Barro Souleymane est à la tête du Mouvement pour la défense des Droits des agents municipaux de Côte d’Ivoire. Dans cet entretien qu’il nous a accordé récemment, le Secrétaire général des agents municipaux des zones ex-Cno dépeint la situation des arriérés de salaires de plusieurs mois. Après avoir été soupçonné par certaines personnes de rouler pour le pouvoir, l’homme s’est défendu.
Monsieur Barro Souleymane, quel est le bilan que vous pourriez dresser de vos activités syndicales en cette nouvelle année ?
Le secrétaire général du Mouvement pour la défense des droits des agents municipaux de Côte d'Ivoire(MODDAMCI) que je suis, voudrais profiter de l’occasion que vous m’offrez pour saluer les ivoiriens en général et souhaiter en particulier mes vœux les meilleurs aux agents municipaux de Côte d’Ivoire. Ça sera hasardeux de faire le bilan de la lutte syndicale que nous menons tous les jours dans nos bases. Pour ce qui concerne le travail qu’abat le bureau national du MODDAMCI, nous sommes au travail. Il faut dire que 2013 nous a laissé un arrière goût amer relativement à nos principales doléances qui n’ont pas encore trouvées de solutions.
Nous avions pensé qu’après que le gouvernement ait pris ses marques, 2013 allait être l’année pour la fin de la souffrance de nos camarades agents municipaux, surtout ceux des zones Centre, Nord et Ouest (CNO) quant à leur situation des arriérés de salaire. C’est le lieu pour nous de féliciter les agents municipaux qui ont mené le combat avec le MODDAMCI. Qui ont suivi massivement notre mot d’ordre de grève lancé le 09 Février 2013. Ce bon comportement de nos camarades démontre que la lutte syndicale au niveau des agents municipaux est une réalité, et que le pouvoir doit songer à prendre en compte nos revendications les plus légitimes. Parce qu’en 2012 tout le travail a été fait. Nous avons eu des travaux en commission dans le mois de septembre 2012, qu’on a appelés en son temps les travaux de confirmation, qui jusqu’à ce jour n’ont pas eu de suite heureuses avec le gouvernement (…) Nous parlons essentiellement de la résolution de la question des arriérés de salaire de 2002 à 2011 des agents municipaux exerçant en zone ex CNO. Zone qui était contrôlée par l’ex rébellion. En septembre 2012, nous avions eu la confirmation effective de nos arriérés de salaires par toutes les structures de l’État. C'est-à-dire les Maires, le Ministère d’État chargé de la sécurité intérieure, le Ministère en son temps de l’Économie et des Finances piloté par le Premier Ministre Ahoussou Jeannot qui était en son temps le chef du gouvernement. Sur instruction du Premier Ministre Ahoussou Jeannot, pendant un mois le MODDAMCI et ces différentes structures, avons travaillé ensemble pour arrêter une matrice sur la question des arriérés de salaire. Nous nous sommes accordés sur des chiffres que tout le monde sait désormais, qu’on appelle des salaires dus et non mandatés à hauteur de 17 970 779 514 Frs Cfa et de ce qui est du reste à payer, c’est le chiffre de 350 273 280 Frs Cfa qu’on a tous convenu. Donc les deux montants cumulés font 18 321 052 794 Frs Cfa donc l’État doit aux agents municipaux des ex-zones CNO. Lorsque nous avions fini ces travaux, l’assurance nous a été donnée que le mois suivant cette question des arriérés de salaires devrait trouver un dénouement heureux, et jusqu’à ce jour il n’y a pas de suite. C’est d’ailleurs la raison qui a soutenu notre grève en février 2013. Et ce, pour interpeller les autorités compétentes, pour leur dire qu’il faut que la souffrance des agents puisse s’arrêter, parce que cette situation n’a que trop durée.
A quel niveau se situe votre dossier aujourd’hui ?
C’est le statuquo. Nous avons de réelles raisons d’être inquiets. Vous ne pouvez pas mobiliser tous les techniciens de l’Etat, c'est-à-dire le Budget, qui étaient rattachés au Ministère de l’Economie et des Finances , la sous direction de la comptabilité parapublique qui est une partie du Ministère de l’Economie et des Finances, toutes les structures du Ministère de l’intérieur, c'est-à-dire la décentralisation et ses différentes entités, tous les experts de la décentralisation, les élus, c'est-à-dire tous les Maires des 92 communes des zones ex CNO et nous même le MODDAMCI pour prendre des résolutions et ranger ça au placard. Nous avons le sentiment que l’Etat nous fait marcher dans une parodie digne des films de Hollywood. Sinon, comment comprendre que le chef de l’Etat ne soit pas suffisamment informé de la suite de notre dossier. Il l’a dit lui-même, répondant à un de vos confrères au cours de la conférence de presse qu’il a animée à la fin de sa visite d’Etat à Bouaké. Nous affirmons à partir de cela qu’il y a un grave dysfonctionnement sur l’acheminement de notre dossier à l’exécutif. C’est inacceptable.
