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Région Publié le vendredi 21 mars 2014 | Le Patriote

Causerie-debat du patriote avec la base du RDR Dimbokro : “Nous ne sentons pas que le RDR est au pouvoir”

La base du Rassemblement des Républicains de Dimbokro a échangé avec l'équipe du Patriote dans le cadre de la rubrique "Causerie-débat. A cette occasion, toutes les structures du parti, avec à leur tête le secrétaire général intérimaire Koffi Eugène, en présence des sages El Hadj Cissé Seydou et El Hadj Sanogo, ont fait le tour d'horizon des problèmes qui empoisonnent la vie du parti à la case dans le département. Beaucoup de récriminations à l’encontre des responsables de la direction du RDR et du fonctionnement actuel de leur parti. Reportage.
Le samedi 08 février 2014, de nombreux militants du RDR de Dimbokro ont pris part à la causerie-débat organisée par Le Patriote avec leur base. Cette rencontre s'est déroulée au centre public de communication. Pendant 03h15mn, avec un franc-parler inhabituel, ils ont abordé toutes les questions du moment qui fâchent. A savoir la non reconnaissance des sacrifices consentis par les uns et les autres, la non promotion des cadres du parti, le manque de moyens, le chômage des jeunes du parti, le mépris de la direction, la non couverture des manifestations du RDR de Dimbokro par Le Patriote qu’ils considèrent comme le journal du RDR. Tant de déceptions qui les poussent à accepter difficilement aujourd'hui que le RDR est au pouvoir. Et pourtant que d'espoir n’avaient-ils pas nourri avec l'accession au pouvoir d'Etat du docteur Alassane Ouattara ? Cependant, ils sont conscients d’une chose. La réélection du président Alassane Ouattara reste un défi capital pour toute la Côte d’Ivoire. C’est pourquoi, dans leur grande majorité, ils disent accepter d'éteindre les braises afin de lui accorder un deuxième mandat.

«Le Patriote n' a jamais voulu couvrir nos manifestations»

D'entrée de jeu, le secrétaire départemental, Koffi Eugène prend la parole pour situer la rencontre avec Le Patriote. Il est bon de savoir qu'il joue cette fonction depuis 2008, année du décès du premier secrétaire départemental. Après son introduction liminaire, ce sont des militants heureux de constater pour une fois que leur quotidien préféré Le Patriote vienne à eux. « Nous sommes agréablement surpris que Le Patriote soit chez nous. Nous n'avons pas l'habitude de le voir ici à Dimbokro à nos côtés. C'est donc une grande première. Dieu seul sait combien de manifestations nous organisons ici dans le cadre des activités du parti. Le Patriote n'a jamais voulu couvrir nos manifestations. N'empêche, nous osons croire que le tir est en train d'être rectifié », se plaint-il . Cette mise au point rapidement faite, M. Koffi fait l’état des lieux. Pour lui, le RDR se porte bien à Dimbokro en dépit quelques difficultés. La raison principale, selon lui, réside en une présence continue du PDCI-RDA depuis plus 40 ans dans la zone. « Mais aujourd'hui, le RDR arrive à s'exprimer. Dans chaque quartier, il existe au moins un comité de base. Le parti aurait pu faire mieux, mais à la veille des élections municipales et régionales il a été fragilisé par des dissensions », regrette le premier responsable du RDR dans le département de Dimbokro. Cet avis n’est pas partagé par M. Melli Konaté, le premier prisonnier de Laurent Gbagbo dans la région. Pour lui, le RDR à Dimbokro va mal, très mal même. « J'ai été arrêté pour le parti et conduit à Abidjan comme un vulgaire bandit. A ce jour, je n'ai reçu aucun réconfort de la direction. C'est pareil pour tous nos frères et sœurs qui ont tout perdu pour la cause du parti. Vous voyez cette salle, elle ne pouvait pas nous contenir si les militants étaient démobilisés. Mais que voulez-vous si le parti qu'ils ont porté au pouvoir leur a tourné le dos », déplore-t-il.

