Gagnoa – Mlle Oulaï Kessia Charlotte est inscrite en classe de 5ème au Groupe scolaire Kessié, au titre de l’année scolaire 2013-2014. Agée de 16 ans, elle porte depuis le début de la rentrée des classes, une grossesse de cinq mois au moment où elle échangeait avec le journaliste de l’AIP Gagnoa, qui l’a approchée, le mardi 25 février, pour savoir les circonstances de la survenue de cette grossesse précoce, son auteur et l’attitude de ses parents face à cette situation.
Mais comme elle, depuis le début de la rentrée 2013-2014, en dépit de la campagne "zéro grossesse en milieu scolaire", au cours de cette année scolaire-ci, 51 autres cas de grossesses ont été enregistrés par le service de santé scolaire et universitaire (SSSU) de Gagnoa, rien qu’au premier trimestre.
Cette triste situation dont le corollaire est de jeter les jeunes filles hors du système scolaire ivoirien, au moment où il est question plutôt d’encourager leurs parents à les scolariser et à les maintenir à l’école jusqu’en classe de troisième au moins, ne concerne pas que Mlle Oulaï Kessia, ni seulement les 51 autres cas de Gagnoa, elle est d’envergure nationale.
En effet, à Abengourou, la directrice régionale de l’Education nationale et de l’Enseignement technique (Drenet, Koffi Joséphine, a évoqué 94 cas de grossesses, là encore rien qu’au titre du premier trimestre. De même, à Boundiali, 25 cas ont été enregistrés dans cette localité, et 10 autres à Kouto, etc. Et pour ne citer que ces quatre villes de l’intérieur du pays, et mieux encore les cas qui se sont effectivement présentés dans les SSSU de ces différentes localités, ce sont, au total, 179 jeunes filles qui sont tombées enceinte rien qu’au premier trimestre; des faits rapportés par l'AIP.
Qu'en sera-t-il d’ici la fin de l’année scolaire dans ces quatre localités, du nombre total de jeunes filles élèves qui vont contracter une grossesse, le plus souvent synonyme d’abandon du cursus scolaire, à plus forte raison de leur nombre au plan national? Quand on sait, selon les chiffres du Menet, que pour l’année scolaire 2012-2013, 5076 cas ont été dénombrés sur toute l’étendue du territoire national.
Assurément elles seront des milliers! Cette année encore. Mais cette situation ne date pas d’aujourd’hui. Nous en voulons pour preuve les chiffres effarants de (2008-2009), (2009-2010), communiqués, le mardi 25 février, lors d’une séance de travail avec l’AIP, par le Médecin-chef du SSSU de Gagnoa, en présence de deux collaboratrices, Mmes Koré Lucie et Kouakou Rolande, respectivement assistante sociale et éducatrice spécialisée.
Selon Dr Gohi Bi-Zou Marius, et Mmes Koré et Kouakou, en 2008-2009, ce sont 82 cas de grossesses enregistrés par le SSSU et 85 cas en 2009-2010.
De même, le vendredi 04 avril, lors d’une rencontre d’échanges avec les instituteurs du département de Gagnoa, le secrétaire général national du Mouvement des instituteurs pour la défense de leurs droits (MIDD), Mesmin Komoé, citant le ministère de l’Education nationale et de l’Enseignement technique (Menet), a révélé 1.000 cas de grossesses dans le primaire, au cours de l’année scolaire 2013-2014.
Mais pourquoi alors à chaque année scolaire faut-il qu’il y ait forcément des jeunes filles élèves qui tombent enceinte dans les différentes localités du pays ? Pourquoi, malgré les campagnes de sensibilisation sur le port du préservatif notamment, la situation demeure sans cesse alarmante? Ne pourrait-il pas y avoir un jour des solutions idoines à ce fléau qui n’arrange ni la jeune fille élève, ni sa famille, ni l’Etat?
Des responsabilités partagées
Des spécialistes de l’éducation nationale mettent tous la responsabilité des parents en première ligne. En effet, ceux-ci expliquent que la plupart des jeunes filles élèves qui tombent enceintes au cours de l’année scolaire ont des parents démunis qui vivent le plus souvent dans les villages et campements éloignés de la ville d’accueil de leurs filles orientées au collège.
