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Économie Publié le mercredi 15 avril 2015 | Cote d’Ivoire Economie

Mécanisation de l’agriculture: un levier pour l’émergence

© Cote d’Ivoire Economie Par DR
Mécanisation de l’agriculture: un levier pour l’émergence
L’agriculture a toujours été le pilier essentiel de l’économie ivoirienne. Mais sa mécanisation n’a pas encore atteint le niveau optimum, particulièrement dans l’exploitation des cultures vivrières.

Après plusieurs décennies d’agriculture rudimentaire, la Côte d’Ivoire n’est toujours pas à la hauteur des exigences que requiert son secteur agricole. Le temps passe et les choses ne semblent pas vraiment évoluer. Ce sont encore, pour la plupart des cultures, l’utilisation de la machette et la daba, le système d’arrosage manuel, le transport physique des produits ou par des moyens assez précaires. De l’agriculteur des années 50 à celui de l’année 2015, il n’y a pas de grande différence du point de vue des approches culturales, des méthodes de semis, des techniques d’entretien des plantations, etc. Pourtant ce sont deux ères bien distinctes et des avancées matérielles, technologiques et informatiques considérables ont eu lieu. mais le secteur agricole ivoirien, lui, est resté quasiment inchangé. Et la mécanisation de l’agriculture ne parvient pas vraiment à décoller.

L’Etat, précurseur de la mécanisation

Après les indépendances, les autorités publiques avaient impulsé un élan pour favoriser la mécanisation, avec une vaste politique nationale de diversification des produits agricoles. Dans les plantations, aussi bien paysannes qu’industrielles pour le palmier à huile, la canne à sucre, l’hévéa, le coton, la banane plantain…, des dispositifs et structures comme la Motoragri ont accompagné le processus de mécanisation de l’agriculture ivoirienne. Ainsi, des milliers d’hectares des plantations, tant pour les produits d’exportation que pour le vivrier, ont été mis en valeur. Des sociétés d’Etat, à l’instar de la Compagnie ivoirienne pour le développement des textiles (CIDT), la Cotonnière ivoirienne (Cotivo), la Société d’Etat pour le développement des plantations de canne à sucre (Sodesucre), la Société pour le développement du palmier à huile (Sodepalm), la Palmindustrie… ont été ainsi créées.

Toutes ces sociétés ont bénéficié de financements, d’équipements techniques et d’encadrement de la part de l’Etat ivoirien. L’agriculture a ainsi connu un boom qui continue de rejaillir sur toute l’économie nationale. Il s’agissait de grandes plantations industrielles et de particuliers qui, par les dispositifs de mécanisation appuyés par l’Etat, ont contribué à des productions de masse pour servir de matières premières aux usines.

Des processus de privatisation qui ont changé la donne

Cet élan a été freiné par le désengagement progressif de l’Etat ivoirien. Des agro-industriels privés ont pris la relève, pour certains par le rachat des usines et plantations publiques. Aujourd’hui, l’on est droit d’affirmer que la mécanisation de l’agriculture ivoirienne est aux mains des privés. Ce sont eux qui détiennent les grandes plantations et unités industrielles de production et de transformation. Ce qui requiert des financements colossaux, et les agro-industriels privés ne lésinent point sur les moyens pour être à la hauteur des innovations requises. Chez ces industriels, on retrouve ce qu’il faut pour faire fonctionner toute la chaîne de production : des engins et machines pour le désherbage, l’arrosage automatisé, les dispositifs de collecte et de transfert des produits fruits… La mécanisation de l’agriculture s’impose pour faire face aux exigences de transformation. In fine, les produits finis ou semi-finis doivent répondent aux normes internationales, puisqu’une bonne partie des productions est destinée à l’exportation. Ces agro-industriels ivoiriens sont tenus d’être toujours à la hauteur des avancées technologiques en matière de production agricole. La mécanisation reste donc aujourd’hui l’affaire des industriels privés. Qui sont-ils ?
En tête de lice, on retrouve le Groupe Sifca, qui œuvre dans trois secteurs stratégiques. Le palmier à huile avec Palmci, le caoutchouc naturel avec la Saph, et le sucre avec Sucrivoire. Il y en a d’autres, comme Sucaf-CI (avec le Groupe Somdiaa), le Groupe Olam (dans la noix de cajou), la Société de culture bananière (SCB) qui, entre-temps a rejoint le groupe Compagnie fruitière de Côte d’Ivoire en 1987 et qui est solidement installée pour l’exploitation et l’exportation de la banane dessert, l’ananas, la mangue et autres fruits tropicaux vers des pays occidentaux (ceux de l’Union européenne notamment en Occident), et bien d’autres encore.

