• Excellence Monsieur le Président de la République ;
• Madame et Messieurs les Présidents d’Institutions ;
• Messieurs les Ministres d’Etat ;
• Mesdames et Messieurs les Ministres ;
• Excellences, Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs et Chefs de Missions diplomatiques ;
• Mesdames et Messieurs les représentants des Organisations bilatérales, régionales et internationales ;
• Mesdames et Messieurs les Directeurs Généraux et Centraux ;
• Messieurs les Gouverneurs des Districts Autonomes d’Abidjan et de Yamoussoukro ;
• Messieurs les Officiers Généraux, Officiers et hommes du rang ;
• Mesdames et Messieurs les Elus ;
• Distingués Chefs traditionnels ;
• Honorables Guides religieux ;
• Veuve Alice Ekra ;
• Chers Membres de la Famille EKRA ;
• Chers amis des Medias nationaux et internationaux ;
• Mesdames et Messieurs ;
A l’occasion des grands événements, heureux ou malheureux, notre Nation a toujours su se rassembler.
Et aujourd’hui, nous sommes ici réunis pour rendre l’hommage mérité de la Nation à l’un de nos plus illustres compatriotes, grand serviteur de l’Etat, qui nous a quitté le dimanche 22 février 2015 : Il s’agit de celui qui fut, dans les dernières années de sa vie, Grand Médiateur Honoraire de la République, le Doyen et patriarche EKRA Vangah Mathieu.
En cette circonstance particulière, et devant l’exceptionnelle carrure de ce grand homme, je mesure l’importance de la charge que Son Excellence Monsieur le Président de la République a bien voulu me confier ce jour de prononcer l’hommage solennel de la Nation en sa mémoire.
La forte émotion que nous ressentons est à la mesure des qualités et mérites de celui qui fut, tout au long de sa vie, un haut fonctionnaire multidimensionnel, un homme politique accompli, un homme de vision, un homme de devoir, un serviteur efficace et dévoué de l’Etat dans la discrétion.
Je salue, au nom de Monsieur le Président de la République et de la Nation ivoirienne toute entière, le Doyen EKRA Mathieu, dont la vie publique et politique se confond presque avec l’histoire politique et administrative de notre pays.
• Excellence Monsieur le Président de la République ;
• Excellences, Mesdames et Messieurs ;
Qui était l’homme pour lequel sont ici rassemblés toutes les composantes de la société ivoirienne et des représentants de pays frères ?
C’est à Bonoua que le Doyen Mathieu voit le jour, le 27 février 1917. Après ses études primaires, il intègre l’Ecole Normale William Ponty de Gorée au Sénégal d’où il sort diplômé en 1938.
Nommé Commis du cadre commun de l’Afrique Occidentale Française de 1938 à 1956, il est affecté successivement en Côte d’Ivoire et en Guinée, aux chemins de fer, puis de nouveau aux Services financiers des Chemins de fer.
Diplômé de l’Ecole Nationale de la France d’Outre-Mer (ENFOM) section Administration Générale en 1958, Mathieu EKRA est nommé Administrateur de la France d’Outre-Mer. Il collabore successivement comme Attaché de Cabinet du Haut-Commissaire de la France en Côte d’Ivoire, Monsieur De Nattes, en 1956 et du cabinet du Ministre de la France d’Outre-Mer, Monsieur Cornut-Gentil.
Mais, pour l’exemple, Mathieu EKRA demande son retrait de la Fonction Publique française pour être versé dans le Corps des Administrateurs Civils de Côte d’Ivoire qu’il venait de faire créer en 1961, en tant que Ministre de la Fonction Publique.
Vous me permettrez, à cet effet, de rappeler que Mathieu EKRA est, sans conteste, une figure emblématique de l’histoire politique et administrative de notre pays. En effet, compagnon de première heure de Feu le Président Félix HOUPHOUET-BOIGNY, il fut, aux côtés du fondateur de la Côte d’Ivoire moderne, de tous les combats, d’abord pour l’indépendance politique de notre pays au sein du PDCI-RDA, puis pour la mise en place des fondements du développement de notre pays.
Ainsi, au plan politique, on lui doit la création, en 1946, de la première section du Rassemblement Démocratique Africain (RDA) à Kankan, en Guinée Conakry. Réaffecté en Côte d’Ivoire, il poursuivra la lutte politique au sein du PDCI-RDA, dont il fut successivement, Adjoint, puis Secrétaire Général de la Section de Treichville, et, au plan national, membre du Comité Directeur et du Bureau Politique du PDCI-RDA.