Combien d’agents sont concernés par cette question d’arriéré de salaire qui fonde essentiellement le combat du MODDAMCI ?
Avant de répondre à votre question, je souhaite qu’on ne lie pas l’existence du MODDAMCI uniquement à la question des arriérés de salaires des agents municipaux des zones ex CNO. Dans une lutte syndicale, les questions évoluent et on est obligé de s’adapter. Toutefois, j’avoue que le MODDAMCI est né dans un contexte où les agents municipaux des zones ex CNO étaient laissés pour compte. Les agents municipaux de la zone ex CNO ont payé un lourd tribut de la crise qui a éclaté en 2002. Nous sommes restés environ une décennie sans salaire.
Pendant tout ce temps personne n’a évoqué la question des arriérés des salaires avec rigueur.
Donc il a fallu que les concernés eux-mêmes prennent leur destin en main. C’est ce que nous avons fait par la création le 15 Mars 2008 du Mouvement pour la Défense des Droits des Agents Municipaux de Côte d'Ivoire. Et dès que le MODDAMCI a été créé, nous avons fait le tour de toutes les villes des zones Centre, Nord et Ouest. Si nous voulons faire le bilan comme vous le souhaitez, nous allons dire qu’en cinq ans de lutte, le MODDAMCI a beaucoup progressé sur les thématiques de la lutte syndicale. Le MODDAMCI est un syndicat implanté partout en Côte d’Ivoire. Mais vous savez dans toute lutte, il faut d’abord avoir des priorités. Le MODDAMCI est né dans une zone qui avait des priorités et la priorité des priorités que vous connaissez, c’est le paiement des arriérés des salaires. Nous luttons pour l’avènement d’un statut adéquat pour l’agent de mairie qui va nous permettre d’obtenir l’amélioration des conditions de vie et de travail des agents de mairie de Côte d’Ivoire. Pour revenir à votre question, c’est 3046 agents municipaux qui sont concernés par la question des arriérés de salaires. Ce n’est pas des chiffres fabriqués. C’est d’ailleurs à partir desdits travaux en commission que ce nombre a été arrêté.
Certaines personnes vous accusent d’utiliser le MODDAMCI à la solde du pouvoir en place. Que répondez-vous ?
La grève la plus longue que le MODDAMCI a conduite s’est passée sous le mandat d’Ouattara. C'est-à-dire l’arrêt de travail de 2013 qui a duré 47 jours. Nous ne sommes à la solde de personne. C’est vrai que le MODDAMCI a appelé à voter le Président Ouattra pendant les élections présidentielles. Le MODDAMCI a expliqué cette motivation par le seul fait que, c’est monsieur OUATTARA qui était le seul candidat pendant la précampagne comme la campagne à évoquer notre situation dans son discours. Il a dit qu’il allait veiller à ce que les arriérés de salaires des agents municipaux des zones ex CNO soient étudiés dès qu’il accède au pouvoir. C’est lui seul parmi les candidats qui nous a promis quelque chose. Donc, nous avons appelé nos syndiqués à le voter. Mais il faut que les gens retiennent que la période de campagne est passée. Et comme rien de grand ne s’obtient facilement, nous continuons de lutter.
C’est très souvent qu’après un changement à la tête de l’équipe communale, les agents de mairie sont licenciés. Avez-vous connaissance de cas après les récentes municipales ?
C’est une situation réelle que certains de nos camarades vivent actuellement. Il y a des maires qui s’amusent à licencier des agents municipaux parce qu’ils ont des griefs contre eux. Pour des cas dont nous sommes informés, nous avons adressé des courriers aux maires incriminés. Certains se sont déjà exécutés en réintégrant nos camarades. Je voudrais inviter tous les maires pour leur dire qu’ils se gardent mélanger la politique et leur travail pour lequel ils sont portés à la tête des communes. On ne devient pas maire pour régler des comptes. Mais on le devient pour démontrer qu’on peut construire la cité malgré les différences d’opinions qu’on est appelé à gérer. Et cela fait renaître l’actualité liée à la problématique du statut des agents municipaux. Aujourd’hui, c’est parce qu’il y a un statut clair pour les agents municipaux que certains se permettent des zèles. Il faut un statut qui n’a rien avoir avec celui en vigueur pour que l’agent soit protégé quelque soit le changement à la magistrature d’une commune?
