Siki Blon Blaise, vice-président du groupe parlementaire Rdr (Rassemblement des républicains, ndlr), propose la candidature consensuelle du Président Ouattara à la future élection présidentielle en Côte d’Ivoire et donne sa recette pour une réconciliation nationale réussie.
Pourqoi faites-vous la promotion de la candidature consensuelle, pendant qu’il existe déjà des promoteurs de la candidature unique ?
De prime abord, je voudrais préciser que nous ne sommes pas contre la candidature unique. Mais nous avons l’impression que quand on parle de candidature unique, cela choque une certaine opinion. Ce concept, selon nos sentiments, a du mal à passer, y compris au sein du Rhdp (Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix, ndlr). Les gens auraient aimé que concernant la promotion de la candidature du Président Ouattara la forme y soit mise. Lorsque nos amis parlent de la candidature unique, nous avons l’impression que cela irrite l’opposition qui durcit davantage sa position. Notre concept a ceci d’original qu’il va au-delà du Rhdp. Voyez-vous, au Pdci (Parti démocratique de Côte d’Ivoire, ndlr), on parle de réglages. Ces réglages visent à déboucher sur le consensus. Si nous sommes d’accord sur l’essentiel, on arrivera à la candidature unique. Candidature unique et candidature consensuelle sont complémentaires: l’objectif est de soutenir le Président Ouattara en 2015 pour sa réélection. Ce qui fait la nette différence entre la candidature unique et la candidature consensuelle, c’est une question de méthodologie. En réalité, il faut commencer par la candidature consensuelle pour arriver à la candidature unique. Lorsque le consensus est réalisé, quelle est la finalité? C’est la candidature unique. C’est pour cela que nous avons opté pour le principe de consensus qui nous amène à réussir, à créer un rassemblement plus large autour du Président Ouattara, le candidat naturel du Rdr, surtout que c’est un produit qui se vend facilement.
Le lancement du projet a eu lieu dans votre région, à l’ouest. Comment le message a-t-il été perçu là-bas ?
Dans ma région, c’est difficile. Il faut le reconnaître.
Est-ce parce que c’est un bastion du clan Gbagbo ?
C’est peut-être cela. Mais lorsque nous expliquons aux populations, elles finissent par découvrir l’opportunité de l’idée et donnent leur accord. Je leur explique, par exemple, que c’est au vu des réalisations du président de la République que je suis devenu Alassaniste. Après trois années de gestion, je suis fier de lui. Pour mener ce travail de mobilisation, je travaille étape par étape.
Est-il prévu que vous alliez au-delà de la région des Montagne qui est votre fief?
Bien évidemment. J’ai été la Haute-autorité du développement de l’Ouest et je fréquentais les régions du Guémon et du Cavally. Je me propose, après avoir convaincu le Tonkpi, d’aller convaincre les populations du Cavally et du Guémon. Elles ne sont pas contre le Président Alassane Ouattara. Il s’agit de leur expliquer l’intérêt qu’elles ont à soutenir le président de la République pour qu’il soit réélu. Après ces régions, nous allons parcourir toute la Côte d’Ivoire pour échanger avec la société civile, avec les structures professionnelles…
L’idée de la candidature unique n’est pas totalement encore acceptée. Comment allez-vous y prendre pour mobiliser tous les Ivoiriens autour de votre projet?
Moi-même, je suis le produit du consensus. Je suis avec Daouda Gba qui est un cadre du Pdci et d’autres cadres de différents partis politiques. Nous avons décidé de mettre sur pied la plate-forme de promotion de la candidature consensuelle, pour permettre à notre région de bénéficier des retombées des actions du Président Ouattara. Voyez-vous, si le Pdci se plaint, dans le cadre du Rhdp, c’est parce qu’il a l’impression que l’Udpci (Union pour la démocratie et la paix en Côte d’Ivoire, ndlr) lui impose la candidature unique. Pour taire cette frustration, il faut aller dans ce parti pour leur parler et réanimer en chaque militant, responsable de base, l’idée de soutenir le Président Ouattara dans ses actions. Il faut aller au-delà des hommes et mettre l’accent sur l’intérêt de la Nation et de la Côte d’Ivoire.
Ne pensez-vous pas que votre projet va se heurter aux promoteurs de la candidature unique?
