Le Secrétaire permanent adjoint et porte-parole de la Commission électorale indépendante (Cei), Inza Diomandé, partage la somme des expériences qu’il a vécues en Guinée-Bissau où il a servi en qualité d’expert électoral pour la présidentielle, du 16 mars au 16 avril 2014.
Vous avez été commis à l’expertise électorale en Guinée-Bissau récemment. En quoi a consisté concrètement cette mission ?
Il s’agissait d’abord de s’assurer de l’impartialité, de la transparence, de la crédibilité et de la fiabilité du processus, dans un contexte du respect des droits de l’Homme et des libertés fondamentales. Ensuite, il s’agissait d’observer les comportements des acteurs principaux du processus électoral, dans le sens du respect des lois et réglementations en vigueur. Il fallait aussi partager avec la mission à cours terme, qui devrait être déployée, les informations et impressions recueillies sur le terrain, de façon à faciliter le travail ; de formuler en temps réel des analyses et recommandations crédibles et substantielles à l’attention de la commission de la Cedeao (Commission économiques des Etats de l’Afrique de l’Ouest, ndlr) ; de servir de mécanisme d’alerte précoce pour les actions urgentes à mener en vue de contribuer à prévenir les conflits. Enfin, il s’agissait de créer, par la présence physique et les actions menées, une atmosphère de confiance et d’encourager la participation des citoyens au processus électoral.
Une tâche particulière vous a été certainement confiée dans cette panoplie de termes de référence….
Plus spécifiquement, l’expert des élections était chargé de rester quotidiennement en contact avec la commission nationale des élections pour suivre la bonne évolution des étapes du processus. Il devait aussi avoir des échanges périodiques avec les acteurs sur le terrain, notamment les commissions régionales des élections, les Ong et les autres observateurs. Ceci, pour avoir le point réel de la situation du terrain. Il devait aussi détecter les éventuelles failles du système, suite aux différents échanges et au suivi quotidien, pour faire des propositions de solutions concises et claires à la commission de la Cedeao. Il devait aussi préparer des fiches de terrain pour la mission d’observation électorale de court terme, en ce qui concerne les axes routiers, l’hébergement, les conditions générales de travail dans les différentes localités. Et, enfin, formuler des recommandations générales dans le domaine des élections à la commission de la Cedeao.
En Côte d’Ivoire, la société civile a suivi de bout en bout le processus électoral. En a-t-il été de même là-bas?
Il faut dire qu’en Guinée-Bissau, la société civile n’est pas très forte parce qu’elle
n’est pas organisée. Il y avait donc un challenge de ce côté, qui consistait à avoir des personnes qui avaient suffisamment du recul pour vous apporter ce que vous vouliez savoir. En plus, nous sommes arrivés en Guinée-Bissau à une période où toute la presse publique, la télévision et la radio, étaient en grève pour pratiquement 4 mois d’arriérés de salaires. Les médias publics ne participaient donc pas à la couverture du processus ; il fallait trouver des relais sur place pour échanger avec la société civile.
Pareille situation ne va pas sans la suspicion, notamment entre les politiques. La méfiance des uns vis-à-vis des autres n’a-t-elle pas été un obstacle?
Le déficit de confiance entre les acteurs constitue toujours un handicap à la bonne organisation des joutes électorales. Mais la Cedeao, en envoyant des experts sur place, avait en vue d’apporter une solution à ce problème. Elle a donc envoyé sur place des experts internationaux pour que les acteurs nationaux se sentent rassurés en se disant qu’il y a des arbitres neutres et des gens qui vous envoient des expertises en tenant compte de leurs réalités. En fait, nous servions aussi de pont entre les différents acteurs. Ceci, afin de ramener la confiance. Il fallait trouver un juste milieu, échanger avec l’appareil judiciaire, tous les acteurs sur le terrain, les mettre en confiance et leur dire que nous sommes là pour justement faire en sorte que le processus se déroule dans la transparence.
Qu’est ce qui a pu retenir de façon exceptionnelle votre attention dans cette situation si sensible ?