Entretien réalisé par Bosco de Paré
Monsieur Barro Souleymane, quel est le bilan que vous pourriez dresser de vos activités syndicales en cette nouvelle année ?
Le secrétaire général du Mouvement pour la défense des droits des agents municipaux de Côte d'Ivoire(MODDAMCI) que je suis, voudrais profiter de l’occasion que vous m’offrez pour saluer les ivoiriens en général et souhaiter en particulier mes vœux les meilleurs aux agents municipaux de Côte d’Ivoire. Ça sera hasardeux de faire le bilan de la lutte syndicale que nous menons tous les jours dans nos bases. Pour ce qui concerne le travail qu’abat le bureau national du MODDAMCI, nous sommes au travail. Il faut dire que 2013 nous a laissé un arrière goût amer relativement à nos principales doléances qui n’ont pas encore trouvées de solutions.
Nous avions pensé qu’après que le gouvernement ait pris ses marques, 2013 allait être l’année pour la fin de la souffrance de nos camarades agents municipaux, surtout ceux des zones Centre, Nord et Ouest (CNO) quant à leur situation des arriérés de salaire. C’est le lieu pour nous de féliciter les agents municipaux qui ont mené le combat avec le MODDAMCI. Qui ont suivi massivement notre mot d’ordre de grève lancé le 09 Février 2013. Ce bon comportement de nos camarades démontre que la lutte syndicale au niveau des agents municipaux est une réalité, et que le pouvoir doit songer à prendre en compte nos revendications les plus légitimes. Parce qu’en 2012 tout le travail a été fait. Nous avons eu des travaux en commission dans le mois de septembre 2012, qu’on a appelés en son temps les travaux de confirmation, qui jusqu’à ce jour n’ont pas eu de suite heureuses avec le gouvernement (…) Nous parlons essentiellement de la résolution de la question des arriérés de salaire de 2002 à 2011 des agents municipaux exerçant en zone ex CNO. Zone qui était contrôlée par l’ex rébellion. En septembre 2012, nous avions eu la confirmation effective de nos arriérés de salaires par toutes les structures de l’État. C'est-à-dire les Maires, le Ministère d’État chargé de la sécurité intérieure, le Ministère en son temps de l’Économie et des Finances piloté par le Premier Ministre Ahoussou Jeannot qui était en son temps le chef du gouvernement. Sur instruction du Premier Ministre Ahoussou Jeannot, pendant un mois le MODDAMCI et ces différentes structures, avons travaillé ensemble pour arrêter une matrice sur la question des arriérés de salaire. Nous nous sommes accordés sur des chiffres que tout le monde sait désormais, qu’on appelle des salaires dus et non mandatés à hauteur de 17 970 779 514 Frs Cfa et de ce qui est du reste à payer, c’est le chiffre de 350 273 280 Frs Cfa qu’on a tous convenu. Donc les deux montants cumulés font 18 321 052 794 Frs Cfa donc l’État doit aux agents municipaux des ex-zones CNO. Lorsque nous avions fini ces travaux, l’assurance nous a été donnée que le mois suivant cette question des arriérés de salaires devrait trouver un dénouement heureux, et jusqu’à ce jour il n’y a pas de suite. C’est d’ailleurs la raison qui a soutenu notre grève en février 2013. Et ce, pour interpeller les autorités compétentes, pour leur dire qu’il faut que la souffrance des agents puisse s’arrêter, parce que cette situation n’a que trop durée.
A quel niveau se situe votre dossier aujourd’hui ?
C’est le statuquo. Nous avons de réelles raisons d’être inquiets. Vous ne pouvez pas mobiliser tous les techniciens de l’Etat, c'est-à-dire le Budget, qui étaient rattachés au Ministère de l’Economie et des Finances , la sous direction de la comptabilité parapublique qui est une partie du Ministère de l’Economie et des Finances, toutes les structures du Ministère de l’intérieur, c'est-à-dire la décentralisation et ses différentes entités, tous les experts de la décentralisation, les élus, c'est-à-dire tous les Maires des 92 communes des zones ex CNO et nous même le MODDAMCI pour prendre des résolutions et ranger ça au placard. Nous avons le sentiment que l’Etat nous fait marcher dans une parodie digne des films de Hollywood. Sinon, comment comprendre que le chef de l’Etat ne soit pas suffisamment informé de la suite de notre dossier. Il l’a dit lui-même, répondant à un de vos confrères au cours de la conférence de presse qu’il a animée à la fin de sa visite d’Etat à Bouaké. Nous affirmons à partir de cela qu’il y a un grave dysfonctionnement sur l’acheminement de notre dossier à l’exécutif. C’est inacceptable.