Si c’est le problème d’homme alors oui, c’est possible. Voyez-vous, Philippe Légré, par exemple, parle de consensus autour de Ouattara. Mabri aussi, lorsqu’il a reçu les Atchans, a parlé de candidature unique. La finalité, c’est que nous allons déboucher sur l’acceptation par tous de la candidature du Président Ouattara pour un second mandat à la tête du pays. C’est cela l’essentiel.
On a l’impression que vous dispersez vos forces. Pourquoi n’appelez-vous pas vos ‘’cadets’’ pour faire à votre niveau déjà le consensus que vous promouvez pour le Président Ouattara?
Cela va venir. Nous allons finir par arriver à ça. Pour l’instant, il faut laisser toutes les volontés s’exprimer et se manifester parce qu’il s’agit de créer une action populaire autour de Ouattara. L’objectif de ces initiatives est de faire réélire le chef de l’Etat, à travers le consensus. Si Blon et Mabri parlent tous deux d’Alassane Ouattara, c’est déjà un acquis. Chacun de nous travaille pour le président de la République. Il faut nous laisser travailler, et après, on viendra à l’étape de formaliser toutes ces initiatives.
La candidature de Ouattara va-t-elle favoriser votre réconciliation avec Mabri?
Pour moi, cela ne pose aucun problème, si nous sommes sincères pour travailler à la réélection d’Alassane Ouattara. Il faut faire réélire Alassane avec le maximum de voix possibles. Il faut mettre Alassane Ouattara au centre de tout. Et, dans cet objectif, ceux qui aiment Blon et pas Mabri se joindront à notre initiative et vice-versa. Mais le plus important est d’éviter de se torpiller et de s’entretuer.
Certains Ivoiriens estiment que vous faites de cette candidature de Ouattara, un fonds de commerce. Que répondez-vous à ceux-là?
Un fonds de commerce? Je ne crois pas, en tout cas, en ce qui me concerne. Récemment, j’ai animé un meeting à Man. Cela m’a coûté 2, 5 millions FCfa. C’était pour le lancement de ce concept de candidature consensuelle. Je n’ai sollicité personne pour le faire. J’ai juste adressé une note d’information au ministre de l’Intérieur pour le tenir informé. Depuis lors, nous nous sommes cotisés pour mener nos actions. Certains peuvent en faire un fonds de commerce, mais pas moi. J’ai dit au Président Ouattara que je viens le soutenir parce qu’il m’a sauvé la vie. Je lui consacre donc le reste de mon temps sur terre.
Votre soutien est-il donc une démarche de reconnaissance?
Oui. En plus de cela, je constate avec tout le monde d’ailleurs qu’il est en train de donner une dimension jamais imaginée à notre pays. Tout le pays est en chantier, grâce à lui. Un tel homme, on ne peut que le soutenir.
Vous étiez, hier, proche de Laurent Gbagbo. Est-il aisé pour vous, aujourd’hui, de repartir vers vos ‘’parents’’ pour les convaincre de soutenir Alassane Ouattara?
Un homme politique doit vivre pour son peuple. Et moi, je vis pour mon peuple. Je vais là où mon peuple peut avoir du bonheur. C’est avec sincérité que j’ai dit tantôt que je suis le produit du consensus. Hier, je n’étais pas favorable au Président Ouattara. Mais, aujourd’hui, je constate qu’il travaille bien pour le pays, qu’il fait mieux que je ne l’avais imaginé. Je ne peux que l’aider à avancer que de rester dans une opposition stérile. J’ai le courage de reconnaître les forces de l’autre.
Vos amis d’hier, notamment ceux du Fpi viennent de créer une plate-forme pour s’opposer au Rhdp. Quel commentaire cela vous inspire-t-il?
Je précise que je n’ai jamais été Fpi (Front populaire ivoirien, ndlr). On me l’a attribué, mais ce n’est pas juste. En 2010, Gbagbo m’a demandé de l’aider. Mais je n’ai jamais été membre de ce parti. Si j’avais été dans ce parti, je serais parmi ceux qui sont allés au Ghana ou ailleurs. J’ai été, tout le temps qu’a duré la crise ivoirienne, ici, à Abidjan. Je ne me suis jamais impliqué dans la valeurde la violence. Je suis en politique depuis 1970 et nulle part, vous n’entendez parler de moi dans une affaire de violence.
Aujourd’hui, dans quel parti vous situez-vous?
