Entretien / Koua Pascal, président du Festival international du chant choral d’Abidjan (Festicca) : ‘‘La musique chorale peut aider à l’émergence’’

Koua Pascal, président de A cœur joie Côte d’Ivoire, président de la Fédération de la musique chorale de Côte d’Ivoire, président de Arterial network et président du festival internationale du chant choral de Côte d’Ivoire ( Festicca) livre les dessous de la deuxième édition du Festival international du chant choral d’Abidjan qui se déroulera du 30 juillet au 5 août 2014 et explique l’importance de la musique chorale.

A quoi s’attendre au 2e festival international du chant choral de Côte d’Ivoire ?
Le festival international du chant choral d’Abidjan a lieu tous les deux ans. Nous sommes à notre deuxième édition. Il comprend trois grands points focaux, les ateliers de formations. Cette année, nous aurons neuf ateliers avec la crème de la chorale mondiale. Les personnalités mondiales de la chorale qui viendront former nos chefs de chœurs, tant au niveau de la musique que du management culturel et la connaissance du réseau mondial de la musique chorale. La deuxième partie concerne les concerts qui se passeront les après-midi et en soirée. A l’apothéose, ce sera le chant de concours qui comprendra deux volets, le classique et le traditionnel.

Quel sera le contenu du festicca 2014 ?
Le festival se déroulera sur cinq jours, du 30 juillet au 5 août 2014, mais le festival sera précédé d’un colloque qui réunira les hommes de culture, les spécialistes de la musique chorale pour que nous repensions à tous les pans de la musique chorale dans notre pays et en Afrique. Comment est-ce que le chant choral peut réduire la pauvreté? Est-ce que le chant choral peut être instauré dans les écoles, les entreprises, les universités, dans les communes ? Comment donner une visibilité à la chorale tant en Côte d’Ivoire qu’en Afrique?

Vos rapports avec les autorités ivoiriennes concernant votre rassemblement ?
Nous avons de très bons rapports avec le ministère de la Culture et de la Francophonie et le ministère de l’Education Nationale et de l’Enseignement Supérieur. Nous sommes en train de voir si nous pouvons instaurer les chorales dans les établissements scolaires. Nous avons aussi de très bons rapports avec le ministère du Tourisme, puisque avec le Festicca 2014, les participants étrangers viendront découvrir le pays.

La musique chorale est-elle exclusivement religieuse ?
La chorale telle que nous la pratiquons est née dans la Grèce antique, au niveau du théâtre et donc de la tragédie. La chorale n’est pas exclusivement religieuse. Même en Afrique, nos parents chantaient dans les plantations et au clair de lune. Donc, le chœur a toujours existé. La religion a su faire de la chorale sa force de rassemblement, sinon la chorale a toujours existé et elle est laïque. Aujourd’hui, nous nous battons pour qu’il existe des chorales dans les écoles, des communes et les régions. Nous voulons que grâce à la chorale, tout le monde puisse se retrouver et que nous chantions ensemble. La chorale n’est pas uniquement religieuse, nous pouvons utiliser les chants des artistes ivoiriens et africains pour en faire de la musique chorale. C’est un style de musique ou genre musical qui n’est pas seulement destiné à la religion.

La musique chorale, facteur de réconciliation. Est-ce un thème qui sied avec la réalité ?
Oui, la chorale peut apporter un plus à la réconciliation. J’ai pu visiter beaucoup de pays comme le Liban. Avec la crise que le Liban a connue. La population s’est retrouvée, oubliant ce qu’elle était politiquement et religieusement en créant des chorales mosaïques. Nous pouvons faire la même chose en Côte d’Ivoire dans les contrées qui ont vécu la guerre de manière féroce. Par exemple, à Bouaké, à Korhogo, à Man, des populations des différentes groupes ethniques et de religions différentes peuvent et doivent se retrouver dans des chœurs libres et chanter des thèmes d’amour de fraternité de solidarité ,de travail et de rassemblement. Se rassembler dans un chœur demande de façon naturelle une unité et une entente. On ne peut pas chanter dans un chœur, s’il y a des palabres. Le chœur lui-même appelle de façon naturelle au rassemblement et à la solidarité car chaque pupitre est tributaire des autres pupitres. Donc, nous pensons que le chœur peut appeler de façon naturelle à la fraternité avec des thèmes de rassemblement.

Une idée des 15 pays qui vont participer au Festicca 2014
Nous avons tous les pays de la sous-région. Par exemple le Burkina, Le Ghana, le Sénégal, le Togo, le Benin, le Congo Brazza et le Congo Kinshasa, l’Afrique-sud, l’Allemagne et la France qui seront présents le chœur toyemba de la Bad qui nous vient de Tunis. Beaucoup de chœurs manifestent le désir de participer à cette grande messe choralistique. Le Festicca peut apporter une valeur ajoutée au développement du tourisme en côte d’Ivoire.

Quel est le palmarès de l’édition 2012 ?
Pour le Festicca 2012 dans le volet classique, le chœur Luc guillon de Kinshasa s’est imposé suivi du Ghana dans le volet classique. Dans le volet traditionnel, le chœur Sion du bénin s’est imposé devant les togolais. Les chœurs et les chorales ivoiriens étaient en deçà de l’événement. Nous croyons que les chœurs et les chorales positionneront l’image de la chorale de notre pays.

Fraternité par le chant, est le thème de l’édition 2014. Qu’est-ce que cela sous-entend ?
Le chœur de façon traditionnelle et morphologique est fraternité et rassembleur. Donc, en choisissant ce thème, nous voulons contribuer au développent de notre pays et de l’Afrique car, c’est dans la vraie paix et le vrai amour que nous pouvons réfléchir au développement. C’est quand, il y a la fraternité et que nous pouvons parler de l’émergence au travail. Il faut que nous soyons dans un cadre convivial pour penser et créer le développement. Et, nous pensons que la chorale peut apporter ce cadre conviviale. Partout, où il y a des nids de conflits, la chorale peut apporter la joie donc la fraternité.

Qu’est ce que le Festicca 2014 peut apporter à la nation ?
La chorale n’est pas vecteur de religion. Le chant choral peut aider à l’émergence par la fraternité et par l’amour, c’est ce qui est le chant choral de façon naturelle. La musique chorale permet de vulgariser les chœurs indépendants en Côte d’Ivoire par la création des chorales dans les villes, les communes, les écoles, les orphelinats par exemple. Le chant choral nous contraint au développement et permettra à notre pays d’être un pays émergent à l’horizon 2020. La chorale peut permettre de réduire la pauvreté. Par exemple, les étudiants qui sortent de l’Institut National des Arts et des écoles de musique peuvent créer des chœurs indépendants et en faire des entreprises culturelles.

Réalisé par Péguy.S