En sa qualité de présidente nationale des femmes du Rdr, Virginie Touré Aya décrit dans cet entretien son parcours. Un mot revient dans son entretien: la conviction. C’est elle qui guide tout acte en politique, confirme-t-elle. L’ancienne militante du Pdci devenue militante du Rdr nous éclaire également sur ses futures ambitions.
Vous êtes la présidente du Rassemblement des femmes républicaines depuis le dernier congrès de 2006. Au-delà de cette présentation, qui êtes-vous réellement ?
Je suis Madame Touré, née Kouamé Aya Virginie. Je suis originaire d’Oumé, mère de 6 enfants et je suis mariée. Je suis Secrétaire de direction de profession. J’ai travaillé pendant 20 ans à l’EECI d’où je suis partie en 1992 à la faveur des départs volontaires. Je suppose que c’est mon destin. Je suis partie parce que je ne me sentais plus à l’aise dans le travail de bureau. J’ai milité dans des associations où on me sollicitait souvent pour diriger, mais je refusais parce que j’étais une jeune mariée et je me disais que ma place était au foyer. Mais chaque fois que je quittais une association, celle-ci tombait en faillite aussitôt et je ne savais pas pourquoi. Quand je suis partie de l’EECI en 1992, je voulais faire du commerce, mais je me suis vite aperçu que ce n’était pas mon ‘’dada’’. A cette époque, la Côte d’Ivoire vivait la crise économique. C’est en ce moment que le président Houphouët, a fait appel à Alassane Ouattara pour redresser l’Economie en tant que Premier ministre. Celui-ci a posé des actes forts qui m’ont marquée. Il y avait des grèves perlées partout. J’étais militante du Pdci mais je ne faisais pas vraiment de la politique. Et puis j’ai découvert le Premier ministre Alassane Ouattara comme quelqu’un de pragmatique et concret. Un homme plein de courage. Il a pris des décisions impopulaires certes, mais il fallait être courageux pour prendre de telles décisions à cette époque-là. Voilà comment la politique m’a intéressée. Et après, je me suis retrouvée à défendre ses idéaux. Je me suis dit pourquoi ne pas aller militer au Rdr ? Je me suis engagée, et je suis l’une des premières femmes à avoir jeté aussi les bases du Rdr en 1994. Mais j’ai surtout suivi le président Ouattara parce que je n’ai pas aimé l’injustice qui lui a été faite, car il est venu à un moment difficile et il a été celui qui cherchait la solution à tous les problèmes du pays. Par la suite, dans mon engagement, moi qui n’aimais pas être au devant des associations féminines, je me suis retrouvée comme la première présidente du rassemblement des femmes à Yopougon.
Comment rencontrez-vous le président de votre parti Alassane Ouattara ?
Nous ne faisions pas partie du premier carré du président. Nous étions d’abord des militantes de base. Nous avions nos responsables qui relayaient nos voix et nos actions. Mais ma première rencontre avec le président remonte au congrès de 2006. J’ai eu à lui parler et j’étais une des premières collaboratrices de Candia Kamara, aujourd’hui ministre de l’Education Nationale, en tant que vice-présidente chargée de la mobilisation, la seule chose que je savais d’ailleurs faire. Je n’étais pas donc en contact direct avec le président, et mon objectif était de travailler et non de m’asseoir à côté du président. Il fallait travailler. Mon premier contact direct avec lui a été quand il a reçu les candidates au poste de présidente du Rfr lors du deuxième congrès de 2006. J’étais moi-même candidate.
Vous êtes donc élue présidente du Rfr en 2006. Mais pensez-vous qu’après un si long combat vous êtes aujourd’hui à la place qui vous sied ?
Oui cette place me sied. Je menais un combat pour qu’Alassane Ouattara vienne changer la vision du développement du pays. C’est désormais chose faite. C’était l’essentiel de mon combat. En tant que femme, il nous fallait apporter la mobilisation, la sensibilisation et l’information. C’est ce que je m’assume à faire et je suis comme la capitaine des femmes.
Est-ce à dire que vos ambitions s’arrêtent là ?
Je ne dirais pas cela. Mais je dis que mon objectif a été atteint. Alassane Ouattara est devenu Président de la République. C’était notre premier objectif au niveau du parti. Mais accéder au pouvoir est un fait. Maintenant, le conserver et assumer les tâches est un autre défi. Nous allons l’y aider parce que le combat a changé. Et c’est à nous de l’y aider. J’ai accompli ma mission avec les femmes.
Mais, pourrait-on voir Touré Virginie briguer un jour le fauteuil présidentiel ?
Non ! Cette ambition ne m’effleure pas pour l’instant l’esprit. Je peux affirmer que je suis dans le parti et je fais partie des proches collaboratrices du Président de la République. En tant que telle, et venant d’une région qui n’est pas trop favorable au RDR, une de mes premières missions est d’aller travailler là-bas pour bien y implanter mon parti. Qu’est ce que j’aurais apporté si sur le plan national je brille et que sur le plan régional je n’apporte pas grand-chose ?
Justement on aurait voulu vous voir à un poste électif dans votre région. Qu’est-ce qui n’a pas marché à ce niveau?
