Jean-Louis Borloo, ancien ministre français de l’Ecologie, envisage de mobiliser près de 220 milliards de dollars US dans les dix prochaines années (2015-2025) à travers une Fondation pour l’énergie en Afrique. Il veut ainsi porter le taux d’électrification de l’Afrique de 25% à 100%.
Ce projet audacieux a été présenté le 3 mars 2015, à l’hôtel Marigny, en France, en présence du président François Hollande, de personnalités politiques de haut niveau et de chefs d’entreprise influents du Medef (Mouvement des entreprises de France). A ce jour, ce sont plus de 400 milliards de dollars US à injecter sur cette période, selon des experts des institutions financières internationales pour atteindre 50/60% de taux d’électrification en Afrique subsaharienne. En jetant un regard rétrospectif sur les financements et investissements dans le secteur de l’électricité en Afrique, ce serait plus de 500 milliards de dollars US déjà engloutis depuis cinquante ans pour arriver à ce piètre résultat : 650 millions de citoyens n’ont pas accès à l’électricité dans les 48 pays de l’Afrique subsaharienne, seule partie de monde où la pauvreté a gagné du terrain ces dix dernières années, au lieu de régresser. Pourquoi cet échec flagrant, qui n’émeut nullement les bailleurs de fonds internationaux ? Ceux-ci continuent à croire, et à tort, qu’il faut :
- Accroître les capacités de production des entreprises d’électricité qui sont trop faibles pour réduire les délestages et disponibiliser de l’électricité à volonté. Actuellement la capacité de production de l’Afrique subsaharienne est de 35 GW pour 800 millions d’habitants, comparativement à la Pologne, pour la même capacité de production installée, mais pour desservir seulement 42 millions d’habitants.
- Renforcer les réseaux de transport et de distribution (postes et lignes) pour minimiser les énergies non distribuées (END) et les temps moyens de coupure (TMC).
De la nécessité d’endiguer les pratiques frauduleuses
Personne ne se préoccupe véritablement des exigences de rentabilité financière des entreprises d’électricité. Sinon, comment comprendre que la totalité des entreprises d’électricité ont des pertes non techniques (PNT : quantité d’électricité produite, effectivement consommée mais non facturée) qui varient de 30% pour les entreprises d’électricité les plus performantes à 60% pour les moins performantes. En d’autres termes, lorsque la compagnie d’électricité produit et transporte 100 kWh aux bornes de la distribution des abonnés (gestion clientèle), seuls 55 kWh sont facturés en moyenne. Il y a donc 45 kWh de pertes dites non techniques. Ces PNT ne sont ni plus ni moins que de la fraude organisée à très grande échelle, une véritable mafia de l’électricité, avec souvent la complicité des responsables de ces entreprises d’électricité. Cette pratique «cancérigène» est connue de tous les bailleurs de fonds internationaux, sans exception. Le préjudice des PNT représenterait près de 2,5 milliards de dollars US par an, sans compter le manque à gagner sur la fiscalité des pays africains concernés. Plus grave, à peine 50% des clients facturés paient leurs consommations d’électricité. Encore un autre aspect du manque à gagner pour les entreprises d’électricité dont le management laisse énormément à désirer. C’est le même phénomène dans le secteur de l’eau. Il faut absolument changer l’approche de l’aide au développement dans les secteurs de l’eau et de l’électricité en Afrique subsaharienne particulièrement.
