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Économie Publié le jeudi 5 février 2015 | Abidjan.net

Interview/ Guy M’Bengue, Directeur général de l’APEX-CI: ‘‘Il y a une corrélation très forte entre la performance d’une société et l’efficacité de son conseil d’administration’’.

© Abidjan.net Par DR
Economie : Ouverture du Forum Africa CEO 2012
Mardi 20 novembre 2012. Genève. The Africa CEO Forum; le rendez-vous des dirigeants de grandes entreprises africaines a ouvert ses portes. Photo: Guy M`Bengue, DG de APEX-CI
Guy M’Bengue est Administrateur de plusieurs entreprises.
Il est le premier vice-président de l’Institut national des administrateurs de Côte d’Ivoire (INAD-CI). Après à peine une année d’existence, cette structure des administrateurs d’entreprise a déjà pignon sur rue en Côte d’ivoire, sur le continent africain, en Europe et au Canada.
En effet, l’Institut des administrateurs de Côte d’Ivoire (INAD-CI) est rentré dans l’histoire des relations d’affaires de Côte d’Ivoire par la signature d’un accord avec le prestigieux Institut Marocain d’Administration (IMA), en présence du roi Mohamed VI et de son excellence Alassane Ouattara. Dans cette interview, Guy M’Bengue nous parle en long et en large de l’institut des administrateurs de Côte d’Ivoire (INAD-CI) et de ce qui fait sa force.


Pour les lecteurs, parlons en quelques mots du rôle de l’APEX-CI dont vous êtes le Directeur Général ?

L’Apex-ci est un organisme de promotion et de développement de l’exportation de Côte d’Ivoire vers le monde entier, de lobby de la Côte d’Ivoire sur les marchés internationaux et aussi de tout ce qui est renforcement des capacités du secteur privé, notamment celui des Petites et moyennes entreprises (PME) pour leur permettre d’avoir des parts conséquentes sur les marchés internationaux.
Dans le secteur lobby, on gère un certain nombre d’outils. Ce qu’on nomme The Business Conseil (le conseil des affaires), US Côte d’Ivoire Council (Le conseil des affaires Côte d’Ivoire - Etats Unis), UK Côte d’Ivoire Business Conseil (le conseil des affaires Côte d’Ivoire Angleterre), Canadian-Côte d’Ivoire Business Conseil (Le conseil des affaires Canada Côte d’Ivoire) et Indian Côte d’Ivoire Business Conseil.
En fait, c’est une structure de proximité qui permet de regrouper à parité les opérateurs économiques ivoiriens et étrangers, de manière à pouvoir travailler au développement des affaires. C’est vraiment une structure de proximité.


D’où est partie l’idée de création de l’INAD-CI ?

Ecoutez, moi je pense que la présidente, Mme Viviane Zunon-Kipré, a eu le nez creux de pouvoir penser la création de cet organisme elle-même, en tant que présidente du conseil d’administration de Fraternité Matin et après une longue expérience dans la banque et dans le secteur privé. Je pense qu’elle a jugé nécessaire qu’il puisse avoir un outil de promotion de la bonne gouvernance et de professionnalisation du métier d’Administrateur au plus haut niveau dans les sociétés.
Or, le plus haut niveau de décision dans une entreprise, c’est le conseil d’administration. Je peux dire qu’il y a une corrélation très forte entre la performance d’une société et l’efficacité de son conseil d’administration. Il faut bien le noter. Si un conseil d’administration est fort et performant, la société aura des résultats satisfaisants. Si vous avez un conseil d’administration qui n’est pas efficace, ça se traduit dans les résultats. Il est important de souligner que l’identité avec laquelle on fonce vers l’émergence nécessite qu’il y ait des sociétés ivoiriennes très fortes. Pour réussir, il faut bien entendu que les produits soient bons, que les hommes soient bons, mais que les organes de décision qui orientent la stratégie de l’entreprise soient pourvus d’hommes compétents pour le faire. Il faut à la fois former les administrateurs, leur permettre de s’échanger les bonnes pratiques et aussi leur faire bénéficier d’un peu d’expérience des pays qui ont réussi. Ce qui explique la liaison avec le Maroc. L’articulation entre la performance des conseils et les résultats des entreprises, c’est quelque chose de fondamental qu’il faut garder à l’esprit.


