C’est un ministre de la Fonction publique dépité que nous avons interrogé, le jeudi 27 février dernier, à son bureau, au Plateau. Gnamien Konan déplore, notamment un refus de l’informatisation des procédures administratives par certains ministères.
628 fonctionnaires radiés des effectifs de la Fonction publique pour fraude estiment qu’ils sont victimes d’une injustice vu qu’ils ont travaillé pendant trois ans sans salaire. Que répondez-vous?
Tout ce que les Ivoiriens souhaitent, tout ce dont ils rêvent, c’est un avenir meilleur; ce que les économistes appellent l’émergence. Mais toutes ces choses ne peuvent pas arriver sans une transformation profonde de notre société, sans un changement de mentalité. Cela dit, pour répondre à votre question, je précise qu’il existe deux modes d’accès autorisés à la Fonction publique. Soit vous passez un concours organisé exclusivement par le ministère de la Fonction publique ou par un autre ministère en collaboration avec la Fonction publique, soit vous bénéficiez des compétences constitutionnelles du chef de l’Etat qui peut décider par décret, dans l’intérêt de l’administration, de vous intégrer à la Fonction publique sans concours, pour faire un travail précis. Dans ce cas, il demande au ministre de la Fonction publique que je suis, de lui présenter un projet de décret. Voilà les deux voies. Ceux qui se plaignent, plutôt que de constituer des groupes de soutien, solliciter l’intervention de chefs religieux, de chefs de partis politiques, d’Ong ou de la presse, devraient simplement apporter la preuve qu’ils ont régulièrement intégré la Fonction publique par l’une des deux voies que je viens d’indiquer. Si cette preuve est faite, ils seront immédiatement intégrés. Je ne fais qu’intégrer tous les jours des fonctionnaires qui ont vu leur salaire suspendu parce qu’absents au service au moment de la notation, et qui par la suite nous ont fait la preuve de leur présence à un poste de travail en fournissant des attestations délivrées par leurs supérieurs hiérarchiques. Pour la tolérance, la paix sociale, je fais rétablir leur salaire. Je ne comprends donc pas que des gens dépensent autant d’énergie pour rien, alors qu’il suffit de venir montrer leurs papiers prouvant qu’ils sont en règle.
Voulez-vous dire qu’aucun des plaignants n’a suivi cette démarche ?
J’en ai reçu quelques-uns. Mes collaborateurs ont reçu des dizaines. Ces personnes ont affirmé que des gens leur ont assuré qu’en payant une certaine somme, ils auraient des matricules. Ces victimes ont sollicité la clémence du ministère. Nous avons cherché à connaître les auteurs de cette arnaque. Interrogées, les victimes ont affirmé que leurs interlocuteurs ne les prennent plus au téléphone depuis que les contrôles ont débuté. Nous ne sommes pas là pour radier des fonctionnaires régulièrement recrutés. Quel serait l’intérêt pour nous de le faire?
N’y a-t-il pas trop de rigueur dans votre politique ?
Vous dites qu’il y a trop de rigueur ? Moi, j’estime qu’il n’y en a jamais assez. Dans la gestion des affaires publiques, soit c’est la rigueur, soit c’est le laxisme. Les Ivoiriens ne peuvent pas voir leur rêve se réaliser s’il n’y a pas de rigueur. En plus, il s’agit de personnes qui ont été identifiées à l’issue des contrôles que nous avons effectués. A notre arrivée à ce poste, la Fonction publique n’avait pas bonne presse auprès de nos concitoyens. Les matricules y étaient achetés. Certaines personnes en avaient même deux et percevaient deux salaires. Si je n’avais pas engagé ce contrôle, on aurait dit que le président de la République m’a mis à ce poste pour rien. Nous l’avons fait, nous avons démasqué des fraudeurs, malheureusement, c’est à moi qu’on reproche trop de rigueur.
Les fonctionnaires radiés reconnaissent leur tort, mais estiment que l’erreur vient aussi de vos services où des personnes leur ont pris de l’argent en promettant des postes. Avez-vous découvert le réseau qui est à la base de tout cela ?
Je serais très heureux de démanteler le réseau de fraudeurs qui promet des matricules aux gens. Sauf que les victimes, comme je vous l’ai déjà indiqué, affirment que leurs complices ne décrochent plus leurs téléphones. Mais rassurez-vous, nous avons déposé plainte à la justice pour faux et usage de faux.
Contre qui ?
Contre les 628 personnes que nous avons sorties du fichier pour fraude. Nous avons écrit au Garde des sceaux. Des enquêtes seront menées.
Etes-vous prêt à aller jusqu’au bout ou est-ce juste une façon de les intimider ?
Qu’est-ce que vous appelez être prêt à aller au bout ? Ce n’est pas une affaire personnelle. C’est le résultat d’un contrôle ; j’ai confié le dossier à la justice, et de toute façon, ce sont des gens qui n’ont pas encore de salaire. Ce n’est pas à moi de les mettre aux arrêts. Je les ai déjà sortis du fichier.
Etes-vous sûr que cette pratique ne va pas continuer?
