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Politique Publié le lundi 5 mai 2014 | Partis Politiques

RGPH: le FPI demande au chef de l’Etat d’ajourner ’’ immédiatement’’ l’opération

© Partis Politiques Par Atapointe
Conférence de presse du président du FPI
Jeudi 20 mars 2014. Abidjan. Riviera Attoban. Le président du FPI, Pascal Affi N`Guessan anime une conference de presse. Affi N`guessan
L’actualité nationale est dominée entre autres, par le quatrième Recensement Général de la Population et de l’Habitat (RGPH). Opération à caractère décennal, l’actuel RGPH devait se dérouler en 2008, la dernière en date s’étant effectuée en 1998.

Sous la gouvernance du Président Laurent GBAGBO, les bases de cette grande opération statistique avaient été lancées et des mesures nécessaires prises, notamment, les textes appropriés, la sensibilisation de toutes les composantes sociales nationales, l’encadrement des activités et la programmation du financement. Un document projet présenté par l’Institut National des Statistiques (INS) avait été validé par le Fond des Nations Unies pour la population (agence spécialisée de l’ONU en matière de recensement des populations).

C’est alors que l’opposition politique regroupée au sein du Rassemblement des Houphouëtistes pour la Démocratie et la Paix (RHDP) s’est farouchement opposée à la tenue de cette opération de développement. L’argument avancé à cette époque par les tenants actuels du pouvoir était que la situation de crise socio-politique n’était pas propice au recensement général de la population. Le RHDP exigeait alors de privilégier le recensement électoral en vue de la tenue rapide des élections, présentées comme la solution de sortie de crise.
En bon démocrate, le Président Laurent GBAGBO avait accédé à la requête de l’opposition d’alors.

Cependant, après sa prise de pouvoir, alors que les effets de la grave crise post-electorale perdurent, le gouvernement Alassane Ouattara reprogramme le RGPH dont la réalisation technique est naturellement confiée à l’INS, structure dédiée et placée sous la tutelle administrative du ministère du Plan et du Développement.

Mais auparavant et nonobstant la reprogrammation du RGPH, le gouvernement Ouattara, dès son installation a cru bon de lancer un projet d’urgence de production de statistiques de bases (PU-PSB) qui a coûté au contribuable Ivoirien la somme de trois milliards F CFA ( 3.000.000.000 FCFA) entièrement décaissés par le trésor public mais dont le rapport et les résultats se font toujours attendre.

Pour le RGPH actuel, le Front Populaire Ivoirien (FPI) a maintes fois attiré l’attention du gouvernement sur les graves écueils que recelait son lancement précipité dans l’environnement socio-politique instable actuel de la Côte d’Ivoire. Il a, par des déclarations publiques et au cours des rencontres avec le Directeur Général de l’INS et même avec le Ministre d’Etat, Ministre du Plan et du Développement montré, le caractère inopportun et inique de cette opération.
Contrairement en 2008, le gouvernement Alassane Ouattara a opté pour un passage en force, en lançant le RGPH-2013.

C’est face au mépris affiché par le gouvernement vis-à-vis du FPI que son Président, le Premier Ministre Pascal Affi N’GUESSAN a demandé à ses militants, à tous les démocrates et à la population, de « s’abstenir de toute participation au RGPH version 2013», lancé de manière solitaire et unilatérale par le gouvernement Ouattara.
La déclaration que voici se veut donc un bilan à mi-parcours non seulement de ce mot d’ordre mais aussi des résultats de l’entêtement du régime RDR à réaliser à tout prix cette opération.

C’est pourquoi, ici, le FPI fera le rappel du contexte actuel du RGPH, livrera les résultats réels sur le terrain qu’il analysera afin de confirmer ses positions antérieures.

I. CONTEXTE DE MISE EN ŒUVRE DU RGPH-2013

A la vérité, le contexte dans lequel le gouvernement Ouattara a lancé le RGPH porte les germes de son échec. Pour l’étayer, le FPI s’appuie en substance sur les fondements techniques et socio-politiques.


