Les prix bord champ du kilogramme de l’hévéa n’ont plus atteint 400 Fcf, depuis la fin de la crise postélectorale. Un sachant fait des propositions à l’Etat et aux acteurs en vue de relever le défi.
Il y a près de dix ans que les producteurs d’hévéa broient du noir. De 2005 à 2015, le kilogramme est passé de 766 à 281 Fcfa. Face à cette situation, les exportateurs ont demandé au gouvernement de revoir à la baisse la taxe de 5%. L’Etat de Côte d’Ivoire, qui veut voir les conditions de vie des producteurs s’améliorer, a accédé à la requête en suspendant la taxe sur le chiffre d’affaires des usiniers. Alors qu’on s’attendait à une augmentation des prix après l’effort de l’Etat, le coût de cette matière n’a cessé de chuter au grand désarroi des producteurs. Aujourd’hui, le kilogramme d’hévéa ne coûte que 281 Fcfa le prix bord champ. Et depuis longtemps, aucune solution n’a été apportée aux difficultés des paysans. Un expert du secteur, jeune pépiniériste, Camara Issouf, indique qu’il faut agir maintenant si la Côte d’Ivoire, premier pays producteur africain et septième mondial du latex, veut atteindre les 600 000 tonnes d’ici à 2020. Il faut libéraliser, à l’en croire, l’exportation du latex pour permettre aux producteurs d’être plus autonomes dans la vente de leurs produits. Il existe dans le pays des Ivoiriens qui veulent acheter le caoutchouc brut. La preuve, une dizaine de demandes d’exportation de fonds de tasse se trouve sur la table du ministre de l’Agriculture, Mamadou Sangafowa. Si l’exportation du produit est ouverte, les producteurs ne subiront plus le diktat de quelques exportateurs. « Ce sont plutôt les producteurs d’hévéa qui seront courtisés. Et j’en suis sûr. Car les usiniers font à présent le malheur des braves paysans. Ils ont pris en otage la filière. Après la vente, ils mettent un mois avant de payer alors que par le passé, le producteur avait son argent dans les trois jours qui suivaient la livraison», souligne-t-il. L’autre solution qui peut relever les prix des producteurs, c’est la suppression de la décote de 3% sur le prix international. Ce prélèvement ruine les producteurs au profit des usiniers. Pour lui, cette décote instaurée, il y a plus d’une décennie en arrière, n’a plus sa raison d’être. « Cette décote avait été instaurée parce qu’à l’époque on disait que le caoutchouc ivoirien était de mauvaise qualité », note-t-il. Aujourd’hui, tout le monde affirme que la Côte d’Ivoire a amélioré la qualité de sa production. La troisième solution qu’il propose consiste à réétudier le système de la DRC (teneur en eau du caoutchouc). Pour lui, ce système doit être revu car les producteurs ne livrent plus du caoutchouc humide. Pour l’analyste, les DRC sont de vieilles études qui appauvrissent les producteurs. « On accuse notre caoutchouc de contenir 40% d’humidité et 60% de latex. Les choses ont évolué. On ne produit plus du caoutchouc humide dans ce pays », précise Camara Issouf. Il faut donc lever cette vieille méthode qui fait le bonheur de certains et le malheur des paysans. La quatrième solution qu’il propose, c’est d’encourager les producteurs à se mettre en coopérative de sorte à créer de petites unités de transformation. Ce sont des choses qui existent en Asie et rendent performant les activités des producteurs, selon lui. Avec 5.000 hectares, des producteurs réunis en coopérative peuvent créer de petites unités de transformation.
La mise en place de l’interprofession et la formation des producteurs
Une autre solution pour permettre aux producteurs de bénéficier des retombées de leurs activités, c’est de mettre en place leur nouvelle interprofession conformément à l’ordonnance n° 2011-473 du 21 décembre 2011 relative aux organisations professionnelles agricoles. L’Etat, dans son rôle régalien, doit ramener à l’ordre tous ceux qui rament à contre courant dans la mise en place de l’interprofession. Car l’ordonnance du chef de l’Etat octroie 60% du prix international aux producteurs comme c’est déjà le cas des secteurs du café-cacao, du coton et de l’anacarde. Il faut donc accélérer la mise en place de l’interprofession. « Depuis quatre ans, les acteurs du secteur d’hévéa n’arrivent pas à mettre en place l’interprofession parce qu’ils sont divisés. Il faut vite trouver une solution à cela si on veut sortir les producteurs de la paupérisation », indique notre interlocuteur. Avant de demander aux responsables de la filière d’organiser des séances de formation et d’encadrement des producteurs à la gestion de leurs revenus, a-t-il conclu. Certes, l’Etat a décidé de ne pas intervenir dans la filière hévéa, mais le choix porté sur le secteur pour bénéficier des services de la Couverture maladie universelle (Cmu) devrait l’amener à avoir un regard sur les difficultés des paysans.