Tenu pour responsable des incidents du 06 février 1949 survenus à Treichville, Mathieu Ekra est emprisonné le lendemain à Grand-Bassam où il est détenu pendant plus de trois ans.
Cet épisode douloureux de sa vie n’entame en rien sa volonté de servir son pays toujours aux côtés de feu Félix Houphouët-Boigny dont il fut le fidèle compagnon de la lutte émancipatrice de la Côte d’Ivoire.
En 1956, Mathieu EKRA est élu Conseiller municipal d’Abidjan, Député et Conseiller Général de Côte d’Ivoire en 1959.
En 1960, il est membre, puis Chef de la Délégation de la Côte d’Ivoire indépendante à l’ONU.
Il fut l’un des piliers de la pose des bases institutionnelles de la Côte d’Ivoire moderne. Ainsi, il participa à la rédaction de la Première Constitution de notre Pays.
Précieux collaborateur et homme de confiance de Feu le Président Félix HOUPHOUET-BOIGNY, Monsieur Mathieu EKRA a été, presque de manière ininterrompue, appelé dans ses différents Gouvernements, de 1961 à 1990. Ainsi il se voit confier tour à tour :
- le ministère de la Fonction Publique et de l’Information de 1961 à 1963,
- le ministère de l’Information de 1965 à 1970,
- les fonctions de Ministre d’Etat de 1970 à 1971,
- le ministère d’Etat chargé du Tourisme de 1971 à 1974,
- le ministère d’Etat chargé de l’Intérieur de 1974 à 1977,
- le ministère d’Etat chargé de la Réforme des Sociétés d’Etat de 1977 à 1981,
- le ministère d’Etat chargé de l’Informatique de 1981 à 1990.
L’on peut retenir de cette longue carrière ministérielle que, chaque fois qu’il a été question d’impulser une dynamique nouvelle à certains secteurs ou à des domaines nouveaux comme l’informatique à l’époque, ou chaque fois que des reformes étaient nécessaires, c’est à cet homme de confiance que Feu le Président HOUPHOUET-BOIGNY faisait appel.
Mais l’activité de Mathieu EKRA ne s’est pas arrêtée à ces fonctions administratives et politiques qu’il a occupées et assurées avec compétence.
La Côte d’Ivoire, qui ne cesse d’évoluer pour occuper son rang dans le concert des Nations modernes, a éprouvé le besoin de se doter d’un organe de médiation. Pour la mise en œuvre de cette réforme, le Président Henri Konan BEDIE, alors Président de la République, qui connait le riche parcours politique et administratif de l’homme, n’hésite pas à lui faire appel. Il le nomme, le 13 août 1996, dans les fonctions de Grand Médiateur, Président de l’Organe Présidentiel de Médiation, créé un an plus tôt. Mathieu EKRA est donc le pionnier dans le domaine de la médiation institutionnelle en Côte d’Ivoire.
Au plus fort de la longue période de crise que la Côte d’Ivoire a traversée de 1999 à 2011, Mathieu EKRA a contribué à rechercher à mettre en place les conditions nécessaires au retour de la paix dans le pays.
Président de la Commission Consultative Constitutionnelle Electorale (CCCE) en 2000, du Comité de Médiation pour la Réconciliation Nationale (CMRN) en 2001 et initiateur du Collège d’Experts chargé de mettre en place une plate-forme de concertation et de médiation, Mathieu EKRA a démontré à quel point il se souciait de la cohésion sociale et de la paix en Côte d’Ivoire.
Au titre de la vie syndicale et associative, nous ne saurions occulter le fait que Mathieu Ekra fut, notamment :
- initiateur du Syndicat des cheminots Africains en 1944,
- organisateur animateur d’un ensemble agro-industriel dénommé SOCABO-SIACA à base coopérative,
- premier Président de l’Association Régionale d’Expansion Economique de Bonoua (AREBO).