1. Au plan technique

Déjà en 2012, les préparatifs de l’opération commencent avec d’énormes difficultés parce que le gouvernement Ouattara dans sa quête de faire disparaitre tout ce qui porte les empreintes du Président Laurent GBAGBO, a décidé de modifier le projet de 2008 pourtant accepté et validé par tous les spécialistes dont l’Agence Spécialisée des Nation Unies (UNFPA).
La première modification introduite par le gouvernement Ouattara concerne la cartographie censitaire (cartographie réalisée à l’aide de la télédétection). Les techniciens de l’INS disposant d’une solide formation et d’une longue et riche expérience en matière de recensement et de cartographie, avaient exprimé de vives inquiétudes et de fortes réserves par rapport aux amendements apportés à la méthodologie antérieure. Le gouvernement n’a pas voulu entendre raison et ce qui devait arrivé arriva : la cartographie censitaire a durée deux (2) années au lieu de neuf (9) mois initialement prévus. Pis, elle n’est pas totalement achevée. Les districts du Bas-Sassandra et des Montagnes (six régions administratives et vingt et un départements) sont ‘’renseignés’’ sur la base de la cartographie de 1998. Néanmoins, cette opération inachevée aura englouti trois milliards FCFA (3.000.000.000 FCFA) pour un coût prévisionnel de huit cent millions FCFA ( 800.000.000 FCFA) soit un dépassement de près de 300%.
Dans cette tentative d’effacer toute ‘’trace’’ du Président Laurent GBAGBO, le régime Ouattara va introduire dans le RGPH le support électronique pour collecter les informations en replacement du support papier plus fiable et plus adapté aux réalités de notre pays.
Les supports électroniques (PDA et Smartphone) ont certes l’avantage d’éviter
L’étape de la saisie des données collectées mais présente plusieurs inconvénients dont:

- la faible capacité de stockage alors qu’il faut enregistrer entre 800 et 12OO personnes avec au moins 600 variables à renseigner par individu obligeant les agents recenseurs à transférer constamment les données enregistrées vers un centre de collecte;

- d’éventuels problèmes de ‘’réseau’’ qui peuvent empêcher l’arrivée des données à destination soit les amputer de plusieurs informations;

- la faible autonomie des appareils rendant aléatoire leur fonctionnalité dans les zones dépourvues d’électricité ou d’une source alternative pour charger la batterie ;

- d’éventuelles pannes des appareils surtout que l’innovation introduite fait l’option d’utiliser des supports électroniques de troisième main(PDA);

- des risques réels de pertes ou de vols des appareils, en ces temps d’insécurité ambiante, avec tout leur contenu non encore transféré.

Il est bon de rappeler qu’un (1) an avant le lancement des opérations de terrain le gouvernement a dépêché une mission au Brésil en vue de s’informer auprès de ce pays véritablement émergent, sur son expérience de recensement général avec le support électronique (PDA). De cette mission conduite par le Directeur Général de l’INS, il ressort que le Brésil a pris des dispositions spéciales avant d’utiliser le matériel électronique. Ainsi, le personnel technique affecté au RGPH a été réquisitionné trois années durant, afin de préparer l’opération, toute activité cessante. Il a donc été rationnellement démontré à la mission gouvernementale les risques que courait la Côte d’Ivoire, au vu du temps restant pour lancer les opérations de terrain, de s’engager dans cette voie des supports électroniques. Mais rien n’y fit !

C’est d’ailleurs le lieu de rappeler que le Sénégal, qui a succédé au Brésil dans l’utilisation des supports électroniques (PDA), peine encore à ce jour à sortir les résultats de son RGPH car, les résultats obtenus sont techniquement insoutenables au regard des projections démographiques.
Par ailleurs, le gouvernement Ouattara a lancé le RGPH au mépris de la maîtrise des ressources humaines notamment la formation, la mobilité et la rémunération. Le RGPH version Ouattara mobilise 23.000 agents recenseurs pour près de 4.500 chefs d’équipes, 700 contrôleurs et 70 superviseurs. Contrairement à l’usage qui privilégie le personnel de l’INS, pour assurer l’encadrement des agents d’exécution (terrain), le gouvernement Ouattara a préféré recruter des agents tout – venant selon les seuls critères du ‘’rattrapage ethnique’’.

