Face au fossé numérique qui se creuse entre le Nord et le Sud, le Président Directeur Général du Groupe Alink Telecom, M. Louis Diakité, s’insurge contre les pratiques de prédation des grands groupes occidentaux en Afrique.
La conférence annuelle de African Business Lawyers’ Club (Ablc) organisé en partenariat avec le Medef, le mercredi 25 juin dernier au siège du patronat français à Paris, a tenu toutes ses promesses comme lors de l’édition précédente. Un succès à mettre à l’actif du savoir-faire de Mme Marilia Mayaki, présidente de cette dynamique association qui réunit depuis 2011 des jeunes professionnels du droit animés par la volonté de promouvoir, auprès d’investisseurs et de praticiens intéressés par l’Afrique, la pratique des affaires en Afrique.
Intervenant à la table ronde sur «Les Ntics en Afrique : levier d’émergence pour de nouvelles opportunités d’affaires», M. Louis Diakité n’y est pas allé du dos de la cuillère pour dénoncer les inégalités entre pays du Sud et pays du Nord dans l’usage et l’accès aux technologies de l’information et de la communication (Tic).
Qu’est-ce qui freine l’émergence de l’Afrique dans les Ntics ? Pour le Président Directeur Général Groupe Alink Telecom, l’explication se trouve dans la vente du patrimoine du continent à des intérêts extérieurs. «Sous la houlette de la Banque Mondiale et ses principes de bonne gouvernance, s’insurge-t-il, les pays africains ont vendu dans les années 90 leur patrimoine Ntic à des sociétés internationales européennes ou américaines, hypothéquant de fait l’héritage des générations futures.»
M. Diakité relève que contrairement à l’Opa sur l’Afrique, les occidentaux ont protégé leurs biens les plus précieux. «Il est difficile d’imaginer, fait-il remarquer, même aujourd’hui dans un monde plus libéral que les Etats français et américains acceptent de vendre respectivement France Telecom et AT&T à des intérêts extérieurs à leur pays.»
Une situation qui n’est pas sans conséquence. «Les monopoles d’Etats, fait-il savoir, ont été remplacés par des monopoles privés qui ont freiné la croissance du continent africain dans le domaine des Ntics en neutralisant à la base tout ce qui aurait pu leurs faire concurrence.»
Le conférencier a cité comme exemple la 3G, la révolution technologique qui a permis à tout le monde d’avoir accès aux abonnés d’un opérateur Mobile via l’internet. Selon lui, « mis à part certains pays comme l’Afrique du Sud, l’accès était jalousement gardé par les opérateurs Mobiles africains à capitaux étrangers au continent.»
Poursuivant dans la même veine, le patron du Groupe Alink Telecom a dénoncé la fuite de cerveaux. «Sous couvert de prime à l’innovation, peste-t-il, les entreprises occidentales organisent des concours pour sélectionner nos meilleurs cerveaux et s’approprier les droits intellectuels de leurs applications.»
Dans sa diatribe, M. Diakité a fait observer que la disparité entre le Nord et le Sud s’observe également sur le prix du Mégabit Internet. Celui-ci est toujours supérieur à 100 euros/Mb/mois dans plus de 98% des pays sur le continent alors qu’il est inférieur à 2 euros/Mb/mois en France. Et, ce n’est pas tout. Le Taux de pénétration de l’internet Haut Débit en Afrique est inférieur à 10% pour cause de non attractivité des prix. C’est une des explications de la faible pénétration du Haut Débit en Afrique.
Dans cette affaire, les pouvoirs publics ont leur part de responsabilité. Pour le conférencier, «le manque de régulateurs forts trop souvent influencés par les pouvoirs politiques et les opérateurs dominants qui représentent une manne financière non négligeable, empêchent encore l’émergence, la créativité et l’éclosion de nombreuses sociétés.»
En dépeignant cette situation jugée révoltante, le conférencier a admis que cette Opa n’a pas eu que des conséquences négatives. Hormis la floraison des écoles de formations en informatiques, «l’appropriation des Technologies ont permis aux Africains de faire un grand pas dans l’ère numérique. Malgré un contexte difficile, nous avons connu l’émergence de quelques sociétés qui se sont développées dans les maigres espaces que leurs laissaient les dominants. »
La société nigérienne «Glo» ou «MainOne» qui compte parmi les premières à posséder leur propre câble sous-marin en est un bel exemple. C’est également le cas des Mpesa, le système de paiement mobile, développés au Kenya qui est utilisé en Angleterre par Vodafone pour ses applications de Mobile Money.
