Mme Aïda Diarra, vice-présidente régionale en charge de l’Afrique à Western Union, de passage à Abidjan, aborde à travers une interview accordée à l’AIP, diverses questions liées à la vie de son entreprise, qui célèbre cette année le 20ème anniversaire de son implantation sur le continent : notamment le bilan de l’entreprise après 20 ans de présence africaine, la cybercriminalité, les enjeux et défis faces aux nouvelles technologies. Interview.
AIP : Western Union célèbre ses 20 ans de présence en Afrique. On se souvient, il y a dix ans de cela, lors de la célébration de vos 10 ans de présence en Afrique, il y avait des affiches publicitaires dans plusieurs rues d’Abidjan. Aujourd’hui, après 20 ans, que retenir de cette aventure africaine, qui se poursuit ?
Aïda Diarra : Oui cela fait 20 ans que nous sommes en Afrique, et grâce aux partenariats, grâce aux efforts qui ont été faits de parts et d’autres, on a réussi à développer aujourd’hui un service qui est offert aujourd’hui dans plus de 50 pays sur le continent, plus de 32000 points de vente, plus de 270 partenaires. Pour en arriver à la Côte d’Ivoire spécifiquement, c’est une histoire extraordinaire, parce qu’on a réussi, à l’époque, à connecter des villages où il n’y avait pas du tout de service financier ; on a permis à des gens qui étaient dans la diaspora, ou parfois en dehors de leur village mais vivant dans leur pays, d’envoyer de l’argent à leur famille qu’ils ont laissé derrière eux. Donc à l’occasion de ses vingt ans, il s’agira de regarder derrière et voir les accomplissements qui ont été fait, mais c’est également un bon moment pour se projeter aussi dans l’avenir. Avec les partenaires, nous allons regarder comment nous allons développer les services ensemble, pour que les services soient encore plus accommodants, et c’est ce que je fais depuis que je suis arrivée à Abidjan.
On assiste depuis ces dernières années à un boom du secteur des services financier en Côte d’Ivoire, surtout des transferts d’argent avec l’entrée de sociétés de téléphonie mobile sur ce marché. Certaines de ces entreprises même offre des services de transfert d’argent à l’international. Comment votre entreprise vit ce nouveau développement des affaires dans votre secteur ?
Je pense qu’il y a plusieurs choses à noter : la première chose est que l’industrie est en croissance, d’une manière générale, parce qu’elle est motivée par le mouvement de flux migratoire. Et on sait que ces flux sont en croissance permanente. Et ça s’est aussi valable pour la Côte d’Ivoire également, qui est une plateforme tournante avec un accueil de migrants, mais qui voit également ses ressortissants aller à l’extérieur. Donc ça, c’est déjà un regard de croissance et d’opportunité que nous portons sur l’activité de transfert en Côte d’Ivoire. La deuxième chose qu’il faut noter, c’est qu’il y a un développement technologique qui démultiplie les possibilités pour les clients. Et quand on regarde ce que les clients nous demandent généralement, ce sont des choses élémentaires mais qui demande à ce qu’on s’y attarde : d’abord, le côté pratique. Je veux pouvoir à tout moment, où j’en ai besoin, avoir accès à ce service de transfert d’argent. D’où le rôle de la technologie. La technologie nous permet aujourd’hui de pouvoir faire des transferts. Que ce soit au départ d’un site internet, d’un téléphone. Vous avez mentionné l’arrivée de différents intervenants sur le secteur, ce qui est excellent. Ces intervenants, la plupart du temps, complètent l’offre de service que nous offrons. Vous avez certainement entendu parler du partenariat que nous avons établi avec MTN, qui va nous permettre d’offrir les services de transfert sur les portefeuilles électroniques. Vous savez, le rôle de Western Union est assez unique. Aujourd’hui on est présent dans plus de 200 pays et territoires.
