Les partisans de l’ex-chef de l’Etat, Laurent Gbagbo, ne veulent pas entendre parler de la révision de la Constitution par voie parlementaire. Volontiers, ils auraient aimé voir le toilettage de la loi fondamentale ivoirienne soumis au vote parce qu’il est important, selon eux, de laisser le peuple s’exprimer. Un avis qui est aussi partagé dans le camp Ouattara, notamment pour les puristes du droit. Mais, à la différence de ceux-ci, c’est surtout pour des raisons politiques évidentes que les partisans de M. Gbagbo ne sont pas chauds à l’idée de réviser la Constitution par voie parlementaire. C’est que, en signe de solidarité à son leader transféré à La Haye, en novembre 2011, le Front populaire ivoirien (Fpi), principale formation de l’opposition, a boycotté les législatives de décembre 2011. Les autres partis se réclamant de l’ex-chef de l’Etat, ont été laminés par la coalition soutenant le Président Alassane Ouattara. Du coup, si c’est la voie parlementaire qui est choisie pour réviser les articles à problème de la Constitution, ces partisans de Laurent Gbagbo ne devraient pas avoir voix au chapitre. Ceux-ci sont donc mal à l’aise dans le débat sur la révision de la Constitution, surtout qu’intoxiqués en majorité par leurs responsables politiques, ils ont voté en faveur des articles confligènes, pour éliminer les adversaires de poids de M. Gbagbo, leur leader. Dans ce contexte où celui-ci a tous les ennuis du monde, ils sont tentés de voler à son secours, à travers un non, au cas où l’on opte pour la voie référendaire pour la révision. D’où le pavé jeté dans la mare par Pascal Affi N’Guessan qui a estimé qu’en l’état actuel de la Constitution, le Président Ouattara n’est pas éligible. Mais dans le camp Ouattara où on opte pour la voie parlementaire pour cette révision, c’est le bon sens qu’on met en avant. Au-delà du candidat Ouattara, qu’on dit pas visé par les changements à apporter, peut-on aller aux élections, avec une Constitution aussi discriminante ? Non, répond-on. Et, dans le contexte actuel, l’on milite pour la voie parlementaire parce qu’il y a urgence à réviser cette Constitution avant le scrutin présidentiel qui doit normalement se tenir en octobre 2015. D’ici là, le gouvernement devrait procéder à des réformes institutionnelles, notamment la recomposition de la Commission électorale indépendante (Cei) et l’actualisation de la liste électorale. Le gouvernement ne verrait aucun inconvénient à faire jouer au pouvoir législatif une partition, dans ces réformes à opérer avant la présidentielle de 2015. Mais tous ses arguments ne semblent pas convaincre les pro-Gbagbo qui ont manifestement d’autres plans derrière la tête.
Par Marc Dossa
Par Marc Dossa