Abidjan - L’héritage de l’ex-président Laurent Gbagbo, emprisonné à la Cour pénale internationale, divise son parti, que les diplomaties étrangères veulent voir participer à la présidentielle de 2015, une élection cruciale pour un futur apaisé de la Côte d’Ivoire.
Deux camps s’affrontent au sein du Front populaire ivoirien (FPI), la
principale formation d’opposition, créée en 1986 par Laurent Gbagbo.
Le premier fait de la libération de l’ancien président "le coeur de la
stratégie de lutte" du parti, explique à l’AFP Alphonse Douati, un cadre du
FPI.
"Elle constitue notre préoccupation primordiale. C’est ce qui peut nous
pousser à participer à un gouvernement ou à une éventuelle élection. Et non le
contraire", poursuit-il.
Les espoirs de libération de Laurent Gbagbo, enfermé depuis 30 mois, sont
pourtant minces. La CPI a confirmé mi-juin quatre charges de crimes contre
l’humanité à son encontre, ce qui, sauf très improbable réussite d’un appel de
ses avocats, lui garantit un procès à moyen terme.
Le second camp aspire à s’investir davantage dans le jeu politique et à
participer à la présidentielle de 2015 derrière l’actuel président du FPI,
Pascal Affi N’Guessan, Premier ministre sous Gbagbo de 2000 à 2003.
L’enjeu est primordial pour la Côte d’Ivoire, qui se doit de réussir cette
élection pour rêver d’un futur calme, après une décennie de crise
politico-militaire et plus de 3.000 morts durant les violences postélectorales
de 2010-2011.
Les chancelleries présentes dans le pays poussent le parti pro-Gbagbo à y
participer, afin que l’ensemble des tendances soit représentées, ce qui
rendrait le résultat du scrutin indiscutable.
"Plusieurs diplomates, notamment occidentaux", ont contacté dans ce but le
FPI, qui a boycotté les deux dernières élections (législatives de 2011 et
municipales de 2012), confirme Franck Anderson Kouassi, le porte-parole de M.
N’Guessan.
Pendant ce temps, "le président Affi" "restaure" le parti et "reconquiert"
l’ardeur militante des militants, car "c’est quand le FPI est bien fort qu’il
peut se battre efficacement et faire face à des échéances électorales à
venir", déclare-t-il à l’AFP.
Si les deux camps ont longtemps coexisté au sein du FPI, la rétrogradation
le 4 juillet de Laurent Akoun, alors tout puissant secrétaire général du FPI
(deuxième personnage du parti), au rang de 5e vice-président, a fait office de
détonateur.
- ’Fonds de commerce’ -
Cette décision n’a "nul effet", a tonné M. Akoun mardi lors d’une
conférence de presse. "Nous traversons une incompréhension grave qui pourrait
déboucher sur une crise", avertit Alphonse Douati, l’un de ses fidèles.
L’aile +affiste+ est tout aussi remontée. Laurent Gbagbo est devenu "un
fonds de commerce" pour des "dissidents" voulant "jouer sur l’émotion" et
"prendre le contrôle du parti", affirme Franck Anderson Kouassi, rejetant
toutefois l’idée d’une "crise ouverte".
L’affaire a été portée devant le comité de contrôle du FPI, qui doit rendre
sa décision cette semaine.
Les chances de succès d’Affi N’Guessan devant les instances internes sont
minces, estime Yves Ouya, un politologue : "Ici en Afrique on ne saute pas sur
le cadavre du père. On finit de l’enterrer avant de prendre l’héritage".
"Or Gbagbo n’est pas encore mort. Son ombre plane toujours sur le parti",
constate l’analyste, pour qui le FPI "ne se présentera pas" au scrutin de
2015, faute d’avoir le temps de "mettre en évidence" un leader autre que
Gbagbo, pourtant tombé le 11 avril 2011.
Après trois années de dialogue poussif entre pouvoir et opposition, les
médiations externes (ambassades, ONU, etc.) se multiplient pour faire flancher
l’aile la plus dure du parti.
Le FPI, dont l’appel au boycott du recensement de la population ces
derniers mois a rencontré un franc succès, fait monter les enchères pour sa
participation à la Commission électorale indépendante, un organe central dans
l’organisation du scrutin, dont il critique la composition mais réclame la
présidence.
"Tout est possible mais à condition que cela se fasse dans un cadre
apaisé", remarquait lundi Jeannot Ahoussou-Kouadio, ministre en charge du
dialogue politique, au terme d’une rencontre avec la représentante de la
mission onusienne en Côte d’Ivoire (Onuci).
