Une Banque Africaine de Développement modernisée, attentive aux besoins de ses membres, dynamique, efficace et pourvoyeuse de solutions innovantes et durables, au service de l’émergence de l’Afrique
PREAMBULE
Au cours des vingt dernières années, l’Afrique a globalement enregistré une croissance économique forte et soutenue. Pour que cette embellie soit durable, les dirigeants Africains sont convenus d’améliorer leur gouvernance politique et institutionnelle, de moderniser la structure de l’économie africaine et de diversifier les sources de la croissance. Ils ont ainsi confirmé leur engagement politique en faveur d’un nouveau modèle de croissance plus vertueux, l’un des thèmes prioritaires de l’«Agenda 2063» de l’Union africaine pour le développement du continent. D’ores et déjà, plusieurs pays ont inscrit dans leur Vision à moyen terme l’objectif d’émergence économique, et fait de la transformation économique l’axe central de leur programme de développement.
Certes, de nombreux pays africains restent confrontés à d’importants défis sociaux, économiques et environnementaux. Cependant, les premiers signaux d’une mutation positive voient le jour dans certains pays, signalant que la «transformation» tant souhaitée est un objectif réalisable plutôt qu’une rhétorique. Il s’agit:
De l’apparition d’une nouvelle génération de leaders, responsables vis-à-vis de leurs citoyens et ambitieux pour leur pays, leur communauté économique régionale et pour l’Afrique,
Du passage au vert d’indicateurs de mutation et de diversification. Précisément, ces indicateurs concernent l’émergence d’une classe moyenne de consommateurs, le développement d’un secteur privé plus crédible, les investissements dans les infrastructures et l’accroissement des échanges intra régionaux, l’amélioration du climat des affaires ainsi que l’augmentation de la part du secteur des services dans les activités économiques.
Dans ce contexte, la Banque Africaine de Développement (BAD) devra apporter un soutien multiforme à la mise en œuvre du nouveau modèle de développement économique et social d’une Afrique qui aspire à l’émergence à moyen-terme. Ce soutien devra être pertinent car les dirigeants ont non seulement une vision claire de l’avenir qu’ils ambitionnent pour le continent, mais aussi de la stratégie à déployer pour atteindre cet objectif. La Banque, dans sa stratégie à long terme 2013-2022, envisage de contribuer à une transformation plus vertueuse de l’Afrique en ligne avec les objectifs des Africains. Améliorer la qualité de la croissance (une croissance plus inclusive et plus verte) est l’un des buts ultimes de cette stratégie.
La BAD est la première institution africaine de développement dont les capacités, les performances et la résilience sont unanimement reconnues et célébrées. Nous saluons donc les actions des anciens Présidents et particulièrement celles du Président Donald Kaberuka, sous la Direction duquel la Banque est devenue la voix de référence autour des questions du développement économique de l’Afrique. Elle a regagné en crédibilité et sa réputation au niveau international n’a cessé de grandir.
NOTRE AMBITION
Si nous sommes élus, notre ambition sera double :
• Préserver l’héritage de la vision d’une Afrique intégrée et transformée ainsi que consolider et amplifier les résultats précédemment acquis.
• Ajuster le modèle opératoire de la Banque et l’orienter vers la fourniture de solutions concrètes afin d’aider ses pays membres régionaux (PMR) à relever le défi de la métamorphose économique et accélérer l’intégration du continent.
NOS ATOUTS
Ils résident dans :
• Notre capacité à appréhender les enjeux et les phénomènes politico-économiques mondiaux qui ont des implications pour l’Afrique.
• Notre leadership démontré dans les différentes responsabilités que nous avons exercées au sein de la BAD, ainsi que dans d’autres institutions comme la Banque Islamique de Développement (Vice-Président chargé des opérations) ou Shelter Afrique (Directeur Général).
• Notre réputation de pourvoyeur d’innovations et de réformes ayant produit des résultats tangibles en Afrique, en Asie, au Proche et au Moyen-Orient. Ceci nous a permis d’affiner et de mûrir notre projet et notre ambition pour la Banque et pour l’Afrique.
