La redistribution des cartes au secrétariat général du Fpi a certes ébranlé certains militants pour diverses raisons, mais elle n’a été rejetée par aucune structure du parti encore moins le département de Gagnoa.
La nouvelle direction du Front populaire ivoirien (Fpi) publiée le week-end dernier par le président Affi N’Guessan est au centre d’une vive polémique. Une revue de la presse nationale d’hier mardi montre clairement l’intérêt que revêtent les changements survenus. Pas seulement au sein du Fpi, lui-même, mais aussi et surtout dans le camp de ses adversaires. Ceux-là qui rêvent de voir le parti de Laurent Gbagbo se casser pour qu’ils aient le sommeil profond s’en donnent à cœur joie en essayant de monter en épingle quelques frustrations bien compréhensibles quand surviennent des changements mais qui n’ont pas forcément l’ampleur que l’on veut leur donner.
« Après le réaménagement du secrétariat général du Fpi, Gagnoa dit non à Affi », titre en grande Une, Le Patriote, le quotidien du Rdr. Qui ajoute : « les militants : il veut effacer Gbagbo ».
L’Expression, un autre quotidien proche du Rdr, poursuit avec le titre : « succession de Laurent Gbagbo : le feu couve toujours au Fpi » et un sous-titre : « la libération de Gbagbo passe au second plan ».
Le Nouveau Réveil, le quotidien du Pdci-Rda, abonde dans le même sens.
« Guerre de succession ouverte au Fpi : les faucons peuvent-ils vraiment renverser Affi ? », barre-t-il sa Une. Avec des sous-titres les uns aussi évocateurs que les autres : « comment le président du Fpi manœuvre contre la fronde ; dessous et enjeux d’une guerre qui dépasse Gbagbo, Affi et le Fpi ».
Les deux quotidiens du groupe Olympe ne sont pas en reste. « ça bouillonne au Fpi : quelque chose se prépare contre Affi N’Guessan ; les dessous des nominations », titre Soir Info. Quant à l’Inter, il soutient que « Affi joue gros ».
Ainsi donc, le réaménagement à la direction du Fpi ne laisse personne indifférent principalement parce que, plus de trois ans après son éviction du pouvoir, le Fpi reste un parti très important sur l’échiquier politique national. C’est déjà là, la preuve de l’échec de ceux qui croyaient pouvoir anéantir le parti créé par Gbagbo.
Ensuite, on constate que le réaménagement à la direction du Fpi, ne fait pas que des heureux. Il y a assurément des personnes qui n’approuvent pas les choix de Pascal Affi N’Guessan. Et qui ne le font pas toujours savoir à visage découvert. Connaissant certains de ceux qui ont été affectés à d’autres fonctions et leur intégrité morale, il n’y a aucun doute qu’ils ont dit au président Affi ce qu’ils pensaient de ses changements quand celui-ci les a reçus pour les en informer.
C’est d’ailleurs l’une des caractéristiques du Fpi. Les débats ouverts et parfois houleux qui se déroulent au secrétariat général et au comité central en sont la parfaite illustration. Les cadres et autres membres des différentes instances disent clairement, sans langue de bois, ce qu’ils pensent. Ils défendent toujours leurs opinions jusqu’au bout quitte à être mis en minorité. Les derniers événements ont d’ailleurs montré que le président du Fpi, lui-même, n’impose pas toujours ses points de vue aux autres quand bien même il estime avoir raison. On ne n’évoquera pas assez, le débat autour du mot d’ordre de boycott du recensement général de la population et de l’habitat.
