simplement show, show, show…
Y. Sangaré
Y. Sangaré