Oh oui ! J’ai été candidate à la députation chez moi à Oumé mais ça n’a pas marché. Mais la lutte continue. Je pouvais me présenter à la députation à Abidjan mais j’ai préféré aller chez moi, parce qu’à Abidjan, on a beaucoup de responsables Rdr qui peuvent le faire. Mais des leaders Rdr d’Oumé il n’y en a pas suffisamment. Donc, là-bas, il y a de la place. Et je pense que je me sens capable d’y expliquer le bien-fondé de la politique du président Ouattara. J’ai donc fini avec Abidjan, c’est maintenant le temps et le tour d’Oumé parce que, être une oasis dans un désert ça ne sert à rien. Je veux aussi que mes parents sachent le bonheur qu’ils ont à m’avoir auprès du président Ouattara.
Si vous deviez un jour laisser la politique que feriez-vous ?
Je m’occuperai de mes petits enfants.
Parmi les nombreuses femmes qui on fait la politique comme Margaret Thatcher, Winnie Mandela, Madeleine Albright, Hillary Clinton et Tchicaya Madeleine à Oumé etc. Est-ce qu’il y a une qui vous a séduit?
Mon modèle c’est Hilary Clinton. Parce que c’est une femme qui est très politique et qui a aidé son mari. Une femme qui sait ce qu’elle veut, qui a beaucoup de présence et qui convainc. C’est une battante et puis, elle me plait comme femme politique. Et puis j’aime aussi le feeling de Michel Alliot Marie, ex-ministre de la Défense en France je dis souvent à mes camarades pendant les séminaires ‘’n’attendons pas qu’on nous fasse la passe’’. Il n’y a pas de politique de femmes, il n’y a pas de politique d’hommes. Il faut simplement se battre pour avoir ce qu’on souhaite plutôt que de rester attentiste. Attendre ce que les hommes décrètent par exemple, dans tel organisme il doit y avoir 20%, 30% ou tel pourcentage de femmes.
Quels sont alors les conseils à vos sœurs qui voudraient embrasser une carrière politique?
Il faut savoir que la politique est un virus. Comme pour toute chose de la vie si vous avez la volonté vous réussissez toujours. Mais ma conviction, c’est que je crois au destin. Si vous n’êtes pas prédestinée à quelque chose, on a beau vous l’offrir sur un plateau d’or vous n’y arriverez jamais. Donc, que celles qui ont le virus de la politique dans le corps foncent et mettent de côté leur état de femme. Elles doivent se battre et avoir de la conviction. On ne vient pas en politique pour se maquiller ou pour se plaindre en accusant toujours les hommes. Là où je suis (présidente du Rfr, ndlr), je n’ai pas été nommée. J’ai été élue et vous savez dans quel milieu j’évolue. On m’a élue au regard de mon travail que je fais depuis 1994. En venant à la politique, elles doivent être prêtes à affronter leurs maris, pour les convaincre et leur faire comprendre leurs idées. Il arrivera que quel que soit son degré de compréhension, il y aura un moment où il ne comprendra plus. Pour le simple fait que sa femme est toujours partie. Mais c’est à la femme de se faire comprendre par l’homme, au besoin, en l’envoyant aussi à la politique. Il faut aussi beaucoup de courage et un bon cœur parce que la politique, ‘’c’est de servir les autres et rien d’autre’’. Il faut donc un petit côté humain pour écouter tout le monde. La matière avec laquelle on travaille, en politique, c’est l’homme. Il faut alors être humble dans ses rapports aves les uns et les autres.
Pensez-vous en tant que femme qu’il y a des femmes du Rdr, des femmes du Pdci, des femmes du Fpi ou des femmes ivoiriennes ?
Chaque parti à ses responsables. Mais, je préfère les femmes de Côte d’Ivoire parce que c’est comme une femme qui enfante et quand l’enfant grandit, il appartient à tout le monde. Les femmes du Rdr par leur combat, ont donné le président Ouattara à la Côte d’Ivoire et aujourd’hui, le président appartient à toutes les femmes et à tous les hommes de Côte d’Ivoire. Même moi-même, je ne raisonne plus en termes de femme du Rdr.
Vous êtes au pouvoir depuis trois ans bientôt. Par rapport à la gestion des affaires, pensez-vous que le Rdr est sur la bonne pente?
Les élections sont aujourd’hui derrière nous. Dans la gestion de la paix, et de façon très impartiale, tout fanatisme mis à part, le président Ouattara est en train de faire des miracles. Il a pris le pays qui était dans un gouffre. Quand il battait campagne, il croyait qu’on allait partir d’un niveau 1. Il s’est retrouvé à un niveau -20. Et en si peu de temps, il est remonté au niveau 1 en se battant par ses convictions, par sa force et sa compétence. Il travaille aujourd’hui, il faut être amnésique et ne pas vouloir voir ce qu’il fait pour dire le contraire. Après 10 ans de gâchis, on est arrivé à ce niveau après deux ans. Des investisseurs viennent, la Côte d’Ivoire a repris. Il suffit de sortir pour s’en rendre compte. Avant quartier du plateau à Abidjan était vide à partir de mercredi. La Côte d’Ivoire est en chantier. Sur les marchés, les prix des denrées commencent à baisser, il y a un appui aux femmes du vivrier. Le gouvernement a supprimé les barrages routiers pour que les coûts baissent. Je pense qu’il est à la hauteur, il est entrain de faire bien. Les ivoiriens ne se plaignent plus. Je pense que la Côte d’Ivoire va aller allégrement vers 2015. Avec le président Ouattara les investisseurs viennent de partout et je pense que le président Ouattara est un don de Dieu comme Houphouët Boigny l’a été.
Par S. Debailly