Selon eux, à la rentrée le père vient inscrire sa fille admise à l’entrée en sixième, se débrouille à lui trouver, à défaut d’un tuteur, une chambre dans un quartier précaire de la ville, et quand il retourne au village ou au campement, il ne remet jamais plus les pieds en ville pour voir sa fille, comment elle évolue, si elle a le minimum vital, jusqu’en fin d’année scolaire. En plus, confient-ils, l’argent parvient à la fille, rarement. Celle-ci est alors livrée à elle-même, et du coup, elle tombe dans les bras du premier prédateur, ne serait-ce que pour avoir de quoi manger.
"C’est de là que tout part’’, soutiennent ces spécialistes.
Du côté des jeunes filles, elles-mêmes, ces observateurs de l’école, estiment que celles-ci sont happées par la grande ville car, arrivées de leurs villages ou campements, elles découvrent la grande ville avec tout ce qu’elle offre comme besoins et envies, notamment avoir un téléphone portable, aller en boîte, bien s’habiller, toutes choses que l’on obtient avec de l’argent. Alors ces jeunes filles élèves sont obligées d’aller vers les hommes pour satisfaire ces besoins et envies.
"Un jour, on a reçu une élève enceinte et quand on lui a posé la question de savoir pourquoi elle n’a pas pu dire à l’auteur de sa grossesse de se protéger pendant leurs rapports sexuels, elle nous a répondu que ce dernier est à ses petits soins, fait tout pour elle. De fait, elle se sent tellement redevable de lui, qu’elle ne peut rien lui refuser, même s’il n’a pas porté de capote au moment de leurs rapports sexuels", a expliqué Mme Koré Lucie, assistante sociale au Service de santé scolaire et universitaire (SSSU) de Gagnoa.
D’année en année, le phénomène des grossesses en milieu scolaire prend de l’ampleur
Le phénomène des grossesses en milieu scolaire prend de l’ampleur. Et il ne se passe pas de jour sans que des directeurs régionaux de l’éducation nationale et Inspection de l’Enseignement Primaire (IEP) ne soient saisis. De même que les SSSU. Face à cette situation, le ministère de l’Education nationale et de l’enseignement technique (Menet) a décidé de punir sévèrement les auteurs.
En tout cas, le ministère entend se constituer partie civile pour tous les cas de grossesses qui surviennent en milieu scolaire, a dit, mercredi lors de la cérémonie d’installation du comité régional de sensibilisation de la ’’Campagne zéro grossesse à l’école’’, le directeur régional de l’Education nationale et de l’Enseignement technique (Drenet) de Gagnoa, Silué Gozié.
Le faisant, M. Silué entend montrer la détermination du ministre Kandia Camara à combattre ce phénomène. Il a indiqué que les enseignants qui se feront prendre subiront la rigueur de la loi, expliquant que des textes de loi existent et prévoient des sanctions même pénales, mais que c’est l’interventionnisme des gens qui freinent leur application.
Des ébauches de solutions idoines au phénomène des grossesses en milieu scolaire
Les solutions au phénomène des grossesses en milieu scolaire sont multiformes. Elles vont des plus drastiques au moins douloureuses.
Pour le chef du village-quartier de Garahio, dans la commune de Gagnoa, Denis Koudou, l’Etat doit, si l’on veut réellement réduire le taux de grossesses en milieu scolaire, sévir et faire appliquer la rigueur de la loi aux auteurs.
"Un enseignant qui enceinte une élève doit être renvoyé. Un fonctionnaire qui enceinte une élève doit être licencié’’, a-t-il réclamé dans son intervention lors des échanges après la conférence animée, le mercredi 14 mai 2014, sur ce sujet par le médecin-chef du Service de santé scolaire et universitaire (SSSU), DR Gohi Bi-zou Marius.
Le chef Koudou a, par ailleurs, proposé que les jeunes filles élèves qui contractent une grossesse en pleine année scolaire ne soient pas autorisées à continuer jusqu’en fin d’année. ‘’Acceptez une fille à l’école alors qu’elle est enceinte, c’est une mauvaise façon d’inciter les autres élèves à suivre ce mauvais exemple’’, a-t-il dit.