L’administration territoriale écartée au départ au profit des superviseurs ‘’rattrapés’’ est actuellement appelée à la rescousse pour tenter de briser le refus des populations de participer à cette mascarade de RGPH du gouvernement Ouattara.

Les agents recenseurs n’ont pas bénéficié de formation suffisante et pratique. La formation s’est effectuée de manière théorique par des projections sur tableaux.
Les moyens de locomotion (velo, moto,….etc) manquent cruellement dans les zones difficiles. Ce qui ne permet pas une supervision efficace.

De nombreux agents recenseurs peinent à disposer de leur ‘’per diem’’ pour dit-on insuffisance de moyens financiers créant d’importantes perturbations.

A toutes ces difficultés qui rendent aléatoire le RGPH-2013, s’ajoute celle liée à la non maîtrise du matériel technique dont l’arrivage (22.000 PDA et 13.000 Smart Phones attendus) demeure incertain : fonctionnalité douteuse avec de nombreuses pannes pour les PDA et manque de stock disponible en quantité voulue (Smart Phones). L’option d’une livraison séquentielle impacte négativement sur le délai et sur la méthodologie généralement admise pour le recensement de la Population, opération de comptage à distinguer d’un sondage.

2. Fondements socio-politiques
C’est également le lieu de rappeler à la mémoire collective nationale et internationale les conditions socio-politiques d’un recensement de la population et de l’habitat dans l’environnement socio-politique actuel de la Côte d’Ivoire.

Les conséquences de la grave crise post – électorale de 2010 – 2011 perdurent. L’on assiste à des mouvements de population intenses diverses. Pour des milliers de personnes, cette situation est synonyme d’une vie clandestine et des déplacements constants pour échapper à la furie des dozos et autres supplétifs FRCI. De telles personnes ne peuvent pas se prêter objectivement à une opération de comptage. Le vrai problème posé ici est celui de la confiance entre une grande partie de la population et le pouvoir en place. Un individu traqué ne peut pas être assuré du bien fondé d’un recensement sans l’assimiler à un piège pour le repérer ou le faire sortir de son refuge. L’insécurité récurrente qui accompagne la gouvernance actuelle ne se prête guère à un recensement. Certaines populations et couches sociales toujours traumatisées assimilent l’introduction d’un agent recenseur dans leur intimité familiale à une porte ouverte pour les ‘’microbes’’ (groupe de bandes armées constitués de jeunes gens âgés de 12 à 15 ans) qui pullulent actuellement dans certains quartiers d’Abidjan et certaines villes de l’intérieur.

Cette méfiance concerne aussi des familles dont les membres y compris parfois le chef de ménage sont incarcérés dans les établissements pénitentiaires à travers la côte d’Ivoire. Il n’est pas crédible d’imaginer un chef ou un membre d’une famille se prêter à des renseignements sur un des siens emprisonnés et à fortiori pour des raisons politiques. Environ 800 ménages sont concernés par cet état de fait et il faut bien se rendre compte que leurs préoccupations et celles des leurs sont loin du recensement général.

Il est de notoriété que 100.000 Ivoiriens, victimes de la crise post-électorale sont exilés et de ce fait ne seront pas pris en compte dans l’opération. Cela revient à 100.000 ménages et donc au moins à 1.000.000 d’individus dans une opération visant 22.000.000 de personnes. L’on est en droit de s’interroger sur la pertinence d’une opération de comptage qui ignore volontairement une partie de la population cible.

Les arguments avancés par le gouvernement pour minimiser la situation des exilés et des réfugiés ne sont en aucun cas recevables. Si le recensement prépare les bases du développement, celui-ci doit être inclusif et ne peut soustraire aucune composante de la société comme le laisse croire le Ministre du plan ; de plus, dire que les chefs de ménage répondront du nombre des membres de leur famille en exil, c’est méconnaître que justement les refugiés et exilés sont aussi chef de ménage. Et puis le gouvernement ne nous explique pas l’urgence de cette opération qui n’avait jamais été présentée comme une condition pour faire de « la Côte d’Ivoire un pays émergent à l’horizon 2020 » !