Donc, le Fpi est un parti où la démocratie interne fonctionne à plein régime. Ainsi, des militants fussent-ils de Gagnoa peuvent bien désapprouver certains choix d’Affi N’Guessan parce qu’ils auraient voulu que ce soit tel ou tel autre à tel ou tel poste. Par exemple, certains aimeraient bien que Laurent Akoun reste le secrétaire général du parti parce qu’ils estiment que c’est lui qui est capable de tenir la dragée haute au régime en place. Et c’est bien leur droit puisqu’ils ne sont pas obligés d’être d’accord avec les choix d’Affi N’Guessan. Et pourtant, d’autres estiment que Mme Agnès Monnet est une dame à poigne, qui a des compétences avérées. En plus personne ne remet en cause son militantisme.
Ces contradictions ne signifient pas pour autant que Gagnoa dit non à Affi N’Guessan, comme l’affirme Le Patriote. L’assemblée de la fédération Fpi de Gagnoa ne s’est pas réunie pour se prononcer sur les changements opérés. La bonne preuve qu’il s’agit d’expressions individuelles, c’est qu’au même moment, l’ex- ministre Bertin Kadet qui est également fils de Gagnoa soutient les choix du président Affi N’Guessan. Pourquoi ces militants du Fpi qui s’expriment dans le journal du Rdr seraient-ils plus crédibles et plus soucieux de l’intérêt du Fpi qu’un autre militant qui s’exprime dans le journal proche de son parti ?
Evidemment, l’idée qui sous-tend la Une du Patriote, c’est le tribalisme ambiant entretenu par le régime Ouattara qui voudrait faire croire que les parents de Gbagbo n’acceptent pas Affi N’Guessan. Ils croient que tous les partis sont adeptes du « rattrapage ethnique » qu’Alassane Ouattara a érigé en mode gestion de l’Etat. Les suiveurs du régime actuel oublient certainement l’accueil historique que les populations de Gagnoa ont réservé à Affi N’Guessan lors de sa visite non moins historique après sa sortie de prison en 2013.
Maintenant la question qui se pose est de savoir si les contradictions au sein du Fpi sont si exacerbées que certains parlent de crise ou même de renversement du président Affi.
Ce que personne ne peut occulter, c’est qu’il existe un vif débat au sein du Fpi au sujet de la stratégie à adopter en vue d’affronter les défis qui se présentent au parti depuis qu’il a été évincé du pouvoir. La question qui se pose est celle-ci : le Fpi doit-il consacrer toutes ses forces à la lutte pour la libération du président Gbagbo en faisant l’impasse sur toutes les autres questions ? Ou encore, le Fpi doit-il lutter pour la libération du président Gbagbo tout en cherchant à reconquérir le pouvoir ?
Sur cette problématique, chacun a sa position. Même si le comité central est foncièrement pour que la direction du Fpi fasse de la lutte pour la libération du président Gbagbo, la priorité des priorités. Mais c’est un débat qui devra être définitivement tranché par le prochain congrès qui, selon des sources, se tiendra avant la fin de l’année. Dans cette perspective, bien sûr, les uns et les autres peuvent bien s’organiser pour faire triompher leurs idées. En groupe ou individuellement. C’est, bien sûr, le triomphe du débat d’idées.
Ceux qui ont été formatés par 40 ans de parti unique, et donc d’unanimisme, ne peuvent toujours percevoir toutes ces subtilités de la politique. Alors, ils parlent de putsch quand deux personnes se réunissent. Et c’est aussi la raison pour laquelle les prisons du pays sont pleines d’innocentes personnes accusées à tort de complot contre le régime Ouattara.
Les cadres du Fpi qui ne partagent pas forcément les idées du président Affi savent qu’ils peuvent s’organiser pour défendre leurs positions. Ils ont, pour cela, les assemblées de section, de fédération, les conventions et les congrès pour faire valoir leurs avis. Certains peuvent le faire au secrétariat général et au comité central. Et si cela ne suffit pas, ils peuvent faire des interviews dans la presse pour faire connaître leur différence. Mais ils sont assez mûrs pour comprendre qu’on ne peut pas condamner un putsch contre Gbagbo et en même temps faire un putsch contre Affi. Ce serait illogique et même contre-productif. Et ce serait totalement déshonorant pour ses auteurs.