Au cours d’une vos activités, la présidente avait dit que l’Etat perdait près de 300 milliards FCFA du fait de la corruption et du racket. Que prévoit l’INAD-CI pour juguler ce fléau?

Écoutez, d’abord je pense qu’elle a raison parce que les entreprises doivent fonctionner dans le respect de l’éthique et de la déontologie. Ceci est d’autant plus important que ces des éléments qui doivent guider un bon conseil d’administration. Déjà, si au niveau des organes dirigeants ces principes sont intériorisés, il est tout à fait évident qu’ils les communiqueront aux instances opérationnelles, à la direction générale, qui va les diffuser aux services et aux agents. Je crois qu’il est important de noter qu’une des missions du conseil d’administration est de faire en sorte que nous travaillons dans l’éthique. Et c’est cela le rôle que peut jouer un conseil d’administration dans cette lutte contre la fraude. C’est dans ce cadre que l’INAD-CI va régulièrement initier des sessions de formation pour sensibiliser et alerter sur les risques de fraude.


Pour en venir maintenant au Maroc, vous y étiez récemment, vous avez participé au forum économique avec la présence de monsieur le président de la République. Que pouvons-nous retenir de cette mission ?

On retient d’abord une volonté politique au plus haut niveau de renforcer la coopération entre la Côte d’Ivoire et le Maroc. D’un côté son excellence monsieur le président Alassane Ouattara et de l’autre le Roi du Maroc, ceci est important. Aussi, la rencontre de ces deux volontés constitue une condition indispensable pour avoir, je dirais des relations longues et durables. C’est ça le premier élément. Deuxième élément, c’est la forte implication du secteur privé. Il ne faut pas oublier l’avion affrété avec une centaine d’opérateurs économiques qui ont participé au forum économique. C’est très important. De mémoire de spécialiste du commerce international en Côte d’Ivoire, je n’ai jamais vu ça. Le troisième élément est quelque chose qui est rentré dans la carte. C’est l’Institut National des Administrateurs. Vous n’avez jamais vu cet élément dans le cadre de la signature des conventions. C’est vraiment historique. C’est dire que nous sommes allés pour une coopération économique, mais nous avons fait rentrer un élément nouveau, un outil de respect de l’éthique et de la bonne gouvernance. Nous n’y allions pas pour tergiverser. Pour ce faire, nous sommes arrivés avec détermination et engagement à créer un terroir afin de travailler dans de bonnes conditions. C’est en ce sens que cet accord arrive à point nommé pour consolider ce qui est traditionnel.


De façon concrète, cet accord avec les Marocains rapporte quoi ?

Nous sommes une jeune organisation. L’Institut Marocain des Administrateurs est une organisation qui a une certaine expérience. Vu la performance des sociétés marocaines aussi bien en Afrique qu’à l’extérieur de l’Afrique, on peut supposer que les conseils d’administration de ces sociétés sont efficaces. Je vous rappelais la corrélation des actions de la performance des entreprises et l’efficacité des conseils d’administration. C’est un couple, c’est une corrélation parfaite sur laquelle nous devons nous appuyer. D’où la bonne opportunité de cet accord signé. Nous allons en tirer des leçons. Ils vont nous appuyer en termes de transfert de connaissance, de compétences, de participation à nos activités et d’organisation d’activités communes. Je tiens à souligner que l’Institut Marocain des Administrateurs a des raisons valables de collaborer avec l’INAD-CI, vu l’ensemble des entreprises marocaines qui sont établies en Côte d’Ivoire, qui cherchent nécessairement à améliorer leur cadre de travail, afin de booster leur performance. Ce qui nous arrange, ce qui les arrange! C’est un win win game ! C’est très important.
Je pense que nous allons en tirer d’énormes profits et nous sommes en train de rendre opérationnels les éléments contenus dans ce mémorandum signé devant le roi du Maroc et son excellence le président Alassane Ouattara. Vous voyez la portée politique de la chose au plus haut niveau. Nous mesurons, nous, moi en tant que 1er vice-président, Mme Viviane Zunon-Kipré et les autres membres, la portée de cet accord et le rôle que nous pouvons jouer pour préparer les générations futures à la relève, dans le respect de l’éthique et de la bonne gouvernance.