J’ai quitté l’Udpci par rapport à des problèmes personnels qui m’ont opposé à Mabri. Ce sont des problèmes privés qui nous opposaient. Ceci dit, je ne suis pas le dernier à partir de ce parti. Le parti puissant laissé par le général Guéi, n’est plus que l’ombre de lui-même ; désormais ce parti n’existe que de nom. Cela me désole beaucoup. Le climat y est délétère. Flindé, Blé Guirao, Mahi Clarisse ne se sentent plus dans ce parti.
Où vous situez-vous au juste ?
J’ai été élu candidat indépendant sous la bannière du Rdr parce que le ministre Amadou Soumahoro m’a sollicité pour intégrer le Rdr, sur demande du Président Ouattara. Lors de la campagne, il a souhaité que je fasse équipe avec Sidiki Konaté. Quand j’ai été convaincu par les arguments qui m’ont été présentés, j’ai décidé de soutenir le Président, car, pendant la crise postélectorale, j’ai plusieurs fois été attaqué. Mais le Président Alassane Ouattara a donné l’ordre qu’on me laisse tranquille. C’est au sortir de ces situations que je me suis engagé à le soutenir. Mais, au-delà de toutes ces péripéties, vous devez retenir qu’en Côte d’Ivoire, on ne vote pas le candidat d’un parti politique, on vote l’homme. J’ai été candidat indépendant à Man contre le Rdr et l’Udpci et j’ai remporté les législatives.
Deux années plus tard, vous avez perdu aux régionales. Comment expliquez-vous cela ?
Oui, vous avez raison, j’ai été battu, mais savez-vous comment ? Nous avons perdu aux régionales comme tous les candidats qui n’avaient pas le pouvoir avec eux. Après ma défaite, je suis resté serein, car mon but était d’aider Alassane Ouattara. Je ne tiens plus compte de ma personne. J’ai perdu avec 38%, dans une élection truquée.
Vous êtes pourtant celui que d’aucuns surnomment le bulldozer de l’Ouest !
En politique, il n’ y a pas de logique.
Comment entrevoyez-vous le processus de réconciliation nationale?
On arrivera à la réconciliation, après le consensus. Voyez-vous, on peut commencer la bagarre avec un bâton magique. Mais pour arrêter cette bagarre, il faut plusieurs bras valides. Tout les Ivoiriens n’ont pas la même capacité de pardonner. Il faut être patient et continuer à prôner la paix et la réconciliation. Nous sommes obligés de vivre ensemble. C’est pourquoi bon nombre d’Ivoiriens sont surpris de me voir parler d’Alassane Ouattara. Il faut cultiver cet esprit de pardon. Des Ivoiriens ont pour projet d’éloigner Blon Blaise d’Alassane Ouattara. Ces Ivoiriens ne rendent pas service au Président.
Ces personnes sont-elles du Rdr?
Les cadres du Rdr ne m’ont jamais fait ces coups-là. Je n’ai pas de problèmes avec les cadres de ce parti. Ils sont sympas avec moi, surtout qu’ils ont fait de moi le vice-président du groupe parlementaire Rdr à l’Assemblée nationale.
Quel sera votre avis, si Ouattara vous envoie discuter avec le Fpi pour le retour de ce parti dans le jeu politique?
Je suis au service de chef de l’Etat. Je n’ai pas de restriction, je suis prêt à accomplir toutes les missions qu’il plaira au Président de me confier.
Qu’êtes-vous disposé à faire à l’égard du Fpi qui est en train de durcir le ton?
Je ferai pour le Fpi ce que je peux faire à l’égard de tout Ivoirien pour le retour de la paix. Quand on traite ces problèmes sur la table politique, il est difficile de les résoudre. Il faut aller sur le terrain du social, avec l’esprit de famille, pour recréer le consensus.
L’homme du consensus que vous êtes n’aurait-il pas fait un bon président de la Cdvr ?
(Rires). Ce n’est pas moi qui décide. C’est le Président qui nomme et qui apprécie. Pour le moment, je préfère ma place. Mais je voudrais vous dire que c’est moi qui réconcilie les cadres du Rdr de Man. Récemment, j’avais initié une cérémonie de réconciliation à Man, qu’on a appelée la cérémonie d’échanges de rameaux. En pays wê et dan, quand il y a eu un conflit marqué par mort d’homme, on réconcilie les protagonistes avec des rameaux. C’est le signe du pardon. Pendant que je vous parle, des maires Rdr de Danané et Sipilou sont venus solliciter mes machines pour ouvrir des voies dans leurs localités. J’ai mis mes engins à leur disposition.