En Guinée-Bissau, l’on venait de mettre en place une commission électorale. Je ne dis pas que ces acteurs n’étaient pas véritablement outillés, mais il y avait un travail immense à faire. Il fallait leur apporter un certain nombre de choses. Il leur était aussi difficile de communiquer et de sensibiliser les électeurs sur les décisions prises au fur et à mesure. On courait vers des difficultés quant à l’application des décisions émanant de la Commission nationale des élections. Nous avons donc proposé une plate-forme d’échanges qui réunissait tous les partis et les candidats en lice. Ensemble, ils prenaient les décisions difficiles ; à charge pour les partis et candidats de les faire passer aisément au niveau de leurs bases respectives. La plate-forme que nous avons conseillée, chapotée par la Commission nationale des élections, s’est avérée fort utile. Sur le terrain, par exemple, on se souvient que la Guinée-Bissau a adopté le système biométrique. Ce système devrait permettre de remettre les cartes d’électeurs aux titulaires immédiatement après l’enrôlement. Malheureusement, ce système a connu quelques défaillances dans les régions de Bafata et Gabu. Une semaine avant le jour du scrutin, plusieurs milliers d’électeurs n’avaient pu recevoir leurs cartes. Or, la loi électorale de la Guinée-Bissau interdit formellement le vote sans carte d’électeur. D’ailleurs, la distribution des cartes d’électeur devrait s’achever plusieurs semaines avant le jour du scrutin…
Comment avez-vous décanté la
situation ?
La distribution des cartes devait prendre fin plusieurs semaines avant le scrutin. Il n’y avait pas d’autre alternative. Nous avons proposé au sein de la plate-forme que l’on continue la distribution des cartes jusqu’au jour du scrutin et ensuite qu’il fallait mettre les cartes restantes à la disposition de leurs titulaires dans les bureaux de vote. Ce sont des choses que nous avons faites ici en Côte d’Ivoire. Cette solution a été la bienvenue. Car voyez-vous, nos hôtes allaient vers un blocage du processus parce que les gens allaient se dire : « plus de 12 000 cartes d’électeur non distribuées dans certaines régions, c’est trop !»
Les préoccupations des blocs antagonistes ont pu préoccuper l’expertise. Est-ce que ça été le cas ?
L’un des plus gros problèmes auquel nous avons fait face en Guinée-Bissau, était celui des médias publics. La télé et la radio ne voulaient pas couvrir les élections parce qu’elles observaient un mouvement de grève. Au dernier moment, nous avons eu des échanges avec la radio et la télévision, parce que l’équipe comprenait un expert qui s’occupait des questions de média. Il faut rappeler que nous étions six (6) experts : un analyste politique ; un expert des élections (ndlr, l’interviewé) ; un autre qui s’occupait des questions du genre et de prévention de conflits électoraux ; un expert des questions de média et de communication, un expert du domaine administratif et logistique ; et un autre expert des questions juridiques. Donc l’expert en matière de médias a été envoyé auprès de la presse écrite, la télévision et la radio pour leur faire comprendre qu’ils devaient, malgré tout, couvrir le processus électoral. Et heureusement, le “miracle”, pour utiliser votre terme, s’est produit, puisque les médias publics ont repris du service par la suite.
Dans quelle partie du pays avez-vous été déployé et quelle leçon tirez-vous de votre présence dans cette zone ?
J’ai couvert les régions de Bafata et de Gabu que j’ai visitées dans la période de la campagne électorale. Le jour du scrutin, je supervisais donc ces deux régions par l’entremise des observateurs électoraux de court terme. On peut retenir que nonobstant quelques détails spécifiques, les préoccupations relatives à la supervision des élections sont pareilles partout. Il faut savoir les aborder avec tact et subtilité, étant entendu que l’expert des élections ne doit pas s’ériger en donneur de leçons ; il doit faire montre d’une bonne capacité de médiation et user de la méthode participative pour mettre les acteurs d’accord. D’ailleurs, en tant qu’expert chargé des opérations électorales, le jour du scrutin, les écueils des sept autres régions de la Guinée-Bissau m’étaient aussi soumis et nous formulions des recommandations au fur et à mesure.