Le jour où vous le constaterez, venez me voir. Je consacre un pour cent de mon temps à la recherche des faussaires. Tout le reste du temps, je fais en sorte que cela n’arrive plus. Je suis là pour cela, pour la prévention. Quand je parle d’informatisation, vous pensez que c’est pour le plaisir? C’est un moyen d’assainir et de sécuriser les fichiers de la Fonction publique.
L’un des points positifs dans votre combat, c’est effectivement la réduction de la fraude. Aujourd’hui, on passe les concours d’entrée à la Fonction publique en ne comptant que sur sa propre valeur. Cependant, il y a des hics, notamment dans le délai d’exécution des dossiers. On ne respecte pas toujours les 48h prévues. Pour aller vite, il faut payer…
Mon département s’appelle ministère de la Fonction publique et de la réforme administrative. Ma mission a deux volets : la gestion des ressources humaines de l’Etat, et la réforme de toute l’administration publique. Mon premier travail a consisté à mettre de l’ordre dans les fichiers de la Fonction publique. Quand je dis mettre de l’ordre, ce n’est pas pour retrouver le faux, c’est d’empêcher que de nouveaux cas de faux s’introduisent dans le système. Nous avons fait ce travail, et aujourd’hui, vous constaterez que les démarcheurs ont disparu aux abords des bâtiments du ministère de la fonction publique. Les fonctionnaires, aujourd’hui, peuvent constater, en accédant au site web de la Fonction publique par leur matricule, qu’un acte qui les concerne a été signé ou pas. Ils n’ont plus besoin de se déplacer. Mais dans le processus d’intégration d’un fonctionnaire à la Fonction publique et à la Solde, nous ne sommes pas seuls. D’autres départements ministériels interviennent, notamment celui des finances. Nous n’avons pas encore réussi à convaincre les autres intervenants sur le fait qu’il n’est pas nécessaire qu’ils se livrent à des contrôles que la Fonction publique a déjà effectués. Ils sont dans des dispositifs anciens où il faut contrôler tout, même ce qu’un autre service de la même administration a déjà contrôlé. Ce sont ces redondances qui provoquent les retards et les lenteurs. En plus, j’estime qu’il n’est pas nécessaire d’exiger un document administratif qui est la condition d’existence d’un autre joint au dossier à vérifier. Par exemple, lorsque vous demandez un certificat de nationalité, il ne sert à rien d’exiger en plus une carte d’identité nationale, étant entendu que la carte d’identité qui a servi à établir le certificat de nationalité a été contrôlée par une autre administration. Par ailleurs, nous n’avons pas encore réussi à convaincre ces services qu’ils gagnent à travailler directement dans le Système intégré de gestion des fonctionnaires et agents de l’Etat (Sigfae), en y effectuant toutes leurs opérations habituelles de contrôle, sans recourir aux documents papiers. Le motif qu’ils avancent est que la règlementation actuelle ne les oblige pas à travailler de cette manière. En conséquence, les dossiers s’entassent, car ils se transmettent manuellement d’une administration à une autre.
Difficile à comprendre, dans une même administration…
Si je vous dis les sacrifices que j’ai faits. Recevoir les chefs de service, les directeurs, les sous-directeurs, proposer des textes pour modifier la règlementation, etc., écrire aux ministres, mais en vain. Tout est automatisé, mais les gens veulent du papier. Ce qui fait qu’à l’arrivée, vous ne voyez pas le travail qui a été fait. Je ne suis pas venu pour changer l’administration publique en un jour. Tant que les Ivoiriens eux-mêmes ne comprennent pas le bien-fondé de tout ceci, le changement ne se fera pas. Parce que ce n’est pas un changement contre quelqu’un. C’est un changement qui doit s’opérer avec tous les Ivoiriens. Pourquoi les lenteurs persistent-elles ailleurs dans les autres administrations, me demandez-vous ? Avec cette question nous sommes en plein dans la deuxième partie de notre mission. Nous avons estimé que pour entamer ce volet qui concerne toute l’administration publique ivoirienne, il fallait d’abord achever les réformes de modernisation de la gestion de la carrière des fonctionnaires. Ce travail est terminé. Le soutien institutionnel du gouvernement nous est nécessaire pour aborder efficacement ce chantier dans toutes les autres administrations. C’est un travail transversal. Notre positionnement ne nous permet pas d’avoir l’autorité nécessaire pour dire que dans tel ou tel service d’un autre ministère, il y a du racket et qu’il faut des changements. Nous n’avons pas cette compétence institutionnelle.
Avez-vous déjà posé le problème sur la table du Conseil des ministres ?
Oui. Nous avons introduit un Cadre stratégique de la réforme administrative auprès du gouvernement. Nous attendons sa validation pour engager ce chantier. Personne ne peut douter de mon engagement à faire bouger les lignes. Le travail que je fais ici est exactement du copier-coller de ce que j’ai effectué à la Douane. Je n’ai pas changé. C’est le même Gnamien Konan. Je vous le redis, j’ai besoin d’appui institutionnel pour faire la réforme administrative dans les autres ministères.
Est-ce cette situation qui explique le blocage du concours de l’Ena?
