Depuis l’avènement de l’industrialisation le chômage s’est introduit dans le monde avec tous les drames qu’on connait. Le chômage a été l’origine de guerres, de famine, de révolution, de coups d’Etat, d’élections perdues et même de couples séparés ou divorcés. Karl Max dans son monumental ouvrage LE CAPITAL a su disséquer, avec une précision d’horloger, les mécanismes de la société capitalistes et les orages qu’elle fera pleuvoir. Il a proposé à la place une société socialiste qui aboutira au communisme. Un paradis selon lui. Avec l’avènement d’une société communisme le monde vivra dans l’amour, l’égalité et sans chômage. Des révolutionnaires vont s’emparer des pouvoirs dans certains pays tels que la Russie, la Chine et l’Albanie. Surtout l’Albanie qui va, un peu comme la Corée, s’approcher du paradis communiste. Karl Max n’avait pas prévu que les individus qui vont expérimenter sa théorie vont exercer sur la population un régime de fer, privant les individus de liberté. Ces révolutionnaires n’ayant pas prévu la résistance des centaines de personnes à leur politique. Hampaté Ba, un jour, m’a dit qu’au début de l’indépendance de l’Algérie, des prêtres catholiques sont venus le rencontrer. Ils lui demandaient de voir son Président pour qu’il intervienne auprès du chef d’Etat de l’Algérie afin qu’il abandonne cette politique socialo-communiste que le peuple algérien ne pourrait pas supporter. Le socialisme, le communisme, venait avec lui, comme la nuée avec lui, l’athéisme. Karl Max n’avait pas compris que le capitalisme avec de nombreuses pièces de rechange à son système dont le moindre n’est pas la distraction permanente des peuples comme la Rome antique avec ses arènes. L’individu étant de nature égoïste ce serait un jeu d’enfant pour terrasser le socialisme. Aujourd’hui, nous sommes dans un système capitalisme triomphant et dans sa nature la plus dure avec les grandes concentrations internationales. Le marché dicte sa loi. Dans tous les pays du monde on ne parle que du chômage depuis des décades. Tous les démagogues s’en servent pour arriver au pouvoir car le peuple, sans culture, croit naïvement que tout le monde peut avoir du travail, ce qui est quasi impossible. Que voit-on , en ce moment, dans presque tous les pays africains ? Des jeunes qui sont presque à l’âge de la retraite avant d’avoir un travail. Et surtout des parents, à la retraite, qui s’occupent encore matériellement et financièrement de leurs fils et de leurs petits-fils. C’est un vrai drame. Le chômage a poussé des jeunes et même des adultes à risquer leur vie en prenant des pirogues pour atteindre l’autre rive. Dans certains pays des quartiers ont été vidés des forces vives englouties dans la mer. Devant l’humiliation du chômage n’ont-ils pas dit que partir est mieux que de rester sur place ? Pour eux, tenter et mourir est encore mieux que de rester sur place. De tous les deux côtés la mort les guette. Donc partir est encore mieux. Ils ont fait sien les propos d’une philosophe de l’Inde du nom de Raja Rao que celui qui n’a pas tenté ne doit jamais se plaindre de la médiocrité de sa vie. Ce que les candidats au suicide oublient c’est que l’Occident qui est leur paradis n’est pas mieux que l’Afrique. Là-bas les drames du capitalisme sont encore plus décasteurs. Ceux qui vont atteindre l’autre rive vont maudire le jour où ils ont voulu aller en Occident. En Afrique, ils avaient encore la chaleur de la famille. Le capitalisme n’a pas réussi à la détruire. Pas pour le moment. Aminata Sow Fall disait, en Italien, à un immigré de revenir au pays. Il se levait tôt et rentrait tard d’un champ de tomates. Elle lui fit comprendre qu’en faisant le même effort, même au tiers, dans son pays il aura son propre champ de tomates. Et c’est pourquoi le discours du Président Ouattara au forum sur l’émergence est à méditer . Disant que l’agriculture est indispensable pour l’émergence il donne ainsi le chemin pour la sortie du chômage. La terre ne ment pas. Le bureau est incertain. Aucun pays africain ne peut faire comme les Khmers rouges, au Cambodge, en poussant les citadins, par la force, dans les campagnes. Mais point de mystère, pour la jeunesse africaine, le chemin de la libération, de la dignité, se trouve dans les villages. Je me réjouis de l’avoir compris tôt, en 1975, en publiant mon roman : « Ma joie en lui » pour montrer que le développement de l’Afrique passait, absolument, par les villages. Maintenant il ne reste plus qu’aux chefs d’Etat et à leur gouvernement de faire comprendre à une jeunesse diplômée que leur avenir se trouve au retour à la terre. En créant toutes les conditions sociales et culturelles dans les sous-préfectures. Sans oublier les petits barrages et des semences gratuites. Ainsi va l’Afrique. A la semaine prochaine.
Par Isaïe Biton Koulibaly
Par Isaïe Biton Koulibaly