Augustin Kouyo
La nouvelle direction du Front populaire ivoirien (Fpi) publiée le week-end dernier par le président Affi N’Guessan est au centre d’une vive polémique. Une revue de la presse nationale d’hier mardi montre clairement l’intérêt que revêtent les changements survenus. Pas seulement au sein du Fpi, lui-même, mais aussi et surtout dans le camp de ses adversaires. Ceux-là qui rêvent de voir le parti de Laurent Gbagbo se casser pour qu’ils aient le sommeil profond s’en donnent à cœur joie en essayant de monter en épingle quelques frustrations bien compréhensibles quand surviennent des changements mais qui n’ont pas forcément l’ampleur que l’on veut leur donner.
« Après le réaménagement du secrétariat général du Fpi, Gagnoa dit non à Affi », titre en grande Une, Le Patriote, le quotidien du Rdr. Qui ajoute : « les militants : il veut effacer Gbagbo ».
L’Expression, un autre quotidien proche du Rdr, poursuit avec le titre : « succession de Laurent Gbagbo : le feu couve toujours au Fpi » et un sous-titre : « la libération de Gbagbo passe au second plan ».
Le Nouveau Réveil, le quotidien du Pdci-Rda, abonde dans le même sens.
« Guerre de succession ouverte au Fpi : les faucons peuvent-ils vraiment renverser Affi ? », barre-t-il sa Une. Avec des sous-titres les uns aussi évocateurs que les autres : « comment le président du Fpi manœuvre contre la fronde ; dessous et enjeux d’une guerre qui dépasse Gbagbo, Affi et le Fpi ».
Les deux quotidiens du groupe Olympe ne sont pas en reste. « ça bouillonne au Fpi : quelque chose se prépare contre Affi N’Guessan ; les dessous des nominations », titre Soir Info. Quant à l’Inter, il soutient que « Affi joue gros ».
Ainsi donc, le réaménagement à la direction du Fpi ne laisse personne indifférent principalement parce que, plus de trois ans après son éviction du pouvoir, le Fpi reste un parti très important sur l’échiquier politique national. C’est déjà là, la preuve de l’échec de ceux qui croyaient pouvoir anéantir le parti créé par Gbagbo.
Ensuite, on constate que le réaménagement à la direction du Fpi, ne fait pas que des heureux. Il y a assurément des personnes qui n’approuvent pas les choix de Pascal Affi N’Guessan. Et qui ne le font pas toujours savoir à visage découvert. Connaissant certains de ceux qui ont été affectés à d’autres fonctions et leur intégrité morale, il n’y a aucun doute qu’ils ont dit au président Affi ce qu’ils pensaient de ses changements quand celui-ci les a reçus pour les en informer.
C’est d’ailleurs l’une des caractéristiques du Fpi. Les débats ouverts et parfois houleux qui se déroulent au secrétariat général et au comité central en sont la parfaite illustration. Les cadres et autres membres des différentes instances disent clairement, sans langue de bois, ce qu’ils pensent. Ils défendent toujours leurs opinions jusqu’au bout quitte à être mis en minorité. Les derniers événements ont d’ailleurs montré que le président du Fpi, lui-même, n’impose pas toujours ses points de vue aux autres quand bien même il estime avoir raison. On ne n’évoquera pas assez, le débat autour du mot d’ordre de boycott du recensement général de la population et de l’habitat.
Donc, le Fpi est un parti où la démocratie interne fonctionne à plein régime. Ainsi, des militants fussent-ils de Gagnoa peuvent bien désapprouver certains choix d’Affi N’Guessan parce qu’ils auraient voulu que ce soit tel ou tel autre à tel ou tel poste. Par exemple, certains aimeraient bien que Laurent Akoun reste le secrétaire général du parti parce qu’ils estiment que c’est lui qui est capable de tenir la dragée haute au régime en place. Et c’est bien leur droit puisqu’ils ne sont pas obligés d’être d’accord avec les choix d’Affi N’Guessan. Et pourtant, d’autres estiment que Mme Agnès Monnet est une dame à poigne, qui a des compétences avérées. En plus personne ne remet en cause son militantisme.
