Camarade membre du bureau politique du MFA
Comme tout Ivoirien, tu as eu à suivre en direct à la radio ou à la télévision, ou plus tard par voie de presse, les échanges d’allocutions qui se sont tenus à la clôture de la visite d’Etat du Président de la République dans l’IFFOU, ce Mercredi 17 Septembre 2014.
Et tu as certainement été interpellé par cette phrase du Président Henri Konan BEDIE, Président du PDCI et Président du Présidium du RHDP s’adressant à Alassane OUATTARA : «Je donne des orientations fermes pour soutenir ta candidature à l’élection présidentielle prochaine. Je demande à toutes les structures du Parti Démocratique de Côte d’Ivoire et des partis composants le Rassemblement des Houphouëtistes pour la Démocratie et la Paix, de se mettre en mouvement pour faire aboutir ce projet. Tu seras ainsi le candidat unique de ces partis politiques pour l’élection présidentielle sans préjudice pour les irréductibles qui voudront se présenter en leur nom propre»-
Car ton parti, le MFA, est l’un des partis signataires de l’alliance politique du RHDP née officiellement le 18 Mai 2005 à Paris –
Auparavant, dans le même discours, il a envisagé la tenue d’une « convention jumelée du PDCI et du RDR au sein du RHDP » –
Et au final, toujours selon le Président Konan BEDIE, l’on devrait aboutir à la création d’un parti unifié "PDCI-RDR" pour gouverner la Côte d’ivoire, étant entendu qu’après la réélection du Président de la République Alassane OUATTARA en 2015, les deux partis politiques (PDCI et RDR) sauront établir entre eux l’alternance au pouvoir dès 2020.
Camarade, tu ne peux nier que ces propos ont jeté le trouble dans ta lecture politique du parcours du RHDP depuis la victoire aux élections présidentielles de 2010 et surtout depuis le 11 avril 2011 où le pouvoir d’Etat est revenu effectivement à Alassane OUATTARA, élu avec l’appui de tout le RHDP –
Camarade, tu as forcément remarqué que depuis cette date, il n’y a pas eu une seule rencontre des présidents des partis du RHDP, et que le Directoire, son organe exécutif, est tombé en déliquescence totale. Il n’y a que récemment qu’il a été décidé de mettre en place un nouvel organe, un super directoire de 100 membres, dont on attend encore la concrétisation d’existence ou d’exercice.
Mais Daoukro ne vient-il pas confirmer, par la voix autorisée du Président Konan Bedié, que le RHDP nouveau, celui de l’arrivée au pouvoir d’état en 2010, ne se ramène qu’aux seuls deux partis, le PDCI et le RDR ?
Comme tous les militants et sympathisants du MFA - et toute la population ivoirienne avec eux - tu continues de te demander pourquoi le MFA n’a été associé en rien à l’exercice du pouvoir OUATTARA/RHDP, en dépit des nombreuses interpellations ; surtout qu’à ce jour, ni le Chef de l’Etat, ni le Président Bédié, doyen et Président du Présidium du RHDP, n’ont évoqué un quelconque manquement de notre parti ou de ses dirigeants à la longue lutte commune dans l’opposition, entre 2005 et 2010.
Camarade, le 26 Novembre 2012, quand lors de sa tournée dans le Zanzan, le Président Alassane OUTTARA, à l’escale de Koun-Fao, a assuré à tous qu’il n’y avait aucun problème entre le Président du MFA et lui, tu avais poussé un ouf de soulagement et de délivrance, après deux années d’incertitudes.
Mais rien n’a suivi jusqu’à ce jour, deux autres années plus tard.
Camarade, à ce bureau politique exceptionnel auquel tu es convié ce Mardi 23 Septembre 2014, tu devras livrer ta lecture d’ensemble sur tout ce qui précède, et te prononcer sur la présence du MFA en tant que parti politique au sein du RHDP.
Tu devras le faire librement, sans aucune contrainte, et sans te laisser brider par des considérations matérielles ou pratiques qui ne font jamais avancer ni les partis politiques, ni les Etats.
