Mesdames et Messieurs les membres de la Commission
Centrale de la Commission Electorale Indépendante,
Chers Collègues,
Permettez moi, en ce jour où la Commission Centrale de notre Institution, tient sa première réunion, de présenter, en mon nom comme au nom de chacune et de chacun d’entre vous, mes remerciements chaleureux et respectueux aux plus hauts responsables de notre pays, au premier rang desquels, Son Excellence Alassane OUATTARA, Président de la République de Côte d’Ivoire.
Ce premier rang, le Chef de l’Etat l’occupe à l’évidence en sa qualité d’autorité suprême du pouvoir exécutif, mais aussi, pour ce qui nous concerne plus directement et plus étroitement, pour avoir œuvré avec détermination pour que notre Commission puisse à la fois perdurer, afin d’assurer la pérennité des procédures électorales, et se reformer, pour soutenir les efforts réalisés en direction de tous en vue de la normalisation de la situation socio politique dans notre pays.
Nos remerciements vont également à toutes les Instances et Institutions qui se sont investies dans ce processus de rénovation de notre Commission, en choisissant leurs représentants respectifs chargés collectivement d’en assurer l’équilibre et l’équité. C’est pourquoi, à travers chacun d’entre vous, c’est aux différents mandants que je tiens à exprimer notre reconnaissance.
Cela revient à dire, que c’est au peuple ivoirien tout entier dignement représenté ici par les différentes personnalités qu’il a bien voulu, dans toute la richesse de leur diversité, mandater dans cette nouvelle CEI, que j’adresse mes félicitations pour la patience dont il a su faire montre dans les épreuves que nous avons eu à traverser, avant même que la nouvelle Commission Electorale Indépendante ait été dûment et formellement installée.
Notre Commission constitue à mes yeux, une sorte de microcosme de notre société et c’est pourquoi vous me voyez déterminé à trouver le juste équilibre qui nous permettra de fonctionner de façon harmonieuse et coordonnée.
La CEI, j’insiste sur ce point, est une Institution qui fait référence à l’art de vivre et de bien vivre en société ; ce qui, vous en conviendrez, est la marque distinctive de l’humanité.
L’être humain est condamné à vivre avec ses semblables s’il veut vivre et bien vivre. Il est donc pour lui impératif de définir les règles de ce « vivre ensemble », d’édicter les lois dont le respect permettra d’assurer la sécurité et la paix au sein du groupe et la cohabitation harmonieuse entre tous les habitants d’une même cité, d’une même République, d’une même humanité.
Dès cet instant, il est nécessaire que la cité des hommes dispose de législateurs pour édicter des Lois, des juges pour les faire appliquer, et de citoyens invités à les respecter.
Je dis bien « nécessaire », car si l’ont veut éviter de sombrer dans l’anarchie et dans la crise perpétuelle, il faut trouver un terrain d’entente qui nous permette de vivre en paix.
Mais c’est là que les choses se compliquent, car il faut absolument éviter que ce rejet de l’anarchie nous amène à tomber sous le joug de la tyrannie, tyrannie d’un groupe par exemple : entre le désordre et le despote, nous ne devons pas être condamnés à choisir, et c’est de ce double refus que va naître notre désir ardent de créer les conditions de l’émergence de la démocratie.
Si je viens de parler des « conditions de l’émergence de la démocratie », c’est pour souligner à quel point la tâche est délicate et l’exercice progressif : il a fallu que les hommes inventent et mettent en place un système qui permette à la fois la stabilité et le changement, la légitimé et l’alternance.
Ce régime, tout le monde le connait aujourd’hui même s’ils sont encore bien trop nombreux, celles et ceux qui n’ont pas la chance de le retrouver dans le système politique qui prévaut dans leur pays : ce système, c’est le régime de la transmission du pouvoir fondé sur la consultation régulière du vote populaire.
- Consultation régulière cela veut dire, calendrier électoral inscrit dans la Constitution,
- Vote populaire, cela veut dire, élections ouvertes à tous, qu’il s’agisse des candidats ou des électeurs
En un mot, cela veut dire idéalement « suffrage universel direct », ce qui signifie que chacun des membres de la Communauté dispose d’un droit imprescriptible et que c’est à travers ce vote qu’il manifeste par son choix, son inaliénable souveraineté.
Dans ce système, si remarquable qu’il est devenu la norme universelle, (que prétendent appliquer ceux-là même qui ne le respectent pas !), dans ce système, dis-je, le souverain est le peuple, c’est pourquoi nous avons parlé de verdict populaire et du respect de la vérité des urnes.