Le secrétaire général 1 de la préfecture de Gagnoa, Ackou Nathalie Anasthasie Kouakou, prône, quant à elle, le retour de l’internat de jeunes filles dans les établissements secondaires, afin de lutter efficacement contre les grossesses précoces en milieu scolaire.
Selon le secrétaire général 1 de préfecture, en effet, c’est vrai que le retour de l’internat des jeunes filles "n’est une panacée’’, mais cela va contribuer à réduire le taux de grossesses précoces en milieu scolaire.
"Vu les conditions de précarité et de promiscuité dans lesquelles vivent de nombreux élèves, cela appelle l’Etat à revenir particulièrement au système d’internat pour les jeunes filles’’, a déclaré Mme Ackou, avant d’appeler, lors de la cérémonie d’installation du comité régional de sensibilisation de la "Campagne zéro grossesse à l’école’’, les jeunes filles élèves à faire montre d’une certaine capacité à résister aux tentations de la vie pour ne voir rien que leur avenir qui passe par l’école et leur réussite scolaire.
Le médecin-chef du Service de santé scolaire et universitaire (SSSU), Dr Marius Gohi Bi-Zou, a esquissé des approches de solutions à l’occasion de la cérémonie d’installation du comité régional de sensibilisation de la ‘’Campagne zéro grossesse à l’école’’ à l’horizon 2015, en milieu scolaire.
Ainsi, selon lui, l’abstinence sexuelle des jeunes filles élèves, durant leur cursus scolaire surtout au niveau du primaire et du secondaire, s’avère être le moyen de protection gratuit et efficace à 100%.
Le médecin-chef du SSSU a également parlé de l’utilisation de contraceptifs, car malgré, a-t-il fait remarquer, les actions de sensibilisation, certaines filles manquent de décision devant des garçons qui refusent délibérément de porter les préservatifs lors des rapports sexuels.
Il a, par ailleurs, mis un accent sur la connaissance du cycle menstruel par les jeunes filles élèves, la discussion ouverte des parents avec les enfants notamment les filles. En effet, estime le médecin généraliste, les parents ont un rôle primordial à jouer à ce niveau.
De fait, l’éducation sexuelle ne doit plus être un sujet tabou dans les familles. Et, la cellule de base qu'est la famille doit jouer convenablement son rôle de premier éducateur. Pour ce faire, suggère-t-il, il faut que les parents acceptent d’aborder les questions de sexualité avec leurs enfants avant que ces derniers ne le découvrent en dehors de la cellule familiale dans les vidéoclubs ou sur Internet.
Dr Gohi Bi-Zou suggère également l’introduction ou le renforcement des questions d’éducation sexuelle dans le programme d’enseignement et ceci dès l’école primaire. Car l’éducation sexuelle des jeunes, relève de la responsabilité des adultes, soutient-il.
Au total, les grossesses en milieu scolaire constituent un phénomène qui prend une ampleur inquiétante. Face donc à cela, une action conjuguée des parents, du système éducatif et de la santé s’impose afin de réduire de façon considérable ce fléau. Sinon le risque de voir anéantir tous les efforts pour la scolarisation de la jeune fille devient inéluctable.
Dr Gohi Bi-Zou a donc cité le sexologue Cyril Kouamé qui disait à ce sujet: "le mal des grossesses en milieu scolaire prend ses racines à plusieurs niveaux de la société. Il est donc primordial que la lutte soit concertée (entre parents, élèves, éducateurs, enseignants et agents de santé), mais qu’elle soit surtout très suivie à l’école comme en dehors.’’
Et ce n’est pas faux de le dire, car si l’on en croit Dr Gohi Bi-Zou, les conséquences des grossesses des jeunes filles élèves sur les plans scolaire, moral que médical sont incommensurables et ont pour noms, entre autres, baisse de rendement scolaire, arrêt de scolarité. La jeune élève enceinte devient aussi la risée de toute la communauté et un objet de honte pour sa famille. Mais sa grossesse peut être aussi et surtout une grossesse à risque, elle peut être exposée aux IST et Vih/Sida, et elle peut provoquer un avortement clandestin qui appelle souvent des cas d’hémorragie, de perforation utérine et surtout la mort.