Camarade, même si le parti pris inique à l’endroit du MFA alimente chez toi une colère et une indignation totalement légitimes, tu devras faire l’effort de dépasser le marigot du partage des dépouilles pour te placer dans un cadre purement politique et national ; car c’est d’abord et avant tout l’intérêt de la Côte d’Ivoire et de ses populations, surtout les plus modestes et démunies, qui ont toujours porté le MFA.
Certes, il y a plus de deux années que trois des partis de l’alliance RHDP (PDCI, MFA, UDPCI) réclament des « réglages » au Chef de l’Etat, l’option initiale de « rattrapage » ayant fait la part abusivement belle au RDR et à ses alliés dans le partage effectif des responsabilités au sein de l’appareil d’Etat. Mais tu auras remarqué que, même réduit à la tranche zéro, à savoir sans rien recevoir en partage, ton parti, le MFA, ne s’est pas trop englué dans cette voie car l’impératif de «réglage» n’est que la résultante de deux phénomènes qui se conjuguent. Il y a d’abord l’admission massive dans les corps d’état de milliers de personnes sans observation rigoureuse des niveaux et conditions requis et en dehors des voies républicaines. Ce qui constituera un lourd boulet pour l’accès à la fonction publique, pour une ou deux générations. En second lieu, nous constatons qu’à ce jour, notre économie, même avec un PIB flatteur de l’ordre de 10%, est très peu génératrice d’emplois. Si bien que les armées de ceux qui sont en attente de « rattrapage » et les nuées de ceux qui sont en attente de « réglage » doivent, toutes additionnées, donner un nombre de demandeurs d’emplois « légitimes ou ayant- droits »supérieur à la totalité des emplois du secteur formel en Côte d’Ivoire !
Donc, camarade, de grâce, considères toi ce jour comme avoir librement choisi de faire partie d’une formation politique, et ton principal rôle est l’observation et la veille du pays et de la société. Tu es un travailleur de la chose publique et politique. Ton esprit doit être accaparé par la situation que connait la Côte d’Ivoire et ses populations, et les perspectives d’évolution positive en matière de santé, d’éducation et de formation, d’accès à un logement décent, d’alimentation équilibrée et suffisante à un coût abordable, d’infrastructures et routes de bon niveau et entretenues, de nouvelles impulsions en matière d’agriculture, d’industrie, de services, etc.…, le tout devant amener à une moyenne suffisante de création d’emplois, tous secteurs confondus, pour percer la bulle de millions de demandeurs d’emplois, surtout parmi les jeunes, la grande préoccupation de la Côte d’Ivoire d’aujourd’hui.
C’est à cette aune que tu es à ce jour invité à évaluer l’alliance du RHDP aujourd’hui au pouvoir et à laquelle le MFA appartient. Mais nos soucis sont-ils également partagés ? Sommes-nous sensibles aux mêmes frémissements de notre société et de notre peuple ?
Par ailleurs, Camarade militant, ton parti, le MFA, est autonome et ne peut se laisser dicter une ligne de conduite sur un sujet aussi important qu’une présidentielle par le Leader d’un autre parti, surtout lorsque la direction du MFA n’a été ni informée, ni consultée, et en plus si cela a été prononcé au cours d’une manifestation à laquelle il n’a pas été invité. « L’appel de Daoukro » ne touche donc pas le MFA et ne l’engage en rien.
Retiens simplement, Camarade, que le MFA a arrêté, d’abord dans la résolution finale de son Deuxième Congrès Ordinaire du 24 février 2014, et ensuite à la réunion de son Bureau Politique tenue le 03 Septembre 2014 , que c’est à la convention du parti, prévue fin 2014, que le parti adopterait une décision quant aux élections présidentielles à venir ; étant entendu, qu’à priori, et comme pour toute formation politique digne de ce nom, l’option de base est la présentation d’un candidat propre aux élections.