Parler des urnes nous conduit, Mesdames et Messieurs, en notre qualité de membres de la Commission Centrale de la CEI, dans notre cœur de métier, au cœur de notre propre mission : organiser cette consultation périodique de la population, afin de donner à chacun la possibilité et l’opportunité de choisir les dirigeants auxquels il entend confier la tâche et la responsabilité de tenir les rênes de son destin, de tisser les fils de son histoire.
Mesdames et Messieurs,
Je voudrais maintenant revenir à la Commission Electorale Indépendante, et rappeler sa vocation et son ambition
- Sa vocation, c’est de constituer des listes électorales exhaustives et de créer les conditions d’une compétition saine.
- Son ambition, c’est d’organiser des élections justes et transparentes en toute impartialité.
Dans ce processus, chacun des membres de la Commission Centrale de notre Institution doit se considérer lui-même comme un des rouages de cet engrenage qui doit fonctionner de façon régulière, comme le mécanisme bien huilé d’une voiture de prestige.
Mais ne nous faisons pas d’illusion et évitons de succomber à la tentation de l’auto satisfaction, car notre travail est de nature complexe et délicate.
Il faut en tout premier lieu que chacun d’entre nous, et notamment celles et ceux qui viennent d’intégrer notre Institution, se mettent en situation de maitriser parfaitement tous les aspects techniques de nos procédures.
Voilà pourquoi, nous avons prévu une séance de mise à niveau ou de formation.
En second lieu et sans doute aurais-je dû commencer par là, il y a le chronogramme de nos activités à établir, l’ajustement de notre cadre organisationnel, tout un ensemble de règles qu’il nous fait apprendre à respecter, et après les séances de mise à niveau et de formation, les préparatifs de l’opération de révision de la liste électoral et du scrutin présidentiel d’octobre 2015 proprement dit.
Ce dont il s’agit, c’est de notre capacité individuelle et collective à nous montrer à la hauteur de la mission qui nous a été confiée.
Il s’agit pour chacun des membres de la CEI de se départir de ses aprioris, de faire pour un temps le sacrifice de ses prétentions ou ambitions politiques. Il s’agit pour chacun des membres de la CEI de mettre entre parenthèses ses préférences personnelles et de se comporter désormais, non plus comme le représentant d’un parti, d’un courant, d’une obédience, mais comme un responsable qui participe, à part entière, au bon fonctionnement d’une institution dont il est devenu membre.
Accepter de devenir membre de la CEI, il importe que chacun en soit désormais intimement persuadé, c’est renoncer à être, à l’intérieur comme à l’extérieur de l’institution le porte-parole d’une idéologie, ou d’une région.
Ce que la population attend de nous, c’est que nous sachions faire preuve de mesure, de pondération, de modération, disons le mot, que nous sachions faire preuve de sagesse.
En guise de conclusion, permettez-moi de dire quelques mots sur l’avenir de notre Institution.
Cette ébauche du projet s’oriente dans deux directions :
- Premièrement, je voudrais souligner le fait que la CEI qui a organisé l’élection présidentielle de 2010 et celle qui organisera le scrutin de 2015, ne répond pas aux mêmes exigences conceptuelles et n’est pas soumise aux mêmes contingences historiques. Alors que la structure de la première était conjoncturelle et avait vocation à refléter la situation particulière de la Côte d’Ivoire dans le contexte de crise que la caractérisait alors, celle de la seconde est structurelle, car elle répond aux principes d’une situation institutionnelle et constitutionnelle normalisée.
Cette dernière a donc vocation à être pérennisée, et cela fera partie intégrante de notre mission que de contribuer à jeter les bases solides de cette pérennisation.
- Deuxièment, je voudrais partager avec vous une ambition nouvelle :
Servir de modèle et de référence pour tous les pays en quête de démocratie. Faisons donc nôtre cette formule : la mission d’un membre de la Commission Electorale n’est pas de faire de la politique, mais de permettre à la politique, de se faire sainement et sans violence !!!
Que la Côte d’Ivoire puisse à nouveau faire rêver les humanistes du Monde entier ; c’est le vœu que je me permettrai, en conclusion de formuler.
Je vous remercie de votre attention.
Youssouf BAKAYOKO
Président de la Commission Electorale Indépendante
Abidjan le 18 septembre 2014