En cette dernière qualité, il a beaucoup œuvré pour le développement de cette région. Qu’il me soit permis de rappeler ici, l’une des aventures qu’il est convenu d’appeler le REVE DE MATHIEU EKRA, qui démontre qu’il était vraiment un homme de vision. A cette époque, la région de Bonoua se consacrait uniquement à la culture du café et du cacao. Au vu des plantations vieillissantes, et anticipant sur la baisse des cours internationaux de ces produits de rente, il proposa l’introduction d’une nouvelle culture pour la région : l’ananas. Très réticentes, les populations le mirent au défi de donner d’abord l’exemple, lui et sa famille, en détruisant leurs plantations de café et de cacao pour y planter de l’ananas. Il exhorta les siens à relever ce défi. Ce qu’ils firent. Les retombées largement bénéfiques de la culture de l’ananas poussèrent les populations de la région à suivre son exemple. La spécialisation de Bonoua dans la culture de l’ananas est donc née de cette vision presque révolutionnaire dont on parle dans la région comme le REVE DE MATHIEU EKRA.
Mathieu EKRA était aussi un homme de culture. Il est co-auteur des paroles de l’Abidjanaise, l’hymne national ivoirien en 1960. Ecrivain talentueux, il laisse également à la postérité une pièce théâtrale intitulée « L’embarras de Yao et deux (2) essais littéraires : « L’Echelle sans fin » et «Lumière sur l’Abidjanaise ».
Mathieu EKRA était titulaire de nombreuses décorations et distinctions nationales. Il fut élevé, notamment, aux grades de Grand Officier, puis de Grand-Croix de l’Ordre National, de Commandeur du Mérite Agricole et de Commandeur de l’Ordre du Mérite Sportif. Il a également reçu diverses distinctions de pays étrangers dont la France, la République Fédérale d’Allemagne, la Tunisie, la Chine, et de plusieurs pays africains.
Médiateur de la République jusqu’en 2011, Mathieu EKRA avait besoin de repos, car il était très affaibli par son état de santé dont la gravité était visible. En reconnaissance des services éminents rendus à la Nation, Son Excellence ALASSANE OUATTARA, Président de la République l’a donc nommé dans les fonctions de Grand Médiateur Honoraire de la République le 22 juillet 2011.
Le Grand Médiateur Honoraire qui regagne la cité céleste était également un homme de foi, membre de l’Eglise Méthodiste Unie. Grand serviteur de l’Etat, il fut aussi un grand serviteur de Dieu.
• Excellence Monsieur le Président de la République ;
• Excellences, Mesdames et Messieurs ;
S’il fallait retenir en bref, une image du Doyen Mathieu EKRA, je citerais ces mots extraits du Communiqué de Son Excellence Monsieur Alassane OUATTARA, Président de la République, suite à son décès : « Le Doyen Mathieu EKRA, était une grande figure de l’histoire de notre pays. Un homme que le Père de la Nation, le Président Félix Houphouët-Boigny appréciait pour sa loyauté, sa rigueur et son sens des responsabilités. C’était un grand serviteur de l’Etat, un homme de devoir et d’engagement. » fin de citation.
RIGUEUR. INTEGRITE. LOYAUTE. DIGNITE. SOBRIETE. SENS DES RESPONSABILITES. HOMME DE DEVOIR. HOMME DE DISTINCTION ET DE CLASSE. HOMME DE FOI.
Doyen Mathieu EKRA,
Voici quelques-unes des qualités que nous retiendrons de vous qui nous quittez, laissant derrière vous, outre une veuve et une grande famille éplorées, la Nation toute entière, qui portent, dans la dignité, votre deuil.
Mais, Cher Doyen, le malheur de vous avoir perdu, ne doit pas nous faire oublier, le bonheur de vous avoir connu. Oui, en ce moment où nous faisons notre ultime adieu à ce fidèle et grand serviteur de l’Etat que vous fûtes, vous auriez voulu que nos regrets de vous perdre ne surpassent pas l’honneur et la joie de vous avoir connu.
L’homme de foi que vous étiez nous aurait dit, en se référant à ces Paroles de l’Apôtre Paul : J’ai combattu le bon combat. Je suis allé jusqu’au bout de la course. Rassasié de jours, j’ai été rappelé par mon Seigneur. J’espère recevoir la couronne que Lui, le Juste Juge, donne aux serviteurs fidèles.
Monsieur Grand le Médiateur Honoraire, Cher Doyen EKRA VANGAH MATHIEU, que la terre de Côte d’Ivoire, la terre de votre pays, que vous avez tant aimé et servi de tout votre cœur, vous soit légère.