Camarade, il convient de te remémorer que l’engagement du MFA pour la constitution de l’alliance du RHDP ne procédait pas du seul souci d’écarter du pouvoir le FPI et Laurent Gbagbo dont la gestion de l’Etat, outre les échecs dans la gouvernance sociale et économique avérés, présentait de lourdes déviances en démocratie et droits de l’homme. Le Président du MFA avait en effet estimé, lors d’un échange avec d’autres responsables politique, à Accra, qu’il fallait, en cette période de grande turbulence sociale et politique, un grand appel national pour ressouder tous les Ivoiriens dans l’espoir. Un nouvel idéal de vie commune, d’ambition et de rêve à partager devait rassembler la nation ivoirienne ;
C’est ainsi que la référence à l’image emblématique du Président Houphouët Boigny est survenue et s’est pratiquement imposée d’elle-même.
C’est son nom, son image et son œuvre qui devaient constituer le ciment de cette nouvelle Côte d’Ivoire. Houphouët est la seule figure de l’Histoire Ivoirienne en laquelle nous nous reconnaissons tous et que nous avons tous à cœur de nous approprier et comme l’a dit une phrase célèbre « les actes posés par les grands hommes effacent toutes leurs faiblesses ». Il n’y a donc à retenir de sa vie et son œuvre que l’immense amour pour son pays et les siens qui lui a forgé une vision ambitieuse du destin de la Côte d’Ivoire.
Camarade, le MFA croit toujours et encore plus fort aujourd’hui, en son engagement houphouëtiste. Il t’appartiendra, à cette réunion du Bureau Politique du Mardi 23 septembre 2014, de te demander si le RHDP d’aujourd’hui est encore dans la vision et la ligne politique de Monceau 2005, et si on peut encore parler d’alliance Houphouëtiste, si tant est qu’à son plus haut niveau de décision, l’on se retrouve avec seulement deux partis, pour ne pas dire deux « BIG BROTHERS ». La démocratie était-elle présente au grand spectacle du 17 Septembre dernier à Daoukro ? N’y a-t-il pas eu overdose de volonté de domination, de morgue et de désinvolture infantilisante ?
Qui peut, de bonne foi, nier que la nouvelle CEI est trop déséquilibrée au profit du Chef de l’Etat et du Gouvernement ? Pourquoi le cri du cœur des 26 Députés PDCI n’a guère ébranlé les grands Décideurs, qui ont su les faire rentrer dans les rangs sinon les « mater » ? N’y avait-il pas , par ailleurs, un sort plus « politique » à faire à l’opposition AFD/FPI pour mettre à l’aise leur leaders qui ont, contre de grands vents et marées, accepté d’entrée à la CEI et de participer au jeu démocratique ? Un pouvoir n’est-il pas, dans les faits, plus fort lorsque son opposition est forte, structurée et exerce à fond son travail de contre-pouvoir ? Doit-on les rappeler à l’ordre, comme des gamins désobéissants, en brandissant la menace du recours au seul Ministère de l’Intérieur pour les élections et ce, au mépris de l’article 32 de notre constitution (donc pas de CEI) et le bref rappel de la situation de liberté provisoire de certains de ses leaders s’imposait-il?
Le RHDP actuel, le RHDP de Daoukro est-il encore Houphouëtiste et mû par l’esprit du Vieux ? Ou ne serait-ce qu’un Rassemblement des Houphouëtistes De Profundis ?
Ne somme nous pas déjà en face de deux RHDP ? Le RHDP du PDCI-RDR et le RHDP originel à ressusciter ?
Camarade, le MFA ne renoncera jamais à l’idéal et à l’ambition Houphouëtistes - Il s’y est campé, en sachant très bien pourquoi, même si cela a pu, à l’époque, surprendre plus d’un. Ce n’est pas lui qui quittera le RHDP, mais forcément ceux qui ne l’ont peut-être jamais vécu ni senti.
