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Société Publié le vendredi 7 mars 2014 | L’intelligent d’Abidjan

Eglise catholique / Basilique Saint Pierre (Vatican): Le cardinal Kutwa, chouchou du Consistoire, félicité par deux papes

© L’intelligent d’Abidjan Par VINCENZO PINTO
Le nouveau cardinal d`Abidjan, Mgr Jean-Pierre Kutwa
Dans l’ordre d’appel, jeudi, comme vendredi dans l’ordre officiel de création des cardinaux, il est huitième sur dix neuf, mais tenant compte, de son état de santé et de sa faible mobilité, le cérémonial du consistoire l’a placé en dernier. Il a donc reçu sa barrette, son anneau et sa bulle cardinalices après tous les dix huit autres. Le « cas » Jean-Pierre Kutwa, posait question à l’assistance (hautes personnalités civiles romaines et étrangères, dignitaires ecclésiastiques comme simples pèlerins ou fidèles, laïcs ou religieux).

Lorsqu’a commencé le rite d’imposition des insignes qui prévoit qu’à l’appel de son nom, chaque nouveau cardinal s’avance vers le Saint Père, selon un protocole immuable, tous regardaient la liste nominative publiée dans le livret remis individuellement aux invités qui avaient reçu un billet d’entrée dans le « Saint des Saints » pour suivre la cérémonie. L’immense basilique s’étaient remplie de tous côtés en très peu de temps. Qu’ils aient eu à suivre avec leurs yeux ou leurs appareils photographiques chaque étape du consistoire, ces privilégiés (les autres ayant dû le faire dehors et dans la fraicheur du temps, à l’aide de deux larges écrans géants posés sur la Place Saint Pierre) se demandaient comment ferait l’archevêque d’Abidjan pour rejoindre le pape installé en hauteur sur son siège pontifical séparé du sol et de l’assistance par une dizaine de marches d’un escalier. En somme, la question était : qui irait vers qui ? L’un assis sur un fauteuil fixe et l’autre assis dans un fauteuil roulant.

Ainsi, à l’appel du cardinal québécois (Canada) Gérard Cyprien Lacroix en septième position sur la liste, questions et imaginations se pressaient à un rythme accéléré dans les têtes. On entendait certains pèlerins, ivoiriens en l’occurrence, se demander presqu’à haute voix : « Comment va faire Jean-Pierre ? Ah ! Ça va être dur ! Ce ne sera pas facile hein ! » A ce stade, personne ou presque, ne subodore le scénario qui va être choisi.

Quand le prélat québécois, alors à genoux devant le pape, se lève et s’en va, tout le monde est particulièrement attentif car c’est normalement le tour du cardinal Kutwa, maintenant. Les cœurs battent la chamade, puis voilà que le nom suivant, prononcé au pupitre par le diacre chargé de l’appel n’est pas celui d’un cardinal ivoirien. Ses compatriotes respirent mais continuent de s’interroger, assurés toutefois qu’on ne l’a pas oublié. Ainsi viennent, s’agenouillent et se retirent les dix huit nouveaux cardinaux, pendant une heure d’un rite d’imposition identique pour tous à la fin duquel le pape dit : « Pax Tecum ».

La liste quasiment épuisée, reste le second ouest-africain de la première fournée du pape François, après que son confrère du Burkina Faso, le cardinal Philippe Ouedraogo fut passé. Chacun scrute les gestes du pape et des cérémoniaires. L’instant est chargé d’émotion, davantage pour la foule que pour le cardinal Kutwa. Mais lorsque le protocole le déplace de l’endroit où il était préalablement installé dans sa chaise roulante pour le replacer au début de la longue allée centrale, on croit comprendre comment les choses vont se passer pour lui. D’autant que quelques minutes après, on voit le Souverain Pontife quitter son siège, descendre les marches avec cérémoniaires et diacres et se diriger progressivement vers le cardinal de Côte d’Ivoire qui l’attend avec le sourire aux lèvres, les yeux pétillants de joie et de gratitude de voir le Pasteur Suprême quitter son trône pour aller jusqu’à lui, afin de le « couronner ». A savoir, poser sur sa tête la barrette comme on poserait une couronne, lui mettre un anneau d’or dans l’annulaire et déposer entre ses mains le parchemin qui atteste comme un édit, sa dignité. Le pape sait que ce moment où il investit le cardinal qui ne peut s’agenouiller devant lui pour recevoir ses insignes (comme le prévoit le cérémonial auquel habituellement on ne déroge en aucune manière) est le moment le plus attendu et le plus observé. Les caméras des télévisions et des appareils photographiques fixent l’image et les flashes crépitent. Les gestes rituels accomplis, le pape François se baisse alors pour l’embrasser et lui tombe quasiment dans les bras. L’étreinte est si profonde que les deux hommes dans leur élan font quelque peu vaciller le fauteuil roulant. A ce moment précis, on s’aperçoit que le Vicaire du Christ montre une sollicitude particulière. Un moment de corps à corps entre le Chef suprême et son collaborateur, un parmi tant d’autres, entre un grand-frère (dix ans d’âge les séparent) et son petit frère. Les dix huit autres cardinaux s’étaient contentés d’une accolade rapide ; le cardinal Kutwa bénéficie quant à lui, d’une embrassade de plus grande intensité physique et émotionnelle. Le tout ayant duré plus d’une vingtaine de minutes et le pape ne paraissait pas pressé de regagner sa place.
Si l’état physique du cardinal semblait susciter de la compassion chez certains (prélats ou laïcs), il semblait surtout susciter amour et charité chez le pape. Pour l’ivoirien du « groupe des 19 », le pape avait fait une entorse au cérémonial et au protocole rigide des consistoires ordinaires publics de création de cardinaux. Pour l’ivoirien momentanément handicapé par son état de santé, un autre pape, le précédent, s’est lui aussi déplacé de son siège particulier. Le pape émérite Benoit XVI qui assistait à cette cérémonie, est allé féliciter avec des gestes tout aussi chaleureux et paternels, le troisième cardinal de Côte d’Ivoire. Ainsi, l’archevêque d’Abidjan a eu l’honneur de recevoir pour la même occasion, deux papes et leurs congratulations puis d’être au centre de toutes les attentions des pontifes du Collège cardinalice, des épiscopats, des hauts dignitaires ecclésiaux et civils, des pèlerins religieux et laïcs et de tous les fidèles présents dans la basilique Saint Pierre comme de ceux restés sur la place du même nom.

A la fin de la cérémonie, et placé au début du cortège du pape terminant la procession, son apparition et son passage dans l’allée centrale ont déclenché des applaudissements qui redoublaient d’intensité au fur et à mesure qu’avançait son fauteuil roulant. A son corps (vraiment) défendant, le cardinal Jean-Pierre Kutwa était devenu la vedette du consistoire, le chouchou du pape et de l’assistance. Madame Chantal Compaoré, épouse du Chef de l’Etat burkinabè, ivoirienne d’origine et présente à ce consistoire, était surement remplie de joie elle aussi de voir son compatriote ainsi honoré. Autant qu’elle pouvait l’être également pour Monseigneur Philippe Ouedraogo, le nouveau cardinal de sa patrie de cœur.

De Rome, une correspondance particulière de LEBRY LEON FRANCIS
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