LA BANQUE QUE NOUS VOULONS – LA BANQUE QUE L’AFRIQUE VEUT
Notre aspiration est de faire de la Banque le partenaire de choix et la référence sur le continent pour toute initiative socio-économique. Servie par un personnel compétent, motivé et dévoué ayant une parfaite appropriation des valeurs corporatives, la BAD sera reconnue pour son expertise en matière de développement. Elle sera, en outre, le partenaire privilégié de la concertation, de l’harmonisation et de l’exploitation de toutes les synergies pour les Institutions multilatérales homologues, les agences bilatérales de tous les pays membres Régionaux et Non-Régionaux. Réservoir d’appui technique de pointe hautement spécialisé, elle sera pour ses membres le point d’entrée privilégié dans le monde complexe du financement du développement.
ENONCE DE NOTRE VISION
Notre vision est celle d’une Banque Africaine de Développement en mutation positive à l’image de ses pays membres. Nous l’imaginons avant-gardiste, précurseur d’une nouvelle génération de Banque régionale de développement dont l’attention sera portée sur le développement effectif du secteur privé en priorité, et apte à répondre techniquement et financièrement aux besoins de ses actionnaires. Elle aura une réputation bien établie pour son efficacité et pour ses standards les plus élevés d’éthique en matière de développement socio-économique. Nous la rêvons crédible, solide, novatrice, flexible, mais surtout pourvoyeuse de solutions pour une Afrique intégrée et émergente perçue comme le prochain marché du monde. Cette Afrique vertueuse, socialement et économiquement inclusive sera équipée pour résister aux chocs exogènes. Elle sera un acteur clé et une partie prenante active des négociations autour des enjeux globaux post-2015, résolument tournée vers l’avenir.
DECLINAISON OPERATIONNELLE DE LA VISION
Cinq domaines prioritaires ont été identifiés pour opérationnaliser notre vision :
1) le renforcement des institutions de service public de nos états membres ; 2) le partenariat stratégique avec le secteur privé ; 3) la mobilisation de ressources en soutien à l’investissement ; 4) le développement et la connectivité de marchés régionaux ;
5) l’éradication de l’exclusion. Plus spécifiquement, il s’agira:
• D’offrir aux PMR des solutions de financement adaptées pour bâtir des institutions représentatives et des administrations publiques compétentes et dotées d’un sens élevé de l’éthique. Il s’agira, plus que par le passé, d’apporter l’appui financier à la mise en place d’administrations publiques compétentes et modernes, mises aux normes internationales et en mesure de supporter les objectifs de développement de leurs pays respectifs à moyen et long terme. Cela permettrait également d’améliorer l’accès aux services publics et à la protection sociale, renforçant ainsi la cohésion sociale. Des institutions fortes garantissent la continuité de la mission de service publique, même en temps de crise et sont susceptibles in fine de contribuer à la paix et la sécurité.
• De Changer la donne de la participation du secteur privé africain et international dans les projets d’intégration de grande envergure en mettant en place des mécanismes d’incitations économiques, financières et légales. Ces incitations combinées à la présence de la Banque dans des Partenariats Publics Privés innovants (notamment ceux à fort potentiel d’inclusion) auront un effet d’entrainement certain « Cow Bell Effect » et seront perçues comme une caution de la viabilité du financement, tout en apportant l’assurance de la prise en compte des risques de toutes natures et des préoccupations environnementales. Par ailleurs, les secteurs des Petites et Moyennes Entreprises (PME) et de l’auto-entreprenariat feront l’objet de la même attention stratégique, en raison de leur potentiel élevé d’inclusion et de création d’emploi. Il s’agira en réalité de transformer la BAD en locomotive du secteur privé pour l’intégration du continent.
• D’appuyer les PMR dans la mobilisation des ressources en vue d’accroître le taux d’investissement. La Banque assistera les PMR dans la levée de ressources intérieures et extérieures, publiques et privées (notamment auprès d’investisseurs institutionnels et de la diaspora) nécessaires à la stimulation de l’investissement, déterminant de la croissance durable. Elle arrangera des structures de financement innovantes telles que les certificats de propriété au prorata d’un actif tangible sous-jacent ou encore le « Triple Win », qui garantissent des rendements financiers, économiques et sociaux réels et qui ont déjà fait leurs preuves ailleurs. Ce faisant elle entendra accroitre substantiellement l’effet de levier de ses ressources propres et, aussi mieux valoriser le pouvoir rassembleur que lui confère sa grande crédibilité.