Camarade du MFA, bienvenu au bureau politique de ce Mardi 23 septembre 2014, tu as la parole…
Le Président
Kobena Innocent ANAKY
Comme tout Ivoirien, tu as eu à suivre en direct à la radio ou à la télévision, ou plus tard par voie de presse, les échanges d’allocutions qui se sont tenus à la clôture de la visite d’Etat du Président de la République dans l’IFFOU, ce Mercredi 17 Septembre 2014.
Et tu as certainement été interpellé par cette phrase du Président Henri Konan BEDIE, Président du PDCI et Président du Présidium du RHDP s’adressant à Alassane OUATTARA : «Je donne des orientations fermes pour soutenir ta candidature à l’élection présidentielle prochaine. Je demande à toutes les structures du Parti Démocratique de Côte d’Ivoire et des partis composants le Rassemblement des Houphouëtistes pour la Démocratie et la Paix, de se mettre en mouvement pour faire aboutir ce projet. Tu seras ainsi le candidat unique de ces partis politiques pour l’élection présidentielle sans préjudice pour les irréductibles qui voudront se présenter en leur nom propre»-
Car ton parti, le MFA, est l’un des partis signataires de l’alliance politique du RHDP née officiellement le 18 Mai 2005 à Paris –
Auparavant, dans le même discours, il a envisagé la tenue d’une « convention jumelée du PDCI et du RDR au sein du RHDP » –
Et au final, toujours selon le Président Konan BEDIE, l’on devrait aboutir à la création d’un parti unifié "PDCI-RDR" pour gouverner la Côte d’ivoire, étant entendu qu’après la réélection du Président de la République Alassane OUATTARA en 2015, les deux partis politiques (PDCI et RDR) sauront établir entre eux l’alternance au pouvoir dès 2020.
Camarade, tu ne peux nier que ces propos ont jeté le trouble dans ta lecture politique du parcours du RHDP depuis la victoire aux élections présidentielles de 2010 et surtout depuis le 11 avril 2011 où le pouvoir d’Etat est revenu effectivement à Alassane OUATTARA, élu avec l’appui de tout le RHDP –
Camarade, tu as forcément remarqué que depuis cette date, il n’y a pas eu une seule rencontre des présidents des partis du RHDP, et que le Directoire, son organe exécutif, est tombé en déliquescence totale. Il n’y a que récemment qu’il a été décidé de mettre en place un nouvel organe, un super directoire de 100 membres, dont on attend encore la concrétisation d’existence ou d’exercice.
Mais Daoukro ne vient-il pas confirmer, par la voix autorisée du Président Konan Bedié, que le RHDP nouveau, celui de l’arrivée au pouvoir d’état en 2010, ne se ramène qu’aux seuls deux partis, le PDCI et le RDR ?
Comme tous les militants et sympathisants du MFA - et toute la population ivoirienne avec eux - tu continues de te demander pourquoi le MFA n’a été associé en rien à l’exercice du pouvoir OUATTARA/RHDP, en dépit des nombreuses interpellations ; surtout qu’à ce jour, ni le Chef de l’Etat, ni le Président Bédié, doyen et Président du Présidium du RHDP, n’ont évoqué un quelconque manquement de notre parti ou de ses dirigeants à la longue lutte commune dans l’opposition, entre 2005 et 2010.
Camarade, le 26 Novembre 2012, quand lors de sa tournée dans le Zanzan, le Président Alassane OUTTARA, à l’escale de Koun-Fao, a assuré à tous qu’il n’y avait aucun problème entre le Président du MFA et lui, tu avais poussé un ouf de soulagement et de délivrance, après deux années d’incertitudes.
Mais rien n’a suivi jusqu’à ce jour, deux autres années plus tard.
Camarade, à ce bureau politique exceptionnel auquel tu es convié ce Mardi 23 Septembre 2014, tu devras livrer ta lecture d’ensemble sur tout ce qui précède, et te prononcer sur la présence du MFA en tant que parti politique au sein du RHDP.
Tu devras le faire librement, sans aucune contrainte, et sans te laisser brider par des considérations matérielles ou pratiques qui ne font jamais avancer ni les partis politiques, ni les Etats.