On peut retenir que le manque de confiance peut susciter de gros problèmes là où il n’y en a pas véritablement. Le manque de confiance est l’une des causes essentielles de l’interruption violente du processus électoral en Guinée-Bissau en 2012. C’est ce déficit que la Cedeao a comblé en 2014, par le déploiement d’experts internationaux, afin que les élections puissent être menées à bonne fin. Quand il y a un déficit de confiance, l’œil extérieur peut combler ce déficit et restaurer la confiance. D’ailleurs, ce n’est pas qu’en Guinée-Bissau qu’on a préconisé cela. Ici en Côte d’Ivoire, par exemple, la certification des élections par l’Onuci a joué un rôle important non seulement pour parvenir aux élections, mais aussi pour trancher le contentieux. Tous les Bissau-guinéens et la communauté internationale s’accordent à reconnaître aujourd’hui que la forte implication de la Cedeao a eu une influence positive sur la tenue de ces élections couplées.
En outre, on peut retenir que l’on peut faire confiance aux Ivoiriens parce que du crédit leur est accordé ailleurs, quant à leur expérience et leur expertise en matière d’organisation des élections.
A quel moment de la journée l’expert se dit qu’il a gagné le pari ?
Si les bureaux de vote ont ouvert à temps et qu’ils sont normalement pourvus d’agents ; si le matériel sensible (bulletins de vote, encre indélébile, listes d’émargement…) est fourni en nombre suffisant dans les bureaux de vote ; si le vote se déroule sans difficultés majeures dans les différents centres de vote ; si les agents de bureaux de vote ne notent pas une insuffisance criante de copies de procès-verbaux et que tout cela se passe allègrement jusqu’à la mi-journée ; alors, le superviseur des élections peut déjà commencer à souffler. Il peut souffler tout en restant en alerte et prêt à monter au créneau pour régler tout problème qui pourrait surgir dans un lieu de vote. Dans l’après-midi, le superviseur devrait commencer à apprêter le terrain pour le décompte des voix, en s’assurant que les bureaux de vote disposent suffisamment de procès-verbaux vierges ; que l’éclairage est suffisant pour procéder aux opérations d’après vote ; qu’il y a suffisamment de scellés…
S’il y a un problème sur l’un de ces éléments, par exemple, si dans un centre, une insuffisance de Pv est signalée, il faut rapidement faire en sorte qu’il y ait des Pv additionnels avant la fin du vote, pour qu’on puisse reporter tous les chiffres qui seront reçus dans les bureaux de vote.
Ainsi, dès que les bureaux de vote ont normalement fermé sans accrocs majeurs et que les décomptes ont commencé dans la transparence, en principe le pari est gagné pour l’organisation du scrutin. Tout le reste relève du postélectoral.
Réalisée par Bidi Ignace
Vous avez été commis à l’expertise électorale en Guinée-Bissau récemment. En quoi a consisté concrètement cette mission ?
Il s’agissait d’abord de s’assurer de l’impartialité, de la transparence, de la crédibilité et de la fiabilité du processus, dans un contexte du respect des droits de l’Homme et des libertés fondamentales. Ensuite, il s’agissait d’observer les comportements des acteurs principaux du processus électoral, dans le sens du respect des lois et réglementations en vigueur. Il fallait aussi partager avec la mission à cours terme, qui devrait être déployée, les informations et impressions recueillies sur le terrain, de façon à faciliter le travail ; de formuler en temps réel des analyses et recommandations crédibles et substantielles à l’attention de la commission de la Cedeao (Commission économiques des Etats de l’Afrique de l’Ouest, ndlr) ; de servir de mécanisme d’alerte précoce pour les actions urgentes à mener en vue de contribuer à prévenir les conflits. Enfin, il s’agissait de créer, par la présence physique et les actions menées, une atmosphère de confiance et d’encourager la participation des citoyens au processus électoral.
Une tâche particulière vous a été certainement confiée dans cette panoplie de termes de référence….
Plus spécifiquement, l’expert des élections était chargé de rester quotidiennement en contact avec la commission nationale des élections pour suivre la bonne évolution des étapes du processus. Il devait aussi avoir des échanges périodiques avec les acteurs sur le terrain, notamment les commissions régionales des élections, les Ong et les autres observateurs. Ceci, pour avoir le point réel de la situation du terrain. Il devait aussi détecter les éventuelles failles du système, suite aux différents échanges et au suivi quotidien, pour faire des propositions de solutions concises et claires à la commission de la Cedeao. Il devait aussi préparer des fiches de terrain pour la mission d’observation électorale de court terme, en ce qui concerne les axes routiers, l’hébergement, les conditions générales de travail dans les différentes localités. Et, enfin, formuler des recommandations générales dans le domaine des élections à la commission de la Cedeao.