Nous avons plus de 500 000 points de vente. Ça veut dire que nous connectons chaque point de vente ici en Côte d’Ivoire à plus de 500 000 autres points de vente dans le monde. L’analogie que je fais, elle se retrouve aussi dans le portefeuille électronique. Aujourd’hui, nous avons la capacité de connecter un portefeuille électronique à plus de 500 000 points de vente. C’est notre capacité à mettre en parallèle les points de ventes physiques, qui restent une nécessité pour beaucoup, et mettre en parallèle tout ce qui est nouvelles technologies. Ça veut dire que de la France, un ivoirien peut envoyer de l’argent à sa famille à Yamoussoukro, et la famille à la possibilité de le récupérer à un point de vente qui existe aujourd’hui localement. On a développé en Afrique avec des partenaires des transferts sur compte. C'est-à-dire que quelqu’un qui a compte bancaire aujourd’hui peut récupérer sa transaction. La force de Western Union, c’est que de Wichita aux Etats-Unis, quelqu’un va envoyer sa transaction et le receveur peut la collecter sur son compte bancaire. Nous avons également développé tout ce qui est service internet. Ça émerge. Il y a par exemple un site appelé westernunion.ng au Nigéria. C'est-à-dire que quelqu’un se connecte sur le site et a la capacité de retirer sa transaction. Donc dans cet écosystème, Western Union vient avec des atouts qui sont indéniables, nous avons la capacité d’intégrer les nouvelles technologies dans notre offre de service, et c’est ça qui rend la proposition de Western Union unique.
On peut donc dire que Western Union se porte très bien en Côte d’Ivoire ?
Oui, tout à fait !
Alors, peut-on avoir une idée du volume de trafic de vos transactions au niveau du pays, mais aussi en termes de chiffres d’affaires ?
(Rire) Ça, c’est la question à laquelle je n’échappe jamais, et pour laquelle, malheureusement, je n’ai pas la capacité de rentrer dans les détails, puisque ce sont des informations que nous ne pouvons pas partager à ce niveau granulaire.
Mais tout de même vous pouvez dire un mot sur les origines des transferts ?
Bien sûr ! En ce qui concerne la Côte d’Ivoire, comme je l’ai dit, c’est une plate-forme tournante. Donc les flux viennent aussi bien des pays traditionnels - c’est ce que l’on appelle les corridors traditionnels : l’Europe, la France, l’Italie, la Belgique, etc, que dans les pays environnant, de la sous-région. A l’envoi c’est pareil, car vous avez ici une population d’immigrés qui est assez unique. Quand on regarde en Côte d’Ivoire, la concentration de ceux que l’on appelle les migrants au niveau de la population ivoirienne, ce ratio est l’un des plus importants que l’on a dans toute l’Afrique. Et donc ces gens ont besoin d’accompagner leurs familles qu’ils ont laissées chez eux. C’est donc un moteur de croissance. Et ça fait que, aussi bien en Europe -parce qu’on a tendance toujours à dire que c’est la diaspora en Europe ou aux Etats Unis qui a la capacité d’accompagner les familles-, mais pour le cas de la Côte d’Ivoire, c’est aussi bien l’Europe, les Etats-Unis que l’Afrique.
Au de-delà de cela, vous savez que la Côte d’Ivoire est aujourd’hui un pays qui souffre d’un grand mal : la cybercriminalité. Et très souvent, des agents de points de vente Western Union sont interpellés pour complicité avec des cybercriminels. Au point de se demander si quelque chose est fait à votre niveau pour aider les autorités ivoiriennes à mieux combattre ce fléau…
C’est une question qui est très importante pour nous. La problématique de la fraude n’est pas l’exclusivité des sociétés de transfert d’argent, mais c’est quelque chose auquel nous accordons une importance toute particulière. La prévention passe par plusieurs étapes. Elle passe d’abord par une information au niveau des consommateurs. Parce que si vous avez quelqu’un que vous ne connaissez pas, qui vous demande d’envoyer de l’argent, quelque soit la circonstance, quelqu’un que vous n’avez jamais vu, il y a des méthodes et des précautions à prendre en amont pour s’assurer qu’on envoie à la bonne personne, qu’on la connait, et que le transfert se passe dans une certaine règle de l’art. Donc il y a l’information au consommateur, aussi bien l’envoyeur que le receveur, qu’il faut gérer. La deuxième chose qui est fondamentale, c’est la formation, le partenariat avec nos agents, nos représentants locaux, qui font face à ces situations et pour lesquels on échange les meilleurs pratiques, on collabore au niveau des échanges d’informations, les opérateurs jouent un rôle clé dans l’identification de ces comportements qui sont inappropriés. Au niveau de Western Union également, nous avons toute une équipe, aussi bien au niveau de notre siège aux Etats-Unis qu’au niveau régional en Afrique, dont le rôle est de monitorer les transactions, de pouvoir faire des recoupage par rapport à des comportements qui sont ceux que l’on ne veut pas voir au niveau de notre système. Il y aussi quelque chose que nous faisons en plus, c’est le partenariat avec les autorités locales pour nous assurer qu’elles comprennent notre mode opératoire, et qu’elles sachent vers qui se tourner en cas de besoin d’information supplémentaire pour pouvoir adresser à ses réseaux ce que l’on ne veut pas voir dans notre système.
