La condition des femmes porteuses de fistule, maladie avilissante, préoccupe les gouvernants du monde, qui se sont penchés, samedi, sur les solutions pour sauver la dignité de ces patientes.
Les porteuses de fistule dégagent une mauvaise odeur. Ces femmes sentent les urines et les déchets qui s’écoulent d’elles. «Une fois que la plaie occasionnée par les va-et-vient de l'enfant lors de l'accouchement est infectée, les parties intimes de la femme et son anus communiquent directement. Les urines et les déchets coulent sans qu'elle ne puisse s'en rendre compte. Ses dessous et son lit sont toujours mouillés. Elle dégage ainsi une odeur fort désagréable», explique Monh Antoine, directeur régional de l'Ong Gfm3. « C’est un véritable calvaire que ces femmes-là vivent. C’est ce que les sociologues ont appelé une déshumanisation, c’est-à-dire que cette maladie déshumanise les femmes qui en sont victimes. Voyez-vous, un enfant qui fait pipi sur lui, c’est compréhensible. Mais quand c’est une femme d’un certain âge, c’est incompréhensible même pour des intellectuels. Donc, toute de suite, une femme qui souffre de fistule est stigmatisée. Elle est marginalisée et s’auto censure parce qu’elle ne sait pas de quoi elle souffre. Elle ne sent pas bon. L’odeur nauséabonde qu’elle dégage fait qu’elle est véritablement exclue. Généralement, les gens conçoivent pour elles des cadres de fortunes où elles sont obligées de vivre », poursuit M. Monh , dont l’Ong, depuis des années, s’est spécialisée dans l’assistance des femmes porteuses de fistule. A l’en croire, cette maladie aujourd’hui appelée ‘’maladie de la honte’’ et ou ‘’maladie des pauvres’’ sévit en Côte d’Ivoire. Une récente enquête des organismes des Nations unies a fait état de 1000 cas par an. En Côte d’Ivoire, les avancées de la médecine ont permis de sauver de nombreuses femmes. En effet on dénombre des centres de prise en charge gratuite à Man, Korhogo et Bouaké où les femmes sont soignées sans débourser le moindre centime. A Abidjan, seul le Centre hospitalier universitaire (Chu) de Treichville à un plateau technique pour soigner les malades. Le coût des soins est fixé entre 350 000 Fcfa et 400 000 Fcfa. Selon les spécialistes de la santé, les cas de fistule ne sont plus l’apanage d’une seule région. « Les cas de se rencontrent partout en Côte d’Ivoire. Le mal est persistant dans les zones où les femmes accouchent à la maison au lieu de l’hôpital ou encore dans les endroits où l’excision a pignon sur rue », confié Droh. Selon lui, la fistule obstétricale peut être évitée. Pour cela, il suffirait de repousser l’âge de la première grossesse; de mettre fin aux pratiques traditionnelles préjudiciables; et de permettre d’avoir accès en temps voulu à des soins obstétricaux. Près de deux millions de femmes vivent avec une fistule dans les pays en développement et quelques 50.000 à 100.000 nouveaux cas apparaissent chaque année. En attendant, les malades de la fistule obstétricale sont des marginales quasiment honnies et bannies. Abandonnées de tous, elles ne peuvent pas vendre, ni faire d’activités génératrices de revenus. D’ailleurs la première personne à les rejeter souvent, c’est justement le mari. Les maris ne supportent pas que leurs femmes soient devenues ainsi et sont les premiers à se débarrasser d’elle. Ils le font souvent avec la bénédiction de leurs parents. Le poids de la tradition aidant, les femmes sont accusées d’avoir trompé leur mari. On les accuse d’avoir une si terrible maladie parce qu’elles auraient insulté leur belle-mère ou qu’elles sont des femmes indignes. Tous ces préjugés qui entourent cette maladie en font un véritable calvaire. A l'occasion de la Journée internationale de l'élimination de la fistule obstétricale autour du thème « Mettre fin à la fistule, rétablir la dignité des femmes » célébrée le 23 mai, le secrétaire général de l'Onu, Ban Ki-moon, a demandé aux dirigeants du monde entier de prendre l'engagement d'éradiquer ce fléau. « Nous pouvons, et nous devons, mettre fin à ces souffrances inutiles », a dit le chef de ladite organisation, dans un message.
