« Il faut changer le régime. Nous voulons un régime parlementaire pour qu’on puisse demander des comptes aux gouvernants. Il sera très difficile pour la Côte d’Ivoire d’être émergente en 2020. Car il n’y a pas de marché financier libre », a déclaré le Pr. Mamadou Koulibaly, président de Lider, le samedi 8 mars dernier, à sa rencontre improvisée avec les étudiants de l’Université Alassane Ouattara de Bouaké (UAO). Le président de Lider a dit être venu partager sa vision politique avec les militants et sympathisants de Lider de Bouaké, venus des quatre coins de la ville. L’ancien président de l’Assemblée Nationale a fustigé la gestion politique, avec en toile de fond, la situation ‘’arbitraire de certains étudiants des autres partis politiques’’, situation qui selon lui prévaut dans toutes les universités ivoiriennes. Réunis au sein du mouvement des jeunes de Lider de Côte d’Ivoire (MJLCI), ceux-ci en ont profité pour égrener leur chapelet de doléances, la mauvaise application du système LMD (licence-master-doctorat), la réouverture des cités universitaires non encore décidée, les conditions difficiles des étudiants, le taux croissant du chômage en milieu estudiantins à Bouaké repondant à l’auditoire. Le Pr. Mamadou Koulibaly, a appelé ses militants et sympathisants présents à la patience, la réconciliation, la fraternité, aux débats d’idées et surtout au réalisme face à la situation actuelle des finances publiques, « la Côte d’Ivoire ne remplie pas encore les conditions de l’émergence. Il n y a pas de marché financier en promotion parce que tous les véritables problèmes économiques du pays ne sont pas laissés au libre jeu du marché, marché qui doit faire le jeu à travers des appels d’offre. Ce qui n’a pas été le cas de certains marchés publics, notamment ; pour la construction du pont Henri Konan Bédié, l’élargissement et la prolongation de l’autoroute du Nord jusqu’à Yamoussoukro, la construction de l’échangeur de la Riviera, la réhabilitation des universités publiques, le choix sur la nouvelle tenue des Forces Républicaines de Côte d’Ivoire (FRCI), etc ».Tout en mettant à contribution la capacité d’analyse de son auditorat, « à 6 ans de l’émergence nous nous demandons quand est-ce que cela va changer ? Nous sommes dans un pays ou des hôpitaux sont construits, mais en cas de maladie, l’on va se faire soigner ailleurs. L’émergence va également de pair avec l’Etat de droit quand on la veut réelle », a-t-il fait savoir. Et d’ajouter avec fermeté, « Dans notre pays, nos lois et nos textes ne sont pas appliqués. Au lieu de courir après l’émergence en 2020, il faut plutôt courir après le changement du régime présidentiel ». Donnant ainsi sa vision sur les prochaines élections, Mamadou Koulibaly dira, « le gouvernement à 19 mois des élections présidentielles ne fait rien pour qu’elles se déroulent dans la quiétude. Le Recensement général de la population et de l’habitat (RGPH) piétine encore. Il faut aussi dissoudre la CEI et la reconstituer sans les Forces Nouvelles qui sont aujourd’hui des Frci ». « Aussi, il ne faut pas attendre la période électorale pour que l’opposition ait accès aux médias d’Etat. Nous sommes opposés au tripatouillage de la constitution. Ouattara veut institutionnaliser les rapports politiques qu’il a avec Bédié pour modifier l’article 35 afin de permettre à Henri Konan Bédié d’occuper le fauteuil de Vice-président de la République. Nous sommes contre la modification de cet article ».
Aboubacar AL SYDDICK à Bouaké
Aboubacar AL SYDDICK à Bouaké