Pragmatique sur la question de la fracture numérique, M. Diakité a fait des recommandations pour remédier à la déplaisante situation. Il conseille que l’Afrique rattrape, tout d’abord, son grand retard en matière d’infrastructures. Il s’agit d’un marché qui devrait représenter plusieurs centaines de milliards de dollars. «Nous devons, indique-t-il, développer les applications qui nous permettront de gérer notre environnement. Nous avons besoin des Ntics pour rattraper le retard de nos économies, selon la Banque Mondiale, 10% d’investissement dans les Tics représentent 0,7% de croissance du PIB. »
Clément YAO
La conférence annuelle de African Business Lawyers’ Club (Ablc) organisé en partenariat avec le Medef, le mercredi 25 juin dernier au siège du patronat français à Paris, a tenu toutes ses promesses comme lors de l’édition précédente. Un succès à mettre à l’actif du savoir-faire de Mme Marilia Mayaki, présidente de cette dynamique association qui réunit depuis 2011 des jeunes professionnels du droit animés par la volonté de promouvoir, auprès d’investisseurs et de praticiens intéressés par l’Afrique, la pratique des affaires en Afrique.
Intervenant à la table ronde sur «Les Ntics en Afrique : levier d’émergence pour de nouvelles opportunités d’affaires», M. Louis Diakité n’y est pas allé du dos de la cuillère pour dénoncer les inégalités entre pays du Sud et pays du Nord dans l’usage et l’accès aux technologies de l’information et de la communication (Tic).
Qu’est-ce qui freine l’émergence de l’Afrique dans les Ntics ? Pour le Président Directeur Général Groupe Alink Telecom, l’explication se trouve dans la vente du patrimoine du continent à des intérêts extérieurs. «Sous la houlette de la Banque Mondiale et ses principes de bonne gouvernance, s’insurge-t-il, les pays africains ont vendu dans les années 90 leur patrimoine Ntic à des sociétés internationales européennes ou américaines, hypothéquant de fait l’héritage des générations futures.»
M. Diakité relève que contrairement à l’Opa sur l’Afrique, les occidentaux ont protégé leurs biens les plus précieux. «Il est difficile d’imaginer, fait-il remarquer, même aujourd’hui dans un monde plus libéral que les Etats français et américains acceptent de vendre respectivement France Telecom et AT&T à des intérêts extérieurs à leur pays.»
Une situation qui n’est pas sans conséquence. «Les monopoles d’Etats, fait-il savoir, ont été remplacés par des monopoles privés qui ont freiné la croissance du continent africain dans le domaine des Ntics en neutralisant à la base tout ce qui aurait pu leurs faire concurrence.»
Le conférencier a cité comme exemple la 3G, la révolution technologique qui a permis à tout le monde d’avoir accès aux abonnés d’un opérateur Mobile via l’internet. Selon lui, « mis à part certains pays comme l’Afrique du Sud, l’accès était jalousement gardé par les opérateurs Mobiles africains à capitaux étrangers au continent.»
Poursuivant dans la même veine, le patron du Groupe Alink Telecom a dénoncé la fuite de cerveaux. «Sous couvert de prime à l’innovation, peste-t-il, les entreprises occidentales organisent des concours pour sélectionner nos meilleurs cerveaux et s’approprier les droits intellectuels de leurs applications.»
Dans sa diatribe, M. Diakité a fait observer que la disparité entre le Nord et le Sud s’observe également sur le prix du Mégabit Internet. Celui-ci est toujours supérieur à 100 euros/Mb/mois dans plus de 98% des pays sur le continent alors qu’il est inférieur à 2 euros/Mb/mois en France. Et, ce n’est pas tout. Le Taux de pénétration de l’internet Haut Débit en Afrique est inférieur à 10% pour cause de non attractivité des prix. C’est une des explications de la faible pénétration du Haut Débit en Afrique.
Dans cette affaire, les pouvoirs publics ont leur part de responsabilité. Pour le conférencier, «le manque de régulateurs forts trop souvent influencés par les pouvoirs politiques et les opérateurs dominants qui représentent une manne financière non négligeable, empêchent encore l’émergence, la créativité et l’éclosion de nombreuses sociétés.»
En dépeignant cette situation jugée révoltante, le conférencier a admis que cette Opa n’a pas eu que des conséquences négatives. Hormis la floraison des écoles de formations en informatiques, «l’appropriation des Technologies ont permis aux Africains de faire un grand pas dans l’ère numérique. Malgré un contexte difficile, nous avons connu l’émergence de quelques sociétés qui se sont développées dans les maigres espaces que leurs laissaient les dominants. »
La société nigérienne «Glo» ou «MainOne» qui compte parmi les premières à posséder leur propre câble sous-marin en est un bel exemple. C’est également le cas des Mpesa, le système de paiement mobile, développés au Kenya qui est utilisé en Angleterre par Vodafone pour ses applications de Mobile Money.
Pragmatique sur la question de la fracture numérique, M. Diakité a fait des recommandations pour remédier à la déplaisante situation. Il conseille que l’Afrique rattrape, tout d’abord, son grand retard en matière d’infrastructures. Il s’agit d’un marché qui devrait représenter plusieurs centaines de milliards de dollars. «Nous devons, indique-t-il, développer les applications qui nous permettront de gérer notre environnement. Nous avons besoin des Ntics pour rattraper le retard de nos économies, selon la Banque Mondiale, 10% d’investissement dans les Tics représentent 0,7% de croissance du PIB. »
Clément YAO