Abidjan - Entre réformes favorables aux investisseurs, découvertes prometteuses et retour à la paix une décennie de crise, la Côte d’Ivoire, aux riches sous-sols, tente de rattraper son retard minier pour faire de ce secteur un pilier de son économie.
L’activité minière ne représente aujourd’hui guère plus de 5% du produit intérieur brut, selon les données officielles. Un pourcentage très faible pour un pays regorgeant d’or, de diamant, de fer, de nickel, de bauxite, de cuivre ou encore de manganèse.
La Côte d’Ivoire est située au coeur de la "Birmian Greenstone Belt", une ceinture de roches volcaniques sédimentaires riches en minerais qui s’étend du Sénégal au Ghana, avec des gisements d’or espérés comme les plus importants au monde.
Et "les sous-sols ivoiriens représentent à eux seuls 35% de ces roches volcaniques sédimentaires", s’émerveille Stanislas de Stabenrath, un consultant minier indépendant.
La découverte de ce potentiel n’est pas récente. La première mine d’or du pays a été ouverte en 1905, selon ce spécialiste. Une carte géologique ivoirienne assez précise est disponible depuis le début des années 1970.
Mais "pendant longtemps, la Côte d’Ivoire ne s’est pas intéressée à son sous-sol. Félix Houphouët-Boigny s’est concentré sur l’agriculture", commente M. de Stabenrath.
Le "père de l’indépendance" ivoirienne a en effet misé sur le cacao pour développer son pays. Un pari qui s’est avéré gagnant, la Côte d’Ivoire vivant un "miracle économique" des années 1960 à 1980... jusqu’à l’effondrement des cours de l’or brun, qui l’a plongée dans la récession.
Ancienne 4e puissance économique d’Afrique avec un PIB proche de celui de la Corée du sud, le pays se trouve aujourd’hui au 11e rang continental, selon la Banque africaine développement (BAD). La crise politico-militaire de 2002-2011, marquée par la partition du territoire, fut dévastatrice économiquement.
L’avènement d’Alassane Ouattara en mai 2011, au terme de cinq mois de violences postélectorales qui firent plus de 3.000 morts, a inversé cette tendance. Depuis trois ans, la Côte d’Ivoire, redevenue stable, flirte avec les 9% de croissance annuelle. Les autorités veulent faire de leurs sous-sols une locomotive du développement national.
- ’Pleine expansion’ -
"Le secteur minier est en pleine expansion", se félicite le Premier ministre Daniel Kablan Duncan depuis le site de Tongon (nord), où de puissants engins s’activent au fond d’un immense cratère.
Avec 25.000 emplois directs et indirects, il génère un chiffre d’affaires de 301 milliards de francs CFA (env 460 millions d’euros) en 2014, selon le chef du gouvernement.
Signe du volontarisme de l’Etat, la délivrance de permis de recherche a presque triplé, bondissant de 57 en 2009 à 140 en 2014, tandis que les permis d’exploitation ont doublé, passant de 5 à 11 sur cette période, selon le ministère des Mines.
Un code minier attractif a été adopté l’an dernier pour stimuler les investisseurs. "Les avancées sont significatives", se réjouit Nohou Koné, un ancien président de la chambre des mines. "Tout cela va dans le bon sens."
Les quantités extraites s’envolent. La production de manganèse a été multipliée par neuf (40.000 tonnes contre plus de 360.000) entre 2011 et 2014, selon le ministère des Mines. Celle de l’or a quadruplé en cinq ans, passant de 4,6 tonnes en 2010 à 18,6 en 2014. Et quatre nouvelles mines d’or devraient ouvrir d’ici 2017.
"Mais il ne faut pas verser dans la satisfaction béate. 18 tonnes, c’est juste une étape", tempère M. Koné, qui souhaite voir la Côte d’Ivoire "rattraper" le Ghana voisin, 2e producteur d’or d’Afrique, où 96 tonnes de ce métal précieux ont été extraites en 2014.
Un pari pour l’instant ambitieux vu les disparités entre les deux pays. Au Ghana, la "tradition minière" est ancrée et les investisseurs bien accueillis, quand la bureaucratie ivoirienne est source de tracas, peste un expert.
"Le traitement des dossiers n’avance pas très vite. Certains perdent patience", observe-t-il, citant l’entreprise canadienne Newmont, géant du secteur, qui "voyant que ni ses permis, ni ceux de ses partenaires n’étaient acceptés, a fermé ses bureaux en Côte d’Ivoire" en 2012.
Si les "majors" du secteur manquent encore à l’appel, les acteurs de moindre taille, eux, répondent présents. A l’instar de Randgold, qui exploite la mine d’or de Tongon.
