L’affaire des impayés de primes des Eléphants footballeurs, lors la Can 2015, met désormais au goût du jour le problème de la gestion de l’argent affecté aux compétitions internationales et aux fédérations sportives en Côte d’Ivoire.
La régie des compétitions internationales du ministère des Sports que dirigeait Hervé Yapi Patrick depuis 2008, vient de montrer ses limites et son incapacité à gérer de façon professionnelle et efficiente les fonds mis à sa disposition. Le dysfonctionnement de cette régie a été mis à nu, à la faveur de la crise liée aux impayés de primes des Eléphants footballeurs, sacrés champions d’Afrique en Guinée Equatoriale. Alors que l’Etat a décaissé 3,5 milliards Fcfa pour la Can 2015, il se trouve que l’ensemble des 23 joueurs, leurs encadreurs dont le sélectionneur Hervé Renard et les membres administratifs ont des arriérés de primes qui s’élèvent à environ 800 millions Fcfa. Et pourtant, le Trésor public a mis l’argent à la disposition de la Régie pour faire face aux besoins des Eléphants. Depuis mercredi dernier, le régisseur Hervé Yapi Patrick a été démis de ses fonctions et une enquête approfondie a été ouverte, sur ordre du Président Alassane Ouattara, pour situer la responsabilité des différentes parties dans cette affaire (ministère des Sports, Trésor public, Fif). La régie désormais discréditée, qui va gérer l’argent des compétitions ? En tout cas, dans le milieu sportif, plusieurs responsables de fédérations, souhaitent que les fonds ne transitent plus par la régie des compétitions internationales. Car, avancent-ils, la régie a perdu toute sa crédibilité depuis des lustres. « C’est aujourd’hui que les gens parlent. Il a fallu le scandale avec les héros de Bata pour que les gens s’en rendent compte que les fédérations sportives en Côte d’Ivoire souffrent à cause de la régie. Ta communication est bel et bien signée, les responsables de la régie te montrent un papier pour te dire que l’argent est au Trésor, mais tu vas courir après eux, pour ne serait-ce que percevoir les billets d’avions de ta délégation pour le voyage à l’extérieur. Pour les primes des athlètes qui sont de 25.000Fcfa par jour, la régie va te rouler dans la farine. Toutes les fédérations ont des arriérés de primes à la régie », souligne Atta Seigneur, membre du comité directeur de la Fédération ivoirienne de volleyball. Au niveau des athlètes, même son de cloche. « Depuis la fin de l’Afrobasket 2013 à Abidjan, la régie nous doit encore des primes. Nous avons donné nos relevés d’identité bancaire, mais rien n’a été viré. Est-ce que le Trésor public a mis l’argent à la disposition de la régie ? Nous n’en savons rien. Le régisseur a été limogé, mais il faut vraiment fouiller pour démasquer ceux qui se sucrent sur le dos des athlètes», ajoute un Eléphant basketteur. La régie des compétitions internationales n’est pas la seule structure pointée du doigt. Il y a aussi l’Office national des sports (Ons) qui s’occupe de certaines compétitions.
Tout comme la régie, l’Office n’est pas exempt de reproches. Au contraire, elle fait pire que la régie. « Il y a un responsable du ministère de l’Economie et des finances qui gère l’argent des compétitions internationales à l’Ons comme c’est le cas d’Hervé Yapi Patrick au ministère des Sports », note un responsable de fédération qui a requis l’anonymat. Il explique que c’est à la veille d’une compétition internationale que les billets sont mis à la disposition des fédérations. « A plusieurs reprises, des délégations ivoiriennes ont été bloquées dans des hôtels pour factures impayées, parce que l’Ons n’a pas envoyé l’argent à temps. Les basketteurs ivoiriens ont vécu cette situation en Libye sous la présidence de Koré Moïse et également les karatékas en Tunisie. Maître Djè Kouassi, le président de la Fédération a été fait prisonnier après le départ de la délégation ivoirienne de Tunis », révélera-t-il. Au regard de toutes ces plaintes, il convient de se demander s’il faut remettre directement l’argent aux fédérations. Au niveau des fédérations aussi, la bonne gouvernance est une denrée rare, même si elles ne sont pas toutes logées à la même enseigne. Détail important: sous la houlette du ministre des Sports, Dagobert Banzio, pour justifier les fonds de la parafiscalité, une fédération dont on ne citera pas le nom, a dû amasser une soixantaine de cartes de recharges d’une société de téléphonie, comme pièce comptable. Aussi, plusieurs fédérations sportives, toute discipline confondue, une fois l’argent des Eléphants mis à leur disposition, s’appuient sur leurs grilles internes pour le partage. « Là où la régie donne 25.000Fcfa par jour, c’est 15 ou 20.000Fcfa qu’on nous donne et on est forcé de cotiser pour certains de nos camarades restés au pays, après une compétition internationale », a confié un athlète de haut niveau. En tout cas, le gouvernement ivoirien doit réfléchir à mettre sur pied une structure autonome pour gérer l’argent des athlètes et des fédérations sportives, de sorte à éviter les différents micmacs du Trésor public et de certaines mains occultes. Le scandale des impayés de primes devra faire bouger les lignes afin que l’argent des sportifs revienne aux ayants-droit.