Une enquête de Joseph ABOUO, bureau régional de l’AIP à Gagnoa.
Les remerciements à Dr Gohi Bi-Zou Marius, médecin-chef du SSSU.
Mais comme elle, depuis le début de la rentrée 2013-2014, en dépit de la campagne "zéro grossesse en milieu scolaire", au cours de cette année scolaire-ci, 51 autres cas de grossesses ont été enregistrés par le service de santé scolaire et universitaire (SSSU) de Gagnoa, rien qu’au premier trimestre.
Cette triste situation dont le corollaire est de jeter les jeunes filles hors du système scolaire ivoirien, au moment où il est question plutôt d’encourager leurs parents à les scolariser et à les maintenir à l’école jusqu’en classe de troisième au moins, ne concerne pas que Mlle Oulaï Kessia, ni seulement les 51 autres cas de Gagnoa, elle est d’envergure nationale.
En effet, à Abengourou, la directrice régionale de l’Education nationale et de l’Enseignement technique (Drenet, Koffi Joséphine, a évoqué 94 cas de grossesses, là encore rien qu’au titre du premier trimestre. De même, à Boundiali, 25 cas ont été enregistrés dans cette localité, et 10 autres à Kouto, etc. Et pour ne citer que ces quatre villes de l’intérieur du pays, et mieux encore les cas qui se sont effectivement présentés dans les SSSU de ces différentes localités, ce sont, au total, 179 jeunes filles qui sont tombées enceinte rien qu’au premier trimestre; des faits rapportés par l'AIP.
Qu'en sera-t-il d’ici la fin de l’année scolaire dans ces quatre localités, du nombre total de jeunes filles élèves qui vont contracter une grossesse, le plus souvent synonyme d’abandon du cursus scolaire, à plus forte raison de leur nombre au plan national? Quand on sait, selon les chiffres du Menet, que pour l’année scolaire 2012-2013, 5076 cas ont été dénombrés sur toute l’étendue du territoire national.
Assurément elles seront des milliers! Cette année encore. Mais cette situation ne date pas d’aujourd’hui. Nous en voulons pour preuve les chiffres effarants de (2008-2009), (2009-2010), communiqués, le mardi 25 février, lors d’une séance de travail avec l’AIP, par le Médecin-chef du SSSU de Gagnoa, en présence de deux collaboratrices, Mmes Koré Lucie et Kouakou Rolande, respectivement assistante sociale et éducatrice spécialisée.
Selon Dr Gohi Bi-Zou Marius, et Mmes Koré et Kouakou, en 2008-2009, ce sont 82 cas de grossesses enregistrés par le SSSU et 85 cas en 2009-2010.
De même, le vendredi 04 avril, lors d’une rencontre d’échanges avec les instituteurs du département de Gagnoa, le secrétaire général national du Mouvement des instituteurs pour la défense de leurs droits (MIDD), Mesmin Komoé, citant le ministère de l’Education nationale et de l’Enseignement technique (Menet), a révélé 1.000 cas de grossesses dans le primaire, au cours de l’année scolaire 2013-2014.
Mais pourquoi alors à chaque année scolaire faut-il qu’il y ait forcément des jeunes filles élèves qui tombent enceinte dans les différentes localités du pays ? Pourquoi, malgré les campagnes de sensibilisation sur le port du préservatif notamment, la situation demeure sans cesse alarmante? Ne pourrait-il pas y avoir un jour des solutions idoines à ce fléau qui n’arrange ni la jeune fille élève, ni sa famille, ni l’Etat?
Des responsabilités partagées
Des spécialistes de l’éducation nationale mettent tous la responsabilité des parents en première ligne. En effet, ceux-ci expliquent que la plupart des jeunes filles élèves qui tombent enceintes au cours de l’année scolaire ont des parents démunis qui vivent le plus souvent dans les villages et campements éloignés de la ville d’accueil de leurs filles orientées au collège.