Dans ce cas pourquoi vous n’arrivez pas à empêcher les transactions frauduleuses ?
Ah non, c’est ce que nous faisons au quotidien ! Nous empêchons au quotidien des transactions frauduleuses ! Quand je parle d’une équipe dédiée, c’est vraiment une équipe dont le rôle est de faire des analyses, des recoupements, de s’assurer que le comportement que l’on voit d’un consommateur est un comportement typique d’accompagnement de sa famille. Et pour ça, il y a des critères que l’on connait. Dès que l’on voit qu’il y a quelque chose qui sort de ces critères, et que l’on voit des schémas qui sont hors norme, il y a tout un processus de vérification. Il peut se trouver que c’est légitime, mais ça commande une attention particulière. Nous nous assurons que ce sont les bonnes personnes qui utilisent notre système, que notre système est utilisé pour ce qu’il est, c'est-à-dire le transfert d’argent pour le soutien à la famille.
Au moment où vous célébrer vos 20 ans de présence en Afrique, à quoi doit-on s’attendre en termes de perspectives et de vision pour votre entreprise en Côte d’Ivoire ?
Pour moi il y a deux créneaux de développement : le développement des points de ventes, parce que c’est très important. Moi quand je vais dans un pays, je l’ai fait aussi ici, c’est de me rendre dans les points de vente, c’est pouvoir parler aux consommateurs, comprendre l’importance pour eux du service et de leurs attentes. Eux, ils nous demandent d’avoir des d’options. C’est-à-dire que si j’ai besoin d’envoyer ou de recevoir de l’argent et que je suis en ville ou au travail, ou pas loin de chez moi, je veux pouvoir avoir l’option de ne pas avoir un point de vente pas loin. Donc avec nos partenaires nous allons continuer de développer le réseau, et nous assurer que plus ça va, plus on va dans les contrées reculées, et continuer d’accompagner. Le deuxième mouvement parallèle que l’on fait, c’est de capitaliser surtout les nouvelles technologies, et la Côte d’Ivoire ne va pas être exclue de cette dynamique. Ça veut dire qu’on peut permettre à quelqu’un de recevoir sa transaction sur un compte, quelque soit la nature du compte. Internet va jouer un rôle capital, le mobile va jouer un rôle fondamental, et c’est dans cette écosystème, cette évolution de la technologie que nous allons développer des solutions pour les ivoiriens, je dirais pour la Côte d’Ivoire.
Pour les 20 ans de Western Union en Afrique, quelles activités prévoyez-vous en Côte d’Ivoire et dans les autres pays.
Il y a une série d’activités prévues, qui va se poursuivre tout au long de l’année, nous allons le célébrer avec nos partenaires qui jouent un rôle privilégié dans l’activité que nous offrons, il y a également les consommateurs que nous allons également engager. Et même à notre niveau, nous-mêmes Western Union, nous sommes contents car nous allons également célébrer cet accomplissement.
Sans vouloir vous plonger dans la politique nationale, je souhaiterais aborder avec vous la question de la vision des autorités ivoiriennes de faire de la Côte d’Ivoire un pays émergent à l’horizon 2020. Que pensez-vous de cette nouvelle dynamique dans son aspect purement économique et sociale, et quel pourrait être la part de Western Union dans ce processus ?
Je pense que nous jouons un rôle fondamental en matière d’inclusion financière. C’est de permettre à tous ceux qui ont besoin d’accéder aux services financiers de donner ce moyen-là. Notre activité par essence c’est de permettre à quelqu’un qui typiquement n’a pas accès où qui difficilement n’a pas accès à des services financiers, de pouvoir avoir accès à ces services-là. Nous allons continuer, car les transactions directes sur compte entrent en ligne direct avec les aspirations des autorités à bancariser, à faire en sorte que le cash ne soit pas la seule option disponible. Donc dans ce schéma-là, nous accompagnons cette mouvance.
