On a pensé un moment qu'on était dans une chaudière tellement le débat était on ne peut plus houleux. Sur la chaîne de télévision Vox Africa, dans l'émission de débat « le Grand Talk », dimanche 5 octobre 2014, des jeunes leaders politiques ivoiriens se sont véritablement empoignés. Le Secrétaire national à la jeunesse (Snj) du Rassemblement des républicains (Rdr, parti au pouvoir), le député Soro Tiorna Alphonse, le président de la Coalition des militants du Pdci-Rda pour la sauvegarde des intérêts du Pdci-Rda, Williams Koffi et le Secrétaire national (Sn) de la Jeunesse du Front populaire ivoirien (Jfpi), Konaté Navigué n'ont pu s'accorder sur les questions abordées. Ils ont, pour ainsi dire, étalé leur profonde divergence. Au point où sur le plateau de cette télévision internationale, le présentateur, l'ivoirien Jean Jacques Varold a eu du mal à maîtriser ses invités. Qui ont été amenés à se prononcer sur la fièvre hémorragique à virus Ebola qui menace la Côte d'Ivoire, les élections au Rassemblement des jeunes républicains (Rjr), le retrait du Fpi de la Commission électorale indépendante (Cei) et l'appel de Bédié en faveur de Ouattara pour la présidentielle de 2015.
C'est sans surprise qu'Alphonse Soro a applaudi des deux mains, ce soutien du président du Pdci à l'actuel chef de l’État pour la présidentielle de 2015. Il a trouvé que cela traduit une « cohérence politique ». « L'histoire, c'est que le Rdr est sorti du Pdci-Rda. Depuis pratiquement dix ans, tous ceux qui étaient sortis du Pdci et qui se sont constitués en parti politique, se sont réunis dans un cadre appelé Rhdp. Dix ans de collaboration pacifique qui ont donné une avancée notable qui a donné la stabilité et qui est en train de donner le développement à la Côte d'Ivoire », a-t-il commenté cet appel du mercredi 17 septembre 2014. « On ne parle pas d'alliance entre le Pdci et le Rdr. Ce n'est que le retour au parti qu'Houphouët-Boigny avait donné aux Ivoiriens, lequel Houphouët-Boigny avait donné la paix, la stabilité et le développement à la Côte d'Ivoire. On a vu que lorsqu'il y a eu la mésentente, c'est ce qui a permis à des gens de venir à la tête de ce pays, et qui n'ont rien apporté », a souligné M. Soro, député et ex-président de l'Alliance pour le Changement (Apc).
Konaté Navigué, en réaction, a dit qu'il n'a pas été surpris par cet appel. « Bédié est dans sa logique (…). Je pense que Bédié vient de tuer, pour la deuxième fois, Houphouët-Boigny. Houphouët-Boigny est mort cliniquement en 1993, Bédié vient de l'achever politiquement avec une telle déclaration … », a analysé le jeune leader frontiste. Il a dénoncé que ce soit la première fois, depuis 1946, que le Pdci soit absent à une élection présidentielle. « Même en 2000, Bédié étant en exil, il a déposé sa candidature », a rappelé Konaté Navigué. « C'est un fils qui trahi son père. Bédié est aujourd'hui, le Brutus (…). Nous sommes dans le temps de Jules César. Mais c'est Brutus qui a apporté le dernier poignard alors que c'est le fils adoptif de Jules César. C'est ce que Bédié vient de faire ici. Il a commencé quand il était au pouvoir : la « dehouphouéteïsation » de la Côte d'Ivoire…Il est important que les militants, et les Ivoiriens, dans leur ensemble, cessent d'être ce genre de militant. On ne peut pas trahir une lutte, on ne peut pas vendre une lutte à cause de ses intérêts égoïstes (…).
Je pense que KKB a raison de mobiliser les militants du Pdci pour refuser cette forfaiture », a martelé M. Konaté, Secrétaire national chargé des fédérations de la région de la Bagoué.
Pour Williams Koffi, « l'heure est grave. La situation est grave ». « Quel est ce mariage où une seule partie est heureuse ? (…). La forfaiture est grande (…). C'est un appel nul et de nul effet. C'est un appel qui ne peut pas aboutir. Aujourd'hui, le malaise est installé. Aujourd'hui, Houphouët-Boigny s'est penché du côté gauche de sa tombe. Il faut le redresser », s'est emporté M. Koffi, membre du Bureau politique du Pdci. A l'écouter, cet appel a démotivé les militants de son parti. « L'appel a été lancé en pleine phase de restructuration du pays. Dès que Bédié a fait son appel de Daoukro, les militants ont arrêté de payer leur adhésion. Les militants ne veulent plus participer à aucune élection des Secrétaires généraux de section. Voici le danger que court le Pdci. Et en plus, M. Bédié, sans aucune consultation, se permet de remplacer le Pdci-Rda par le Pdci-Rdr », a souligné Williams Koffi.
SYLLA Arouna