A ces écueils, il convient d’ajouter l’occupation des habitations, des villages et des plantations notamment dans l’ouest du pays ; ce qui fait penser que le recensement actuel peut légitimer la dépossession des citoyens de leurs propriétés (maisons, plantations, terres …etc).
Le recensement de la population permettant de réaliser la monographie des localités y compris de faibles dimensions, le gouvernement ne peut volontairement omettre 1.000.000 personnes car des localités de l’Ouest par exemple qui connaissent un grand nombre d’exilés risquent d’être exclues de tout projet au regard de faux dénombrements qui y seront enregistrés.

Le gouvernement s’évertue à lancer le RGPH alors que l’occupation clandestine des forêts classées s’est gravement intensifiée depuis la crise post-electorale. Le gouvernement ne communique aucune information sur les occupants de ces sites clandestins. Car il est illusoire d’ignorer l’impact qu’ils auront dans l’utilisation des infrastructures de base qui découleront du recensement durant une décennie. L’on est curieux de savoir le traitement réservé à ces cas de peuplement illicite.

Toute chose étant égale par ailleurs et les mêmes causes produisant les mêmes effets, la situation de crise ayant été une raison valable pour reporter l’organisation d’un recensement général de 2008, celle que nous vivons depuis la crise post-électorale l’est encore d’avantage. S’entêter à effectuer un recensement dans l’environnement socio-politique actuel, c’est faire le choix d’une opération suicidaire et de gaspillage de ressources publiques car vouée d’avance à l’échec.

C’est pourquoi, en toute responsabilité, le FPI ne saurait ni cautionner, ni se faire complice d’un échec programmé. Face à ‘’l’attitude autiste’’ du gouvernement, il a lancé le mot d’ordre de boycott pacifique de cette opération de la honte dont le bilan sommaire à mi-parcours est livré ci - dessous.

II. BILAN A MI-PARCOURS DU RGPH -2013

Le bilan partiel du RGPH – 2013 lancé précipitamment par le gouvernement du RDR depuis le 17 Mars 2014, se propose de passer en revue les points techniques, la réaction des populations et l’attitude du pouvoir.


1. Le bilan technique révèle des incongruités méthodologiques vidant ainsi le principe même d’un recensement, photographie instantanée de la population dans un délai limité et précis sur l’ensemble du territoire national.

Dans la situation actuelle, l’opération n’est pas lancée simultanément dans toutes les régions. On assiste au contraire à un balayage zone par zone ce qui entachera gravement les résultats à cause des biais que le mouvement migratoire des populations ne manquera pas d’introduire dans le processus. Généralement, un recensement crédible et fiable s’étale entre 15 et 21 jours ; ce qui est loin d’être le cas actuellement. Car l’opération lancée à coup d’incantation médiatique par le chef de l’Etat et le Président du PDCI le 17 mars 2014 est toujours en cours plus d’un mois après. Même le délai de prolongation jusqu’à quarante cinq (45) jours que le gouvernement s’accorde ne peut permettre de boucler le RGPH-2013 dans les délais techniquement requis.

Plus grave, est la modification du mode opératoire en adjoignant à la collecte électronique ( PDA et Smart phone), le système ‘’questionnaires papiers’’ pour lequel les agents recenseurs n’ont pas été formés. Ainsi, le bilan à mi-parcours atteste de l’inefficacité de l’option ‘’tout électronique’’ faite par le gouvernement qui n’avait pas pris le soin d’en faire une analyse et une étude sérieuses.

Ce bilan confirme que le gouvernement a lancé ce recensement de manière unilatérale et solitaire. Une telle opération est généralement précédée d’une campagne de communication bien élaborée et structurée avec une participation pleine de l’administration territoriale. Ici, ce corps d’Etat n’a pas été suffisamment impliqué au début de l’opération. Le gouvernement a choisi de confier la mission d’administration à des superviseurs qui n’ont aucun pouvoir de réquisition sur les autres services publics pouvant contribuer à une bonne gestion du recensement. Les missions solitaires du Ministre du Plan à l’intérieur du pays ont fini par convaincre les plus sceptiques de la véracité de notre position. Dans le recensement en cours, l’on constate une très forte discrétion sinon un manque d’implication réelle de l’agence spécialisée des Nations Unies (UNFPA) qui dans les opérations antérieures assuraient les missions de facilitation, d’assistance et d’encadrement techniques. Cette situation est d’autant plus préoccupante que cet organisme est la seule au monde à valider la pertinence et la validité des opérations de recensement des populations.