• De positionner la Banque au cœur du montage de projets et programmes de connectivité régionale et continentale pour faciliter les échanges de biens et services et favoriser le commerce. Elle prônera et aidera à la mise en place de législations appropriées et militera en faveur d’une gestion supranationale de ces programmes. Ceci fera de la connectivité et du développement des marchés régionaux et continentaux un des piliers de notre action.
• De prioriser l’allocation des ressources concessionnelles en faveur de programmes d’inclusion économique et sociale. La Banque soutiendra des projets de développement des territoires, de stimulation de l’emploi rural et des interventions dans le domaine de la consolidation de la paix. Au niveau individuel, la Banque encouragera l’autonomisation économique des femmes et des jeunes à travers l’amélioration de l’accès aux services financiers et non financiers, la promotion des Petites et Moyennes Entreprises (PME), et l’accès aux métiers et à la formation qualifiante. En parallèle, au niveau spatial, la Banque affinera son offre aux Etats fragiles, aux régions, zones urbaines et rurales défavorisées pour que ces dernières deviennent plus résilientes. Le pacte d’éradication de l’exclusion sera au nombre de nos objectifs prioritaires.
ENGAGEMENTS DE NOTRE MANDAT
Engagement 1 : L’Engagement irrévocable de préserver les fondamentaux de gestion de la BAD.
Reconnaissant que la BAD aura toujours besoin du soutien de ses actionnaires, nous veillerons à ce qu’elle ne devienne pas un fardeau pour eux. Nous donnerons la priorité à l’utilisation judicieuse de sa capacité de prêt, au renforcement de ses fonds propres et sa capacité de générer des effets de levier. Il s’agira notamment:
• D’assurer la soutenabilité financière de la Banque à long terme suivant 3 axes :
o Le déploiement optimal des ressources du bilan.
o Le renforcement de la capacité de génération de ressources internes en vue d’augmenter la capacité d’engagement en faveur des PMR.
o La restauration de la cote de crédit AAA intrinsèque.
• De garantir l’efficacité de l’Institution par un contrôle des dépenses compatible avec les engagements du GCI-IV, s’assurant ainsi que le ratio entre les dépenses et les revenus de la Banque demeure dans les limites convenues.
Engagement 2 : Le retour sur investissement pour les actionnaires.
En retour du soutien et de la confiance des actionnaires, nous nous engageons :
• Pour les actionnaires des PMR: à catalyser et amplifier leur développement économique.
• Pour l’ensemble des actionnaires: à maximiser les dividendes politiques et économiques qu’ils attendent légitimement de leurs investissements dans le développement socioéconomique du continent.
Engagement 3 : L’Engagement de moderniser et d’adapter le modèle d’affaires de la Banque à une Afrique en pleine mutation et promouvoir des programmes phare de changement de la donne.
Avec l’apparition de nouveaux acteurs comme la Banque des BRICS, les nouvelles puissances bilatérales comme la Chine et l’Inde, l’exigence stratégique de la participation du secteur privé, la donne du développement de l’Afrique a substantiellement changé. Il est désormais impératif de changer et adapter le modèle d’affaires de la Banque à cette nouvelle situation.
Nous nous engageons concrètement à :
• Conduire la modernisation et l’adaptation du modèle d’affaires de la Banque aux réalités d’aujourd’hui.
• Orienter la Banque vers la promotion et le financement de projets et programmes à faible émission de carbone comme un pari gagnant pour les générations futures.
• Transformer nos convictions en action sur la participation effective et égalitaire des femmes au développement de l’Afrique : Nous nous engageons à assurer la parité aux postes professionnels et de direction de la Banque d’ici la fin de notre mandat.
Engagement 4 : Notre agenda 1-2-3 pour la BAD et l’Afrique.
