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Politique Publié le jeudi 14 août 2014 | L’Arc-en-Ciel

Interview Elie Azragnon(suite et fin)/ ‘’On ne peut pas haïr Ouattara et attendre de lui le développement : Pourquoi j’ai choisi Mabri et l’UDPCI’’

Dans cette deuxième et dernière partie de l’interview qu’il accordée à L’Arc-en-Ciel, Elie Azragnon étale les atouts réels du Président Mabri dans la course au pouvoir d’Etat. L’ex-disciple de Blé Goudé se prononce également sur le processus de réconciliation en cours, invite la jeunesse à prendre ses responsabilités et exhorte les exilés ivoiriens à regagner leur pays.
Selon toi, qu’est-ce qui peut faire la différence entre Mabri et les autres en 2020 ?
La Côte d’Ivoire de demain appartient au métissage. Et je suis persuadé que dans ce pays, aucun parti ne peut désormais gagner une élection présidentielle sans le jeu des alliances. En tant que ressortissant de l’Ouest, il est en alliance ethnique avec le Grand-Nord. En plus, sa religion peut peser beaucoup dans la balance. Ajouté à tout cela, sa politique d’ouverture, sa constance, son humilité, son engagement, son sens élevé du devoir, sa stature d’homme d’Etat et les expériences accumulées au haut niveau de l’administration depuis des années, vous avez là un cocktail séduisant auquel nul ne saurait rester insensible longtemps. C’est vrai, je connais encore l’homme de loin, mais il y a des signes qui ne trompent pas. Il y a trop de vantardise au sein des partis où on pense, à tort, que les leaders sont des demi dieux qu’il faut adorer. L’humilité doit caractériser les hommes politiques. A l’UDPCI, le Président Mabri et ses collaborateurs, de par leur humilité, me donnent l’envie d’espérer parce que, avec eux, la contradiction est possible. On doit donner la chance aux jeunes, dans tous les partis politiques, de se battre et de mériter leurs postes que de faire du copinage.
Tu as soutenu la liste Zakpa Komenan aux Régionales dans le Lôh-Djiboua. Qu’est-ce qui a motivé ce soutien ?
Pour être honnête, j’ai été guidé par deux éléments. Le premier, c’est que le ministre Zakpa a un passé. J’ai regardé simplement dans la classe politique de Divo et j’ai compris qu’avec son carnet d’adresses, avec l’expérience qu’il a des affaires de l’Etat, il était un bon joker qu’on devait exploiter pour tenter de sortir notre région de la misère. Deuxième chose, quand ton père n’est plus là et que tu veux du bien de ta mère, tu dois aimer son nouveau mari. Notre maman, c’est la Côte d’Ivoire. Elle a épousé Alassane Ouattara. Et ce monsieur, qu’on le veuille ou pas, incarne l’Etat ivoirien aujourd’hui. Il a choisi un homme de la trempe de Zakpa. Si on ne le suivait pas, on risquait d’avoir encore des problèmes de développement et Divo aggravera ainsi son retard. En 1957, nos parents ont récusé celui que Houphouët-Boigny avait désigné pour parler au nom de Divo, au motif qu’ils étaient progressistes. Plus qu’une erreur, c’était une faute grave. Ce même monsieur, du nom d’Assamoi Alphonse, a été nommé par la suite, directeur des routes. Il a pratiquement isolé Divo et Lakota du couvert routier ivoirien. Ila fallu que Zakpa demande pardon au Président Houphouët, au nom du peuple Dida, en 1991, pour cette faute. Souvenez-vous que Divo n’a jamais reçu de visite de chef d’Etat, jamais ! Ça fait pitié ! Voilà pourquoi j’ai décidé de soutenir ce monsieur pour éviter de retomber dans la même faute de 1957.
Plus d’un an après l’installation du président Zakpa à la tête du Conseil régional, les lignes ont-elles bougé?
J’ai appris quelque part qu’on ne déshabille pas l’Etat. Le ministre Zakpa a un très grand projet pour Divo. Avec les dispositions qu’il prend et les instruments qu’il met en place, il n’y a pas des raisons que son rêve devienne réalité. Il a envoyé des missions un peu partout pour rechercher les fonds, il travaille sans relâche, avec les Israéliens, sur la technique du goutte-à-goutte. Certes, l’effet n’est pas encore visible mais il est sur la bonne voie. Je voudrais profiter de cette occasion pour inviter le Président Alassane Ouattara à jeter un coup d’œil sur notre région qui est véritablement en retard. Et je voudrais que ce ri du cœur soit partagé par tous les fils et filles dignes de Divo. Il faut que nos parents le comprennent. On ne peut pas haïr quelqu’un et attendre de lui le développement. Nous aimons Alassane Ouattara et nous pensons qu’il peut nous apporter quelque chose. Il faut donc qu’il vienne à Divo. Il est temps d’abandonner les détails qui nous maintiennent dans la précarité. Regardez l’état dans lequel se trouve aujourd’hui l’axe N’Douci Divo, c’est une vraie catastrophe, un enfer !
