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Politique Publié le mercredi 16 juillet 2014 | Nord-Sud

Nouveau secrétariat général du Fpi : Akoun, Douati et Kipré s’opposent à Affi

© Nord-Sud Par Atapointe
Conférence de presse du président du FPI
Jeudi 20 mars 2014. Abidjan. Riviera Attoban. Le président du FPI, Pascal Affi N`Guessan anime une conference de presse.
Face à la presse hier, au siège de leur parti, à Attoban, Laurent Akoun, Alphonse Douati et Tapé Kipré ont rejeté la nouvelle composition du Front populaire ivoirien (Fpi). Ci-après de larges extraits de leur déclaration.

(…) Nous sommes trois à co-animer cette conférence (le secrétaire général, Laurent Akoun, le vice-président Alphonse Douati et le secrétaire national, Tapé Kipré, et nous sous soumettrons ensemble, volontiers à vos questions, car nous nous devons de dire la vérité au peuple, celui-là même qui fonde un espoir sur notre parti qui se veut la conscience morale et politique de ce peuple.

Cette conférence, de notre point de vue, est une séance de clarification pour le parti. Nous sommes en République et dans un parti démocratique où la liberté d’opinion et le droit à la différence sont sacrés. Nous nous exprimons par ce biais parce que c’est par les médias que le scandale est survenu. Dès lors, ce cadre d’expression devient légitime pour la manifestation de la vérité.

Les faits :

Chers amis des medias, permettez-nous de présenter les faits qui nous réunissent ce jour. Par affichage dans la presse et sur les réseaux sociaux, le vendredi 4 juillet 2014, nous avons pris connaissance du document intitulé réorganisation de la direction du Fpi qui présente une décision n° 005-2014/PP/Fpi du 04 Juillet 2014, portant réaménagement technique du secrétariat général du Front populaire ivoirien. Il s’en est suivi une vague de mécontentements et une saisine collective du Comité de contrôle à l’effet d’invalidation de ce qui peut être considéré comme une décision émanant des instances statutaires du parti.

Plusieurs cadres du parti et non des moindres, montrent des signes d’agacement et refusent de siéger dans ce nouveau format du secrétariat général. Une pétition a même été signée qui montre l’ampleur du désastre que court le parti.

En attendant que le Comité de contrôle du parti, le « Conseil constitutionnel » du Fpi, livre les conclusions de sa saisine, nous membres du secrétariat général légal et légitime issu du 7 septembre 2014, saisissons cette occasion pour vous faire l’analyse de la situation. Les conséquences à tirer découlant des prérogatives du Comité de contrôle en dernier ressort du comité central, organes de direction et de décision qui exerce ses prérogatives entre les congrès et les conventions

Notre analyse :
De ce qui peut être considéré comme décision du président du Fpi portant réaménagement technique du secrétariat général du Front populaire ivoirien, nous pouvons aisément relever ce qui suit.

1- Sur la forme,

a. Le document qui est publié dans la presse et sur les réseaux sociaux ne présente aucune authentification du Fpi :

i. Pas d’identification visuelle, le logo officiel du FPI est inexistant, rendant le document banal pour une décision prise par le plus grand parti de Côte d’Ivoire,
ii. Pas de cachet officiel du Fpi, rendant le document non authentique.

b. Le document qui se veut le produit d’une réflexion murie, présente un intitulé non pourvu, notamment le point 24, le secrétariat national chargé des actions pour la libération de Laurent Gbagbo qui reste à pourvoir. Comment peut-on espérer y voir une réelle volonté de respecter les décisions du Comité central si on n’est pas capable de trouver au Fpi un cadre à même de tenir ce poste. Un point-presse, une session du secrétariat général et du Comité central et une conférence de presse sur le sujet n’ont pas permis de déceler la personne idoine. Impensable.

c. Le président sensé être élu depuis 2001, est nommé au même titre que les autres membres du secrétariat général.

Vous comprendrez donc mesdames et messieurs que sur la forme, le document tel que publié n’a pas valeur légale et ne peut valablement être opposable aux militants du Front populaire ivoirien. On aurait dit qu’il est nul et de nul effet.

2- Sur le fond,
a. A supposer que le document émane du président du Fpi et qu’il engage le parti, le document est publié le 04 juillet 2014 à partir de 23h 40 alors que le secrétariat général n’a pas été informé et le Comité central n’a pas validé la proposition. C’est une manière solitaire de prendre des décisions qui engagent gravement le parti et dont la diffusion est faite avant même d’être soumis au Comité central.