Ces contradictions ne signifient pas pour autant que Gagnoa dit non à Affi N’Guessan, comme l’affirme Le Patriote. L’assemblée de la fédération Fpi de Gagnoa ne s’est pas réunie pour se prononcer sur les changements opérés. La bonne preuve qu’il s’agit d’expressions individuelles, c’est qu’au même moment, l’ex- ministre Bertin Kadet qui est également fils de Gagnoa soutient les choix du président Affi N’Guessan. Pourquoi ces militants du Fpi qui s’expriment dans le journal du Rdr seraient-ils plus crédibles et plus soucieux de l’intérêt du Fpi qu’un autre militant qui s’exprime dans le journal proche de son parti ?
Evidemment, l’idée qui sous-tend la Une du Patriote, c’est le tribalisme ambiant entretenu par le régime Ouattara qui voudrait faire croire que les parents de Gbagbo n’acceptent pas Affi N’Guessan. Ils croient que tous les partis sont adeptes du « rattrapage ethnique » qu’Alassane Ouattara a érigé en mode gestion de l’Etat. Les suiveurs du régime actuel oublient certainement l’accueil historique que les populations de Gagnoa ont réservé à Affi N’Guessan lors de sa visite non moins historique après sa sortie de prison en 2013.
Maintenant la question qui se pose est de savoir si les contradictions au sein du Fpi sont si exacerbées que certains parlent de crise ou même de renversement du président Affi.
Ce que personne ne peut occulter, c’est qu’il existe un vif débat au sein du Fpi au sujet de la stratégie à adopter en vue d’affronter les défis qui se présentent au parti depuis qu’il a été évincé du pouvoir. La question qui se pose est celle-ci : le Fpi doit-il consacrer toutes ses forces à la lutte pour la libération du président Gbagbo en faisant l’impasse sur toutes les autres questions ? Ou encore, le Fpi doit-il lutter pour la libération du président Gbagbo tout en cherchant à reconquérir le pouvoir ?
Sur cette problématique, chacun a sa position. Même si le comité central est foncièrement pour que la direction du Fpi fasse de la lutte pour la libération du président Gbagbo, la priorité des priorités. Mais c’est un débat qui devra être définitivement tranché par le prochain congrès qui, selon des sources, se tiendra avant la fin de l’année. Dans cette perspective, bien sûr, les uns et les autres peuvent bien s’organiser pour faire triompher leurs idées. En groupe ou individuellement. C’est, bien sûr, le triomphe du débat d’idées.
Ceux qui ont été formatés par 40 ans de parti unique, et donc d’unanimisme, ne peuvent toujours percevoir toutes ces subtilités de la politique. Alors, ils parlent de putsch quand deux personnes se réunissent. Et c’est aussi la raison pour laquelle les prisons du pays sont pleines d’innocentes personnes accusées à tort de complot contre le régime Ouattara.
Les cadres du Fpi qui ne partagent pas forcément les idées du président Affi savent qu’ils peuvent s’organiser pour défendre leurs positions. Ils ont, pour cela, les assemblées de section, de fédération, les conventions et les congrès pour faire valoir leurs avis. Certains peuvent le faire au secrétariat général et au comité central. Et si cela ne suffit pas, ils peuvent faire des interviews dans la presse pour faire connaître leur différence. Mais ils sont assez mûrs pour comprendre qu’on ne peut pas condamner un putsch contre Gbagbo et en même temps faire un putsch contre Affi. Ce serait illogique et même contre-productif. Et ce serait totalement déshonorant pour ses auteurs.
Augustin Kouyo