Des aides qui doivent être conditionnées
Toute aide internationale pour améliorer l’accès des populations à l’eau et à l’électricité, comme le prévoit le ministre Jean-Louis Borloo, doit être conditionnée par un Contrat d’assistance des bailleurs de fonds auprès des entreprises d’eau et d’électricité, pour leur imposer comme préalable une réduction substantielle des pertes non techniques et un relèvement conséquent du taux de recouvrement des factures émises. En trois ans, une entreprise d’eau ou d’électricité peut gagner en moyenne 8 points irréversibles sur son rendement de distribution (kWh facturés/kWh livrés) si elle fait de la lutte contre la fraude un axe prioritaire de management. Ce qui lui permettrait d’injecter en moyenne 2 milliards de dollars USD sur ces trois ans dans son chiffre d’affaires. Si elle met en place une véritable politique de responsabilisation intégrée dans une démarche managériale d’implantation et de renforcement de la «culture du résultat et du mérite», elle pourrait bénéficier d’une bouffée d’oxygène d’au moins 1,5 milliard dans sa trésorerie à travers les encaissements des factures émises. En dix ans, toutes les 48 entreprises d’électricité de l’Afrique subsaharienne pourraient ainsi mobiliser sur leurs fonds propres 120 milliards de dollars US en moyenne pour améliorer et optimiser l’exploitation et la maintenance de leurs réseaux électriques. Les bailleurs de fonds internationaux viendraient alors en appoint, sans avoir à jeter par la fenêtre des sommes faramineuses comme c’est le cas actuellement, pour soi-disant, de bonne foi, améliorer l’accès à l’eau et à l’électricité des Africains.
Des enjeux cruciaux
Ne pas procéder de cette façon, c’est prendre le risque d’un échec prévisible des objectifs louables visés par M. Jean-Louis Borloo, en cohérence avec ceux des Nations unies :
- Permettre l’accès universel du plus grand nombre aux commodités de l’électricité afin de réduire le niveau de pauvreté et contribuer à la lutte contre le chômage.
- Améliorer la qualité de vie des ménages.
- Participer à l’optimisation de la rentabilité financière des entreprises d’électricité et, par ricochet, rendre l’économie du pays plus prospère en faisant de l’énergie son levier de développement.
La croissance démographie et le taux de natalité en Afrique subsaharienne ne cessent de croître plus vite que l’amélioration du niveau de vie des populations. Le taux d’accès à l’électricité passerait alors de 25% à 20% dans les quinze prochaines années, en s’entêtant à pérenniser les mécanismes actuels d’aide au développement dans les secteurs de l’eau et de l’électricité, en Afrique subsaharienne particulièrement.
Ce projet audacieux a été présenté le 3 mars 2015, à l’hôtel Marigny, en France, en présence du président François Hollande, de personnalités politiques de haut niveau et de chefs d’entreprise influents du Medef (Mouvement des entreprises de France). A ce jour, ce sont plus de 400 milliards de dollars US à injecter sur cette période, selon des experts des institutions financières internationales pour atteindre 50/60% de taux d’électrification en Afrique subsaharienne. En jetant un regard rétrospectif sur les financements et investissements dans le secteur de l’électricité en Afrique, ce serait plus de 500 milliards de dollars US déjà engloutis depuis cinquante ans pour arriver à ce piètre résultat : 650 millions de citoyens n’ont pas accès à l’électricité dans les 48 pays de l’Afrique subsaharienne, seule partie de monde où la pauvreté a gagné du terrain ces dix dernières années, au lieu de régresser. Pourquoi cet échec flagrant, qui n’émeut nullement les bailleurs de fonds internationaux ? Ceux-ci continuent à croire, et à tort, qu’il faut :
- Accroître les capacités de production des entreprises d’électricité qui sont trop faibles pour réduire les délestages et disponibiliser de l’électricité à volonté. Actuellement la capacité de production de l’Afrique subsaharienne est de 35 GW pour 800 millions d’habitants, comparativement à la Pologne, pour la même capacité de production installée, mais pour desservir seulement 42 millions d’habitants.
- Renforcer les réseaux de transport et de distribution (postes et lignes) pour minimiser les énergies non distribuées (END) et les temps moyens de coupure (TMC).
