Son retour parmi les siens à l’occasion de la relance du Marché des arts du spectacle africain [Masa 2014] a été accueilli avec beaucoup de clameurs à l’Auditorium Adiko Niamkey de la Bourse du travail de Treichville. Dans cette espace aménagé à l’occasion pour le théâtre – Kader Lassina Touré présentait le 5 mars ‘’Brasserie’’, une pièce de théâtre écrite par l’Ivoirien Koffi Kwahulé et mise en scène par Christophe Merle. L’acteur et comédien ivoirien, Kader Lassina Touré, en provenance de la France, n’y jouait pas seul. Il était sur scène avec les acteurs Roch Amédet Banzouzi (Congo), Delphine Alvado et Jérôme Bordas de la Compagnie les voix du Caméléon. Dans la pénombre, commence le jeu des acteurs. Des voix se font entendre parmi les spectateurs. Une torche éclaire le chemin. Une personne, kalachnikov en main, l’air excité, avance vers la scène – non encore éclairée. Seule lumière, la torche que tient l’un d’entre eux. Il éblouit le visage de certains spectateurs. Des soldats rebelles. L’un est ‘’Commandante s’en fout la mort’’ et l’autre ‘’Caporal Foufafou’’. Leur réputation les précède, apprendra-t-on avec un otage, sur qui la lumière est faite, et qu’ils cuisinent, torturent à l’acide acrylique. L’instant est drôle fait de plaisanterie avec l’otage (le Congolais Roch Banzouzi) et devient amical. «It’s a joke. Je trouve Fun (c’est un jeu que je trouve drôle Ndlr)», se marre l’otage qui se joue de ses tortionnaires «juste pour détendre l’atmosphère».
«Tout le monde a peur de vous parce que vous êtes cruels. Je sais que vous êtes de vraies vedettes», fait savoir la personne ligotée au milieu de la scène et qui semble ne pas craindre la mort. «Vous ne m’impressionnez pas», leur lance-t-il. L’espace dans lequel ils se trouvent est un décor de casiers de boissons dont l’installation – ça dépend – sert de siège, de tribune (politique) ou de cercueil.
Ce personnage – otage, d’après les témoignages reçus auprès «des collègues» par les nouveaux maîtres des lieux (El Commandante et Caporal Foufafou), est le seul à pouvoir faire marcher la ‘’Brasserie’’ dans laquelle ils se trouvent. Pourquoi tant d’intérêt pour une brasserie. Loin d’être un espace de beuverie, la Brasserie qui donne son nom à la pièce est une mine de richesses, «source de revenus du nouveau pouvoir», dont veulent s’accaparer à tous les prix les deux «clowns sanguinaires». Selon le texte, «quelque part, une guerre fratricide a détruit tout le pays» et cette brasserie a résisté au massacre. Ce qui semble curieux pour le Caporal – «trop bête» selon son supérieur – qui d’après son témoignage «a trop mal à la tête» quand il réfléchit. «Pourquoi pendant toutes ces années de guerre, personne n’a osé tirer sur la Brasserie», s’interroge le Caporal au profil de guerrier, paré d’amulettes, de médailles et de colliers. Un crucifix pend sur son cou, mais le Caporal n’est pas un enfant de chœur. Las Vegas, les grands palaces, les voitures de luxe, le Caporal rêve d’être «riche». Toutefois, être riche passe par retrouver et ramener ‘’Magie Blanche’’, une Européenne (Delphine Alvado) en liaison avec l’otage. Elle détient les clés de la Brasserie. Joséphine Baker (Ndlr : célèbre danseuse, chanteuse américaine à Paris de l’après grande guerre) au Moulin Rouge à Paris où elle s’était retirée, c’est avec Magie Blanche (c’est le nom que tous connaissent à la Brasserie) que doit s’engager toute négociation. Plusieurs tableaux se succèdent. Effets de lumière pour illustrer le flash d’un appareil photo déclenché sur scène. Ce qui se passe à la Brasserie est une lecture critique et drôle de la vie de certains Etats : partage de gâteau, détournements de deniers publics, excès de pouvoirs, démagogie, ruse, fausses promesses politiques, etc. Présentant à Abidjan, cette pièce de théâtre dans laquelle il joue, Kader Lassina Touré fait un parallèle avec la situation du pays. «La Côte d’Ivoire est un pays qui sort de la guerre. Ça à tout un sens», a dit le comédien Kader. En novembre 2013, sur la scène de l’Institut français d’Abidjan, il a présenté «Arrêt sur images», un spectacle théâtral avec la Compagnie Acétés.
Koné Saydoo
«Tout le monde a peur de vous parce que vous êtes cruels. Je sais que vous êtes de vraies vedettes», fait savoir la personne ligotée au milieu de la scène et qui semble ne pas craindre la mort. «Vous ne m’impressionnez pas», leur lance-t-il. L’espace dans lequel ils se trouvent est un décor de casiers de boissons dont l’installation – ça dépend – sert de siège, de tribune (politique) ou de cercueil.
Ce personnage – otage, d’après les témoignages reçus auprès «des collègues» par les nouveaux maîtres des lieux (El Commandante et Caporal Foufafou), est le seul à pouvoir faire marcher la ‘’Brasserie’’ dans laquelle ils se trouvent. Pourquoi tant d’intérêt pour une brasserie. Loin d’être un espace de beuverie, la Brasserie qui donne son nom à la pièce est une mine de richesses, «source de revenus du nouveau pouvoir», dont veulent s’accaparer à tous les prix les deux «clowns sanguinaires». Selon le texte, «quelque part, une guerre fratricide a détruit tout le pays» et cette brasserie a résisté au massacre. Ce qui semble curieux pour le Caporal – «trop bête» selon son supérieur – qui d’après son témoignage «a trop mal à la tête» quand il réfléchit. «Pourquoi pendant toutes ces années de guerre, personne n’a osé tirer sur la Brasserie», s’interroge le Caporal au profil de guerrier, paré d’amulettes, de médailles et de colliers. Un crucifix pend sur son cou, mais le Caporal n’est pas un enfant de chœur. Las Vegas, les grands palaces, les voitures de luxe, le Caporal rêve d’être «riche». Toutefois, être riche passe par retrouver et ramener ‘’Magie Blanche’’, une Européenne (Delphine Alvado) en liaison avec l’otage. Elle détient les clés de la Brasserie. Joséphine Baker (Ndlr : célèbre danseuse, chanteuse américaine à Paris de l’après grande guerre) au Moulin Rouge à Paris où elle s’était retirée, c’est avec Magie Blanche (c’est le nom que tous connaissent à la Brasserie) que doit s’engager toute négociation. Plusieurs tableaux se succèdent. Effets de lumière pour illustrer le flash d’un appareil photo déclenché sur scène. Ce qui se passe à la Brasserie est une lecture critique et drôle de la vie de certains Etats : partage de gâteau, détournements de deniers publics, excès de pouvoirs, démagogie, ruse, fausses promesses politiques, etc. Présentant à Abidjan, cette pièce de théâtre dans laquelle il joue, Kader Lassina Touré fait un parallèle avec la situation du pays. «La Côte d’Ivoire est un pays qui sort de la guerre. Ça à tout un sens», a dit le comédien Kader. En novembre 2013, sur la scène de l’Institut français d’Abidjan, il a présenté «Arrêt sur images», un spectacle théâtral avec la Compagnie Acétés.
Koné Saydoo