L’initiateur prend sur lui de nommer des secrétaires nationaux chargés des fédérations alors que le découpage n’a jamais fait l’objet d’une communication du secrétariat général au Comité central portant création de nouvelles fédérations comme le stipule l’article 34 de notre Règlement intérieur : « la création d’une fédération relève de la compétence du secrétariat général». Nulle part, il est question de la prérogative exclusive du président du parti.

Au surplus,
le Comité central réuni en session ordinaire le 1er février 2014, sous la présidence effective du président du Parti, le camarade Pascal Affi N’Guessan, note dans son communiqué final au paragraphe 7 point 1 que : « relativement à la redynamisation des structures de base, le Comité central après en avoir délibéré, a instruit le secrétariat général de hâter le processus de normalisation de la vie dans les structures de base. Aussi, le Comité central décide-il que aucun découpage de fédération, sauf dérogation spéciale, ne sera autorisé jusqu’au prochain progrès ». On ne peut donc délibérément se mettre en porte-à-faux des décisions du Comité central et espérer être cautionné par les militants. Ces découpages anticipés concernent :
104. SN chargé des fédérations d’Abidjan-Banco : Zaba Zadi Lazare 105. SN chargé des fédérations d’Abidjan-sud : Elloh Ouégnin 108. SN chargé des fédérations d’Abidjan-Lagune : Niamba N’Drin Benjamin 122. SN chargé des fédérations de la région du Sud-Comoé 2 : Bohui Faustin.

b. L’initiateur du document se donne le droit de nommer le président du parti en l’article 1 : « Article 1er : sont nommés membres du secrétariat général du Front populaire ivoirien les personnalités dont les noms suivent : président : Affi N’Guessan Pascal », en total violation des statuts article 31 alinéa 4, « le congrès est compétent pour investir le président du parti et le président du Comité de contrôle », article 41 qui stipule que : « le Fpi est dirigé par un président élu par les assemblées fédérales et investi par le congrès ». Est-ce une façon de se mettre au-dessus du congrès et se donner les pouvoirs des instances du parti ? Une telle démarche frise le déni du droit de la communauté et s’enfonce dans une féodalité abjecte.
c. Le président du parti démet et rétrograde des membres du secrétariat général sans qu’il soit fait mention par notification de leurs défaillances comme le demande les statuts à l’article 42 alinéa 4 : « le président nomme les membres du secrétariat général [….], il procède au remplacement des membres défaillants ». Ainsi, 8 personnes sont révoquées sans ménagement, 12 personnes connaissent une rétrogradation et 42 personnes font leur entrée. On y trouve même des personnes bombardées au sommet du parti sans qu’on ait connaissance de leur passé militant dans aucune structure comme l’a résolu la dernière convention de février dernier qui a validé les strates de responsabilité des militants du parti. Au total, ce n’est plus un secrétariat général réaménagé selon l’esprit du Comité central, mais un nouveau secrétariat général qui connait un remue-ménage, sur 62 postes, sans l’avis de l’organe de décision. Un nouveau secrétariat général est donc mis en place de façon unilatérale par un seul individu, fut-il président de parti. La question que nous sommes en droit de nous poser est celle-ci : mais pour quel objectif tout cela? Par ailleurs, plusieurs postes sont dédoublés voir plus. Il s’agit, par exemple, des responsables chargés des élections dont le N°1 se trouve à la 53ème place, le N°2 à la 61ème place et le N°3 à la 99ème place. Il en est de même pour la politique extérieure qui occupe huit (8) personnalités comme suit :

7. 6ème vice-président, chargé des relations extérieures : Kodjo Richard ; 32. SN, chargé des relations diplomatiques et de la coopération internationale : Alcide Djédjé ; 39. SN, chargée de la diaspora et des représentations du Fpi à l’extérieur : Mme Brigitte Kuyo ; 60. SN chargé des affaires africaines : Koné Boubacar ; 65. SN, chargé des affaires internationales : Blé Kessé Adolphe ; 72. SN, chargé de la monnaie et de la politique d’intégration économique régionale (Uemoa-Cedeao): Tchéidé Jean Gervais ; 83. SN, chargé de la mondialisation et des politiques d’intégration : Gnagne Yadou ; 111. SN, chargée des affaires internationales : Mme Bio Bernardine.