De la nécessité d’endiguer les pratiques frauduleuses
Personne ne se préoccupe véritablement des exigences de rentabilité financière des entreprises d’électricité. Sinon, comment comprendre que la totalité des entreprises d’électricité ont des pertes non techniques (PNT : quantité d’électricité produite, effectivement consommée mais non facturée) qui varient de 30% pour les entreprises d’électricité les plus performantes à 60% pour les moins performantes. En d’autres termes, lorsque la compagnie d’électricité produit et transporte 100 kWh aux bornes de la distribution des abonnés (gestion clientèle), seuls 55 kWh sont facturés en moyenne. Il y a donc 45 kWh de pertes dites non techniques. Ces PNT ne sont ni plus ni moins que de la fraude organisée à très grande échelle, une véritable mafia de l’électricité, avec souvent la complicité des responsables de ces entreprises d’électricité. Cette pratique «cancérigène» est connue de tous les bailleurs de fonds internationaux, sans exception. Le préjudice des PNT représenterait près de 2,5 milliards de dollars US par an, sans compter le manque à gagner sur la fiscalité des pays africains concernés. Plus grave, à peine 50% des clients facturés paient leurs consommations d’électricité. Encore un autre aspect du manque à gagner pour les entreprises d’électricité dont le management laisse énormément à désirer. C’est le même phénomène dans le secteur de l’eau. Il faut absolument changer l’approche de l’aide au développement dans les secteurs de l’eau et de l’électricité en Afrique subsaharienne particulièrement.
Des aides qui doivent être conditionnées
Toute aide internationale pour améliorer l’accès des populations à l’eau et à l’électricité, comme le prévoit le ministre Jean-Louis Borloo, doit être conditionnée par un Contrat d’assistance des bailleurs de fonds auprès des entreprises d’eau et d’électricité, pour leur imposer comme préalable une réduction substantielle des pertes non techniques et un relèvement conséquent du taux de recouvrement des factures émises. En trois ans, une entreprise d’eau ou d’électricité peut gagner en moyenne 8 points irréversibles sur son rendement de distribution (kWh facturés/kWh livrés) si elle fait de la lutte contre la fraude un axe prioritaire de management. Ce qui lui permettrait d’injecter en moyenne 2 milliards de dollars USD sur ces trois ans dans son chiffre d’affaires. Si elle met en place une véritable politique de responsabilisation intégrée dans une démarche managériale d’implantation et de renforcement de la «culture du résultat et du mérite», elle pourrait bénéficier d’une bouffée d’oxygène d’au moins 1,5 milliard dans sa trésorerie à travers les encaissements des factures émises. En dix ans, toutes les 48 entreprises d’électricité de l’Afrique subsaharienne pourraient ainsi mobiliser sur leurs fonds propres 120 milliards de dollars US en moyenne pour améliorer et optimiser l’exploitation et la maintenance de leurs réseaux électriques. Les bailleurs de fonds internationaux viendraient alors en appoint, sans avoir à jeter par la fenêtre des sommes faramineuses comme c’est le cas actuellement, pour soi-disant, de bonne foi, améliorer l’accès à l’eau et à l’électricité des Africains.
Des enjeux cruciaux
Ne pas procéder de cette façon, c’est prendre le risque d’un échec prévisible des objectifs louables visés par M. Jean-Louis Borloo, en cohérence avec ceux des Nations unies :
- Permettre l’accès universel du plus grand nombre aux commodités de l’électricité afin de réduire le niveau de pauvreté et contribuer à la lutte contre le chômage.
- Améliorer la qualité de vie des ménages.
- Participer à l’optimisation de la rentabilité financière des entreprises d’électricité et, par ricochet, rendre l’économie du pays plus prospère en faisant de l’énergie son levier de développement.
La croissance démographie et le taux de natalité en Afrique subsaharienne ne cessent de croître plus vite que l’amélioration du niveau de vie des populations. Le taux d’accès à l’électricité passerait alors de 25% à 20% dans les quinze prochaines années, en s’entêtant à pérenniser les mécanismes actuels d’aide au développement dans les secteurs de l’eau et de l’électricité, en Afrique subsaharienne particulièrement.