L’une des vertus que prône l’INAD-CI, c’est bien sûr la bonne gouvernance. Aujourd’hui avec l’expérience que vous avez dans ce pays en tant que spécialiste du commerce international et dans la gestion d’entreprise, est-ce que la Côte d’Ivoire a progressé en termes bonne gouvernance ?

La Côte d’Ivoire a gagné et va gagner encore plus. Si vous prenez l’ensemble des programmes des bailleurs de fonds, que ce soit la Banque Mondiale ou la BAD, au niveau de l’analyse du crédit, il y a toujours une appréciation au niveau de la bonne gouvernance dans le pays. Elle s’apprécie tant au niveau Macro que niveau Micro. L’INAD-CI assure son rôle au niveau des entreprises, donc au niveau micro. Je pense que c’est un élément fondamental. Jusqu’à présent, il y avait un chainon manquant. Il y avait des conseils d’administration, mais il n’y avait pas une structure pour les accompagner pour faire la promotion de l’éthique et des pratiques de bonne gouvernance en leur sein. C’est un chainon manquant qui est comblé. Plus on s’engage pour la bonne gouvernance, mieux nous gagnerons au cours des années futures.

Il y a une phrase qui revient régulièrement depuis le début de cet entretien, c’est la corrélation entre la performance des conseils d’administration et la celle des entreprises. Est-ce à dire que vous êtes partant pour que le choix d’un conseil d’administration réponde à un certain nombre de critères ?

Bien entendu, toutes ces actions sont menées afin que les administrateurs soient choisis non pas parce qu’ils ont besoin de gains, mais surtout parce qu’ils répondent à un minimum de compétences. S’ils n’ont pas cette compétence, s’ils sont choisis parce qu’ils ont une partie du capital, ce qui peut s’expliquer, l’INAD-CI se met à leur disposition pour les former et leur faire partager l’expérience de pairs, que ce soit d’ici ou d’ailleurs, qui ont réussi, en vue d’améliorer leurs performances. Parce que ce n’est pas inné, ça peut s’apprendre.

Comment se sent Guy M’Bengue quand il apprend que des pratiques de bonne gouvernance ne sont pas respectées ? Dans des passations de marché en Côte d’Ivoire par exemple.

Il s’agit d’un secteur bien particulier.

C’est juste un exemple que je voulais prendre. Il y a bien d’autres secteurs aussi !

Je veux dire ce n’est pas un problème de conseil d’administration. C’est un problème de procédure de passation de marché en gros, si je peux m’exprimer ainsi. Le conseil ne peut que condamner ces pratiques ! Nous, nous sommes pour des marchés transparents, ouverts, qui répondent à certaines règles. C’est ce que je peux dire.


Avez-vous déjà condamné ces pratiques-là depuis votre existence?

L’INAD-CI vient à peine de naître. C’est certain qu’au niveau de ce qui se passe, l’INAD-CI, à l’instar d’organismes semblables dans le monde, va donner des avis pour indiquer que ces procédures ne sont pas convenables. Nous sommes dans une phase d’organisation, nous allons mettre en place des outils de communication et d’alerte. Nous ne souhaitons pas aller vite en besogne. Nous nous structurons et nous pensons bientôt être consultés sur ces questions.

Aujourd’hui, qui peut être membre de l’INAD-CI ?

Tout administrateur de société peut être membre de l’INAD-CI.

Même avec un passé sulfureux ?


Non ! Il y a toujours un parrainage. On ne peut pas avoir un passé sulfureux, il y a toujours un parrainage. Dans ce pays où on se connait tous, on sait plus ou moins celui qui a un passé sulfureux. Je ne pense pas que mes collègues administrateurs pourront l’accepter. Il y a une procédure d’admission et une Duo Diligence. Les informations sur les adhérents seront analysées avant leur adhésion.


Vous allez vers les administrateurs ou vous demandez qu’ils viennent plutôt à vous ?

Ils viennent vers nous. Néanmoins, nous identifions certains champions que nous cooptons.


Concernant le secteur du Café Cacao, secteur phare de l’économie ivoirienne et qui a longtemps souffert de son conseil d’administration, quel est votre point de vue ?

Ecoutez, vous demandez le point de vue d’un administrateur. Nous souhaitons la transparence. Nous demandons que tout soit géré dans les règles de l’art. C’est tout ce que je peux dire. Maintenant, pour ce qui est arrivé par le passé, s’il y a eu mal gouvernance, la justice fera son travail. Ce sont des pratiques qu’on ne peut pas approuver, mais toujours est-il que ce sont des affaires qui sont actuellement au tribunal. On ne peut pas se permettre de donner un point de vue, tant qu’on n’a pas l’ensemble des dossiers et l’issue de la procédure.