Vous parlez-là de transaction vers des comptes bancaires, est-ce qu’on peut s’attendre à voir un jour WU dans des secteurs autres que le transfert d’argent, comme le secteur bancaire, tout comme des entreprises de téléphonie se sont retrouvées dans le transfert d’argent.
Au fait nous ne sommes pas limiter qu’au transfert d’argent. Nous sommes dans plus en réalité. Notre activités de façon globale, nous sommes capable d’effectuer des paiements par exemple de consommateur à société, de société à consommateur, nous permettons aux petites et moyennes entreprises d’effectuer des transactions pour pouvoir accomplir leurs besoins d’importation et d’exportation, mais ça c’est le travail d’une entité séparée. Notre cœur de métier va au-delà du transfert d’argent pur et simple. Maintenant par rapport à cette question, je pense que chacun à son métier, il serait prématuré pour moi de vouloir nous protéger dans un corps de métier qui est différent. Je pense qu’il y a beaucoup à faire, pour pouvoir connecter et permettre cette activité de paiement, globalement, et de manière en ligne avec les nouvelles technologies. Je pense qu’on va rester sur ça, jusqu’à ce que l’avenir décide autre chose; mais je pense qu’il faut rester sur ce qu’on sait faire, capitaliser sur l’évolution technologique, de continuer de répondre aux besoins de notre consommateur.
Un mot pour finir…
Ce que je voudrais répéter, c’est que la Côte d’Ivoire, pour Western Union, est un marché clé, au regard du dynamisme du pays, du rôle qu’il joue non seulement au sein de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest, mais également du continent. C’est un marché sur lequel nous allons continuer de concentrer nos efforts pour nous assurer que nous répondons aux besoins des clients, que ce soit en termes de nouvelles technologies, de la qualité de service. C’est un engagement que nous avons pris. Nous allons continuer d’accompagner les populations à travers des actions sociales que nous menons, notamment SOS villages au cours des dernières années. Donc c’est vraiment un engagement de Western Union sur le continent, sur la région, sur la Côte d’Ivoire tout particulièrement nous souhaiterions renforcer.
Interview réalisée par Traoré Mamadou
AIP : Western Union célèbre ses 20 ans de présence en Afrique. On se souvient, il y a dix ans de cela, lors de la célébration de vos 10 ans de présence en Afrique, il y avait des affiches publicitaires dans plusieurs rues d’Abidjan. Aujourd’hui, après 20 ans, que retenir de cette aventure africaine, qui se poursuit ?
Aïda Diarra : Oui cela fait 20 ans que nous sommes en Afrique, et grâce aux partenariats, grâce aux efforts qui ont été faits de parts et d’autres, on a réussi à développer aujourd’hui un service qui est offert aujourd’hui dans plus de 50 pays sur le continent, plus de 32000 points de vente, plus de 270 partenaires. Pour en arriver à la Côte d’Ivoire spécifiquement, c’est une histoire extraordinaire, parce qu’on a réussi, à l’époque, à connecter des villages où il n’y avait pas du tout de service financier ; on a permis à des gens qui étaient dans la diaspora, ou parfois en dehors de leur village mais vivant dans leur pays, d’envoyer de l’argent à leur famille qu’ils ont laissé derrière eux. Donc à l’occasion de ses vingt ans, il s’agira de regarder derrière et voir les accomplissements qui ont été fait, mais c’est également un bon moment pour se projeter aussi dans l’avenir. Avec les partenaires, nous allons regarder comment nous allons développer les services ensemble, pour que les services soient encore plus accommodants, et c’est ce que je fais depuis que je suis arrivée à Abidjan.
On assiste depuis ces dernières années à un boom du secteur des services financier en Côte d’Ivoire, surtout des transferts d’argent avec l’entrée de sociétés de téléphonie mobile sur ce marché. Certaines de ces entreprises même offre des services de transfert d’argent à l’international. Comment votre entreprise vit ce nouveau développement des affaires dans votre secteur ?