Abou Traoré
Les porteuses de fistule dégagent une mauvaise odeur. Ces femmes sentent les urines et les déchets qui s’écoulent d’elles. «Une fois que la plaie occasionnée par les va-et-vient de l'enfant lors de l'accouchement est infectée, les parties intimes de la femme et son anus communiquent directement. Les urines et les déchets coulent sans qu'elle ne puisse s'en rendre compte. Ses dessous et son lit sont toujours mouillés. Elle dégage ainsi une odeur fort désagréable», explique Monh Antoine, directeur régional de l'Ong Gfm3. « C’est un véritable calvaire que ces femmes-là vivent. C’est ce que les sociologues ont appelé une déshumanisation, c’est-à-dire que cette maladie déshumanise les femmes qui en sont victimes. Voyez-vous, un enfant qui fait pipi sur lui, c’est compréhensible. Mais quand c’est une femme d’un certain âge, c’est incompréhensible même pour des intellectuels. Donc, toute de suite, une femme qui souffre de fistule est stigmatisée. Elle est marginalisée et s’auto censure parce qu’elle ne sait pas de quoi elle souffre. Elle ne sent pas bon. L’odeur nauséabonde qu’elle dégage fait qu’elle est véritablement exclue. Généralement, les gens conçoivent pour elles des cadres de fortunes où elles sont obligées de vivre », poursuit M. Monh , dont l’Ong, depuis des années, s’est spécialisée dans l’assistance des femmes porteuses de fistule. A l’en croire, cette maladie aujourd’hui appelée ‘’maladie de la honte’’ et ou ‘’maladie des pauvres’’ sévit en Côte d’Ivoire. Une récente enquête des organismes des Nations unies a fait état de 1000 cas par an. En Côte d’Ivoire, les avancées de la médecine ont permis de sauver de nombreuses femmes. En effet on dénombre des centres de prise en charge gratuite à Man, Korhogo et Bouaké où les femmes sont soignées sans débourser le moindre centime. A Abidjan, seul le Centre hospitalier universitaire (Chu) de Treichville à un plateau technique pour soigner les malades. Le coût des soins est fixé entre 350 000 Fcfa et 400 000 Fcfa. Selon les spécialistes de la santé, les cas de fistule ne sont plus l’apanage d’une seule région. « Les cas de se rencontrent partout en Côte d’Ivoire. Le mal est persistant dans les zones où les femmes accouchent à la maison au lieu de l’hôpital ou encore dans les endroits où l’excision a pignon sur rue », confié Droh. Selon lui, la fistule obstétricale peut être évitée. Pour cela, il suffirait de repousser l’âge de la première grossesse; de mettre fin aux pratiques traditionnelles préjudiciables; et de permettre d’avoir accès en temps voulu à des soins obstétricaux. Près de deux millions de femmes vivent avec une fistule dans les pays en développement et quelques 50.000 à 100.000 nouveaux cas apparaissent chaque année. En attendant, les malades de la fistule obstétricale sont des marginales quasiment honnies et bannies. Abandonnées de tous, elles ne peuvent pas vendre, ni faire d’activités génératrices de revenus. D’ailleurs la première personne à les rejeter souvent, c’est justement le mari. Les maris ne supportent pas que leurs femmes soient devenues ainsi et sont les premiers à se débarrasser d’elle. Ils le font souvent avec la bénédiction de leurs parents. Le poids de la tradition aidant, les femmes sont accusées d’avoir trompé leur mari. On les accuse d’avoir une si terrible maladie parce qu’elles auraient insulté leur belle-mère ou qu’elles sont des femmes indignes. Tous ces préjugés qui entourent cette maladie en font un véritable calvaire. A l'occasion de la Journée internationale de l'élimination de la fistule obstétricale autour du thème « Mettre fin à la fistule, rétablir la dignité des femmes » célébrée le 23 mai, le secrétaire général de l'Onu, Ban Ki-moon, a demandé aux dirigeants du monde entier de prendre l'engagement d'éradiquer ce fléau. « Nous pouvons, et nous devons, mettre fin à ces souffrances inutiles », a dit le chef de ladite organisation, dans un message.
Abou Traoré