Quels sont les outils dont compte se servir l’INAD-CI pour atteindre ses objectifs ?

Je vous conseille de vous référer au fascicule et au site de l’INAD-CI qui sont très bien faits. Vous avez la mission, le rôle, le rôle des commissions et vous trouverez toutes les informations de façon exhaustive. Ce sont ces éléments que nous déroulons à présent. Nous avons des outils et même s’ils ne suffisaient pas, dans le cadre de notre coopération avec par exemple l’Institut Marocain des Administrateurs, l’Institut Français des Administrateurs, le Collège des Administrateurs du Canada, le Réseau Africain de la Bonne Gouvernance… nos faiblesses seront corrigées.


Si vous devriez lancer un appel pour motiver d’autres administrateurs à vous rejoindre…

Ecoutez, si je veux lancer un appel, je dirais que les hauts dirigeants soucieux du développement de leur entreprise, qui veulent profiter de l’expérience d’entreprises performantes, d’administrateurs compétents et marquer ainsi leur engagement pour l’éthique et la promotion des pratiques de bonne gouvernance, je pense que c’est le lieu où ils doivent être. Ils doivent adhérer à l’institut.


Après une année pratiquement d’existence, avez-vous un bilan à dresser ?

Il y a un bilan. Je pense qu’il faut s’adresser à la directrice exécutive. Il y a eu un accord signé. Ça se prépare. Il y a eu des sessions de formation et il y a encore des choses qui se feront. Nous ne sommes pas encore à une année pleine d’activités jour pour jour. L’INAD-CI a été créé le 09 avril 2013 et nous avons véritablement commencé nos activités le 20 mai 2014. Disons qu’on se situe vraiment dans une tendance avec de très bons résultats, en peu de temps d’existence. Je pense que les Marocains n’auraient pas signé avec nous, s’ils n’étaient pas sûrs qu’on avait un potentiel.

Ce potentiel, c’est par la qualité des membres qui composent l’INAD-CI ?

Bien entendu ! Quand vous voyez la qualité de nos membres et du travail abattu.
Mais, est-ce que tous les secteurs sont représentés à l’Institut?

Ecoutez, nous sommes en voie de couvrir tous les secteurs. On a commencé par un noyau dur de champions de référence et au fur et à mesure le cercle s’élargira. A l’instant, devant la directrice exécutive, je viens d’avoir une personne qui est PCA d’une société du secteur privé, une très grosse société de la place, qui a accepté de nous rejoindre.


Quels sont vos rapports avec la Confédération Générale des Entreprises de Côte d’Ivoire (CGECI)?


La CGECI, c’est le patronat. Le rôle de la CGECI, c’est de faire la promotion du secteur privé sur tous les plans. Que ce soit au niveau de la bonne gouvernance des marchés, de la défense du secteur privé, au niveau de la fiscalité, au niveau des finances, c’est vraiment un spectre large, et c’est normal que de CGECI fasse en sorte qu’une structure spécialisée comme l’INAD-CI naisse. Le spectre est trop large. Entre la promotion du secteur industriel, la promotion du secteur privé, la fiscalité, les problèmes d’environnement comme les déchets plastiques, vous voyez que c’est vraiment large. Je dirais qu’il y a des liens très forts, Le patronat est soucieux des résultats et de la performance des entreprises. D’ailleurs, la CGECI fait partie de l’INADCI. Moi-même, je suis administrateurs de la CGECI et président de la commission Affaires internationales. Il y avait un vide dans le système de gestion. L’on ne s’en rend peut être pas compte pour l’instant. Mais, dans quelques années, compte tenu de la corrélation que j’ai décrite entre la performance des entreprises et celle des organes de gouvernance, l’on appréciera l’importance de l’INAD-CI.


Pour 2015, est ce qu’on peut avoir un aperçu des activités ?

Je préfère laisser le soin à la présidente d’annoncer nos actions à venir.

Est-ce que vous comptez représenter vos pairs dans les structures ?

Ce sont des choses qui sont à l’étude et on verra bien. Ça dépend aussi des secteurs.




Danielle Tagro
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