Au terme d'une visite en Suisse, le ministre Gnamien Konan s'est dit largement convaincu par le modèle helvétique des cours à distance.
Quel sens donnez-vous à votre visite en Suisse ?
Après ma nomination, j'ai fait le constat que l'offre des infrastructures universitaires était largement en dessous de la demande. Dans les trois prochaines années, nous allons avoir 300 mille nouveaux bacheliers qui vont venir augmenter de 200% l'effectif actuel de l'enseignement supérieur public. L'autre constat que j'ai fait, et ça c'est lorsque j'étais ministre de la Fonction publique, c'est que les diplômés de l'enseignement supérieur ont du mal à s'insérer dans le monde du travail. Une question donc d'employabilité ou si vous voulez d'adéquation formation-emploi. Pour me résumer, il y a d'une part l'insuffisance des infrastructures et d'autre part, l'inadéquation formation-emploi. Je suis donc à la recherche d'un modèle capable de régler ces deux problèmes majeurs. D'où ma présence ici en Suisse.
Au cours de vos différentes rencontres avec les présidents des universités suisses, vous semblez avoir opté pour l'enseignement en ligne. Comment comptez-vous appliquer ce système d'enseignement en Côte d'Ivoire ?
L'enseignement à distance existe depuis plusieurs décennies. Dans le temps, quand les étudiants n'allaient pas à l'amphithéâtre et qu'ils photocopiaient les cours pris par leurs camarades, ils faisaient déjà de l'enseignement à distance !
Ce que je veux simplement dire, c'est que les technologies de l'information et de la communication nous offrent aujourd'hui une opportunité historique. Il faut trouver des solutions une partie des problèmes qui se posent au monde de l'éducation et de la formation. Nous pensons donc qu’en réglant au préalable les questions d'accès aux ordinateurs et à leurs connexions, ce modèle d'enseignement pourra être, pour nous, une grande solution pour régler le problème des sureffectifs dans nos universités
Quand allez-vous finaliser cet accord bilatéral ?
Un cadre de coopération dans le domaine de l'enseignement supérieur existe entre la Suisse et notre pays. Nous voulons donc utiliser ce cadre pour signer des conventions dans des domaines plus précis, tel que l'enseignement à distance. Nous leur avons d'ailleurs dit que nous voulons qu'ils nous accompagnent dans ce projet. Pour qu'ensuite, nous soyons capables de le conduire seuls. Car nous nourrissons beaucoup d'ambitions dans ce domaine.
Je rêve d'une Côte d'Ivoire capable de devenir une société de la connaissance et du savoir, où l'on peut apprendre à tout âge et où l'on peut apprendre quel que soit l'endroit où l'on se trouve. Que l'on soit en stage, en situation d'emploi ou en vacances, l'on puisse apprendre dès lors qu'on en éprouve le besoin et la volonté. C'est cela la societé du futur ! Et c'est le rêve que je fais pour mon pays.
En Suisse, les enseignants-chercheurs sont tous recrutés sur contrat pour une meilleure efficacité dans leur travail. Comptez-vous en faire de même en Côte d'Ivoire ?
Avec l'ensemble des présidents d'université et des doyens des Ufr en Côte d'Ivoire, nous avons décidé qu'au mois de juillet, nous organiserons un grand séminaire sur l'enseignement supérieur. Pour atteindre les objectifs que nous nous sommes fixés, nous allons étendre nos réflexions sur l'éducation et la formation en Côte d'Ivoire. Car l'enseignement supérieur ne travaille qu'avec les matières premières que lui offrent les enseignements secondaire et primaire. C'est une analyse globale qui attend des solutions globales ! Et à cette occasion, les problèmes de gouvernance seront abordés et débattus. Comment recruter les enseignants? Comment choisir les présidents d'université ? Toutes ces questions-là seront sur le tapis. Et c'est ensemble que nous allons trouver les solutions les plus spécifiques pour l'intérêt de la Côte d'Ivoire.
Dans la délégation de présidents d'université et de grande école qui vous accompagne, l'on note la présence de présidents d'université privée. Quel type de partenariat votre ministère entretient-il avec le privé ?