Je pense qu’il y a plusieurs choses à noter : la première chose est que l’industrie est en croissance, d’une manière générale, parce qu’elle est motivée par le mouvement de flux migratoire. Et on sait que ces flux sont en croissance permanente. Et ça s’est aussi valable pour la Côte d’Ivoire également, qui est une plateforme tournante avec un accueil de migrants, mais qui voit également ses ressortissants aller à l’extérieur. Donc ça, c’est déjà un regard de croissance et d’opportunité que nous portons sur l’activité de transfert en Côte d’Ivoire. La deuxième chose qu’il faut noter, c’est qu’il y a un développement technologique qui démultiplie les possibilités pour les clients. Et quand on regarde ce que les clients nous demandent généralement, ce sont des choses élémentaires mais qui demande à ce qu’on s’y attarde : d’abord, le côté pratique. Je veux pouvoir à tout moment, où j’en ai besoin, avoir accès à ce service de transfert d’argent. D’où le rôle de la technologie. La technologie nous permet aujourd’hui de pouvoir faire des transferts. Que ce soit au départ d’un site internet, d’un téléphone. Vous avez mentionné l’arrivée de différents intervenants sur le secteur, ce qui est excellent. Ces intervenants, la plupart du temps, complètent l’offre de service que nous offrons. Vous avez certainement entendu parler du partenariat que nous avons établi avec MTN, qui va nous permettre d’offrir les services de transfert sur les portefeuilles électroniques. Vous savez, le rôle de Western Union est assez unique. Aujourd’hui on est présent dans plus de 200 pays et territoires.
Nous avons plus de 500 000 points de vente. Ça veut dire que nous connectons chaque point de vente ici en Côte d’Ivoire à plus de 500 000 autres points de vente dans le monde. L’analogie que je fais, elle se retrouve aussi dans le portefeuille électronique. Aujourd’hui, nous avons la capacité de connecter un portefeuille électronique à plus de 500 000 points de vente. C’est notre capacité à mettre en parallèle les points de ventes physiques, qui restent une nécessité pour beaucoup, et mettre en parallèle tout ce qui est nouvelles technologies. Ça veut dire que de la France, un ivoirien peut envoyer de l’argent à sa famille à Yamoussoukro, et la famille à la possibilité de le récupérer à un point de vente qui existe aujourd’hui localement. On a développé en Afrique avec des partenaires des transferts sur compte. C'est-à-dire que quelqu’un qui a compte bancaire aujourd’hui peut récupérer sa transaction. La force de Western Union, c’est que de Wichita aux Etats-Unis, quelqu’un va envoyer sa transaction et le receveur peut la collecter sur son compte bancaire. Nous avons également développé tout ce qui est service internet. Ça émerge. Il y a par exemple un site appelé westernunion.ng au Nigéria. C'est-à-dire que quelqu’un se connecte sur le site et a la capacité de retirer sa transaction. Donc dans cet écosystème, Western Union vient avec des atouts qui sont indéniables, nous avons la capacité d’intégrer les nouvelles technologies dans notre offre de service, et c’est ça qui rend la proposition de Western Union unique.
On peut donc dire que Western Union se porte très bien en Côte d’Ivoire ?
Oui, tout à fait !
Alors, peut-on avoir une idée du volume de trafic de vos transactions au niveau du pays, mais aussi en termes de chiffres d’affaires ?
(Rire) Ça, c’est la question à laquelle je n’échappe jamais, et pour laquelle, malheureusement, je n’ai pas la capacité de rentrer dans les détails, puisque ce sont des informations que nous ne pouvons pas partager à ce niveau granulaire.
Mais tout de même vous pouvez dire un mot sur les origines des transferts ?
Bien sûr ! En ce qui concerne la Côte d’Ivoire, comme je l’ai dit, c’est une plate-forme tournante. Donc les flux viennent aussi bien des pays traditionnels - c’est ce que l’on appelle les corridors traditionnels : l’Europe, la France, l’Italie, la Belgique, etc, que dans les pays environnant, de la sous-région. A l’envoi c’est pareil, car vous avez ici une population d’immigrés qui est assez unique. Quand on regarde en Côte d’Ivoire, la concentration de ceux que l’on appelle les migrants au niveau de la population ivoirienne, ce ratio est l’un des plus importants que l’on a dans toute l’Afrique. Et donc ces gens ont besoin d’accompagner leurs familles qu’ils ont laissées chez eux. C’est donc un moteur de croissance. Et ça fait que, aussi bien en Europe -parce qu’on a tendance toujours à dire que c’est la diaspora en Europe ou aux Etats Unis qui a la capacité d’accompagner les familles-, mais pour le cas de la Côte d’Ivoire, c’est aussi bien l’Europe, les Etats-Unis que l’Afrique.