La perplexité du FPI s’approfondit davantage quand on sait, comme indiqué plus haut, que le programme d’urgence de productions de statistique de base (PU-PSB) pour lequel trois milliards FCFA(3.000.000.000 FCFA) ont été décaissés par les services du trésor public, tarde à livrer ses résultats, trois (3) ans après son lancement .

Quant aux ressources humaines recrutées sur la seule base de ‘’rattrapage ethnique’’, elle peine à se retrouver dans l’utilisation simultanée ou concomitante de deux (2) systèmes électroniques dont les écueils sont patents. Elle est complètement aux abois avec l’ajout des ‘’questionnaires papiers’’ système pour lequel aucune formation n’a été dispensée. Ajoutée à cela, la faiblesse des rémunérations dans un contexte d’indifférence totale des populations (qui a d’autres préoccupations que le repas des agents recenseurs), le bilan à mi-parcours montre ‘’ une avalanche’’ de démissions du personnel de recensement. La situation est intenable quant on sait que sur un peu plus des deux cents (200) agents de l’INS hautement qualifiés pour l’encadrement du recensement général, seulement, une trentaine, bénéficiaire de ‘’rattrapage ethnique’’, a été intégrée à l’opération en cours.

Tous ces écueils laissent entrevoir un prolongement exagéré de l’opération au delà du seuil technique acceptable de 21 jours et fait craindre selon les spécialistes avertis un ‘’glissement’’ de la méthodologie de recensement vers un sondage ou une estimation de la population.

2. Plus intéressante à rapporter est la réaction de la population vis – à – vis du RGPH version Ouattara et l’accueil réservé aux agents recenseurs et à l’opération dans les différentes régions. Sans procéder à une monographie, il n’est pas sans intérêt de donner un aperçu général et dans des grandes zones du pays.
Ainsi, en avril, les communautés nationales ayant migré à l’ouest du pays sont plus préoccupées par le retour annuel dans les villages d’origine pour cause du week-end pascal baptisé ‘’paquinou’’ ! cet important mouvement migratoire annuel ignoré par le gouvernement dans l’organisation précipitée du RGPH – 2013 a amplifié l’indifférence affichée par ces communautés vis-à-vis de cette opération suite au boycott pacifique lancé par le FPI. De retour du ‘’paquinou’’, ces communautés préfèrent retourner aux travaux champêtres ignorant complètement le RGPH. Cela prouve que dans la précipitation, le gouvernement a choisi le mauvais moment. Le FPI avait raison de demander un report conséquent de cette opération afin de créer un consensus national avant son lancement.
Même certaines communautés étrangères constatant l’indifférence des Ivoiriens ne se sentent pas concernées par le recensement, préférant s’adonner à leur occupation habituelle.
Le constat dégagé à mi – parcours est que les populations ne comprenant pas la portée de ce recensement choisissent l’abstention car disent-elles « le FPI au moins, nous explique son choix ». De plus, l’impact des conflits fonciers entre Ivoiriens et étrangers est indéniable sur l’attitude des populations dont certaines couches perçoivent dans ce recensement simultané autochtone et étranger une forme d’attribution foncière illicite. Elles préfèrent adhérer au boycott pour disent certains ‘’éviter des surprises désagréables à l’avenir’’.

