25 février 2011, la Côte d’Ivoire est complètement plongée dans la tourmente de la crise postélectorale. Charles Blé se présente sur le plateau de la télévision ivoirienne caporalisée pour la propagande du camp de l’ancien chef d’Etat, Laurent Gbagbo. Il lance un mot d’ordre des plus dangereux aux conséquences tragiques. «Je vous donne un ordre qui doit être appliqué dans tous les quartiers. Lorsque vous entrez dans vos quartiers, vous devez occuper les points de contrôle pour surveiller les allées et venues et dénoncer tout étranger qui y rentre. Surveiller vos voisins », a-t-il ordonné à ses troupes de jeunes patriotes et de miliciens. Aussitôt dit, aussitôt exécuté. Les jours qui ont suivi ses instructions cyniques et iniques, la première victime est enregistrée dans la commune de Yopougon plus précisément dans le quartier de Gesco. Un innocent qui a eu le malheur de se renseigner auprès d’une dame afin de retrouver un lieu est pris à partie par les jeunes avant de subir le supplice du feu. En effet, sous les regards étonnants et ahurissants des riverains, le supposé rebelle est malmené et sauvagement brutalisé. Incapable d’exécuter le moindre geste, ses bourreaux déterminés à mettre fin à ses jours, l’entourent de pneus usés, l’aspergent de pétrole et mettent le feu. Evidemment, la victime n’ayant pas encore rendu l’âme tente un baroud d’honneur en essayant de sortir des flammes. Mais, ses exécuteurs la contraignent à rester dans le feu par des coups de briques et de bâtons. L’individu plein de vie, il y a quelques heures, est totalement consumé à la grande joie de ses assassins qui applaudissent sa mort. Le fameux ‘’article 125’’ venait ainsi d’être institué sous les ordres de Charles Blé Goudé. Les images de l’horreur ont fait le tour de la Côte d’Ivoire et du monde. Les jeunes patriotes et les miliciens qui ont érigé des barrages sauvages dans tous les quartiers de la capitale économique de la Côte d’Ivoire se sont donc abonnés à la barbarie et à la sauvagerie en faisant des rues abidjanaises de grands fours à ciel ouvert où des êtres humains soupçonnés de rouler pour le camp adverse étaient purement et simplement mis à la merci des flammes de la honte. Les exemples sont légions avec la palme d’or à la commune de Yopougon. Et personne ne peut nier l’existence de cette pratique d’un certain âge en Côte d’Ivoire pendant la crise postélectorale. Elle a bel et bien existé. Vouloir la contester, c’est faire preuve de son irrespect et de son mépris vis-à vis de la vie humaine. Malheureusement, c’est à ce jeu malsain que certaines personnes s’adonnent en essayant de nier l’évidence.
Lacina Ouattara
Lacina Ouattara