Au de-delà de cela, vous savez que la Côte d’Ivoire est aujourd’hui un pays qui souffre d’un grand mal : la cybercriminalité. Et très souvent, des agents de points de vente Western Union sont interpellés pour complicité avec des cybercriminels. Au point de se demander si quelque chose est fait à votre niveau pour aider les autorités ivoiriennes à mieux combattre ce fléau…
C’est une question qui est très importante pour nous. La problématique de la fraude n’est pas l’exclusivité des sociétés de transfert d’argent, mais c’est quelque chose auquel nous accordons une importance toute particulière. La prévention passe par plusieurs étapes. Elle passe d’abord par une information au niveau des consommateurs. Parce que si vous avez quelqu’un que vous ne connaissez pas, qui vous demande d’envoyer de l’argent, quelque soit la circonstance, quelqu’un que vous n’avez jamais vu, il y a des méthodes et des précautions à prendre en amont pour s’assurer qu’on envoie à la bonne personne, qu’on la connait, et que le transfert se passe dans une certaine règle de l’art. Donc il y a l’information au consommateur, aussi bien l’envoyeur que le receveur, qu’il faut gérer. La deuxième chose qui est fondamentale, c’est la formation, le partenariat avec nos agents, nos représentants locaux, qui font face à ces situations et pour lesquels on échange les meilleurs pratiques, on collabore au niveau des échanges d’informations, les opérateurs jouent un rôle clé dans l’identification de ces comportements qui sont inappropriés. Au niveau de Western Union également, nous avons toute une équipe, aussi bien au niveau de notre siège aux Etats-Unis qu’au niveau régional en Afrique, dont le rôle est de monitorer les transactions, de pouvoir faire des recoupage par rapport à des comportements qui sont ceux que l’on ne veut pas voir au niveau de notre système. Il y aussi quelque chose que nous faisons en plus, c’est le partenariat avec les autorités locales pour nous assurer qu’elles comprennent notre mode opératoire, et qu’elles sachent vers qui se tourner en cas de besoin d’information supplémentaire pour pouvoir adresser à ses réseaux ce que l’on ne veut pas voir dans notre système.
Dans ce cas pourquoi vous n’arrivez pas à empêcher les transactions frauduleuses ?
Ah non, c’est ce que nous faisons au quotidien ! Nous empêchons au quotidien des transactions frauduleuses ! Quand je parle d’une équipe dédiée, c’est vraiment une équipe dont le rôle est de faire des analyses, des recoupements, de s’assurer que le comportement que l’on voit d’un consommateur est un comportement typique d’accompagnement de sa famille. Et pour ça, il y a des critères que l’on connait. Dès que l’on voit qu’il y a quelque chose qui sort de ces critères, et que l’on voit des schémas qui sont hors norme, il y a tout un processus de vérification. Il peut se trouver que c’est légitime, mais ça commande une attention particulière. Nous nous assurons que ce sont les bonnes personnes qui utilisent notre système, que notre système est utilisé pour ce qu’il est, c'est-à-dire le transfert d’argent pour le soutien à la famille.
Au moment où vous célébrer vos 20 ans de présence en Afrique, à quoi doit-on s’attendre en termes de perspectives et de vision pour votre entreprise en Côte d’Ivoire ?