En Côte d’Ivoire, la société civile a suivi de bout en bout le processus électoral. En a-t-il été de même là-bas?
Il faut dire qu’en Guinée-Bissau, la société civile n’est pas très forte parce qu’elle
n’est pas organisée. Il y avait donc un challenge de ce côté, qui consistait à avoir des personnes qui avaient suffisamment du recul pour vous apporter ce que vous vouliez savoir. En plus, nous sommes arrivés en Guinée-Bissau à une période où toute la presse publique, la télévision et la radio, étaient en grève pour pratiquement 4 mois d’arriérés de salaires. Les médias publics ne participaient donc pas à la couverture du processus ; il fallait trouver des relais sur place pour échanger avec la société civile.
Pareille situation ne va pas sans la suspicion, notamment entre les politiques. La méfiance des uns vis-à-vis des autres n’a-t-elle pas été un obstacle?
Le déficit de confiance entre les acteurs constitue toujours un handicap à la bonne organisation des joutes électorales. Mais la Cedeao, en envoyant des experts sur place, avait en vue d’apporter une solution à ce problème. Elle a donc envoyé sur place des experts internationaux pour que les acteurs nationaux se sentent rassurés en se disant qu’il y a des arbitres neutres et des gens qui vous envoient des expertises en tenant compte de leurs réalités. En fait, nous servions aussi de pont entre les différents acteurs. Ceci, afin de ramener la confiance. Il fallait trouver un juste milieu, échanger avec l’appareil judiciaire, tous les acteurs sur le terrain, les mettre en confiance et leur dire que nous sommes là pour justement faire en sorte que le processus se déroule dans la transparence.
Qu’est ce qui a pu retenir de façon exceptionnelle votre attention dans cette situation si sensible ?
En Guinée-Bissau, l’on venait de mettre en place une commission électorale. Je ne dis pas que ces acteurs n’étaient pas véritablement outillés, mais il y avait un travail immense à faire. Il fallait leur apporter un certain nombre de choses. Il leur était aussi difficile de communiquer et de sensibiliser les électeurs sur les décisions prises au fur et à mesure. On courait vers des difficultés quant à l’application des décisions émanant de la Commission nationale des élections. Nous avons donc proposé une plate-forme d’échanges qui réunissait tous les partis et les candidats en lice. Ensemble, ils prenaient les décisions difficiles ; à charge pour les partis et candidats de les faire passer aisément au niveau de leurs bases respectives. La plate-forme que nous avons conseillée, chapotée par la Commission nationale des élections, s’est avérée fort utile. Sur le terrain, par exemple, on se souvient que la Guinée-Bissau a adopté le système biométrique. Ce système devrait permettre de remettre les cartes d’électeurs aux titulaires immédiatement après l’enrôlement. Malheureusement, ce système a connu quelques défaillances dans les régions de Bafata et Gabu. Une semaine avant le jour du scrutin, plusieurs milliers d’électeurs n’avaient pu recevoir leurs cartes. Or, la loi électorale de la Guinée-Bissau interdit formellement le vote sans carte d’électeur. D’ailleurs, la distribution des cartes d’électeur devrait s’achever plusieurs semaines avant le jour du scrutin…
Comment avez-vous décanté la
situation ?
La distribution des cartes devait prendre fin plusieurs semaines avant le scrutin. Il n’y avait pas d’autre alternative. Nous avons proposé au sein de la plate-forme que l’on continue la distribution des cartes jusqu’au jour du scrutin et ensuite qu’il fallait mettre les cartes restantes à la disposition de leurs titulaires dans les bureaux de vote. Ce sont des choses que nous avons faites ici en Côte d’Ivoire. Cette solution a été la bienvenue. Car voyez-vous, nos hôtes allaient vers un blocage du processus parce que les gens allaient se dire : « plus de 12 000 cartes d’électeur non distribuées dans certaines régions, c’est trop !»
Les préoccupations des blocs antagonistes ont pu préoccuper l’expertise. Est-ce que ça été le cas ?