Et de lancer, à l’adresse du FPI : "Ce n’est pas en étant hors de la table
des négociations que nous pourrons régler le problème."
ck/jf/ms/jmc
Deux camps s’affrontent au sein du Front populaire ivoirien (FPI), la
principale formation d’opposition, créée en 1986 par Laurent Gbagbo.
Le premier fait de la libération de l’ancien président "le coeur de la
stratégie de lutte" du parti, explique à l’AFP Alphonse Douati, un cadre du
FPI.
"Elle constitue notre préoccupation primordiale. C’est ce qui peut nous
pousser à participer à un gouvernement ou à une éventuelle élection. Et non le
contraire", poursuit-il.
Les espoirs de libération de Laurent Gbagbo, enfermé depuis 30 mois, sont
pourtant minces. La CPI a confirmé mi-juin quatre charges de crimes contre
l’humanité à son encontre, ce qui, sauf très improbable réussite d’un appel de
ses avocats, lui garantit un procès à moyen terme.
Le second camp aspire à s’investir davantage dans le jeu politique et à
participer à la présidentielle de 2015 derrière l’actuel président du FPI,
Pascal Affi N’Guessan, Premier ministre sous Gbagbo de 2000 à 2003.
L’enjeu est primordial pour la Côte d’Ivoire, qui se doit de réussir cette
élection pour rêver d’un futur calme, après une décennie de crise
politico-militaire et plus de 3.000 morts durant les violences postélectorales
de 2010-2011.
Les chancelleries présentes dans le pays poussent le parti pro-Gbagbo à y
participer, afin que l’ensemble des tendances soit représentées, ce qui
rendrait le résultat du scrutin indiscutable.
"Plusieurs diplomates, notamment occidentaux", ont contacté dans ce but le
FPI, qui a boycotté les deux dernières élections (législatives de 2011 et
municipales de 2012), confirme Franck Anderson Kouassi, le porte-parole de M.
N’Guessan.
Pendant ce temps, "le président Affi" "restaure" le parti et "reconquiert"
l’ardeur militante des militants, car "c’est quand le FPI est bien fort qu’il
peut se battre efficacement et faire face à des échéances électorales à
venir", déclare-t-il à l’AFP.
Si les deux camps ont longtemps coexisté au sein du FPI, la rétrogradation
le 4 juillet de Laurent Akoun, alors tout puissant secrétaire général du FPI
(deuxième personnage du parti), au rang de 5e vice-président, a fait office de
détonateur.
- ’Fonds de commerce’ -
Cette décision n’a "nul effet", a tonné M. Akoun mardi lors d’une
conférence de presse. "Nous traversons une incompréhension grave qui pourrait
déboucher sur une crise", avertit Alphonse Douati, l’un de ses fidèles.
L’aile +affiste+ est tout aussi remontée. Laurent Gbagbo est devenu "un
fonds de commerce" pour des "dissidents" voulant "jouer sur l’émotion" et
"prendre le contrôle du parti", affirme Franck Anderson Kouassi, rejetant
toutefois l’idée d’une "crise ouverte".
L’affaire a été portée devant le comité de contrôle du FPI, qui doit rendre
sa décision cette semaine.
Les chances de succès d’Affi N’Guessan devant les instances internes sont
minces, estime Yves Ouya, un politologue : "Ici en Afrique on ne saute pas sur
le cadavre du père. On finit de l’enterrer avant de prendre l’héritage".
"Or Gbagbo n’est pas encore mort. Son ombre plane toujours sur le parti",
constate l’analyste, pour qui le FPI "ne se présentera pas" au scrutin de
2015, faute d’avoir le temps de "mettre en évidence" un leader autre que
Gbagbo, pourtant tombé le 11 avril 2011.
Après trois années de dialogue poussif entre pouvoir et opposition, les
médiations externes (ambassades, ONU, etc.) se multiplient pour faire flancher
l’aile la plus dure du parti.
Le FPI, dont l’appel au boycott du recensement de la population ces
derniers mois a rencontré un franc succès, fait monter les enchères pour sa
participation à la Commission électorale indépendante, un organe central dans
l’organisation du scrutin, dont il critique la composition mais réclame la
présidence.
"Tout est possible mais à condition que cela se fasse dans un cadre
apaisé", remarquait lundi Jeannot Ahoussou-Kouadio, ministre en charge du
dialogue politique, au terme d’une rencontre avec la représentante de la
mission onusienne en Côte d’Ivoire (Onuci).
Et de lancer, à l’adresse du FPI : "Ce n’est pas en étant hors de la table
des négociations que nous pourrons régler le problème."
ck/jf/ms/jmc