Pour moi il y a deux créneaux de développement : le développement des points de ventes, parce que c’est très important. Moi quand je vais dans un pays, je l’ai fait aussi ici, c’est de me rendre dans les points de vente, c’est pouvoir parler aux consommateurs, comprendre l’importance pour eux du service et de leurs attentes. Eux, ils nous demandent d’avoir des d’options. C’est-à-dire que si j’ai besoin d’envoyer ou de recevoir de l’argent et que je suis en ville ou au travail, ou pas loin de chez moi, je veux pouvoir avoir l’option de ne pas avoir un point de vente pas loin. Donc avec nos partenaires nous allons continuer de développer le réseau, et nous assurer que plus ça va, plus on va dans les contrées reculées, et continuer d’accompagner. Le deuxième mouvement parallèle que l’on fait, c’est de capitaliser surtout les nouvelles technologies, et la Côte d’Ivoire ne va pas être exclue de cette dynamique. Ça veut dire qu’on peut permettre à quelqu’un de recevoir sa transaction sur un compte, quelque soit la nature du compte. Internet va jouer un rôle capital, le mobile va jouer un rôle fondamental, et c’est dans cette écosystème, cette évolution de la technologie que nous allons développer des solutions pour les ivoiriens, je dirais pour la Côte d’Ivoire.
Pour les 20 ans de Western Union en Afrique, quelles activités prévoyez-vous en Côte d’Ivoire et dans les autres pays.
Il y a une série d’activités prévues, qui va se poursuivre tout au long de l’année, nous allons le célébrer avec nos partenaires qui jouent un rôle privilégié dans l’activité que nous offrons, il y a également les consommateurs que nous allons également engager. Et même à notre niveau, nous-mêmes Western Union, nous sommes contents car nous allons également célébrer cet accomplissement.
Sans vouloir vous plonger dans la politique nationale, je souhaiterais aborder avec vous la question de la vision des autorités ivoiriennes de faire de la Côte d’Ivoire un pays émergent à l’horizon 2020. Que pensez-vous de cette nouvelle dynamique dans son aspect purement économique et sociale, et quel pourrait être la part de Western Union dans ce processus ?
Je pense que nous jouons un rôle fondamental en matière d’inclusion financière. C’est de permettre à tous ceux qui ont besoin d’accéder aux services financiers de donner ce moyen-là. Notre activité par essence c’est de permettre à quelqu’un qui typiquement n’a pas accès où qui difficilement n’a pas accès à des services financiers, de pouvoir avoir accès à ces services-là. Nous allons continuer, car les transactions directes sur compte entrent en ligne direct avec les aspirations des autorités à bancariser, à faire en sorte que le cash ne soit pas la seule option disponible. Donc dans ce schéma-là, nous accompagnons cette mouvance.
Vous parlez-là de transaction vers des comptes bancaires, est-ce qu’on peut s’attendre à voir un jour WU dans des secteurs autres que le transfert d’argent, comme le secteur bancaire, tout comme des entreprises de téléphonie se sont retrouvées dans le transfert d’argent.
Au fait nous ne sommes pas limiter qu’au transfert d’argent. Nous sommes dans plus en réalité. Notre activités de façon globale, nous sommes capable d’effectuer des paiements par exemple de consommateur à société, de société à consommateur, nous permettons aux petites et moyennes entreprises d’effectuer des transactions pour pouvoir accomplir leurs besoins d’importation et d’exportation, mais ça c’est le travail d’une entité séparée. Notre cœur de métier va au-delà du transfert d’argent pur et simple. Maintenant par rapport à cette question, je pense que chacun à son métier, il serait prématuré pour moi de vouloir nous protéger dans un corps de métier qui est différent. Je pense qu’il y a beaucoup à faire, pour pouvoir connecter et permettre cette activité de paiement, globalement, et de manière en ligne avec les nouvelles technologies. Je pense qu’on va rester sur ça, jusqu’à ce que l’avenir décide autre chose; mais je pense qu’il faut rester sur ce qu’on sait faire, capitaliser sur l’évolution technologique, de continuer de répondre aux besoins de notre consommateur.
Un mot pour finir…
Ce que je voudrais répéter, c’est que la Côte d’Ivoire, pour Western Union, est un marché clé, au regard du dynamisme du pays, du rôle qu’il joue non seulement au sein de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest, mais également du continent. C’est un marché sur lequel nous allons continuer de concentrer nos efforts pour nous assurer que nous répondons aux besoins des clients, que ce soit en termes de nouvelles technologies, de la qualité de service. C’est un engagement que nous avons pris. Nous allons continuer d’accompagner les populations à travers des actions sociales que nous menons, notamment SOS villages au cours des dernières années. Donc c’est vraiment un engagement de Western Union sur le continent, sur la région, sur la Côte d’Ivoire tout particulièrement nous souhaiterions renforcer.
Interview réalisée par Traoré Mamadou