Le ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique a la responsabilité politique et administrative de l'enseignement supérieur public et privé. Vous savez qu'en raison des insuffisances en matière d'infrastructures, le gouvernement oriente près de la moitié des bacheliers dans le privé, au moins pendant les deux premières années de leurs études. Dans les réflexions que nous sommes en train de mener, nous associons étroitement les responsables de l'enseignement supérieur privé. Car nous sommes, comme je l'ai indiqué tantôt, à la recherche d'une solution globale. Ils sont avec nous ici en Suisse et ils seront avec nous lors du séminaire prévu au mois de juillet à Yamoussoukro.
Comment sont organisées les structures de soutien à la recherche en Côte d'Ivoire ?
Ce qui nous manque, c'est la promotion des résultats obtenus par nos structures de recherche. Ce qui nous manque, aujourd'hui, c'est un peu plus de financement pour la recherche scientifique. Le séminaire de Yamoussoukro intègrera, bien entendu, les problèmes de la recherche. Si nous insistons sur l'enseignement supérieur, c'est parce que c'est se secteur qui fabrique les chercheurs. Pour revenir aux structures de recherches, je pourrai vous citer le Cnra (Centre national de recherche agronomique) et l'Institut Pasteur qui ont déjà fait la preuve de leur efficacité. Nous voulons les accompagner pour que les résultats soient meilleurs
Maintenant que vous avez validé les cours à distance dans les universités ivoiriennes pour les jours à venir, quel message voulez-vous délivrer à ceux qui sont pessimistes ?
Je tiens à rassurer les uns et les autres sur le projet de l'enseignement à distance. Nous ne cherchons nullement à nous imposer à eux. Mais plutôt à leur proposer des solutions de substitution qui ont fait leurs preuves ailleurs. En ce qui nous concerne, il faudra aller progressivement : combiner graduellement l'enseignement à distance avec le présentiel et faire régulièrement des bilans sur l'efficacité de ce mode d'enseignement avant d'aller plus loin. Il n'y a pas lieu d'avoir peur, car aujourd'hui à travers le monde, des milliers d'étudiants se documentent en allant sur des biblothèques numériques ou sur des moteurs de recherche. Nos étudiants échangent déjà beaucoup avec leurs professeurs sur le net. L'enseignement à distance n'est donc pas une révolution.
Interview réalisée en Suisse par Momo Louis
Envoyé spécial
Quel sens donnez-vous à votre visite en Suisse ?
Après ma nomination, j'ai fait le constat que l'offre des infrastructures universitaires était largement en dessous de la demande. Dans les trois prochaines années, nous allons avoir 300 mille nouveaux bacheliers qui vont venir augmenter de 200% l'effectif actuel de l'enseignement supérieur public. L'autre constat que j'ai fait, et ça c'est lorsque j'étais ministre de la Fonction publique, c'est que les diplômés de l'enseignement supérieur ont du mal à s'insérer dans le monde du travail. Une question donc d'employabilité ou si vous voulez d'adéquation formation-emploi. Pour me résumer, il y a d'une part l'insuffisance des infrastructures et d'autre part, l'inadéquation formation-emploi. Je suis donc à la recherche d'un modèle capable de régler ces deux problèmes majeurs. D'où ma présence ici en Suisse.
Au cours de vos différentes rencontres avec les présidents des universités suisses, vous semblez avoir opté pour l'enseignement en ligne. Comment comptez-vous appliquer ce système d'enseignement en Côte d'Ivoire ?
L'enseignement à distance existe depuis plusieurs décennies. Dans le temps, quand les étudiants n'allaient pas à l'amphithéâtre et qu'ils photocopiaient les cours pris par leurs camarades, ils faisaient déjà de l'enseignement à distance !
Ce que je veux simplement dire, c'est que les technologies de l'information et de la communication nous offrent aujourd'hui une opportunité historique. Il faut trouver des solutions une partie des problèmes qui se posent au monde de l'éducation et de la formation. Nous pensons donc qu’en réglant au préalable les questions d'accès aux ordinateurs et à leurs connexions, ce modèle d'enseignement pourra être, pour nous, une grande solution pour régler le problème des sureffectifs dans nos universités
Quand allez-vous finaliser cet accord bilatéral ?