Adieu, Cher Doyen !
• Madame et Messieurs les Présidents d’Institutions ;
• Messieurs les Ministres d’Etat ;
• Mesdames et Messieurs les Ministres ;
• Excellences, Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs et Chefs de Missions diplomatiques ;
• Mesdames et Messieurs les représentants des Organisations bilatérales, régionales et internationales ;
• Mesdames et Messieurs les Directeurs Généraux et Centraux ;
• Messieurs les Gouverneurs des Districts Autonomes d’Abidjan et de Yamoussoukro ;
• Messieurs les Officiers Généraux, Officiers et hommes du rang ;
• Mesdames et Messieurs les Elus ;
• Distingués Chefs traditionnels ;
• Honorables Guides religieux ;
• Veuve Alice Ekra ;
• Chers Membres de la Famille EKRA ;
• Chers amis des Medias nationaux et internationaux ;
• Mesdames et Messieurs ;
A l’occasion des grands événements, heureux ou malheureux, notre Nation a toujours su se rassembler.
Et aujourd’hui, nous sommes ici réunis pour rendre l’hommage mérité de la Nation à l’un de nos plus illustres compatriotes, grand serviteur de l’Etat, qui nous a quitté le dimanche 22 février 2015 : Il s’agit de celui qui fut, dans les dernières années de sa vie, Grand Médiateur Honoraire de la République, le Doyen et patriarche EKRA Vangah Mathieu.
En cette circonstance particulière, et devant l’exceptionnelle carrure de ce grand homme, je mesure l’importance de la charge que Son Excellence Monsieur le Président de la République a bien voulu me confier ce jour de prononcer l’hommage solennel de la Nation en sa mémoire.
La forte émotion que nous ressentons est à la mesure des qualités et mérites de celui qui fut, tout au long de sa vie, un haut fonctionnaire multidimensionnel, un homme politique accompli, un homme de vision, un homme de devoir, un serviteur efficace et dévoué de l’Etat dans la discrétion.
Je salue, au nom de Monsieur le Président de la République et de la Nation ivoirienne toute entière, le Doyen EKRA Mathieu, dont la vie publique et politique se confond presque avec l’histoire politique et administrative de notre pays.
• Excellence Monsieur le Président de la République ;
• Excellences, Mesdames et Messieurs ;
Qui était l’homme pour lequel sont ici rassemblés toutes les composantes de la société ivoirienne et des représentants de pays frères ?
C’est à Bonoua que le Doyen Mathieu voit le jour, le 27 février 1917. Après ses études primaires, il intègre l’Ecole Normale William Ponty de Gorée au Sénégal d’où il sort diplômé en 1938.
Nommé Commis du cadre commun de l’Afrique Occidentale Française de 1938 à 1956, il est affecté successivement en Côte d’Ivoire et en Guinée, aux chemins de fer, puis de nouveau aux Services financiers des Chemins de fer.
Diplômé de l’Ecole Nationale de la France d’Outre-Mer (ENFOM) section Administration Générale en 1958, Mathieu EKRA est nommé Administrateur de la France d’Outre-Mer. Il collabore successivement comme Attaché de Cabinet du Haut-Commissaire de la France en Côte d’Ivoire, Monsieur De Nattes, en 1956 et du cabinet du Ministre de la France d’Outre-Mer, Monsieur Cornut-Gentil.
Mais, pour l’exemple, Mathieu EKRA demande son retrait de la Fonction Publique française pour être versé dans le Corps des Administrateurs Civils de Côte d’Ivoire qu’il venait de faire créer en 1961, en tant que Ministre de la Fonction Publique.
Vous me permettrez, à cet effet, de rappeler que Mathieu EKRA est, sans conteste, une figure emblématique de l’histoire politique et administrative de notre pays. En effet, compagnon de première heure de Feu le Président Félix HOUPHOUET-BOIGNY, il fut, aux côtés du fondateur de la Côte d’Ivoire moderne, de tous les combats, d’abord pour l’indépendance politique de notre pays au sein du PDCI-RDA, puis pour la mise en place des fondements du développement de notre pays.
Ainsi, au plan politique, on lui doit la création, en 1946, de la première section du Rassemblement Démocratique Africain (RDA) à Kankan, en Guinée Conakry. Réaffecté en Côte d’Ivoire, il poursuivra la lutte politique au sein du PDCI-RDA, dont il fut successivement, Adjoint, puis Secrétaire Général de la Section de Treichville, et, au plan national, membre du Comité Directeur et du Bureau Politique du PDCI-RDA.