Au cours de notre mandat et en concertation étroite avec le Conseil d’Administration et les parties prenantes, nous déclinerons notre action à travers notre agenda 1-2-3 pour la BAD et pour l’Afrique :
1. Une vision de la transformation positive.
• Elle a été détaillée précédemment.
2. Le soutien à deux programmes de «changement de la donne» et d’ampleur continentale.
• Programme «connexions dorsales africaines» : la réalisation de deux corridors multiservices de l’intégration (transport, TIC, Électricité), afin de favoriser l’émergence de véritables marchés continentaux dans les sens Ouest-Est et Nord-Sud au cours des 10 prochaines années.
• Programme «ZSD» : un corridor pour favoriser le développement et l’inclusion des zones sahélo-désertiques (ZSD) du Continent allant de Nouakchott à Mogadiscio.
3. La promotion de trois initiatives aboutissant à des consensus pour le développement de l’Afrique à l’horizon 2025.
• Le consensus pour l’émergence économique.
• Le consensus pour l’intégration et la création d’un marché continental.
• Le consensus pour l’inclusion, la sécurité et le développement.
CONCLUSION
C’est un grand honneur et privilège pour moi que de soumettre très humblement ce document de vision à l’appréciation des Gouverneurs du Groupe de la Banque Africaine de Développement. Ce document présente mon point de vue personnel d’africain, sur l’avenir que je vois pour le continent et le rôle clé que la BAD devrait jouer dans cette destinée.
Cette vision s’appuie sur une carrière longue de trois décennies, dans des rôles stratégiques de haute direction, soit au sein de la BAD ou d’autres institutions soeurs. Ma récente et longue absence de la Banque, m’a donné l’opportunité d’avoir une nouvelle perspective objective non seulement de cette grande Institution, mais aussi sur les défis auxquels l’Afrique fait face.
Le document capture l’essence de ma vision pour la Banque et les propositions concrètes pour sa mise en oeuvre. Je formule l’espoir que cette déclaration transparente de mon ambition, mes objectifs et engagements, saura éclairer les délibérations des Gouverneurs lors de la prochaine élection du Président du Groupe de la Banque Africaine de Développement.
BIRAMA B SIDIBE
PREAMBULE
Au cours des vingt dernières années, l’Afrique a globalement enregistré une croissance économique forte et soutenue. Pour que cette embellie soit durable, les dirigeants Africains sont convenus d’améliorer leur gouvernance politique et institutionnelle, de moderniser la structure de l’économie africaine et de diversifier les sources de la croissance. Ils ont ainsi confirmé leur engagement politique en faveur d’un nouveau modèle de croissance plus vertueux, l’un des thèmes prioritaires de l’«Agenda 2063» de l’Union africaine pour le développement du continent. D’ores et déjà, plusieurs pays ont inscrit dans leur Vision à moyen terme l’objectif d’émergence économique, et fait de la transformation économique l’axe central de leur programme de développement.
Certes, de nombreux pays africains restent confrontés à d’importants défis sociaux, économiques et environnementaux. Cependant, les premiers signaux d’une mutation positive voient le jour dans certains pays, signalant que la «transformation» tant souhaitée est un objectif réalisable plutôt qu’une rhétorique. Il s’agit:
De l’apparition d’une nouvelle génération de leaders, responsables vis-à-vis de leurs citoyens et ambitieux pour leur pays, leur communauté économique régionale et pour l’Afrique,
Du passage au vert d’indicateurs de mutation et de diversification. Précisément, ces indicateurs concernent l’émergence d’une classe moyenne de consommateurs, le développement d’un secteur privé plus crédible, les investissements dans les infrastructures et l’accroissement des échanges intra régionaux, l’amélioration du climat des affaires ainsi que l’augmentation de la part du secteur des services dans les activités économiques.