Selon eux, à la rentrée le père vient inscrire sa fille admise à l’entrée en sixième, se débrouille à lui trouver, à défaut d’un tuteur, une chambre dans un quartier précaire de la ville, et quand il retourne au village ou au campement, il ne remet jamais plus les pieds en ville pour voir sa fille, comment elle évolue, si elle a le minimum vital, jusqu’en fin d’année scolaire. En plus, confient-ils, l’argent parvient à la fille, rarement. Celle-ci est alors livrée à elle-même, et du coup, elle tombe dans les bras du premier prédateur, ne serait-ce que pour avoir de quoi manger.
"C’est de là que tout part’’, soutiennent ces spécialistes.
Du côté des jeunes filles, elles-mêmes, ces observateurs de l’école, estiment que celles-ci sont happées par la grande ville car, arrivées de leurs villages ou campements, elles découvrent la grande ville avec tout ce qu’elle offre comme besoins et envies, notamment avoir un téléphone portable, aller en boîte, bien s’habiller, toutes choses que l’on obtient avec de l’argent. Alors ces jeunes filles élèves sont obligées d’aller vers les hommes pour satisfaire ces besoins et envies.
"Un jour, on a reçu une élève enceinte et quand on lui a posé la question de savoir pourquoi elle n’a pas pu dire à l’auteur de sa grossesse de se protéger pendant leurs rapports sexuels, elle nous a répondu que ce dernier est à ses petits soins, fait tout pour elle. De fait, elle se sent tellement redevable de lui, qu’elle ne peut rien lui refuser, même s’il n’a pas porté de capote au moment de leurs rapports sexuels", a expliqué Mme Koré Lucie, assistante sociale au Service de santé scolaire et universitaire (SSSU) de Gagnoa.
D’année en année, le phénomène des grossesses en milieu scolaire prend de l’ampleur
Le phénomène des grossesses en milieu scolaire prend de l’ampleur. Et il ne se passe pas de jour sans que des directeurs régionaux de l’éducation nationale et Inspection de l’Enseignement Primaire (IEP) ne soient saisis. De même que les SSSU. Face à cette situation, le ministère de l’Education nationale et de l’enseignement technique (Menet) a décidé de punir sévèrement les auteurs.
En tout cas, le ministère entend se constituer partie civile pour tous les cas de grossesses qui surviennent en milieu scolaire, a dit, mercredi lors de la cérémonie d’installation du comité régional de sensibilisation de la ’’Campagne zéro grossesse à l’école’’, le directeur régional de l’Education nationale et de l’Enseignement technique (Drenet) de Gagnoa, Silué Gozié.
Le faisant, M. Silué entend montrer la détermination du ministre Kandia Camara à combattre ce phénomène. Il a indiqué que les enseignants qui se feront prendre subiront la rigueur de la loi, expliquant que des textes de loi existent et prévoient des sanctions même pénales, mais que c’est l’interventionnisme des gens qui freinent leur application.
Des ébauches de solutions idoines au phénomène des grossesses en milieu scolaire
Les solutions au phénomène des grossesses en milieu scolaire sont multiformes. Elles vont des plus drastiques au moins douloureuses.
Pour le chef du village-quartier de Garahio, dans la commune de Gagnoa, Denis Koudou, l’Etat doit, si l’on veut réellement réduire le taux de grossesses en milieu scolaire, sévir et faire appliquer la rigueur de la loi aux auteurs.
"Un enseignant qui enceinte une élève doit être renvoyé. Un fonctionnaire qui enceinte une élève doit être licencié’’, a-t-il réclamé dans son intervention lors des échanges après la conférence animée, le mercredi 14 mai 2014, sur ce sujet par le médecin-chef du Service de santé scolaire et universitaire (SSSU), DR Gohi Bi-zou Marius.
Le chef Koudou a, par ailleurs, proposé que les jeunes filles élèves qui contractent une grossesse en pleine année scolaire ne soient pas autorisées à continuer jusqu’en fin d’année. ‘’Acceptez une fille à l’école alors qu’elle est enceinte, c’est une mauvaise façon d’inciter les autres élèves à suivre ce mauvais exemple’’, a-t-il dit.
Le secrétaire général 1 de la préfecture de Gagnoa, Ackou Nathalie Anasthasie Kouakou, prône, quant à elle, le retour de l’internat de jeunes filles dans les établissements secondaires, afin de lutter efficacement contre les grossesses précoces en milieu scolaire.