Non, c’est un problème d’une autre nature. Vous avez beau être le ministre de la Fonction publique, si vous voulez entreprendre la réforme d’un système qui a été institué par décret, vous êtes obligé de soumettre un projet de décret modifiant le décret antérieur. Tant que ça n’a pas été adopté en Conseil de gouvernement, puis en Conseil des ministres, vous pouvez avoir la volonté, mais vous êtes obligé d’attendre. Il en va ainsi du concours de l’Ena (Ecole normale d’administration, ndlr). Si nous avions voulu les lourdeurs, nous n’aurions pas demandé aux jeunes de s’inscrire en ligne sans frais. Malheureusement, ce que nous voulons pour l’Ena est nouveau par rapport à ce qui est prévu dans le décret en vigueur.
Et qu’est-ce que vous voulez pour cette école?
Nous voulons jeter les bases d’une administration qui a le même niveau d’efficacité qu’un service privé. Vous savez bien que quand on veut recruter un ingénieur informaticien dans le privé, on ne demande pas à tous ceux qui ont un bac +4 de venir concourir. Nous avons donc demandé aux administrations utilisatrices de nous indiquer le profil des agents dont elles ont besoin, comme cela se fait au privé. Certaines administrations nous ont répondu. Les Cv, les diplômes obtenus par les candidats, vont compter dans la sélection. Si j’ai besoin d’un comptable, par exemple, ce sont ceux qui ont Bac+5 en comptabilité qui seront favorisés. C’est l’essence de cette réforme. Nous voulons, après l’appréciation du Cv, soumettre les candidats à un concours assisté par ordinateur, de telle sorte que chaque candidat saura sa note dès la fin de la composition. Le projet de décret qui contient toutes ces réformes a été élaboré et est sur la table du gouvernement. Nous attendons qu’il soit adopté. Nous n’avons aucun intérêt à retarder les choses. Au contraire, j’ai le cœur lourd parce que 82.000 jeunes se sont inscrits depuis longtemps et attendent.
Que voulez-vous dire à ces jeunes pour les rassurer?
Le ministre de la Fonction publique et de la réforme administrative veut mettre en place un concours transparent et efficace pour faire de la Fonction publique un corps d’élites où l’on ne recrute que les meilleurs. Nous voulons organiser un concours qui privilégie les meilleurs et non nos parents et nos militants. Mais pour cela, il faut un décret pour changer les choses. Je suis aussi impatient qu’eux ; nous voulons faire en sorte que plus jamais un candidat n’ait à payer quoi que ce soit pour être admis à un concours. C’est dans leur intérêt ; je leur demande d’être patients.
Les réformes qui tardent à se concrétiser sont peut-être l’explication à certains dysfonctionnements que nous avons constatés dans d’autres ministères : les dessous de table, l’absentéisme… Etes-vous impuissant face à tout cela ?
Sauf à faire une révolution, la Côte d’Ivoire ne changera que lorsque tous les Ivoiriens comprendront la nécessité de changer. Ce n’est pas une question de puissance ou d’impuissance du ministre. Les gens ne se rendent pas compte que c’est le manque de rigueur et de justice qui conduit aux crises. Je pense qu’il faut continuer la pédagogie.
Qu’allez-vous faire de la notation des fonctionnaires qui est faite souvent avec complaisance dans certaines administrations?
La notation comportait deux objectifs. Le premier a été atteint, c‘est-à-dire que le chef de service, en notant un agent, confirme en toute responsabilité que cet agent qui s’est identifié dans son service est bien là. A quelques erreurs près, je peux montrer la liste des agents des services de n’importe quelle localité en Côte d’Ivoire, avec leurs matricules, leurs numéros de téléphone et même leurs photos. Notre deuxième objectif, c’était de noter les agents. Ce n’est pas un problème si un chef de service donne 5 sur 5 à un agent qui mérite normalement 2 sur 5. S’il est aussi complaisant avec ses agents, j’espère que son supérieur hiérarchique sera aussi complaisant avec lui. Parce que si ce n’est pas le cas, il devra faire en sorte que son service marche bien avec ses agents. Finalement sa complaisance se retournera contre lui. Ce n’est pas un travail d’ordinateur ou du ministre de la Fonction publique, c’est un travail collectif.
Concernant l’assiduité, les sanctions vont-elles tomber ?
Pour l’assiduité, nous avons un vrai problème à Abidjan. Il y a beaucoup de chantiers et ce n’est pas moi qui vais m’en plaindre. Les Ivoiriens ont du mal à être à l’heure. Je ne crois pas à l’administration de sanction. Les gens veulent me voir jouer le rôle qu’ils voudraient que je joue. J’ai changé beaucoup de choses à la Douane de Côte d’Ivoire. J’espère qu’un jour quelqu’un me le reconnaîtra. Il y a des gens qui ont eu des décorations, qui ont eu droit à des honneurs pour moins que ça. J’espère que j’aurais droit à cela sans jamais mettre un agent en prison. Je n’ai encore traduit personne en conseil de discipline, j’ai juste déplacé des agents, fait des changements de postes. Nous n’avons pas une culture de sanction. Nous sommes plutôt pour la prévention. Tout ce qui arrive est dû au laxisme du système. Il faut des systèmes rigoureux. C’est pour cela que nous avons mis en place le Sigfae. Il est fait pour que tous les matins, chaque chef de service sache qui n’est pas venu, qui est arrivé en retard. L’objectif étant de faire appliquer le principe selon lequel le salaire est la contrepartie du temps réellement travaillé. Ce n’est pas une sanction, si l’on vous donne un quart de salaire, quand vous avez effectivement travaillé un quart du temps.