Annoncia Sehoué
La régie des compétitions internationales du ministère des Sports que dirigeait Hervé Yapi Patrick depuis 2008, vient de montrer ses limites et son incapacité à gérer de façon professionnelle et efficiente les fonds mis à sa disposition. Le dysfonctionnement de cette régie a été mis à nu, à la faveur de la crise liée aux impayés de primes des Eléphants footballeurs, sacrés champions d’Afrique en Guinée Equatoriale. Alors que l’Etat a décaissé 3,5 milliards Fcfa pour la Can 2015, il se trouve que l’ensemble des 23 joueurs, leurs encadreurs dont le sélectionneur Hervé Renard et les membres administratifs ont des arriérés de primes qui s’élèvent à environ 800 millions Fcfa. Et pourtant, le Trésor public a mis l’argent à la disposition de la Régie pour faire face aux besoins des Eléphants. Depuis mercredi dernier, le régisseur Hervé Yapi Patrick a été démis de ses fonctions et une enquête approfondie a été ouverte, sur ordre du Président Alassane Ouattara, pour situer la responsabilité des différentes parties dans cette affaire (ministère des Sports, Trésor public, Fif). La régie désormais discréditée, qui va gérer l’argent des compétitions ? En tout cas, dans le milieu sportif, plusieurs responsables de fédérations, souhaitent que les fonds ne transitent plus par la régie des compétitions internationales. Car, avancent-ils, la régie a perdu toute sa crédibilité depuis des lustres. « C’est aujourd’hui que les gens parlent. Il a fallu le scandale avec les héros de Bata pour que les gens s’en rendent compte que les fédérations sportives en Côte d’Ivoire souffrent à cause de la régie. Ta communication est bel et bien signée, les responsables de la régie te montrent un papier pour te dire que l’argent est au Trésor, mais tu vas courir après eux, pour ne serait-ce que percevoir les billets d’avions de ta délégation pour le voyage à l’extérieur. Pour les primes des athlètes qui sont de 25.000Fcfa par jour, la régie va te rouler dans la farine. Toutes les fédérations ont des arriérés de primes à la régie », souligne Atta Seigneur, membre du comité directeur de la Fédération ivoirienne de volleyball. Au niveau des athlètes, même son de cloche. « Depuis la fin de l’Afrobasket 2013 à Abidjan, la régie nous doit encore des primes. Nous avons donné nos relevés d’identité bancaire, mais rien n’a été viré. Est-ce que le Trésor public a mis l’argent à la disposition de la régie ? Nous n’en savons rien. Le régisseur a été limogé, mais il faut vraiment fouiller pour démasquer ceux qui se sucrent sur le dos des athlètes», ajoute un Eléphant basketteur. La régie des compétitions internationales n’est pas la seule structure pointée du doigt. Il y a aussi l’Office national des sports (Ons) qui s’occupe de certaines compétitions.
Tout comme la régie, l’Office n’est pas exempt de reproches. Au contraire, elle fait pire que la régie. « Il y a un responsable du ministère de l’Economie et des finances qui gère l’argent des compétitions internationales à l’Ons comme c’est le cas d’Hervé Yapi Patrick au ministère des Sports », note un responsable de fédération qui a requis l’anonymat. Il explique que c’est à la veille d’une compétition internationale que les billets sont mis à la disposition des fédérations. « A plusieurs reprises, des délégations ivoiriennes ont été bloquées dans des hôtels pour factures impayées, parce que l’Ons n’a pas envoyé l’argent à temps. Les basketteurs ivoiriens ont vécu cette situation en Libye sous la présidence de Koré Moïse et également les karatékas en Tunisie. Maître Djè Kouassi, le président de la Fédération a été fait prisonnier après le départ de la délégation ivoirienne de Tunis », révélera-t-il. Au regard de toutes ces plaintes, il convient de se demander s’il faut remettre directement l’argent aux fédérations. Au niveau des fédérations aussi, la bonne gouvernance est une denrée rare, même si elles ne sont pas toutes logées à la même enseigne. Détail important: sous la houlette du ministre des Sports, Dagobert Banzio, pour justifier les fonds de la parafiscalité, une fédération dont on ne citera pas le nom, a dû amasser une soixantaine de cartes de recharges d’une société de téléphonie, comme pièce comptable. Aussi, plusieurs fédérations sportives, toute discipline confondue, une fois l’argent des Eléphants mis à leur disposition, s’appuient sur leurs grilles internes pour le partage. « Là où la régie donne 25.000Fcfa par jour, c’est 15 ou 20.000Fcfa qu’on nous donne et on est forcé de cotiser pour certains de nos camarades restés au pays, après une compétition internationale », a confié un athlète de haut niveau. En tout cas, le gouvernement ivoirien doit réfléchir à mettre sur pied une structure autonome pour gérer l’argent des athlètes et des fédérations sportives, de sorte à éviter les différents micmacs du Trésor public et de certaines mains occultes. Le scandale des impayés de primes devra faire bouger les lignes afin que l’argent des sportifs revienne aux ayants-droit.
Annoncia Sehoué