Réalisée par Marc Dossa et Eric Diomandé
Pourqoi faites-vous la promotion de la candidature consensuelle, pendant qu’il existe déjà des promoteurs de la candidature unique ?
De prime abord, je voudrais préciser que nous ne sommes pas contre la candidature unique. Mais nous avons l’impression que quand on parle de candidature unique, cela choque une certaine opinion. Ce concept, selon nos sentiments, a du mal à passer, y compris au sein du Rhdp (Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix, ndlr). Les gens auraient aimé que concernant la promotion de la candidature du Président Ouattara la forme y soit mise. Lorsque nos amis parlent de la candidature unique, nous avons l’impression que cela irrite l’opposition qui durcit davantage sa position. Notre concept a ceci d’original qu’il va au-delà du Rhdp. Voyez-vous, au Pdci (Parti démocratique de Côte d’Ivoire, ndlr), on parle de réglages. Ces réglages visent à déboucher sur le consensus. Si nous sommes d’accord sur l’essentiel, on arrivera à la candidature unique. Candidature unique et candidature consensuelle sont complémentaires: l’objectif est de soutenir le Président Ouattara en 2015 pour sa réélection. Ce qui fait la nette différence entre la candidature unique et la candidature consensuelle, c’est une question de méthodologie. En réalité, il faut commencer par la candidature consensuelle pour arriver à la candidature unique. Lorsque le consensus est réalisé, quelle est la finalité? C’est la candidature unique. C’est pour cela que nous avons opté pour le principe de consensus qui nous amène à réussir, à créer un rassemblement plus large autour du Président Ouattara, le candidat naturel du Rdr, surtout que c’est un produit qui se vend facilement.
Le lancement du projet a eu lieu dans votre région, à l’ouest. Comment le message a-t-il été perçu là-bas ?
Dans ma région, c’est difficile. Il faut le reconnaître.
Est-ce parce que c’est un bastion du clan Gbagbo ?
C’est peut-être cela. Mais lorsque nous expliquons aux populations, elles finissent par découvrir l’opportunité de l’idée et donnent leur accord. Je leur explique, par exemple, que c’est au vu des réalisations du président de la République que je suis devenu Alassaniste. Après trois années de gestion, je suis fier de lui. Pour mener ce travail de mobilisation, je travaille étape par étape.
Est-il prévu que vous alliez au-delà de la région des Montagne qui est votre fief?
Bien évidemment. J’ai été la Haute-autorité du développement de l’Ouest et je fréquentais les régions du Guémon et du Cavally. Je me propose, après avoir convaincu le Tonkpi, d’aller convaincre les populations du Cavally et du Guémon. Elles ne sont pas contre le Président Alassane Ouattara. Il s’agit de leur expliquer l’intérêt qu’elles ont à soutenir le président de la République pour qu’il soit réélu. Après ces régions, nous allons parcourir toute la Côte d’Ivoire pour échanger avec la société civile, avec les structures professionnelles…
L’idée de la candidature unique n’est pas totalement encore acceptée. Comment allez-vous y prendre pour mobiliser tous les Ivoiriens autour de votre projet?
Moi-même, je suis le produit du consensus. Je suis avec Daouda Gba qui est un cadre du Pdci et d’autres cadres de différents partis politiques. Nous avons décidé de mettre sur pied la plate-forme de promotion de la candidature consensuelle, pour permettre à notre région de bénéficier des retombées des actions du Président Ouattara. Voyez-vous, si le Pdci se plaint, dans le cadre du Rhdp, c’est parce qu’il a l’impression que l’Udpci (Union pour la démocratie et la paix en Côte d’Ivoire, ndlr) lui impose la candidature unique. Pour taire cette frustration, il faut aller dans ce parti pour leur parler et réanimer en chaque militant, responsable de base, l’idée de soutenir le Président Ouattara dans ses actions. Il faut aller au-delà des hommes et mettre l’accent sur l’intérêt de la Nation et de la Côte d’Ivoire.
Ne pensez-vous pas que votre projet va se heurter aux promoteurs de la candidature unique?
Si c’est le problème d’homme alors oui, c’est possible. Voyez-vous, Philippe Légré, par exemple, parle de consensus autour de Ouattara. Mabri aussi, lorsqu’il a reçu les Atchans, a parlé de candidature unique. La finalité, c’est que nous allons déboucher sur l’acceptation par tous de la candidature du Président Ouattara pour un second mandat à la tête du pays. C’est cela l’essentiel.