Il y a aussi ceux qui continuent de s’absenter ou de prolonger le week-end à des funérailles…
On le constate souvent. Il faudra de toute façon qu’après la phase de sensibilisation, nous commencions à sanctionner à ce niveau. Un aspect du problème est que les gens n’arrivent à l’heure au travail que lorsqu’ils ont du travail à faire. Et malheureusement, ce n’est pas tout le monde qui a du travail à faire au bureau. C’est pour cela que nous avons commencé l’étude des postes de travail pour déterminer combien d’agents il faut à chaque poste de travail dans l’administration. C’est un travail qui est difficile. En attendant, on nous reproche de ne plus recruter. Depuis que nous sommes là, nous avons organisé un seul concours pour recruter les informaticiens, deux ou trois concours pour recruter des chauffeurs. Le reste, ce sont des concours que nous avons organisés en collaboration avec les ministères de l’Education nationale et de la Santé. Nous avons une masse salariale déjà énorme et en dehors des secteurs sociaux de la santé et de l’éducation/formation, il n’y a pas de besoins en ressources humaines. Actuellement, si nous recrutons des travailleurs, nous ne sommes pas sûrs qu’ils auront du travail à faire et seront payés.
Après l’annonce des avancements et l’application des déblocages, les fonctionnaires ont été surpris pour certains que leurs augmentations ne soient pas celles qu’ils avaient espérées. Que s’est-il passé ?
Comme on le dit, chez les journalistes, le train qui arrive à l’heure ne vous intéresse pas. Faites un sondage, vous verrez que la majorité des fonctionnaires est satisfaite et est reconnaissante au chef de l’Etat d’avoir fait cette hausse. A la Fonction publique, chacun entre avec une catégorie, un grade, un échelon et un indice. Si vous êtes entré avec le Cepe l’année dernière, qu’il y a une augmentation, vous ne pouvez pas vous attendre à la même hausse que quelqu’un qui est entré à la Fonction publique il y a vingt ans, avec un bac. C’est de cela qu’il s’agit. Ce sont ces règles que nous avons suivies. On aurait pu dire, il y a une cagnotte de 83 milliards de Fcfa, on va la diviser par le nombre de fonctionnaires. Ceux qui ont le plus bénéficié du déblocage, ce sont les travailleurs qui sont entrés à la Fonction publique depuis 1990.
Des enseignants qui attendaient par exemple 10.000 F comme effet financier du mois de janvier au lieu des 8.000 F…
Aucun enseignant qui attendait 10.000 F n’a eu que 8.000 F. Alors, je ne sais pas pourquoi il n’attendait pas 200.000 F. Il faut que chacun s’attende à ce qu’il mérite. Si un fonctionnaire pense réellement qu’il devait avoir 10.000 F comme augmentation et qu’il n’a eu que 8.000 F, il a la possibilité d’introduire un recours administratif. Il saisit le ministre de la Fonction publique qui va vérifier s’il y a eu erreur ou pas. Concernant les enseignants, l’Etat leur devait un reliquat. Etant donné que c’est la même cagnotte qui a été utilisée pour payer ce reliquat, on a décidé d’effectuer leur déblocage en 2015. Ils l’ont bien compris.
Les retraités s’attendent à profiter du déblocage des avancements à la fin de ce mois (de février). La Caisse générale des retraités et agents de l’Etat (Cgrae) l’a annoncé. Le confirmez-vous ?
Je le redis, l’argent que l’Etat a utilisé pour payer les salaires des fonctionnaires provient des impôts payés par les Ivoiriens. Pour une question de responsabilité vis-à-vis de l’ensemble des Ivoiriens, l’Etat est obligé de n’utiliser qu’une partie de ces impôts pour payer les fonctionnaires, sinon, il n’y aura pas de routes, pas d’hôpitaux, pas d’écoles. L’Etat a déjà dépassé la limite du quota économiquement permis pour payer les fonctionnaires. Pour revenir à votre question, je pense que seul le Trésor public et la Solde peuvent vous confirmer cela. Si les retraités n’ont pas leurs avancements à la fin du mois de février, je suis sûr qu’ils l’auront à la fin du mois de mars. Si par extraordinaire ce n’est pas le cas, ils les auront à la fin du mois d’avril.
Fin janvier, à cause des nombreux calculs, les bulletins de salaire n’étaient pas disponibles à temps. Le seront-ils en février?
Vous me donnez l’occasion de lancer un appel aux fonctionnaires. Ils ne sont pas obligés d’aller à la Solde pour avoir leur bulletin de salaire. Qu’ils se rendent simplement sur le site web du ministère de la Fonction publique et de la réforme administrative avec leurs matricules. Leurs bulletins y sont à quelques erreurs près. Il leur appartient de fournir les informations complémentaires à mes services pour correction. Ce problème est donc résolu à notre niveau.