Romaric Sako
Il y a près de dix ans que les producteurs d’hévéa broient du noir. De 2005 à 2015, le kilogramme est passé de 766 à 281 Fcfa. Face à cette situation, les exportateurs ont demandé au gouvernement de revoir à la baisse la taxe de 5%. L’Etat de Côte d’Ivoire, qui veut voir les conditions de vie des producteurs s’améliorer, a accédé à la requête en suspendant la taxe sur le chiffre d’affaires des usiniers. Alors qu’on s’attendait à une augmentation des prix après l’effort de l’Etat, le coût de cette matière n’a cessé de chuter au grand désarroi des producteurs. Aujourd’hui, le kilogramme d’hévéa ne coûte que 281 Fcfa le prix bord champ. Et depuis longtemps, aucune solution n’a été apportée aux difficultés des paysans. Un expert du secteur, jeune pépiniériste, Camara Issouf, indique qu’il faut agir maintenant si la Côte d’Ivoire, premier pays producteur africain et septième mondial du latex, veut atteindre les 600 000 tonnes d’ici à 2020. Il faut libéraliser, à l’en croire, l’exportation du latex pour permettre aux producteurs d’être plus autonomes dans la vente de leurs produits. Il existe dans le pays des Ivoiriens qui veulent acheter le caoutchouc brut. La preuve, une dizaine de demandes d’exportation de fonds de tasse se trouve sur la table du ministre de l’Agriculture, Mamadou Sangafowa. Si l’exportation du produit est ouverte, les producteurs ne subiront plus le diktat de quelques exportateurs. « Ce sont plutôt les producteurs d’hévéa qui seront courtisés. Et j’en suis sûr. Car les usiniers font à présent le malheur des braves paysans. Ils ont pris en otage la filière. Après la vente, ils mettent un mois avant de payer alors que par le passé, le producteur avait son argent dans les trois jours qui suivaient la livraison», souligne-t-il. L’autre solution qui peut relever les prix des producteurs, c’est la suppression de la décote de 3% sur le prix international. Ce prélèvement ruine les producteurs au profit des usiniers. Pour lui, cette décote instaurée, il y a plus d’une décennie en arrière, n’a plus sa raison d’être. « Cette décote avait été instaurée parce qu’à l’époque on disait que le caoutchouc ivoirien était de mauvaise qualité », note-t-il. Aujourd’hui, tout le monde affirme que la Côte d’Ivoire a amélioré la qualité de sa production. La troisième solution qu’il propose consiste à réétudier le système de la DRC (teneur en eau du caoutchouc). Pour lui, ce système doit être revu car les producteurs ne livrent plus du caoutchouc humide. Pour l’analyste, les DRC sont de vieilles études qui appauvrissent les producteurs. « On accuse notre caoutchouc de contenir 40% d’humidité et 60% de latex. Les choses ont évolué. On ne produit plus du caoutchouc humide dans ce pays », précise Camara Issouf. Il faut donc lever cette vieille méthode qui fait le bonheur de certains et le malheur des paysans. La quatrième solution qu’il propose, c’est d’encourager les producteurs à se mettre en coopérative de sorte à créer de petites unités de transformation. Ce sont des choses qui existent en Asie et rendent performant les activités des producteurs, selon lui. Avec 5.000 hectares, des producteurs réunis en coopérative peuvent créer de petites unités de transformation.
La mise en place de l’interprofession et la formation des producteurs
Une autre solution pour permettre aux producteurs de bénéficier des retombées de leurs activités, c’est de mettre en place leur nouvelle interprofession conformément à l’ordonnance n° 2011-473 du 21 décembre 2011 relative aux organisations professionnelles agricoles. L’Etat, dans son rôle régalien, doit ramener à l’ordre tous ceux qui rament à contre courant dans la mise en place de l’interprofession. Car l’ordonnance du chef de l’Etat octroie 60% du prix international aux producteurs comme c’est déjà le cas des secteurs du café-cacao, du coton et de l’anacarde. Il faut donc accélérer la mise en place de l’interprofession. « Depuis quatre ans, les acteurs du secteur d’hévéa n’arrivent pas à mettre en place l’interprofession parce qu’ils sont divisés. Il faut vite trouver une solution à cela si on veut sortir les producteurs de la paupérisation », indique notre interlocuteur. Avant de demander aux responsables de la filière d’organiser des séances de formation et d’encadrement des producteurs à la gestion de leurs revenus, a-t-il conclu. Certes, l’Etat a décidé de ne pas intervenir dans la filière hévéa, mais le choix porté sur le secteur pour bénéficier des services de la Couverture maladie universelle (Cmu) devrait l’amener à avoir un regard sur les difficultés des paysans.
Romaric Sako