Tenu pour responsable des incidents du 06 février 1949 survenus à Treichville, Mathieu Ekra est emprisonné le lendemain à Grand-Bassam où il est détenu pendant plus de trois ans.
Cet épisode douloureux de sa vie n’entame en rien sa volonté de servir son pays toujours aux côtés de feu Félix Houphouët-Boigny dont il fut le fidèle compagnon de la lutte émancipatrice de la Côte d’Ivoire.
En 1956, Mathieu EKRA est élu Conseiller municipal d’Abidjan, Député et Conseiller Général de Côte d’Ivoire en 1959.
En 1960, il est membre, puis Chef de la Délégation de la Côte d’Ivoire indépendante à l’ONU.
Il fut l’un des piliers de la pose des bases institutionnelles de la Côte d’Ivoire moderne. Ainsi, il participa à la rédaction de la Première Constitution de notre Pays.
Précieux collaborateur et homme de confiance de Feu le Président Félix HOUPHOUET-BOIGNY, Monsieur Mathieu EKRA a été, presque de manière ininterrompue, appelé dans ses différents Gouvernements, de 1961 à 1990. Ainsi il se voit confier tour à tour :
- le ministère de la Fonction Publique et de l’Information de 1961 à 1963,
- le ministère de l’Information de 1965 à 1970,
- les fonctions de Ministre d’Etat de 1970 à 1971,
- le ministère d’Etat chargé du Tourisme de 1971 à 1974,
- le ministère d’Etat chargé de l’Intérieur de 1974 à 1977,
- le ministère d’Etat chargé de la Réforme des Sociétés d’Etat de 1977 à 1981,
- le ministère d’Etat chargé de l’Informatique de 1981 à 1990.
L’on peut retenir de cette longue carrière ministérielle que, chaque fois qu’il a été question d’impulser une dynamique nouvelle à certains secteurs ou à des domaines nouveaux comme l’informatique à l’époque, ou chaque fois que des reformes étaient nécessaires, c’est à cet homme de confiance que Feu le Président HOUPHOUET-BOIGNY faisait appel.
Mais l’activité de Mathieu EKRA ne s’est pas arrêtée à ces fonctions administratives et politiques qu’il a occupées et assurées avec compétence.
La Côte d’Ivoire, qui ne cesse d’évoluer pour occuper son rang dans le concert des Nations modernes, a éprouvé le besoin de se doter d’un organe de médiation. Pour la mise en œuvre de cette réforme, le Président Henri Konan BEDIE, alors Président de la République, qui connait le riche parcours politique et administratif de l’homme, n’hésite pas à lui faire appel. Il le nomme, le 13 août 1996, dans les fonctions de Grand Médiateur, Président de l’Organe Présidentiel de Médiation, créé un an plus tôt. Mathieu EKRA est donc le pionnier dans le domaine de la médiation institutionnelle en Côte d’Ivoire.
Au plus fort de la longue période de crise que la Côte d’Ivoire a traversée de 1999 à 2011, Mathieu EKRA a contribué à rechercher à mettre en place les conditions nécessaires au retour de la paix dans le pays.
Président de la Commission Consultative Constitutionnelle Electorale (CCCE) en 2000, du Comité de Médiation pour la Réconciliation Nationale (CMRN) en 2001 et initiateur du Collège d’Experts chargé de mettre en place une plate-forme de concertation et de médiation, Mathieu EKRA a démontré à quel point il se souciait de la cohésion sociale et de la paix en Côte d’Ivoire.
Au titre de la vie syndicale et associative, nous ne saurions occulter le fait que Mathieu Ekra fut, notamment :
- initiateur du Syndicat des cheminots Africains en 1944,
- organisateur animateur d’un ensemble agro-industriel dénommé SOCABO-SIACA à base coopérative,
- premier Président de l’Association Régionale d’Expansion Economique de Bonoua (AREBO).