Face aux enjeux de l’autosuffisance

Hormis les agro-industriels, il y a d’autres initiatives mises en branle en matière de mécanisation de l’agriculture ivoirienne. C’est le moment de parler de la riziculture ivoirienne. «En parvenant à une agriculture productive à travers la mécanisation, le problème de l’autosuffisance alimentaire se verra ainsi réglé», a annoncé le président de l’Association nationale des riziculteurs de Côte d’Ivoire (Anarizci), Thomas Tiacoh. Jusque-là, la Côte d’Ivoire n’a pas encore franchi le cap de l’autosuffisance en riz. Car «les besoins de la Côte d’Ivoire en matière de riz sont de 1,8 million de tonnes, alors que la production est de 1 million de tonnes», confirme le directeur de l’Office national de développement de la riziculture (ONDR), Yacouba Dembélé. Des terres arables, bras valides, intrants, variétés à haut rendement, innovations technologiques… existent. Ce qui reste, c’est la mécanisation pure et simple de la riziculture. Ou simplement la volonté de le faire. La Société nationale de développement de la riziculture (SNDR) et la Société ivoirienne de technologie tropicale (I2T), ont pris le parti d’accélérer la production en riz pour atteindre 1,9 million de tonnes en 2016. «A partir de 2018, on pourra par conséquent exporter le riz», annonce le directeur général de l’ONDR. Une chose qui ne peut se faire sans la mécanisation, qui a pour prime l’accès à l’autosuffisance alimentaire à moyen terme.

De la mécanisation à la transformation locale

Il y a d’autres axes prioritaires de l’agriculture ivoirienne à mécaniser. Il s’agit bien sûr de la vanne des produits vivriers. Or la mécanisation est en panne sèche à ce niveau… Dans le nord du pays par exemple, l’agriculture se conjugue depuis des siècles avec des techniques qui ont trait à la traction animale. Des bœufs utilisés pour les tracées de terre et le bouturage. Il faut simplement remplacer ces animaux par des machines et équipements spécifiques pour améliorer les performances de production… Malheureusement, les pouvoirs publics n’en ont pas encore fait une priorité. Le vivrier reste jusque-là un travail manuel pour des milliers de femmes qui n’ont pas d’autres recours. Que ce soit la tomate, l’aubergine, le piment, l’arachide, les céréales et autres, il faut un minimum de mécanisation. Les solutions existent, mais que faire ? A combien pourrait-on évaluer les missions effectuées pour voir ce qui se passe ailleurs ? Au Brésil, en Chine, en Inde, en Israël, d’innombrables va-et-vient ont été effectués ! Mais le vivrier ivoirien reste toujours en autarcie. L’heure n’est plus à la tergiversation, il faut franchir le cap de la mécanisation. Et on aura non seulement des produits vivriers pour les besoins primaires, la consommation intérieure, le commerce, mais aussi pour la transformation sur place. Cette mécanisation ouvre un autre axe à exploiter. Elle conduit inévitablement à la transformation locale, à commencer les petites unités familiales, coopératives pour atteindre l’étape de vraies entreprises. De petites et moyennes industries (PMI) agro-alimentaires fleuriront partout en Côte d’Ivoire. A ce niveau, la Société ivoirienne de technologie tropicale (I2t) est en passe de déployer des solutions pour que le vivrier ivoirien soit mieux valorisé que dans les mets culinaires. Là se trouve la vraie valeur ajoutée pour l’économie nationale. Vers une redynamisation de l’agro-industrie ivoirienne.

A l’heure de l’émergence, il faut un changement radical pour que la mécanisation de l’agriculture devienne une réalité et atteigne tous les compartiments. Des produits d’exportation aux produits viviers… L’Etat doit s’impliquer absolument comme il l’a déjà fait, jadis, dans des secteurs hautement stratégiques. D’autres pans sont maintenant en vue, et leur activation (par la mécanisation) augurerait des avantages indescriptibles… La facilitation du travail manuel des femmes et des hommes, la création de la richesse, l’amélioration de la santé corporelle, le bien-être social. Et, bien sûr, la chute de la pauvreté en milieu rural.

Jean-Philippe ESALEY
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