Réalisée par Cissé Sindou et Raphaël Tanoh
628 fonctionnaires radiés des effectifs de la Fonction publique pour fraude estiment qu’ils sont victimes d’une injustice vu qu’ils ont travaillé pendant trois ans sans salaire. Que répondez-vous?
Tout ce que les Ivoiriens souhaitent, tout ce dont ils rêvent, c’est un avenir meilleur; ce que les économistes appellent l’émergence. Mais toutes ces choses ne peuvent pas arriver sans une transformation profonde de notre société, sans un changement de mentalité. Cela dit, pour répondre à votre question, je précise qu’il existe deux modes d’accès autorisés à la Fonction publique. Soit vous passez un concours organisé exclusivement par le ministère de la Fonction publique ou par un autre ministère en collaboration avec la Fonction publique, soit vous bénéficiez des compétences constitutionnelles du chef de l’Etat qui peut décider par décret, dans l’intérêt de l’administration, de vous intégrer à la Fonction publique sans concours, pour faire un travail précis. Dans ce cas, il demande au ministre de la Fonction publique que je suis, de lui présenter un projet de décret. Voilà les deux voies. Ceux qui se plaignent, plutôt que de constituer des groupes de soutien, solliciter l’intervention de chefs religieux, de chefs de partis politiques, d’Ong ou de la presse, devraient simplement apporter la preuve qu’ils ont régulièrement intégré la Fonction publique par l’une des deux voies que je viens d’indiquer. Si cette preuve est faite, ils seront immédiatement intégrés. Je ne fais qu’intégrer tous les jours des fonctionnaires qui ont vu leur salaire suspendu parce qu’absents au service au moment de la notation, et qui par la suite nous ont fait la preuve de leur présence à un poste de travail en fournissant des attestations délivrées par leurs supérieurs hiérarchiques. Pour la tolérance, la paix sociale, je fais rétablir leur salaire. Je ne comprends donc pas que des gens dépensent autant d’énergie pour rien, alors qu’il suffit de venir montrer leurs papiers prouvant qu’ils sont en règle.
Voulez-vous dire qu’aucun des plaignants n’a suivi cette démarche ?
J’en ai reçu quelques-uns. Mes collaborateurs ont reçu des dizaines. Ces personnes ont affirmé que des gens leur ont assuré qu’en payant une certaine somme, ils auraient des matricules. Ces victimes ont sollicité la clémence du ministère. Nous avons cherché à connaître les auteurs de cette arnaque. Interrogées, les victimes ont affirmé que leurs interlocuteurs ne les prennent plus au téléphone depuis que les contrôles ont débuté. Nous ne sommes pas là pour radier des fonctionnaires régulièrement recrutés. Quel serait l’intérêt pour nous de le faire?
N’y a-t-il pas trop de rigueur dans votre politique ?
Vous dites qu’il y a trop de rigueur ? Moi, j’estime qu’il n’y en a jamais assez. Dans la gestion des affaires publiques, soit c’est la rigueur, soit c’est le laxisme. Les Ivoiriens ne peuvent pas voir leur rêve se réaliser s’il n’y a pas de rigueur. En plus, il s’agit de personnes qui ont été identifiées à l’issue des contrôles que nous avons effectués. A notre arrivée à ce poste, la Fonction publique n’avait pas bonne presse auprès de nos concitoyens. Les matricules y étaient achetés. Certaines personnes en avaient même deux et percevaient deux salaires. Si je n’avais pas engagé ce contrôle, on aurait dit que le président de la République m’a mis à ce poste pour rien. Nous l’avons fait, nous avons démasqué des fraudeurs, malheureusement, c’est à moi qu’on reproche trop de rigueur.
Les fonctionnaires radiés reconnaissent leur tort, mais estiment que l’erreur vient aussi de vos services où des personnes leur ont pris de l’argent en promettant des postes. Avez-vous découvert le réseau qui est à la base de tout cela ?
Je serais très heureux de démanteler le réseau de fraudeurs qui promet des matricules aux gens. Sauf que les victimes, comme je vous l’ai déjà indiqué, affirment que leurs complices ne décrochent plus leurs téléphones. Mais rassurez-vous, nous avons déposé plainte à la justice pour faux et usage de faux.
Contre qui ?
Contre les 628 personnes que nous avons sorties du fichier pour fraude. Nous avons écrit au Garde des sceaux. Des enquêtes seront menées.
Etes-vous prêt à aller jusqu’au bout ou est-ce juste une façon de les intimider ?
Qu’est-ce que vous appelez être prêt à aller au bout ? Ce n’est pas une affaire personnelle. C’est le résultat d’un contrôle ; j’ai confié le dossier à la justice, et de toute façon, ce sont des gens qui n’ont pas encore de salaire. Ce n’est pas à moi de les mettre aux arrêts. Je les ai déjà sortis du fichier.
Etes-vous sûr que cette pratique ne va pas continuer?
Le jour où vous le constaterez, venez me voir. Je consacre un pour cent de mon temps à la recherche des faussaires. Tout le reste du temps, je fais en sorte que cela n’arrive plus. Je suis là pour cela, pour la prévention. Quand je parle d’informatisation, vous pensez que c’est pour le plaisir? C’est un moyen d’assainir et de sécuriser les fichiers de la Fonction publique.