Combien d’agents sont concernés par cette question d’arriéré de salaire qui fonde essentiellement le combat du MODDAMCI ?
Avant de répondre à votre question, je souhaite qu’on ne lie pas l’existence du MODDAMCI uniquement à la question des arriérés de salaires des agents municipaux des zones ex CNO. Dans une lutte syndicale, les questions évoluent et on est obligé de s’adapter. Toutefois, j’avoue que le MODDAMCI est né dans un contexte où les agents municipaux des zones ex CNO étaient laissés pour compte. Les agents municipaux de la zone ex CNO ont payé un lourd tribut de la crise qui a éclaté en 2002. Nous sommes restés environ une décennie sans salaire.
Pendant tout ce temps personne n’a évoqué la question des arriérés des salaires avec rigueur.
Donc il a fallu que les concernés eux-mêmes prennent leur destin en main. C’est ce que nous avons fait par la création le 15 Mars 2008 du Mouvement pour la Défense des Droits des Agents Municipaux de Côte d'Ivoire. Et dès que le MODDAMCI a été créé, nous avons fait le tour de toutes les villes des zones Centre, Nord et Ouest. Si nous voulons faire le bilan comme vous le souhaitez, nous allons dire qu’en cinq ans de lutte, le MODDAMCI a beaucoup progressé sur les thématiques de la lutte syndicale. Le MODDAMCI est un syndicat implanté partout en Côte d’Ivoire. Mais vous savez dans toute lutte, il faut d’abord avoir des priorités. Le MODDAMCI est né dans une zone qui avait des priorités et la priorité des priorités que vous connaissez, c’est le paiement des arriérés des salaires. Nous luttons pour l’avènement d’un statut adéquat pour l’agent de mairie qui va nous permettre d’obtenir l’amélioration des conditions de vie et de travail des agents de mairie de Côte d’Ivoire. Pour revenir à votre question, c’est 3046 agents municipaux qui sont concernés par la question des arriérés de salaires. Ce n’est pas des chiffres fabriqués. C’est d’ailleurs à partir desdits travaux en commission que ce nombre a été arrêté.
Certaines personnes vous accusent d’utiliser le MODDAMCI à la solde du pouvoir en place. Que répondez-vous ?
La grève la plus longue que le MODDAMCI a conduite s’est passée sous le mandat d’Ouattara. C'est-à-dire l’arrêt de travail de 2013 qui a duré 47 jours. Nous ne sommes à la solde de personne. C’est vrai que le MODDAMCI a appelé à voter le Président Ouattra pendant les élections présidentielles. Le MODDAMCI a expliqué cette motivation par le seul fait que, c’est monsieur OUATTARA qui était le seul candidat pendant la précampagne comme la campagne à évoquer notre situation dans son discours. Il a dit qu’il allait veiller à ce que les arriérés de salaires des agents municipaux des zones ex CNO soient étudiés dès qu’il accède au pouvoir. C’est lui seul parmi les candidats qui nous a promis quelque chose. Donc, nous avons appelé nos syndiqués à le voter. Mais il faut que les gens retiennent que la période de campagne est passée. Et comme rien de grand ne s’obtient facilement, nous continuons de lutter.
C’est très souvent qu’après un changement à la tête de l’équipe communale, les agents de mairie sont licenciés. Avez-vous connaissance de cas après les récentes municipales ?
C’est une situation réelle que certains de nos camarades vivent actuellement. Il y a des maires qui s’amusent à licencier des agents municipaux parce qu’ils ont des griefs contre eux. Pour des cas dont nous sommes informés, nous avons adressé des courriers aux maires incriminés. Certains se sont déjà exécutés en réintégrant nos camarades. Je voudrais inviter tous les maires pour leur dire qu’ils se gardent mélanger la politique et leur travail pour lequel ils sont portés à la tête des communes. On ne devient pas maire pour régler des comptes. Mais on le devient pour démontrer qu’on peut construire la cité malgré les différences d’opinions qu’on est appelé à gérer. Et cela fait renaître l’actualité liée à la problématique du statut des agents municipaux. Aujourd’hui, c’est parce qu’il y a un statut clair pour les agents municipaux que certains se permettent des zèles. Il faut un statut qui n’a rien avoir avec celui en vigueur pour que l’agent soit protégé quelque soit le changement à la magistrature d’une commune?
Entretien réalisé par Bosco de Paré