Un avis largement partagé par tous les militants du RDR à Dimbokro. Une chose qu'ils disent avoir du mal à se l’expliquer, surtout que Dimbokro est la ville natale du Président de la République. Selon El Hadj Cissé Seydou, l’un des sages, profite de l’occasion pour nous montrer sa carte de militant qui date de depuis la création du RDR en 1994. « Le RDR gagnerait à s'inspirer de l'exemple du premier parti politique qui a exercé le pouvoir d'Etat avant lui, s'il veut se maintenir longtemps au pouvoir », lâche-t-il comme conseil. Il reconnait que le RDR a fait la promotion de nombreux cadres. Mais pour Dimbokro, le constat est amer. « A l'exception du Pr Abdou Touré, nommé ambassadeur au Burkina Faso, aucun autre cadre n'a été nommé. Qu'on pense à nos enfants qui ont mené la lutte à Dimbokro. Ce sont eux qui font notre force », plaide le vieux Cissé. Non sans préciser qu’il continue malgré tout de prier pour le Président Alassane Ouattara et pour le RDR. Melli Konaté, un autre sage du RDR à Dimbokro, semble connaitre la source des malheurs des militants de la région. « Certains pensent que c'est parce que le RDR n'a gagné aucune élection à Dimbokro que nous sommes méprisés par la direction du parti. Ils disent imputer cette faute à la direction qui leur a imposé des candidats qu'ils ne connaissaient pas sur le terrain », rapporte le vieux Konaté. Mais pour lui, l’essentiel se trouve ailleurs. « Le RDR doit perdurer dans le temps. Pour cela, il faut faire en sorte que le parti ne disparaisse pas après Ouattara, parce c'est son nom et son image qui nous maintiennent encore au RDR », prévient-il.

«Nous sommes nargués par nos adversaires politiques»

Quant aux jeunes et aux enseignants militants de Dimbokro, ils se disent frustrés, dénoncent la paupérisation et le chômage galopants dans leurs rangs. Fatigués de monter des projets sans suite favorable, ils disent n’avoir que leurs yeux pour pleurer. Une détresse et un sentiment d’abandonner que s’est chargé de faire écho M. Traoré Adama, le président du RJR. Mais avant de soulever ses griefs, il a tenu à rassurer que les problèmes allaient être aplanis. « Le RDR au pouvoir, je ne le sens pas, ni pour moi ni pour mes parents, encore moins pour les jeunes. Si nous tenons encore, c'est grâce à notre secrétaire départemental qui fait tout de sa poche. Combien de temps va-t-il tenir sans le soutien de la direction. Le siège que le Président Alassane a lui même inauguré lors de sa tournée est fermé. Nous ne sommes pas pris en compte dans les différents recrutements. Toutes les portes nous sont fermées et on ne répond plus à nos appels », s’alarme le président des jeunes républicains. Même son de côche chez M. Ouattara Aboubakari, premier vice-président des enseignants RDR. Pour lui, les choses ne vont pas mieux non plus au RER Dimbokro. « Aujourd'hui, il y a une démobilisation totale chez mes camarades enseignants. Nous sommes le parent pauvre de notre arrivée au pouvoir. Nos amis d'en face se moquent de nous. Ils nous demandent ce que nous avons obtenu. Ils ont raison. Aucun enseignant n'a connu une quelconque nomination. Nous sommes tout de même au pouvoir. Il n'y a rien de mal à faire la promotion de ses militants. Le RDR ne sera pas le premier ni le dernier parti à le faire. Il faut faire attention. Que son avènement au pouvoir ne soit pas un feu de paille », avertit-il.

«Le parti a tourné le dos aux femmes de Dimbokro»

De leur côté, les femmes ne sont pas passées par quatre chemins pour signifier leur mécontentement. A travers leur présidente, Mme Koné Awa Kamissoko qui comptabilise, selon elle ,19 bonnes années de militantisme, elles reprochent au parti de les avoir oubliées. Pourtant, dit-elle, bon nombre d'entre elles ont tout perdu à cause du RDR. Malheureusement, depuis que le RDR a acquis le pouvoir, elles ne voient rien pointer à l'horizon. « Aujourd’hui, quand nous sollicitons de l'aide, on nous demande qui sait lire et écrire. Il faut aider tout le monde. Pendant, la lutte on ne cherchait pas qui savaient lire et écrire. Bien au contraire, ce sont celles qui ne savaient pas lire et écrire qui étaient devant. Les femmes se sont cotisées pour le RDR. Elles veulent sentir le Président de la République. A Dimbokro, la femme souffre. Toutes les usines de la ville ont fermé. Notre commerce ne marche plus. Il faut qu'on nous aide avec autre chose. Pour moi, si le RDR est malade, c'est parce que la tête est malade. La direction du parti doit se ressaisir », se lamente-t-elle.

Au total, il est clair que le RDR à Dimbokro est malade. Les militants et les militantes de la capitale du N’Zi se sentent abandonnés et méprisés par la direction de leur parti. Toutefois, ils continuent d’espérer en leur leader, le Docteur Alassane Ouattara. Une espérance qu’il appartient à la direction du RDR de capitaliser avant qu’il ne soit trop tard.

Agnès Kouhao, correspondant
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