Une évaluation de la situation dans les grandes zones du pays donne les résultats qui suivent :
- au nord (aire culturelle malinkés et GUR), la population excédée par des promesses qui ne se concrétisent jamais, perçoit dans ce recensement une forme ‘’d’escroquerie morale’’ à laquelle elle est coutumière depuis l’avènement du régime RDR. Les rapports émanant des régions du Bafing, du Worodougou, de la Bagoué…etc. indiquent que les populations ont réservé une forte réticence qui, combiné aux manques de logistique et de financement, ont occasionné un grand retard dans le démarrage (20 jours) du RGPH. Les mesures de rattrapage hors délai sont en dehors de la méthodologie requise faussant ainsi l’opération. Les populations sont dans l’attente des premières pluies pour lancer les travaux de ‘’butte d’igname’’. Quand au RGPH, l’agent recenseur est prié de repasser une autre fois ;
- à l’est notamment dans l’Indénié et le district du Zanzan, l’application du mot d’ordre du boycott se fait soit par les déplacements massifs des populations vers les champs, soit par le refus catégorique de recevoir l’agent recenseur arguant ne pas se sentir concernées ;
- au centre – Ouest, le refus du RGPH est catégorique malgré les menaces de l’administration territoriale. Au mieux des cas, les chefs de villages informent les agents recenseurs de ce que chaque chef de ménage est totalement libre de la gestion de sa famille et de ses biens dont les maisons pour ainsi justifier leur refus de s’impliquer;
- à l’extrême Ouest avec la cartographie de 1998, deux cas de figure coexistent. Dans le Guémon et le Moyen Cavally, les agents recenseurs sont accueillis par des pleurs de la population qui réclame les enfants en exil, ceux exécutés ou incarcérés. Dans le Tonkpi, soit des chefs de village sont absents empêchant les agents recenseurs d’avoir des interlocuteurs, soit ce sont les habitants qui préfèrent se rendre massivement dans les champs très tôt pour en revenir très tard ; les agents recenseurs s’adressent alors aux petits enfants dont les renseignements fournis ne sont d’aucune pertinence.
- Au Sud – Ouest, les agents recenseurs ont des difficultés pour rencontrer les populations, toutes communautés confondues. L’administration éprouve d’énormes difficultés à rassembler les populations. Par exemple la réunion convoquée par le préfet de région le 14 Avril à San-Pedro n’a réuni que les 1/10 (10%) des personnes attendues ; dans cette zone où la cartographie date de 1998, le Directeur régional du plan, celui de l’INS et les agents recenseurs avouent ouvertement les difficultés qu’ils éprouvent du fait du boycott, le préfet de région préférant évoquer les difficultés de communication et d’information.
- dans la grande région du Sud, des chefs de village, de communautés et la population continuent de s’interroger sur les vraies motivations de cette opération que certaines personnes assimilent à une action d’espionnage. Des gens craignent une utilisation illicite des résultats contre des vies humaines et des biens ;

- dans le grand centre, outre l’impact du ‘’paquinou’’ sur l’opération, les populations observent un boycott général. Elles se disent victimes de fausses informations qu’elles ne veulent plus ‘’avaler’’ ;

- dans les communes d’Abidjan et les villes de l’intérieur le mot d’ordre du FPI est fortement suivi et les agents recenseurs sont confrontés à des refus de collaboration même de la part des vigiles dans les quartiers résidentiels. Les agents recenseurs procèdent à des inscriptions de renseignements imaginaires sans aucune base crédible.

De manière générale, sur l’ensemble du territoire national l’adhésion au mot d’ordre du FPI est totale. En milieu rural, le succès provient du parallèle que la population établit avec les problèmes fonciers tandis qu’en milieu urbain, les problèmes de sécurité et donc d’opportunité de l’opération sont généralement évoqués pour adhérer au mot d’ordre du boycott lancé par le FPI.

C’est le lieu de rappeler que partout, les populations ont une attitude pacifique, sans agressivité mais demeurent fermes sur leur position.

3. Face à l’échec cuisant du RGPH-2013, le gouvernement Ouattara, a choisi la voie de l’intoxication, de la recherche du bouc-émissaire et de l’intimidation et du tripatouillage de la méthodologie.
Dans un premier temps, le gouvernement a opté pour la communication mensongère en présentant le RGPH comme condition d’électrification des villages, d’amélioration des pistes ou de construction et de réhabilitation des habitations. Les populations ont vite répliqué en rétorquant que le régime du Président Laurent GBAGBO par exemple a procédé à l’électrification de plusieurs villages sans qu’il ait été nécessaire de leur imposer un recensement.

C’est alors que le gouvernement va recourir à une véritable intoxication en parlant des agressions ou menaces physiques qu’auraient proféré certaines communautés contre les agents recenseurs. Les sources proches du RGPH et les éléments en notre possession démentent ces affirmations. Le but ultime était de se trouver des prétextes pour lancer sur les populations des violences dont seul le RDR est dépositaire dans la vie politique nationale.