Tout cela dénote une précipitation et un amateurisme intolérable. Une attitude grave qui indique le peu de respect pour les textes et un mépris incompréhensible pour les militants.
d. Au-delà des incongruités observées dans le document, c’est l’instrument de combat qui est menacé parce qu’il aurait pour mission la solidarité envers les prisonniers et les exilés, l’unité et la cohésion interne. Cet instrument ne peut être bouleversé de fond en comble sans l’aval du Comité central qui est notre boussole entre le congrès et les conventions. En réalité, les actes solitaires posés laissent à penser qu’on veut anéantir tous ceux qui incarnent Laurent Gbagbo et de les effacer de la mémoire collective. L’initiateur montre clairement qu’il ne veut pas se battre pour Laurent Gbagbo, là où le Comité central instruit de le mettre au centre des débats. Le président Laurent Gbagbo est à La Haye au nom de défense de la Côte d’Ivoire indépendante et souveraine. Il y est aussi à cause des militants de son parti et de ses camarades, conséquences de la mission que nous lui avons confiée de traduire dans les faits, les rêves de la refondation du pays, en tant que porte-étendard de la cause commune. Nous n’avons pas le droit de l’abandonner et de tenter de tourner sa page comme de vulgaires ingrats et nauséeux parricides. Or, que nous enseigne la sagesse malinké : « qu’il faut craindre l’ingratitude, car cela se paye tôt ou tard ».

e. Cette aventure solitaire est bel et bien un refus de la démocratie interne et le rejet du fonctionnement harmonieux de notre parti. Cette propension à ramer à contre-courant des décisions du Comité central au motif qu’on privilégie l’éthique de la responsabilité à l’éthique du principe, est une négation des prérogatives des organes du parti et une tentative d’usurpation des pouvoirs du Comité central. C’est purement et simplement un pieu planté dans la cohésion et une option sérieuse de la division irréversible du parti. Au moment où, le Comité central constate avec amertume que le pouvoir tente de tenir le Fpi éloigné ou à tout le moins de l’affaiblir irrémédiablement à échéance, afin de le rendre inapte aux consultations à venir et nous en voulons pour preuve l’incarcération de Laurent Gbagbo à La Haye, de Simone Gbagbo à Odienné, de plusieurs prisonniers politiques disséminés partout dans les geôles de la Côte d’Ivoire, le nombre ahurissant d’exilés politiques qui continuent d’être menacés par des mandats et des arrestations spectaculaires au mépris de la loi fondamentale, le gel abyssal des avoirs des citoyens a qui l’on ne reproche rien, les empêchements impulsifs à répétitions des manifestations de l’opposition, la désintégration de l’Etat face à une prise en otage de ses fondamentaux par une partie du peuple, etc. ; nous avons du mal à suivre la ligne politique indiquée par le Comité central et qui nous a permis de prendre des Bastilles et surtout de maintenir le parti en vie et qui devrait nous permettre de faire face avec efficacité aux différents défis qui se présentent à lui.

Ces défis majeurs tournent notamment autour des points suivants :
a) la libération du président
Laurent Gbagbo,
b) la libération sans condition de Simone Gbagbo et de tous les autres détenus civils et militaires ;
c) le retour de tous les exilés,
refugiés et les déplacés ;
d) l’arrêt de toutes les procédures judiciaires à l’encontre des libérés provisoires;
e) la régularisation administrative
et le dégel des avoirs de toutes les personnalités de l’opposition;
f) l’amnistie générale de toutes les personnes en liberté provisoire et celles condamnées

Conclusion
Chers amis, nous sommes en droit d’en prendre conscience et interpeller quiconque voudrait se dérober à ces réalités intangibles.

C’est pourquoi et en conséquence de cause, au regard du fond du document, il pèse une lourde suspicion légitime sur son initiateur quant à sa volonté de contourner et violer délibérément les textes du Parti, de s’arroger les prérogatives du congrès, de la convention et du Comité central, ce qui tomberait sous le coup de l’article 21 des statuts et des articles 61 et 62 du règlement intérieur : « le non respect de la ligne, des décisions, des statuts et règlement intérieur entraine des sanctions », fin de citation.

Aussi, voudrions-nous nous en remettre à la procédure initiée par le Comité de contrôle et in fine, à la décision du Comité central.

Cher amis, nous saisissons cette occasion pour inviter les organes dirigeants du parti, les structures de base, les représentations à l’extérieur, les structures spécialisées et l’ensemble des militantes et militants du Fpi, à cultiver la confiance dans leur outil de lutte et à se tenir toujours mobilisés pour gagner la bataille de la libération du président Laurent Gbagbo et pour les libertés démocratiques. Cela passe naturellement par la cohésion au sein de notre Parti.
Nous ne nous passerons jamais de Laurent Gbagbo. Nous ne tournerons pas sa page ; nous n’abandonnerons pas sa ligne. Laurent Gbagbo demeure l’âme du Front populaire ivoirien.

Fait à Abidjan, le 15 juillet 2014
Laurent Akoun
NB : La titraille est de la Rédaction.
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