L’un des plus gros problèmes auquel nous avons fait face en Guinée-Bissau, était celui des médias publics. La télé et la radio ne voulaient pas couvrir les élections parce qu’elles observaient un mouvement de grève. Au dernier moment, nous avons eu des échanges avec la radio et la télévision, parce que l’équipe comprenait un expert qui s’occupait des questions de média. Il faut rappeler que nous étions six (6) experts : un analyste politique ; un expert des élections (ndlr, l’interviewé) ; un autre qui s’occupait des questions du genre et de prévention de conflits électoraux ; un expert des questions de média et de communication, un expert du domaine administratif et logistique ; et un autre expert des questions juridiques. Donc l’expert en matière de médias a été envoyé auprès de la presse écrite, la télévision et la radio pour leur faire comprendre qu’ils devaient, malgré tout, couvrir le processus électoral. Et heureusement, le “miracle”, pour utiliser votre terme, s’est produit, puisque les médias publics ont repris du service par la suite.
Dans quelle partie du pays avez-vous été déployé et quelle leçon tirez-vous de votre présence dans cette zone ?
J’ai couvert les régions de Bafata et de Gabu que j’ai visitées dans la période de la campagne électorale. Le jour du scrutin, je supervisais donc ces deux régions par l’entremise des observateurs électoraux de court terme. On peut retenir que nonobstant quelques détails spécifiques, les préoccupations relatives à la supervision des élections sont pareilles partout. Il faut savoir les aborder avec tact et subtilité, étant entendu que l’expert des élections ne doit pas s’ériger en donneur de leçons ; il doit faire montre d’une bonne capacité de médiation et user de la méthode participative pour mettre les acteurs d’accord. D’ailleurs, en tant qu’expert chargé des opérations électorales, le jour du scrutin, les écueils des sept autres régions de la Guinée-Bissau m’étaient aussi soumis et nous formulions des recommandations au fur et à mesure.
On peut retenir que le manque de confiance peut susciter de gros problèmes là où il n’y en a pas véritablement. Le manque de confiance est l’une des causes essentielles de l’interruption violente du processus électoral en Guinée-Bissau en 2012. C’est ce déficit que la Cedeao a comblé en 2014, par le déploiement d’experts internationaux, afin que les élections puissent être menées à bonne fin. Quand il y a un déficit de confiance, l’œil extérieur peut combler ce déficit et restaurer la confiance. D’ailleurs, ce n’est pas qu’en Guinée-Bissau qu’on a préconisé cela. Ici en Côte d’Ivoire, par exemple, la certification des élections par l’Onuci a joué un rôle important non seulement pour parvenir aux élections, mais aussi pour trancher le contentieux. Tous les Bissau-guinéens et la communauté internationale s’accordent à reconnaître aujourd’hui que la forte implication de la Cedeao a eu une influence positive sur la tenue de ces élections couplées.
En outre, on peut retenir que l’on peut faire confiance aux Ivoiriens parce que du crédit leur est accordé ailleurs, quant à leur expérience et leur expertise en matière d’organisation des élections.
A quel moment de la journée l’expert se dit qu’il a gagné le pari ?
Si les bureaux de vote ont ouvert à temps et qu’ils sont normalement pourvus d’agents ; si le matériel sensible (bulletins de vote, encre indélébile, listes d’émargement…) est fourni en nombre suffisant dans les bureaux de vote ; si le vote se déroule sans difficultés majeures dans les différents centres de vote ; si les agents de bureaux de vote ne notent pas une insuffisance criante de copies de procès-verbaux et que tout cela se passe allègrement jusqu’à la mi-journée ; alors, le superviseur des élections peut déjà commencer à souffler. Il peut souffler tout en restant en alerte et prêt à monter au créneau pour régler tout problème qui pourrait surgir dans un lieu de vote. Dans l’après-midi, le superviseur devrait commencer à apprêter le terrain pour le décompte des voix, en s’assurant que les bureaux de vote disposent suffisamment de procès-verbaux vierges ; que l’éclairage est suffisant pour procéder aux opérations d’après vote ; qu’il y a suffisamment de scellés…
S’il y a un problème sur l’un de ces éléments, par exemple, si dans un centre, une insuffisance de Pv est signalée, il faut rapidement faire en sorte qu’il y ait des Pv additionnels avant la fin du vote, pour qu’on puisse reporter tous les chiffres qui seront reçus dans les bureaux de vote.
Ainsi, dès que les bureaux de vote ont normalement fermé sans accrocs majeurs et que les décomptes ont commencé dans la transparence, en principe le pari est gagné pour l’organisation du scrutin. Tout le reste relève du postélectoral.
Réalisée par Bidi Ignace