Camarade, même si le parti pris inique à l’endroit du MFA alimente chez toi une colère et une indignation totalement légitimes, tu devras faire l’effort de dépasser le marigot du partage des dépouilles pour te placer dans un cadre purement politique et national ; car c’est d’abord et avant tout l’intérêt de la Côte d’Ivoire et de ses populations, surtout les plus modestes et démunies, qui ont toujours porté le MFA.
Certes, il y a plus de deux années que trois des partis de l’alliance RHDP (PDCI, MFA, UDPCI) réclament des « réglages » au Chef de l’Etat, l’option initiale de « rattrapage » ayant fait la part abusivement belle au RDR et à ses alliés dans le partage effectif des responsabilités au sein de l’appareil d’Etat. Mais tu auras remarqué que, même réduit à la tranche zéro, à savoir sans rien recevoir en partage, ton parti, le MFA, ne s’est pas trop englué dans cette voie car l’impératif de «réglage» n’est que la résultante de deux phénomènes qui se conjuguent. Il y a d’abord l’admission massive dans les corps d’état de milliers de personnes sans observation rigoureuse des niveaux et conditions requis et en dehors des voies républicaines. Ce qui constituera un lourd boulet pour l’accès à la fonction publique, pour une ou deux générations. En second lieu, nous constatons qu’à ce jour, notre économie, même avec un PIB flatteur de l’ordre de 10%, est très peu génératrice d’emplois. Si bien que les armées de ceux qui sont en attente de « rattrapage » et les nuées de ceux qui sont en attente de « réglage » doivent, toutes additionnées, donner un nombre de demandeurs d’emplois « légitimes ou ayant- droits »supérieur à la totalité des emplois du secteur formel en Côte d’Ivoire !
Donc, camarade, de grâce, considères toi ce jour comme avoir librement choisi de faire partie d’une formation politique, et ton principal rôle est l’observation et la veille du pays et de la société. Tu es un travailleur de la chose publique et politique. Ton esprit doit être accaparé par la situation que connait la Côte d’Ivoire et ses populations, et les perspectives d’évolution positive en matière de santé, d’éducation et de formation, d’accès à un logement décent, d’alimentation équilibrée et suffisante à un coût abordable, d’infrastructures et routes de bon niveau et entretenues, de nouvelles impulsions en matière d’agriculture, d’industrie, de services, etc.…, le tout devant amener à une moyenne suffisante de création d’emplois, tous secteurs confondus, pour percer la bulle de millions de demandeurs d’emplois, surtout parmi les jeunes, la grande préoccupation de la Côte d’Ivoire d’aujourd’hui.
C’est à cette aune que tu es à ce jour invité à évaluer l’alliance du RHDP aujourd’hui au pouvoir et à laquelle le MFA appartient. Mais nos soucis sont-ils également partagés ? Sommes-nous sensibles aux mêmes frémissements de notre société et de notre peuple ?
Par ailleurs, Camarade militant, ton parti, le MFA, est autonome et ne peut se laisser dicter une ligne de conduite sur un sujet aussi important qu’une présidentielle par le Leader d’un autre parti, surtout lorsque la direction du MFA n’a été ni informée, ni consultée, et en plus si cela a été prononcé au cours d’une manifestation à laquelle il n’a pas été invité. « L’appel de Daoukro » ne touche donc pas le MFA et ne l’engage en rien.
Retiens simplement, Camarade, que le MFA a arrêté, d’abord dans la résolution finale de son Deuxième Congrès Ordinaire du 24 février 2014, et ensuite à la réunion de son Bureau Politique tenue le 03 Septembre 2014 , que c’est à la convention du parti, prévue fin 2014, que le parti adopterait une décision quant aux élections présidentielles à venir ; étant entendu, qu’à priori, et comme pour toute formation politique digne de ce nom, l’option de base est la présentation d’un candidat propre aux élections.