"La Côte d’Ivoire est un pays où nous nous sentons très bien", s’enthousiasme son PDG Mark Bristow, qui investira 6 millions de dollars en 2015 dans l’exploration en Côte d’Ivoire, soit "plus que dans d’autres pays africains" du fait du potentiel ivoirien "sous-exploité".
pid-jf/
L’activité minière ne représente aujourd’hui guère plus de 5% du produit intérieur brut, selon les données officielles. Un pourcentage très faible pour un pays regorgeant d’or, de diamant, de fer, de nickel, de bauxite, de cuivre ou encore de manganèse.
La Côte d’Ivoire est située au coeur de la "Birmian Greenstone Belt", une ceinture de roches volcaniques sédimentaires riches en minerais qui s’étend du Sénégal au Ghana, avec des gisements d’or espérés comme les plus importants au monde.
Et "les sous-sols ivoiriens représentent à eux seuls 35% de ces roches volcaniques sédimentaires", s’émerveille Stanislas de Stabenrath, un consultant minier indépendant.
La découverte de ce potentiel n’est pas récente. La première mine d’or du pays a été ouverte en 1905, selon ce spécialiste. Une carte géologique ivoirienne assez précise est disponible depuis le début des années 1970.
Mais "pendant longtemps, la Côte d’Ivoire ne s’est pas intéressée à son sous-sol. Félix Houphouët-Boigny s’est concentré sur l’agriculture", commente M. de Stabenrath.
Le "père de l’indépendance" ivoirienne a en effet misé sur le cacao pour développer son pays. Un pari qui s’est avéré gagnant, la Côte d’Ivoire vivant un "miracle économique" des années 1960 à 1980... jusqu’à l’effondrement des cours de l’or brun, qui l’a plongée dans la récession.
Ancienne 4e puissance économique d’Afrique avec un PIB proche de celui de la Corée du sud, le pays se trouve aujourd’hui au 11e rang continental, selon la Banque africaine développement (BAD). La crise politico-militaire de 2002-2011, marquée par la partition du territoire, fut dévastatrice économiquement.
L’avènement d’Alassane Ouattara en mai 2011, au terme de cinq mois de violences postélectorales qui firent plus de 3.000 morts, a inversé cette tendance. Depuis trois ans, la Côte d’Ivoire, redevenue stable, flirte avec les 9% de croissance annuelle. Les autorités veulent faire de leurs sous-sols une locomotive du développement national.
- ’Pleine expansion’ -
"Le secteur minier est en pleine expansion", se félicite le Premier ministre Daniel Kablan Duncan depuis le site de Tongon (nord), où de puissants engins s’activent au fond d’un immense cratère.
Avec 25.000 emplois directs et indirects, il génère un chiffre d’affaires de 301 milliards de francs CFA (env 460 millions d’euros) en 2014, selon le chef du gouvernement.
Signe du volontarisme de l’Etat, la délivrance de permis de recherche a presque triplé, bondissant de 57 en 2009 à 140 en 2014, tandis que les permis d’exploitation ont doublé, passant de 5 à 11 sur cette période, selon le ministère des Mines.
Un code minier attractif a été adopté l’an dernier pour stimuler les investisseurs. "Les avancées sont significatives", se réjouit Nohou Koné, un ancien président de la chambre des mines. "Tout cela va dans le bon sens."
Les quantités extraites s’envolent. La production de manganèse a été multipliée par neuf (40.000 tonnes contre plus de 360.000) entre 2011 et 2014, selon le ministère des Mines. Celle de l’or a quadruplé en cinq ans, passant de 4,6 tonnes en 2010 à 18,6 en 2014. Et quatre nouvelles mines d’or devraient ouvrir d’ici 2017.
"Mais il ne faut pas verser dans la satisfaction béate. 18 tonnes, c’est juste une étape", tempère M. Koné, qui souhaite voir la Côte d’Ivoire "rattraper" le Ghana voisin, 2e producteur d’or d’Afrique, où 96 tonnes de ce métal précieux ont été extraites en 2014.
Un pari pour l’instant ambitieux vu les disparités entre les deux pays. Au Ghana, la "tradition minière" est ancrée et les investisseurs bien accueillis, quand la bureaucratie ivoirienne est source de tracas, peste un expert.
"Le traitement des dossiers n’avance pas très vite. Certains perdent patience", observe-t-il, citant l’entreprise canadienne Newmont, géant du secteur, qui "voyant que ni ses permis, ni ceux de ses partenaires n’étaient acceptés, a fermé ses bureaux en Côte d’Ivoire" en 2012.
Si les "majors" du secteur manquent encore à l’appel, les acteurs de moindre taille, eux, répondent présents. A l’instar de Randgold, qui exploite la mine d’or de Tongon.
"La Côte d’Ivoire est un pays où nous nous sentons très bien", s’enthousiasme son PDG Mark Bristow, qui investira 6 millions de dollars en 2015 dans l’exploration en Côte d’Ivoire, soit "plus que dans d’autres pays africains" du fait du potentiel ivoirien "sous-exploité".
pid-jf/