On a l’impression que vous dispersez vos forces. Pourquoi n’appelez-vous pas vos ‘’cadets’’ pour faire à votre niveau déjà le consensus que vous promouvez pour le Président Ouattara?
Cela va venir. Nous allons finir par arriver à ça. Pour l’instant, il faut laisser toutes les volontés s’exprimer et se manifester parce qu’il s’agit de créer une action populaire autour de Ouattara. L’objectif de ces initiatives est de faire réélire le chef de l’Etat, à travers le consensus. Si Blon et Mabri parlent tous deux d’Alassane Ouattara, c’est déjà un acquis. Chacun de nous travaille pour le président de la République. Il faut nous laisser travailler, et après, on viendra à l’étape de formaliser toutes ces initiatives.
La candidature de Ouattara va-t-elle favoriser votre réconciliation avec Mabri?
Pour moi, cela ne pose aucun problème, si nous sommes sincères pour travailler à la réélection d’Alassane Ouattara. Il faut faire réélire Alassane avec le maximum de voix possibles. Il faut mettre Alassane Ouattara au centre de tout. Et, dans cet objectif, ceux qui aiment Blon et pas Mabri se joindront à notre initiative et vice-versa. Mais le plus important est d’éviter de se torpiller et de s’entretuer.
Certains Ivoiriens estiment que vous faites de cette candidature de Ouattara, un fonds de commerce. Que répondez-vous à ceux-là?
Un fonds de commerce? Je ne crois pas, en tout cas, en ce qui me concerne. Récemment, j’ai animé un meeting à Man. Cela m’a coûté 2, 5 millions FCfa. C’était pour le lancement de ce concept de candidature consensuelle. Je n’ai sollicité personne pour le faire. J’ai juste adressé une note d’information au ministre de l’Intérieur pour le tenir informé. Depuis lors, nous nous sommes cotisés pour mener nos actions. Certains peuvent en faire un fonds de commerce, mais pas moi. J’ai dit au Président Ouattara que je viens le soutenir parce qu’il m’a sauvé la vie. Je lui consacre donc le reste de mon temps sur terre.
Votre soutien est-il donc une démarche de reconnaissance?
Oui. En plus de cela, je constate avec tout le monde d’ailleurs qu’il est en train de donner une dimension jamais imaginée à notre pays. Tout le pays est en chantier, grâce à lui. Un tel homme, on ne peut que le soutenir.
Vous étiez, hier, proche de Laurent Gbagbo. Est-il aisé pour vous, aujourd’hui, de repartir vers vos ‘’parents’’ pour les convaincre de soutenir Alassane Ouattara?
Un homme politique doit vivre pour son peuple. Et moi, je vis pour mon peuple. Je vais là où mon peuple peut avoir du bonheur. C’est avec sincérité que j’ai dit tantôt que je suis le produit du consensus. Hier, je n’étais pas favorable au Président Ouattara. Mais, aujourd’hui, je constate qu’il travaille bien pour le pays, qu’il fait mieux que je ne l’avais imaginé. Je ne peux que l’aider à avancer que de rester dans une opposition stérile. J’ai le courage de reconnaître les forces de l’autre.
Vos amis d’hier, notamment ceux du Fpi viennent de créer une plate-forme pour s’opposer au Rhdp. Quel commentaire cela vous inspire-t-il?
Je précise que je n’ai jamais été Fpi (Front populaire ivoirien, ndlr). On me l’a attribué, mais ce n’est pas juste. En 2010, Gbagbo m’a demandé de l’aider. Mais je n’ai jamais été membre de ce parti. Si j’avais été dans ce parti, je serais parmi ceux qui sont allés au Ghana ou ailleurs. J’ai été, tout le temps qu’a duré la crise ivoirienne, ici, à Abidjan. Je ne me suis jamais impliqué dans la valeurde la violence. Je suis en politique depuis 1970 et nulle part, vous n’entendez parler de moi dans une affaire de violence.
Aujourd’hui, dans quel parti vous situez-vous?
J’ai quitté l’Udpci par rapport à des problèmes personnels qui m’ont opposé à Mabri. Ce sont des problèmes privés qui nous opposaient. Ceci dit, je ne suis pas le dernier à partir de ce parti. Le parti puissant laissé par le général Guéi, n’est plus que l’ombre de lui-même ; désormais ce parti n’existe que de nom. Cela me désole beaucoup. Le climat y est délétère. Flindé, Blé Guirao, Mahi Clarisse ne se sentent plus dans ce parti.