Un cadre de coopération dans le domaine de l'enseignement supérieur existe entre la Suisse et notre pays. Nous voulons donc utiliser ce cadre pour signer des conventions dans des domaines plus précis, tel que l'enseignement à distance. Nous leur avons d'ailleurs dit que nous voulons qu'ils nous accompagnent dans ce projet. Pour qu'ensuite, nous soyons capables de le conduire seuls. Car nous nourrissons beaucoup d'ambitions dans ce domaine.
Je rêve d'une Côte d'Ivoire capable de devenir une société de la connaissance et du savoir, où l'on peut apprendre à tout âge et où l'on peut apprendre quel que soit l'endroit où l'on se trouve. Que l'on soit en stage, en situation d'emploi ou en vacances, l'on puisse apprendre dès lors qu'on en éprouve le besoin et la volonté. C'est cela la societé du futur ! Et c'est le rêve que je fais pour mon pays.
En Suisse, les enseignants-chercheurs sont tous recrutés sur contrat pour une meilleure efficacité dans leur travail. Comptez-vous en faire de même en Côte d'Ivoire ?
Avec l'ensemble des présidents d'université et des doyens des Ufr en Côte d'Ivoire, nous avons décidé qu'au mois de juillet, nous organiserons un grand séminaire sur l'enseignement supérieur. Pour atteindre les objectifs que nous nous sommes fixés, nous allons étendre nos réflexions sur l'éducation et la formation en Côte d'Ivoire. Car l'enseignement supérieur ne travaille qu'avec les matières premières que lui offrent les enseignements secondaire et primaire. C'est une analyse globale qui attend des solutions globales ! Et à cette occasion, les problèmes de gouvernance seront abordés et débattus. Comment recruter les enseignants? Comment choisir les présidents d'université ? Toutes ces questions-là seront sur le tapis. Et c'est ensemble que nous allons trouver les solutions les plus spécifiques pour l'intérêt de la Côte d'Ivoire.
Dans la délégation de présidents d'université et de grande école qui vous accompagne, l'on note la présence de présidents d'université privée. Quel type de partenariat votre ministère entretient-il avec le privé ?
Le ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique a la responsabilité politique et administrative de l'enseignement supérieur public et privé. Vous savez qu'en raison des insuffisances en matière d'infrastructures, le gouvernement oriente près de la moitié des bacheliers dans le privé, au moins pendant les deux premières années de leurs études. Dans les réflexions que nous sommes en train de mener, nous associons étroitement les responsables de l'enseignement supérieur privé. Car nous sommes, comme je l'ai indiqué tantôt, à la recherche d'une solution globale. Ils sont avec nous ici en Suisse et ils seront avec nous lors du séminaire prévu au mois de juillet à Yamoussoukro.
Comment sont organisées les structures de soutien à la recherche en Côte d'Ivoire ?
Ce qui nous manque, c'est la promotion des résultats obtenus par nos structures de recherche. Ce qui nous manque, aujourd'hui, c'est un peu plus de financement pour la recherche scientifique. Le séminaire de Yamoussoukro intègrera, bien entendu, les problèmes de la recherche. Si nous insistons sur l'enseignement supérieur, c'est parce que c'est se secteur qui fabrique les chercheurs. Pour revenir aux structures de recherches, je pourrai vous citer le Cnra (Centre national de recherche agronomique) et l'Institut Pasteur qui ont déjà fait la preuve de leur efficacité. Nous voulons les accompagner pour que les résultats soient meilleurs
Maintenant que vous avez validé les cours à distance dans les universités ivoiriennes pour les jours à venir, quel message voulez-vous délivrer à ceux qui sont pessimistes ?
Je tiens à rassurer les uns et les autres sur le projet de l'enseignement à distance. Nous ne cherchons nullement à nous imposer à eux. Mais plutôt à leur proposer des solutions de substitution qui ont fait leurs preuves ailleurs. En ce qui nous concerne, il faudra aller progressivement : combiner graduellement l'enseignement à distance avec le présentiel et faire régulièrement des bilans sur l'efficacité de ce mode d'enseignement avant d'aller plus loin. Il n'y a pas lieu d'avoir peur, car aujourd'hui à travers le monde, des milliers d'étudiants se documentent en allant sur des biblothèques numériques ou sur des moteurs de recherche. Nos étudiants échangent déjà beaucoup avec leurs professeurs sur le net. L'enseignement à distance n'est donc pas une révolution.
Interview réalisée en Suisse par Momo Louis
Envoyé spécial