L’un des points positifs dans votre combat, c’est effectivement la réduction de la fraude. Aujourd’hui, on passe les concours d’entrée à la Fonction publique en ne comptant que sur sa propre valeur. Cependant, il y a des hics, notamment dans le délai d’exécution des dossiers. On ne respecte pas toujours les 48h prévues. Pour aller vite, il faut payer…
Mon département s’appelle ministère de la Fonction publique et de la réforme administrative. Ma mission a deux volets : la gestion des ressources humaines de l’Etat, et la réforme de toute l’administration publique. Mon premier travail a consisté à mettre de l’ordre dans les fichiers de la Fonction publique. Quand je dis mettre de l’ordre, ce n’est pas pour retrouver le faux, c’est d’empêcher que de nouveaux cas de faux s’introduisent dans le système. Nous avons fait ce travail, et aujourd’hui, vous constaterez que les démarcheurs ont disparu aux abords des bâtiments du ministère de la fonction publique. Les fonctionnaires, aujourd’hui, peuvent constater, en accédant au site web de la Fonction publique par leur matricule, qu’un acte qui les concerne a été signé ou pas. Ils n’ont plus besoin de se déplacer. Mais dans le processus d’intégration d’un fonctionnaire à la Fonction publique et à la Solde, nous ne sommes pas seuls. D’autres départements ministériels interviennent, notamment celui des finances. Nous n’avons pas encore réussi à convaincre les autres intervenants sur le fait qu’il n’est pas nécessaire qu’ils se livrent à des contrôles que la Fonction publique a déjà effectués. Ils sont dans des dispositifs anciens où il faut contrôler tout, même ce qu’un autre service de la même administration a déjà contrôlé. Ce sont ces redondances qui provoquent les retards et les lenteurs. En plus, j’estime qu’il n’est pas nécessaire d’exiger un document administratif qui est la condition d’existence d’un autre joint au dossier à vérifier. Par exemple, lorsque vous demandez un certificat de nationalité, il ne sert à rien d’exiger en plus une carte d’identité nationale, étant entendu que la carte d’identité qui a servi à établir le certificat de nationalité a été contrôlée par une autre administration. Par ailleurs, nous n’avons pas encore réussi à convaincre ces services qu’ils gagnent à travailler directement dans le Système intégré de gestion des fonctionnaires et agents de l’Etat (Sigfae), en y effectuant toutes leurs opérations habituelles de contrôle, sans recourir aux documents papiers. Le motif qu’ils avancent est que la règlementation actuelle ne les oblige pas à travailler de cette manière. En conséquence, les dossiers s’entassent, car ils se transmettent manuellement d’une administration à une autre.
Difficile à comprendre, dans une même administration…
Si je vous dis les sacrifices que j’ai faits. Recevoir les chefs de service, les directeurs, les sous-directeurs, proposer des textes pour modifier la règlementation, etc., écrire aux ministres, mais en vain. Tout est automatisé, mais les gens veulent du papier. Ce qui fait qu’à l’arrivée, vous ne voyez pas le travail qui a été fait. Je ne suis pas venu pour changer l’administration publique en un jour. Tant que les Ivoiriens eux-mêmes ne comprennent pas le bien-fondé de tout ceci, le changement ne se fera pas. Parce que ce n’est pas un changement contre quelqu’un. C’est un changement qui doit s’opérer avec tous les Ivoiriens. Pourquoi les lenteurs persistent-elles ailleurs dans les autres administrations, me demandez-vous ? Avec cette question nous sommes en plein dans la deuxième partie de notre mission. Nous avons estimé que pour entamer ce volet qui concerne toute l’administration publique ivoirienne, il fallait d’abord achever les réformes de modernisation de la gestion de la carrière des fonctionnaires. Ce travail est terminé. Le soutien institutionnel du gouvernement nous est nécessaire pour aborder efficacement ce chantier dans toutes les autres administrations. C’est un travail transversal. Notre positionnement ne nous permet pas d’avoir l’autorité nécessaire pour dire que dans tel ou tel service d’un autre ministère, il y a du racket et qu’il faut des changements. Nous n’avons pas cette compétence institutionnelle.
Avez-vous déjà posé le problème sur la table du Conseil des ministres ?
Oui. Nous avons introduit un Cadre stratégique de la réforme administrative auprès du gouvernement. Nous attendons sa validation pour engager ce chantier. Personne ne peut douter de mon engagement à faire bouger les lignes. Le travail que je fais ici est exactement du copier-coller de ce que j’ai effectué à la Douane. Je n’ai pas changé. C’est le même Gnamien Konan. Je vous le redis, j’ai besoin d’appui institutionnel pour faire la réforme administrative dans les autres ministères.
Est-ce cette situation qui explique le blocage du concours de l’Ena?