Camarade, il convient de te remémorer que l’engagement du MFA pour la constitution de l’alliance du RHDP ne procédait pas du seul souci d’écarter du pouvoir le FPI et Laurent Gbagbo dont la gestion de l’Etat, outre les échecs dans la gouvernance sociale et économique avérés, présentait de lourdes déviances en démocratie et droits de l’homme. Le Président du MFA avait en effet estimé, lors d’un échange avec d’autres responsables politique, à Accra, qu’il fallait, en cette période de grande turbulence sociale et politique, un grand appel national pour ressouder tous les Ivoiriens dans l’espoir. Un nouvel idéal de vie commune, d’ambition et de rêve à partager devait rassembler la nation ivoirienne ;
C’est ainsi que la référence à l’image emblématique du Président Houphouët Boigny est survenue et s’est pratiquement imposée d’elle-même.
C’est son nom, son image et son œuvre qui devaient constituer le ciment de cette nouvelle Côte d’Ivoire. Houphouët est la seule figure de l’Histoire Ivoirienne en laquelle nous nous reconnaissons tous et que nous avons tous à cœur de nous approprier et comme l’a dit une phrase célèbre « les actes posés par les grands hommes effacent toutes leurs faiblesses ». Il n’y a donc à retenir de sa vie et son œuvre que l’immense amour pour son pays et les siens qui lui a forgé une vision ambitieuse du destin de la Côte d’Ivoire.
Camarade, le MFA croit toujours et encore plus fort aujourd’hui, en son engagement houphouëtiste. Il t’appartiendra, à cette réunion du Bureau Politique du Mardi 23 septembre 2014, de te demander si le RHDP d’aujourd’hui est encore dans la vision et la ligne politique de Monceau 2005, et si on peut encore parler d’alliance Houphouëtiste, si tant est qu’à son plus haut niveau de décision, l’on se retrouve avec seulement deux partis, pour ne pas dire deux « BIG BROTHERS ». La démocratie était-elle présente au grand spectacle du 17 Septembre dernier à Daoukro ? N’y a-t-il pas eu overdose de volonté de domination, de morgue et de désinvolture infantilisante ?
Qui peut, de bonne foi, nier que la nouvelle CEI est trop déséquilibrée au profit du Chef de l’Etat et du Gouvernement ? Pourquoi le cri du cœur des 26 Députés PDCI n’a guère ébranlé les grands Décideurs, qui ont su les faire rentrer dans les rangs sinon les « mater » ? N’y avait-il pas , par ailleurs, un sort plus « politique » à faire à l’opposition AFD/FPI pour mettre à l’aise leur leaders qui ont, contre de grands vents et marées, accepté d’entrée à la CEI et de participer au jeu démocratique ? Un pouvoir n’est-il pas, dans les faits, plus fort lorsque son opposition est forte, structurée et exerce à fond son travail de contre-pouvoir ? Doit-on les rappeler à l’ordre, comme des gamins désobéissants, en brandissant la menace du recours au seul Ministère de l’Intérieur pour les élections et ce, au mépris de l’article 32 de notre constitution (donc pas de CEI) et le bref rappel de la situation de liberté provisoire de certains de ses leaders s’imposait-il?
Le RHDP actuel, le RHDP de Daoukro est-il encore Houphouëtiste et mû par l’esprit du Vieux ? Ou ne serait-ce qu’un Rassemblement des Houphouëtistes De Profundis ?
Ne somme nous pas déjà en face de deux RHDP ? Le RHDP du PDCI-RDR et le RHDP originel à ressusciter ?
Camarade, le MFA ne renoncera jamais à l’idéal et à l’ambition Houphouëtistes - Il s’y est campé, en sachant très bien pourquoi, même si cela a pu, à l’époque, surprendre plus d’un. Ce n’est pas lui qui quittera le RHDP, mais forcément ceux qui ne l’ont peut-être jamais vécu ni senti.
Camarade du MFA, bienvenu au bureau politique de ce Mardi 23 septembre 2014, tu as la parole…
Le Président
Kobena Innocent ANAKY