En cette dernière qualité, il a beaucoup œuvré pour le développement de cette région. Qu’il me soit permis de rappeler ici, l’une des aventures qu’il est convenu d’appeler le REVE DE MATHIEU EKRA, qui démontre qu’il était vraiment un homme de vision. A cette époque, la région de Bonoua se consacrait uniquement à la culture du café et du cacao. Au vu des plantations vieillissantes, et anticipant sur la baisse des cours internationaux de ces produits de rente, il proposa l’introduction d’une nouvelle culture pour la région : l’ananas. Très réticentes, les populations le mirent au défi de donner d’abord l’exemple, lui et sa famille, en détruisant leurs plantations de café et de cacao pour y planter de l’ananas. Il exhorta les siens à relever ce défi. Ce qu’ils firent. Les retombées largement bénéfiques de la culture de l’ananas poussèrent les populations de la région à suivre son exemple. La spécialisation de Bonoua dans la culture de l’ananas est donc née de cette vision presque révolutionnaire dont on parle dans la région comme le REVE DE MATHIEU EKRA.
Mathieu EKRA était aussi un homme de culture. Il est co-auteur des paroles de l’Abidjanaise, l’hymne national ivoirien en 1960. Ecrivain talentueux, il laisse également à la postérité une pièce théâtrale intitulée « L’embarras de Yao et deux (2) essais littéraires : « L’Echelle sans fin » et «Lumière sur l’Abidjanaise ».
Mathieu EKRA était titulaire de nombreuses décorations et distinctions nationales. Il fut élevé, notamment, aux grades de Grand Officier, puis de Grand-Croix de l’Ordre National, de Commandeur du Mérite Agricole et de Commandeur de l’Ordre du Mérite Sportif. Il a également reçu diverses distinctions de pays étrangers dont la France, la République Fédérale d’Allemagne, la Tunisie, la Chine, et de plusieurs pays africains.
Médiateur de la République jusqu’en 2011, Mathieu EKRA avait besoin de repos, car il était très affaibli par son état de santé dont la gravité était visible. En reconnaissance des services éminents rendus à la Nation, Son Excellence ALASSANE OUATTARA, Président de la République l’a donc nommé dans les fonctions de Grand Médiateur Honoraire de la République le 22 juillet 2011.
Le Grand Médiateur Honoraire qui regagne la cité céleste était également un homme de foi, membre de l’Eglise Méthodiste Unie. Grand serviteur de l’Etat, il fut aussi un grand serviteur de Dieu.
• Excellence Monsieur le Président de la République ;
• Excellences, Mesdames et Messieurs ;
S’il fallait retenir en bref, une image du Doyen Mathieu EKRA, je citerais ces mots extraits du Communiqué de Son Excellence Monsieur Alassane OUATTARA, Président de la République, suite à son décès : « Le Doyen Mathieu EKRA, était une grande figure de l’histoire de notre pays. Un homme que le Père de la Nation, le Président Félix Houphouët-Boigny appréciait pour sa loyauté, sa rigueur et son sens des responsabilités. C’était un grand serviteur de l’Etat, un homme de devoir et d’engagement. » fin de citation.
RIGUEUR. INTEGRITE. LOYAUTE. DIGNITE. SOBRIETE. SENS DES RESPONSABILITES. HOMME DE DEVOIR. HOMME DE DISTINCTION ET DE CLASSE. HOMME DE FOI.
Doyen Mathieu EKRA,
Voici quelques-unes des qualités que nous retiendrons de vous qui nous quittez, laissant derrière vous, outre une veuve et une grande famille éplorées, la Nation toute entière, qui portent, dans la dignité, votre deuil.
Mais, Cher Doyen, le malheur de vous avoir perdu, ne doit pas nous faire oublier, le bonheur de vous avoir connu. Oui, en ce moment où nous faisons notre ultime adieu à ce fidèle et grand serviteur de l’Etat que vous fûtes, vous auriez voulu que nos regrets de vous perdre ne surpassent pas l’honneur et la joie de vous avoir connu.
L’homme de foi que vous étiez nous aurait dit, en se référant à ces Paroles de l’Apôtre Paul : J’ai combattu le bon combat. Je suis allé jusqu’au bout de la course. Rassasié de jours, j’ai été rappelé par mon Seigneur. J’espère recevoir la couronne que Lui, le Juste Juge, donne aux serviteurs fidèles.
Monsieur Grand le Médiateur Honoraire, Cher Doyen EKRA VANGAH MATHIEU, que la terre de Côte d’Ivoire, la terre de votre pays, que vous avez tant aimé et servi de tout votre cœur, vous soit légère.
Adieu, Cher Doyen !