Non, c’est un problème d’une autre nature. Vous avez beau être le ministre de la Fonction publique, si vous voulez entreprendre la réforme d’un système qui a été institué par décret, vous êtes obligé de soumettre un projet de décret modifiant le décret antérieur. Tant que ça n’a pas été adopté en Conseil de gouvernement, puis en Conseil des ministres, vous pouvez avoir la volonté, mais vous êtes obligé d’attendre. Il en va ainsi du concours de l’Ena (Ecole normale d’administration, ndlr). Si nous avions voulu les lourdeurs, nous n’aurions pas demandé aux jeunes de s’inscrire en ligne sans frais. Malheureusement, ce que nous voulons pour l’Ena est nouveau par rapport à ce qui est prévu dans le décret en vigueur.
Et qu’est-ce que vous voulez pour cette école?
Nous voulons jeter les bases d’une administration qui a le même niveau d’efficacité qu’un service privé. Vous savez bien que quand on veut recruter un ingénieur informaticien dans le privé, on ne demande pas à tous ceux qui ont un bac +4 de venir concourir. Nous avons donc demandé aux administrations utilisatrices de nous indiquer le profil des agents dont elles ont besoin, comme cela se fait au privé. Certaines administrations nous ont répondu. Les Cv, les diplômes obtenus par les candidats, vont compter dans la sélection. Si j’ai besoin d’un comptable, par exemple, ce sont ceux qui ont Bac+5 en comptabilité qui seront favorisés. C’est l’essence de cette réforme. Nous voulons, après l’appréciation du Cv, soumettre les candidats à un concours assisté par ordinateur, de telle sorte que chaque candidat saura sa note dès la fin de la composition. Le projet de décret qui contient toutes ces réformes a été élaboré et est sur la table du gouvernement. Nous attendons qu’il soit adopté. Nous n’avons aucun intérêt à retarder les choses. Au contraire, j’ai le cœur lourd parce que 82.000 jeunes se sont inscrits depuis longtemps et attendent.
Que voulez-vous dire à ces jeunes pour les rassurer?
Le ministre de la Fonction publique et de la réforme administrative veut mettre en place un concours transparent et efficace pour faire de la Fonction publique un corps d’élites où l’on ne recrute que les meilleurs. Nous voulons organiser un concours qui privilégie les meilleurs et non nos parents et nos militants. Mais pour cela, il faut un décret pour changer les choses. Je suis aussi impatient qu’eux ; nous voulons faire en sorte que plus jamais un candidat n’ait à payer quoi que ce soit pour être admis à un concours. C’est dans leur intérêt ; je leur demande d’être patients.
Les réformes qui tardent à se concrétiser sont peut-être l’explication à certains dysfonctionnements que nous avons constatés dans d’autres ministères : les dessous de table, l’absentéisme… Etes-vous impuissant face à tout cela ?
Sauf à faire une révolution, la Côte d’Ivoire ne changera que lorsque tous les Ivoiriens comprendront la nécessité de changer. Ce n’est pas une question de puissance ou d’impuissance du ministre. Les gens ne se rendent pas compte que c’est le manque de rigueur et de justice qui conduit aux crises. Je pense qu’il faut continuer la pédagogie.
Qu’allez-vous faire de la notation des fonctionnaires qui est faite souvent avec complaisance dans certaines administrations?
La notation comportait deux objectifs. Le premier a été atteint, c‘est-à-dire que le chef de service, en notant un agent, confirme en toute responsabilité que cet agent qui s’est identifié dans son service est bien là. A quelques erreurs près, je peux montrer la liste des agents des services de n’importe quelle localité en Côte d’Ivoire, avec leurs matricules, leurs numéros de téléphone et même leurs photos. Notre deuxième objectif, c’était de noter les agents. Ce n’est pas un problème si un chef de service donne 5 sur 5 à un agent qui mérite normalement 2 sur 5. S’il est aussi complaisant avec ses agents, j’espère que son supérieur hiérarchique sera aussi complaisant avec lui. Parce que si ce n’est pas le cas, il devra faire en sorte que son service marche bien avec ses agents. Finalement sa complaisance se retournera contre lui. Ce n’est pas un travail d’ordinateur ou du ministre de la Fonction publique, c’est un travail collectif.
Concernant l’assiduité, les sanctions vont-elles tomber ?
Pour l’assiduité, nous avons un vrai problème à Abidjan. Il y a beaucoup de chantiers et ce n’est pas moi qui vais m’en plaindre. Les Ivoiriens ont du mal à être à l’heure. Je ne crois pas à l’administration de sanction. Les gens veulent me voir jouer le rôle qu’ils voudraient que je joue. J’ai changé beaucoup de choses à la Douane de Côte d’Ivoire. J’espère qu’un jour quelqu’un me le reconnaîtra. Il y a des gens qui ont eu des décorations, qui ont eu droit à des honneurs pour moins que ça. J’espère que j’aurais droit à cela sans jamais mettre un agent en prison. Je n’ai encore traduit personne en conseil de discipline, j’ai juste déplacé des agents, fait des changements de postes. Nous n’avons pas une culture de sanction. Nous sommes plutôt pour la prévention. Tout ce qui arrive est dû au laxisme du système. Il faut des systèmes rigoureux. C’est pour cela que nous avons mis en place le Sigfae. Il est fait pour que tous les matins, chaque chef de service sache qui n’est pas venu, qui est arrivé en retard. L’objectif étant de faire appliquer le principe selon lequel le salaire est la contrepartie du temps réellement travaillé. Ce n’est pas une sanction, si l’on vous donne un quart de salaire, quand vous avez effectivement travaillé un quart du temps.