Dans ce contexte, la Banque Africaine de Développement (BAD) devra apporter un soutien multiforme à la mise en œuvre du nouveau modèle de développement économique et social d’une Afrique qui aspire à l’émergence à moyen-terme. Ce soutien devra être pertinent car les dirigeants ont non seulement une vision claire de l’avenir qu’ils ambitionnent pour le continent, mais aussi de la stratégie à déployer pour atteindre cet objectif. La Banque, dans sa stratégie à long terme 2013-2022, envisage de contribuer à une transformation plus vertueuse de l’Afrique en ligne avec les objectifs des Africains. Améliorer la qualité de la croissance (une croissance plus inclusive et plus verte) est l’un des buts ultimes de cette stratégie.
La BAD est la première institution africaine de développement dont les capacités, les performances et la résilience sont unanimement reconnues et célébrées. Nous saluons donc les actions des anciens Présidents et particulièrement celles du Président Donald Kaberuka, sous la Direction duquel la Banque est devenue la voix de référence autour des questions du développement économique de l’Afrique. Elle a regagné en crédibilité et sa réputation au niveau international n’a cessé de grandir.
NOTRE AMBITION
Si nous sommes élus, notre ambition sera double :
• Préserver l’héritage de la vision d’une Afrique intégrée et transformée ainsi que consolider et amplifier les résultats précédemment acquis.
• Ajuster le modèle opératoire de la Banque et l’orienter vers la fourniture de solutions concrètes afin d’aider ses pays membres régionaux (PMR) à relever le défi de la métamorphose économique et accélérer l’intégration du continent.
NOS ATOUTS
Ils résident dans :
• Notre capacité à appréhender les enjeux et les phénomènes politico-économiques mondiaux qui ont des implications pour l’Afrique.
• Notre leadership démontré dans les différentes responsabilités que nous avons exercées au sein de la BAD, ainsi que dans d’autres institutions comme la Banque Islamique de Développement (Vice-Président chargé des opérations) ou Shelter Afrique (Directeur Général).
• Notre réputation de pourvoyeur d’innovations et de réformes ayant produit des résultats tangibles en Afrique, en Asie, au Proche et au Moyen-Orient. Ceci nous a permis d’affiner et de mûrir notre projet et notre ambition pour la Banque et pour l’Afrique.
LA BANQUE QUE NOUS VOULONS – LA BANQUE QUE L’AFRIQUE VEUT
Notre aspiration est de faire de la Banque le partenaire de choix et la référence sur le continent pour toute initiative socio-économique. Servie par un personnel compétent, motivé et dévoué ayant une parfaite appropriation des valeurs corporatives, la BAD sera reconnue pour son expertise en matière de développement. Elle sera, en outre, le partenaire privilégié de la concertation, de l’harmonisation et de l’exploitation de toutes les synergies pour les Institutions multilatérales homologues, les agences bilatérales de tous les pays membres Régionaux et Non-Régionaux. Réservoir d’appui technique de pointe hautement spécialisé, elle sera pour ses membres le point d’entrée privilégié dans le monde complexe du financement du développement.
ENONCE DE NOTRE VISION
Notre vision est celle d’une Banque Africaine de Développement en mutation positive à l’image de ses pays membres. Nous l’imaginons avant-gardiste, précurseur d’une nouvelle génération de Banque régionale de développement dont l’attention sera portée sur le développement effectif du secteur privé en priorité, et apte à répondre techniquement et financièrement aux besoins de ses actionnaires. Elle aura une réputation bien établie pour son efficacité et pour ses standards les plus élevés d’éthique en matière de développement socio-économique. Nous la rêvons crédible, solide, novatrice, flexible, mais surtout pourvoyeuse de solutions pour une Afrique intégrée et émergente perçue comme le prochain marché du monde. Cette Afrique vertueuse, socialement et économiquement inclusive sera équipée pour résister aux chocs exogènes. Elle sera un acteur clé et une partie prenante active des négociations autour des enjeux globaux post-2015, résolument tournée vers l’avenir.