Alie Azragnon croit-il au processus de réconciliation tel qu’engagé ?
En Côte d’Ivoire, quand tu dis que tu crois au processus de réconciliation, on te taxe tout de suite de telle ou telle tendance. Pourtant, porter la réconciliation doit être un projet pour tous. Même Laurent Gbagbo avait créé un ministère de la réconciliation. Donc, il y croyait. Ce n’est pas parce qu’aujourd’hui la situation s’est renversée qu’on ne doit plus y croire. La question, c’est la réconciliation à quel prix et dans quelle condition ? Pour certains, il faut que tout le monde soit relâché avant de parler de réconciliation et de paix. Pour d’autres, il faut que cela passe par la justice. Moi, je pense que tous ceux qui n’ont pas de raison de rester en prison ne doivent pas y être. Ceux qui doivent y être au regard de la loi, doivent y rester. Ça aussi, c’est la vérité et les gens doivent l’accepter. Aujourd’hui, c’est au Président Alassane Ouattara que revient la lourde responsabilité de réconcilier les Ivoiriens. Il est plus responsable que tous les autres citoyens parce que, quand on est au pouvoir, on a intérêt à avoir une opposition civilisée, qui pense à l’intérêt national, plutôt qu’une opposition désordonnée. Il doit continuer de jouer sa partition. L’un mis dans l’autre, je crois en la réconciliation parce qu’on n’a pas d’autre choix que de nous réconcilier. Cela s’impose à tous vu la crise que nous venons de traverser.
Et tous ces jeunes qui semblent toujours portés sur le gain facile pour la plupart d’entre eux …
C’est notre système d’éducation qui a créé cette situation. Quand un étudiant finit à l’université, en réalité, il ne sait rien faire, professionnellement parlant puisque tout est théorique. Et l’Etat ne peut pas recruter tous ces diplômés. Or, quand quelqu’un ne travaille pas, il est dangereux. Nous devons orienter notre pays vers des métiers porteurs d’avenir et d’espoir. C’est vrai qu’il y a des centres et des lycées professionnels mais ce n’est pas suffisant. Il faut donner aux jeunes Ivoiriens, une nouvelle culture du travail et de l’emploi. C’est scandaleux de constater qu’un titulaire de licence ou de maîtrise ne sache pas ce que c’est qu’un projet. Allons à l’école des projets, ayons la culture d’entreprenariat. L’Etat a la responsabilité de redonner espoir aux jeunes. C’est vrai, des efforts sont faits mais tant qu’on peut en faire, c’est qu’on a encore rien fait.
Quel discours aujourd’hui pour que les ex-jeunes patriotes empruntent le train du renouveau ?
Je voudrais leur dire que la démocratie est un processus qui nous apprend que rien n’est jamais acquis du point de vue des libertés d’expression et d’affirmation. La bataille est constante, elle doit donc se mener tous les jours. En France, ce n’est qu’en 1945, que les femmes ont obtenu le droit de vote. Pourtant, leur révolution a plus de 200 ans. Accepter d’être dans l’opposition, c’est accepter de faire ses classes. Accepter de faire la politique, c’est accepter aussi la contradiction. C’est pourquoi, le rôle d’un gouvernement, c’est de créer les conditions de sécurité pour que nos amis qui sont à l’extérieur reviennent. L’exil n’est pas du tout facile, c’est très compliqué. Il y en a qui n’ont pas de raison d’y être mais ils y sont pour gonfler les effectifs. A ceux-là, je voudrais demander de rentrer au pays. Il n’y a que chez soi qu’on se sent à l’aise. L’heure est venue de s’affirmer, d’espérer en un lendemain meilleur. Même quand l’espoir semble perdu, on ne doit pas abandonner le noble combat pour la démocratie qui, je le répète, est un long processus. Tous les grands peuples et les grandes nations ont connu des moments difficiles mais ils en sont sortis fortifiés. Quelle sera notre témoignage dans cette histoire qui est en train de s’écrire ? Qu’ai-je fait quand la Côte d’Ivoire était en crise ? Ai-je dormi, ai-je abandonné la lutte ? Chacun doit pouvoir ce qu’il a fait pour redonner espoir à la patrie. Personne, mieux que nous, ne viendra faire avancer notre pays à notre place. Nous sommes les dirigeants de demain. Apprenons auprès des aînés pour laisser aux générations suivantes, une Côte d’Ivoire réunifiée.

Réalisée par MASS DOMI
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