Il y a aussi ceux qui continuent de s’absenter ou de prolonger le week-end à des funérailles…
On le constate souvent. Il faudra de toute façon qu’après la phase de sensibilisation, nous commencions à sanctionner à ce niveau. Un aspect du problème est que les gens n’arrivent à l’heure au travail que lorsqu’ils ont du travail à faire. Et malheureusement, ce n’est pas tout le monde qui a du travail à faire au bureau. C’est pour cela que nous avons commencé l’étude des postes de travail pour déterminer combien d’agents il faut à chaque poste de travail dans l’administration. C’est un travail qui est difficile. En attendant, on nous reproche de ne plus recruter. Depuis que nous sommes là, nous avons organisé un seul concours pour recruter les informaticiens, deux ou trois concours pour recruter des chauffeurs. Le reste, ce sont des concours que nous avons organisés en collaboration avec les ministères de l’Education nationale et de la Santé. Nous avons une masse salariale déjà énorme et en dehors des secteurs sociaux de la santé et de l’éducation/formation, il n’y a pas de besoins en ressources humaines. Actuellement, si nous recrutons des travailleurs, nous ne sommes pas sûrs qu’ils auront du travail à faire et seront payés.
Après l’annonce des avancements et l’application des déblocages, les fonctionnaires ont été surpris pour certains que leurs augmentations ne soient pas celles qu’ils avaient espérées. Que s’est-il passé ?
Comme on le dit, chez les journalistes, le train qui arrive à l’heure ne vous intéresse pas. Faites un sondage, vous verrez que la majorité des fonctionnaires est satisfaite et est reconnaissante au chef de l’Etat d’avoir fait cette hausse. A la Fonction publique, chacun entre avec une catégorie, un grade, un échelon et un indice. Si vous êtes entré avec le Cepe l’année dernière, qu’il y a une augmentation, vous ne pouvez pas vous attendre à la même hausse que quelqu’un qui est entré à la Fonction publique il y a vingt ans, avec un bac. C’est de cela qu’il s’agit. Ce sont ces règles que nous avons suivies. On aurait pu dire, il y a une cagnotte de 83 milliards de Fcfa, on va la diviser par le nombre de fonctionnaires. Ceux qui ont le plus bénéficié du déblocage, ce sont les travailleurs qui sont entrés à la Fonction publique depuis 1990.
Des enseignants qui attendaient par exemple 10.000 F comme effet financier du mois de janvier au lieu des 8.000 F…
Aucun enseignant qui attendait 10.000 F n’a eu que 8.000 F. Alors, je ne sais pas pourquoi il n’attendait pas 200.000 F. Il faut que chacun s’attende à ce qu’il mérite. Si un fonctionnaire pense réellement qu’il devait avoir 10.000 F comme augmentation et qu’il n’a eu que 8.000 F, il a la possibilité d’introduire un recours administratif. Il saisit le ministre de la Fonction publique qui va vérifier s’il y a eu erreur ou pas. Concernant les enseignants, l’Etat leur devait un reliquat. Etant donné que c’est la même cagnotte qui a été utilisée pour payer ce reliquat, on a décidé d’effectuer leur déblocage en 2015. Ils l’ont bien compris.
Les retraités s’attendent à profiter du déblocage des avancements à la fin de ce mois (de février). La Caisse générale des retraités et agents de l’Etat (Cgrae) l’a annoncé. Le confirmez-vous ?
Je le redis, l’argent que l’Etat a utilisé pour payer les salaires des fonctionnaires provient des impôts payés par les Ivoiriens. Pour une question de responsabilité vis-à-vis de l’ensemble des Ivoiriens, l’Etat est obligé de n’utiliser qu’une partie de ces impôts pour payer les fonctionnaires, sinon, il n’y aura pas de routes, pas d’hôpitaux, pas d’écoles. L’Etat a déjà dépassé la limite du quota économiquement permis pour payer les fonctionnaires. Pour revenir à votre question, je pense que seul le Trésor public et la Solde peuvent vous confirmer cela. Si les retraités n’ont pas leurs avancements à la fin du mois de février, je suis sûr qu’ils l’auront à la fin du mois de mars. Si par extraordinaire ce n’est pas le cas, ils les auront à la fin du mois d’avril.
Fin janvier, à cause des nombreux calculs, les bulletins de salaire n’étaient pas disponibles à temps. Le seront-ils en février?
Vous me donnez l’occasion de lancer un appel aux fonctionnaires. Ils ne sont pas obligés d’aller à la Solde pour avoir leur bulletin de salaire. Qu’ils se rendent simplement sur le site web du ministère de la Fonction publique et de la réforme administrative avec leurs matricules. Leurs bulletins y sont à quelques erreurs près. Il leur appartient de fournir les informations complémentaires à mes services pour correction. Ce problème est donc résolu à notre niveau.
Réalisée par Cissé Sindou et Raphaël Tanoh