Selon le secrétaire général 1 de préfecture, en effet, c’est vrai que le retour de l’internat des jeunes filles "n’est une panacée’’, mais cela va contribuer à réduire le taux de grossesses précoces en milieu scolaire.
"Vu les conditions de précarité et de promiscuité dans lesquelles vivent de nombreux élèves, cela appelle l’Etat à revenir particulièrement au système d’internat pour les jeunes filles’’, a déclaré Mme Ackou, avant d’appeler, lors de la cérémonie d’installation du comité régional de sensibilisation de la "Campagne zéro grossesse à l’école’’, les jeunes filles élèves à faire montre d’une certaine capacité à résister aux tentations de la vie pour ne voir rien que leur avenir qui passe par l’école et leur réussite scolaire.
Le médecin-chef du Service de santé scolaire et universitaire (SSSU), Dr Marius Gohi Bi-Zou, a esquissé des approches de solutions à l’occasion de la cérémonie d’installation du comité régional de sensibilisation de la ‘’Campagne zéro grossesse à l’école’’ à l’horizon 2015, en milieu scolaire.
Ainsi, selon lui, l’abstinence sexuelle des jeunes filles élèves, durant leur cursus scolaire surtout au niveau du primaire et du secondaire, s’avère être le moyen de protection gratuit et efficace à 100%.
Le médecin-chef du SSSU a également parlé de l’utilisation de contraceptifs, car malgré, a-t-il fait remarquer, les actions de sensibilisation, certaines filles manquent de décision devant des garçons qui refusent délibérément de porter les préservatifs lors des rapports sexuels.
Il a, par ailleurs, mis un accent sur la connaissance du cycle menstruel par les jeunes filles élèves, la discussion ouverte des parents avec les enfants notamment les filles. En effet, estime le médecin généraliste, les parents ont un rôle primordial à jouer à ce niveau.
De fait, l’éducation sexuelle ne doit plus être un sujet tabou dans les familles. Et, la cellule de base qu'est la famille doit jouer convenablement son rôle de premier éducateur. Pour ce faire, suggère-t-il, il faut que les parents acceptent d’aborder les questions de sexualité avec leurs enfants avant que ces derniers ne le découvrent en dehors de la cellule familiale dans les vidéoclubs ou sur Internet.
Dr Gohi Bi-Zou suggère également l’introduction ou le renforcement des questions d’éducation sexuelle dans le programme d’enseignement et ceci dès l’école primaire. Car l’éducation sexuelle des jeunes, relève de la responsabilité des adultes, soutient-il.
Au total, les grossesses en milieu scolaire constituent un phénomène qui prend une ampleur inquiétante. Face donc à cela, une action conjuguée des parents, du système éducatif et de la santé s’impose afin de réduire de façon considérable ce fléau. Sinon le risque de voir anéantir tous les efforts pour la scolarisation de la jeune fille devient inéluctable.
Dr Gohi Bi-Zou a donc cité le sexologue Cyril Kouamé qui disait à ce sujet: "le mal des grossesses en milieu scolaire prend ses racines à plusieurs niveaux de la société. Il est donc primordial que la lutte soit concertée (entre parents, élèves, éducateurs, enseignants et agents de santé), mais qu’elle soit surtout très suivie à l’école comme en dehors.’’
Et ce n’est pas faux de le dire, car si l’on en croit Dr Gohi Bi-Zou, les conséquences des grossesses des jeunes filles élèves sur les plans scolaire, moral que médical sont incommensurables et ont pour noms, entre autres, baisse de rendement scolaire, arrêt de scolarité. La jeune élève enceinte devient aussi la risée de toute la communauté et un objet de honte pour sa famille. Mais sa grossesse peut être aussi et surtout une grossesse à risque, elle peut être exposée aux IST et Vih/Sida, et elle peut provoquer un avortement clandestin qui appelle souvent des cas d’hémorragie, de perforation utérine et surtout la mort.
Une enquête de Joseph ABOUO, bureau régional de l’AIP à Gagnoa.
Les remerciements à Dr Gohi Bi-Zou Marius, médecin-chef du SSSU.