Où vous situez-vous au juste ?
J’ai été élu candidat indépendant sous la bannière du Rdr parce que le ministre Amadou Soumahoro m’a sollicité pour intégrer le Rdr, sur demande du Président Ouattara. Lors de la campagne, il a souhaité que je fasse équipe avec Sidiki Konaté. Quand j’ai été convaincu par les arguments qui m’ont été présentés, j’ai décidé de soutenir le Président, car, pendant la crise postélectorale, j’ai plusieurs fois été attaqué. Mais le Président Alassane Ouattara a donné l’ordre qu’on me laisse tranquille. C’est au sortir de ces situations que je me suis engagé à le soutenir. Mais, au-delà de toutes ces péripéties, vous devez retenir qu’en Côte d’Ivoire, on ne vote pas le candidat d’un parti politique, on vote l’homme. J’ai été candidat indépendant à Man contre le Rdr et l’Udpci et j’ai remporté les législatives.
Deux années plus tard, vous avez perdu aux régionales. Comment expliquez-vous cela ?
Oui, vous avez raison, j’ai été battu, mais savez-vous comment ? Nous avons perdu aux régionales comme tous les candidats qui n’avaient pas le pouvoir avec eux. Après ma défaite, je suis resté serein, car mon but était d’aider Alassane Ouattara. Je ne tiens plus compte de ma personne. J’ai perdu avec 38%, dans une élection truquée.
Vous êtes pourtant celui que d’aucuns surnomment le bulldozer de l’Ouest !
En politique, il n’ y a pas de logique.
Comment entrevoyez-vous le processus de réconciliation nationale?
On arrivera à la réconciliation, après le consensus. Voyez-vous, on peut commencer la bagarre avec un bâton magique. Mais pour arrêter cette bagarre, il faut plusieurs bras valides. Tout les Ivoiriens n’ont pas la même capacité de pardonner. Il faut être patient et continuer à prôner la paix et la réconciliation. Nous sommes obligés de vivre ensemble. C’est pourquoi bon nombre d’Ivoiriens sont surpris de me voir parler d’Alassane Ouattara. Il faut cultiver cet esprit de pardon. Des Ivoiriens ont pour projet d’éloigner Blon Blaise d’Alassane Ouattara. Ces Ivoiriens ne rendent pas service au Président.
Ces personnes sont-elles du Rdr?
Les cadres du Rdr ne m’ont jamais fait ces coups-là. Je n’ai pas de problèmes avec les cadres de ce parti. Ils sont sympas avec moi, surtout qu’ils ont fait de moi le vice-président du groupe parlementaire Rdr à l’Assemblée nationale.
Quel sera votre avis, si Ouattara vous envoie discuter avec le Fpi pour le retour de ce parti dans le jeu politique?
Je suis au service de chef de l’Etat. Je n’ai pas de restriction, je suis prêt à accomplir toutes les missions qu’il plaira au Président de me confier.
Qu’êtes-vous disposé à faire à l’égard du Fpi qui est en train de durcir le ton?
Je ferai pour le Fpi ce que je peux faire à l’égard de tout Ivoirien pour le retour de la paix. Quand on traite ces problèmes sur la table politique, il est difficile de les résoudre. Il faut aller sur le terrain du social, avec l’esprit de famille, pour recréer le consensus.
L’homme du consensus que vous êtes n’aurait-il pas fait un bon président de la Cdvr ?
(Rires). Ce n’est pas moi qui décide. C’est le Président qui nomme et qui apprécie. Pour le moment, je préfère ma place. Mais je voudrais vous dire que c’est moi qui réconcilie les cadres du Rdr de Man. Récemment, j’avais initié une cérémonie de réconciliation à Man, qu’on a appelée la cérémonie d’échanges de rameaux. En pays wê et dan, quand il y a eu un conflit marqué par mort d’homme, on réconcilie les protagonistes avec des rameaux. C’est le signe du pardon. Pendant que je vous parle, des maires Rdr de Danané et Sipilou sont venus solliciter mes machines pour ouvrir des voies dans leurs localités. J’ai mis mes engins à leur disposition.
Réalisée par Marc Dossa et Eric Diomandé