DECLINAISON OPERATIONNELLE DE LA VISION
Cinq domaines prioritaires ont été identifiés pour opérationnaliser notre vision :
1) le renforcement des institutions de service public de nos états membres ; 2) le partenariat stratégique avec le secteur privé ; 3) la mobilisation de ressources en soutien à l’investissement ; 4) le développement et la connectivité de marchés régionaux ;
5) l’éradication de l’exclusion. Plus spécifiquement, il s’agira:
• D’offrir aux PMR des solutions de financement adaptées pour bâtir des institutions représentatives et des administrations publiques compétentes et dotées d’un sens élevé de l’éthique. Il s’agira, plus que par le passé, d’apporter l’appui financier à la mise en place d’administrations publiques compétentes et modernes, mises aux normes internationales et en mesure de supporter les objectifs de développement de leurs pays respectifs à moyen et long terme. Cela permettrait également d’améliorer l’accès aux services publics et à la protection sociale, renforçant ainsi la cohésion sociale. Des institutions fortes garantissent la continuité de la mission de service publique, même en temps de crise et sont susceptibles in fine de contribuer à la paix et la sécurité.
• De Changer la donne de la participation du secteur privé africain et international dans les projets d’intégration de grande envergure en mettant en place des mécanismes d’incitations économiques, financières et légales. Ces incitations combinées à la présence de la Banque dans des Partenariats Publics Privés innovants (notamment ceux à fort potentiel d’inclusion) auront un effet d’entrainement certain « Cow Bell Effect » et seront perçues comme une caution de la viabilité du financement, tout en apportant l’assurance de la prise en compte des risques de toutes natures et des préoccupations environnementales. Par ailleurs, les secteurs des Petites et Moyennes Entreprises (PME) et de l’auto-entreprenariat feront l’objet de la même attention stratégique, en raison de leur potentiel élevé d’inclusion et de création d’emploi. Il s’agira en réalité de transformer la BAD en locomotive du secteur privé pour l’intégration du continent.
• D’appuyer les PMR dans la mobilisation des ressources en vue d’accroître le taux d’investissement. La Banque assistera les PMR dans la levée de ressources intérieures et extérieures, publiques et privées (notamment auprès d’investisseurs institutionnels et de la diaspora) nécessaires à la stimulation de l’investissement, déterminant de la croissance durable. Elle arrangera des structures de financement innovantes telles que les certificats de propriété au prorata d’un actif tangible sous-jacent ou encore le « Triple Win », qui garantissent des rendements financiers, économiques et sociaux réels et qui ont déjà fait leurs preuves ailleurs. Ce faisant elle entendra accroitre substantiellement l’effet de levier de ses ressources propres et, aussi mieux valoriser le pouvoir rassembleur que lui confère sa grande crédibilité.
• De positionner la Banque au cœur du montage de projets et programmes de connectivité régionale et continentale pour faciliter les échanges de biens et services et favoriser le commerce. Elle prônera et aidera à la mise en place de législations appropriées et militera en faveur d’une gestion supranationale de ces programmes. Ceci fera de la connectivité et du développement des marchés régionaux et continentaux un des piliers de notre action.
• De prioriser l’allocation des ressources concessionnelles en faveur de programmes d’inclusion économique et sociale. La Banque soutiendra des projets de développement des territoires, de stimulation de l’emploi rural et des interventions dans le domaine de la consolidation de la paix. Au niveau individuel, la Banque encouragera l’autonomisation économique des femmes et des jeunes à travers l’amélioration de l’accès aux services financiers et non financiers, la promotion des Petites et Moyennes Entreprises (PME), et l’accès aux métiers et à la formation qualifiante. En parallèle, au niveau spatial, la Banque affinera son offre aux Etats fragiles, aux régions, zones urbaines et rurales défavorisées pour que ces dernières deviennent plus résilientes. Le pacte d’éradication de l’exclusion sera au nombre de nos objectifs prioritaires.
ENGAGEMENTS DE NOTRE MANDAT
Engagement 1 : L’Engagement irrévocable de préserver les fondamentaux de gestion de la BAD.
Reconnaissant que la BAD aura toujours besoin du soutien de ses actionnaires, nous veillerons à ce qu’elle ne devienne pas un fardeau pour eux. Nous donnerons la priorité à l’utilisation judicieuse de sa capacité de prêt, au renforcement de ses fonds propres et sa capacité de générer des effets de levier. Il s’agira notamment:
• D’assurer la soutenabilité financière de la Banque à long terme suivant 3 axes :
o Le déploiement optimal des ressources du bilan.
o Le renforcement de la capacité de génération de ressources internes en vue d’augmenter la capacité d’engagement en faveur des PMR.
o La restauration de la cote de crédit AAA intrinsèque.