Ensuite, le corps préfectoral jusqu’alors ignoré dans ce recensement est réquisitionné pour intimider les populations, les chefs de village et les chefs de quartier menacés d’arrestations. Mais rien n’y fit, la population a continué d’ignorer le RGPH en adhérant massivement au mot d’ordre de boycott lancé par le FPI. Le RDR pousse l’intimidation au ridicule en faisant passer le RGPH comme condition de présentation de concours.

Finalement, ce sont les secrétaires généraux de fédération et les secrétaires généraux de section du FPI qui sont ouvertement ciblés par le gouvernement par l’entremise du corps préfectoral. Ils sont mis aux arrêts et publiquement humiliés. A Sago (département de Sassandra), le coordonnateur FPI a été déféré au parquet avant d’être relâché 24 heures plus tard. A Sinfra, le préfet Konian, témoin à l’époque des tueries de Guitrozon et petit Duékoué menace de faire arrêter le Secrétaire Général de la Fédération FPI et de le faire prendre de force dans la voiture du Sous – Préfet afin de l’obliger à faire campagne pour le RGPH. Mais tout ceci est peine perdue. A BIANKOUMA, des secrétaires généraux de section du FPI sont régulièrement convoqués par le sous-préfet et le Préfet. Les exemples de menace et l’intimidation contre les responsables locaux du FPI sont légion dans les départements.

Parallèlement à ces mesures d’intimidation et d’agression, le gouvernement a décidé de tripatouiller la méthodologie de recensement soit en adjoignant en cours d’opération les ‘’questionnaires papiers’’ initialement rejetés, soit en prolongeant indéfiniment le délai du recensement, soit en acceptant des renseignements dépourvus de toute crédibilité et souvent imaginaires fournis par les agents recenseurs.

En résumé, le bilan à mi-parcours du recensement général de la population montre un rejet total de l’opération par la population qui adhère ainsi massivement au mot d’ordre du FPI. Les communications mensongère du gouvernement, les intimidations et humiliations infligées aux responsables locaux du FPI, le zèle tardif mais nocif de l’administration territoriale, l’implication des élus locaux, dont par exemple le gouverneur du district d’Abidjan, les missions croisées du Ministre du Plan et du Directeur Général de l’INS sont les signes du frémissement du gouvernement Ouattara. Toutes ces actions confortent les populations de la justesse du mot d’ordre du FPI à laquelle elles réservent une adhésion totale.

Ainsi, à ce jour, sur la base des chiffres émanant de sources crédibles et sur la base des exigences méthodologiques dont le délai, le RGPH lancé depuis le 17 Mars 2014 par le gouvernement a été rejeté par 90% de la population qui a décidé d’adhérer au mot d’ordre du FPI. L’on comprend dès lors, la signification réelle des chiffres brandis récemment par le Directeur général de l’INS (agent technique du gouvernement) parlant de l’impact du boycott. Il s’agit en fait d’un maquillage des vrais chiffres pour étouffer les difficultés d’exécution du RGPH car en réalité, toute opération réalisée au-delà du délai de 21 jours comporte beaucoup de biais qui la rende irrecevable et sans objet.

III. ANALYSE ET RAPPEL DES POSITIONS DU FPI

Le Front Populaire Ivoirien a une haute conscience de l’importance du Recensement Général de la Population et de l’Habitat dont les résultats devraient constituer la référence à toutes les activités de développement pendant les dix (10) prochaines années. Une telle opération doit être entourée de tous les soins et de toutes les précautions nécessaires. C’est pourquoi, elle requiert un environnement socio-politique stable et consensuel et une maîtrise parfaite de la méthodologie technique basée sur une préparation sérieuse. Le RGPH ne doit souffrir d’aucune défaillance technique. Toute chose qui exclut des actes unilatéraux, solitaires et la précipitation dans sa mise en œuvre.

En d’autres termes, si le RGPH « vaut d’être fait, il vaut la peine d’être bien fait ». Car, sa mauvaise conception et son exécution approximative ont des conséquences économiques extrêmement dommageables.