• De garantir l’efficacité de l’Institution par un contrôle des dépenses compatible avec les engagements du GCI-IV, s’assurant ainsi que le ratio entre les dépenses et les revenus de la Banque demeure dans les limites convenues.
Engagement 2 : Le retour sur investissement pour les actionnaires.
En retour du soutien et de la confiance des actionnaires, nous nous engageons :
• Pour les actionnaires des PMR: à catalyser et amplifier leur développement économique.
• Pour l’ensemble des actionnaires: à maximiser les dividendes politiques et économiques qu’ils attendent légitimement de leurs investissements dans le développement socioéconomique du continent.
Engagement 3 : L’Engagement de moderniser et d’adapter le modèle d’affaires de la Banque à une Afrique en pleine mutation et promouvoir des programmes phare de changement de la donne.
Avec l’apparition de nouveaux acteurs comme la Banque des BRICS, les nouvelles puissances bilatérales comme la Chine et l’Inde, l’exigence stratégique de la participation du secteur privé, la donne du développement de l’Afrique a substantiellement changé. Il est désormais impératif de changer et adapter le modèle d’affaires de la Banque à cette nouvelle situation.
Nous nous engageons concrètement à :
• Conduire la modernisation et l’adaptation du modèle d’affaires de la Banque aux réalités d’aujourd’hui.
• Orienter la Banque vers la promotion et le financement de projets et programmes à faible émission de carbone comme un pari gagnant pour les générations futures.
• Transformer nos convictions en action sur la participation effective et égalitaire des femmes au développement de l’Afrique : Nous nous engageons à assurer la parité aux postes professionnels et de direction de la Banque d’ici la fin de notre mandat.
Engagement 4 : Notre agenda 1-2-3 pour la BAD et l’Afrique.
Au cours de notre mandat et en concertation étroite avec le Conseil d’Administration et les parties prenantes, nous déclinerons notre action à travers notre agenda 1-2-3 pour la BAD et pour l’Afrique :
1. Une vision de la transformation positive.
• Elle a été détaillée précédemment.
2. Le soutien à deux programmes de «changement de la donne» et d’ampleur continentale.
• Programme «connexions dorsales africaines» : la réalisation de deux corridors multiservices de l’intégration (transport, TIC, Électricité), afin de favoriser l’émergence de véritables marchés continentaux dans les sens Ouest-Est et Nord-Sud au cours des 10 prochaines années.
• Programme «ZSD» : un corridor pour favoriser le développement et l’inclusion des zones sahélo-désertiques (ZSD) du Continent allant de Nouakchott à Mogadiscio.
3. La promotion de trois initiatives aboutissant à des consensus pour le développement de l’Afrique à l’horizon 2025.
• Le consensus pour l’émergence économique.
• Le consensus pour l’intégration et la création d’un marché continental.
• Le consensus pour l’inclusion, la sécurité et le développement.
CONCLUSION
C’est un grand honneur et privilège pour moi que de soumettre très humblement ce document de vision à l’appréciation des Gouverneurs du Groupe de la Banque Africaine de Développement. Ce document présente mon point de vue personnel d’africain, sur l’avenir que je vois pour le continent et le rôle clé que la BAD devrait jouer dans cette destinée.
Cette vision s’appuie sur une carrière longue de trois décennies, dans des rôles stratégiques de haute direction, soit au sein de la BAD ou d’autres institutions soeurs. Ma récente et longue absence de la Banque, m’a donné l’opportunité d’avoir une nouvelle perspective objective non seulement de cette grande Institution, mais aussi sur les défis auxquels l’Afrique fait face.
Le document capture l’essence de ma vision pour la Banque et les propositions concrètes pour sa mise en oeuvre. Je formule l’espoir que cette déclaration transparente de mon ambition, mes objectifs et engagements, saura éclairer les délibérations des Gouverneurs lors de la prochaine élection du Président du Groupe de la Banque Africaine de Développement.
BIRAMA B SIDIBE