C’est pourquoi, le FPI est fondé à ne pas accompagner le gouvernement dans une opération dont l’échec était prévisible au regard de l’environnement socio-politique et même des choix techniques de sa réalisation.

Les incohérences et les défaillances techniques observées sur le terrain, la communication d’intoxication opérée par le gouvernement, la recherche des bouc-émissaires par l’invention d’agressions imaginaires sur des agents recenseurs, les menaces, les intimidations et humiliations dont sont victimes les chefs de villages et de quartiers, les responsables locaux du FPI et la population ainsi que le prolongement exagéré du délai de réalisation administrent la preuve de l’échec de ce recensement général. Le taux de rejet de 90% de cette opération démontre si besoin en était, de la justesse du mot d’ordre du FPI, Parti toujours en phase avec la réalité de la vie socio-politique des ivoiriens. Créé par le Président Laurent GBAGBO pour servir le peuple, le FPI demeure en harmonie avec les populations comme le prouve actuellement le boycott à plus de 90% du RGPH.

En outre le FPI observe que pour une opération ontologiquement basée sur un consensus national, le gouvernement Ouattara a choisi de privilégier les élus et leaders du groupement politique au pouvoir. Il a ignoré l’expertise du corps préfectoral désormais confiné dans une mission de répression pour imposer le RGPH au forceps. Mais en vérité, si hier, il a été possible de déloger le Président Laurent GBAGBO de sa résidence d’Etat par la violence, il s’avère actuellement illusoire de faire adhérer par la force, les populations à une mascarade de recensement général.

Au regard de ce qui précède, et par ces motifs, le Front Populaire Ivoirien( FPI) :

- réaffirme solennellement et en toute responsabilité l’appel lancé le 20 Mars 2014 par son président, le Premier Ministre Pascal Affi N’GUESSAN demandant à ses militants, à tous les démocrates et à toute la population de s’abstenir de toute participation au Recensement Général de la Population et de l’Habitat, lancé de manière unilatérale et solitaire par le gouvernement Alassane Ouattara ;

- réitère que l’environnement socio-politique actuel caractérisé entre autres par la dispersion des populations pour cause d’insécurité, par de nombreux exilés vivant hors du territoire national, par la dépossession illégale des milliers de citoyens de leurs propriétés (maisons, terres, plantations … etc.), par l’incarcération de près de mille (1000) personnes pour des raisons politiques, n’est pas propice et opportun pour la réalisation d’une opération de recensement général ;

- stigmatise l’impréparation et la précipitation avec laquelle le gouvernement s’est engagé dans le RGPH-2013 et le tient pour seul responsable de l’échec avéré et patent de ce recensement ;

- exige la publication des résultats du programme d’urgence de production des statistiques de base (PU-PSB) pour lequel le trésor à mobilisé la somme de trois milliards FCFA (3.000.000.000) FCFA ;

- dénonce et condamne les intimidations, menaces et humiliations multiples que le gouvernement par le biais du corps préfectoral fait subir aux responsables locaux du Front Populaire Ivoirien et exige l’arrêt immédiat de ces sévices;

- affirme que les opérations en cours au-delà du délai technique de 21 jours à compter de la date de lancement le 17 mars 2014 sont irrecevables ;

- en conséquence, il demande aux organisations internationales et en particulier aux agences spécialisés de l’ONU (UNFPA, bureau des statistiques…), de ne pas reconnaître, ni valider le RGPH actuellement mené en Côte d’Ivoire ;

- félicite les secrétaires généraux de Fédération, les secrétaires généraux de section et l’ensemble de la population pour la mise en œuvre calme et saine mais efficace du mot d’ordre de boycott du recensement général et leur demande de demeurer sereins face aux provocations, intimidations et humiliations dont ils sont victimes.

En tout état de cause et considérant l’échec cuisant du RGPH-2013, le FPI demande au chef de l’Etat d’en tirer toutes les conséquences en prononçant son arrêt immédiat et sa reprogrammation dans un cadre de consensus national apaisé et d’une meilleure maîtrise technique. Car, une telle opération ne peut s’effectuer ni par la force, ni par orgueil institutionnel.

N.B: le titre est de la rédaction
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