Discop 2015 se tient à Sofitel Hôtel Ivoire, depuis mardi 02 juin 2015. A l’occasion de cette campagne consacrée à la relance de la production audiovisuelle, la Radiodiffusion télévision ivoirienne (Rti) séduit visiblement bien des visiteurs.
«Le Discop, une belle opportunité pour les producteurs locaux de se faire connaître et de contribuer à l’émergence de la Côte d’Ivoire et de l’Afrique». Ces propos sont du producteur David Monsoh, par ailleurs fondateur de BBlack TV, groupe media éditeur de trois chaînes à dominantes musicales et disponible dans 60 pays.
Au programme «Suivez les étoiles de DiscopAfrica», Monsoh a ouvert la série de conférences du mardi 2 juin. Un espace de rêve pour les diffuseurs, producteurs et acheteurs de faire de bonnes affaires. Ahmadou Bakayoko, directeur général de la Radiodiffusion télévision ivoirienne (Rti) ne dira pas le contraire. Lui qui, en 2014, lors de sa présence au Discop Johannesburg, en Afrique du Sud, a noué des contacts pour la coproduction de fictions ambitieuses et qui répondent aux standards du marché international. D’où Ambre, un projet qu’il qualifie de «plus ambitieux» sur lequel la Rti travaille depuis un an.Cette réalisation répond à un objectif de coproduction avec un acteur du secteur audiovisuel sud-africain. Cette production permettra d’établir un pont entre l’Afrique francophone et l’Afrique anglophone. A l’ouverture, mardi, du rendez-vous audiovisuel à Abidjan où un coup de projecteur a été donné sur Rti Distribution, dirigé par Sandra Coulibaly, Ahmadou Bakayoko a dévoilé de grandes ambitions pour le media d’Etat qu’il veut porter au premier rang des groupes audiovisuels de service public d’Afrique subsaharienne. «Voici, a-t-il annoncé, cette Rti qui s’ouvre sur les producteurs». Lors des échanges, de nombreux intervenants, producteurs médias du Maroc, du Mali, du Benin, du Cameroun se sont dits séduits par le dynamisme de la «jeune équipe»à la tête de la Rti. Aussi ont-ils témoigné du contenu alléchant et prisé de la grille de programme. Présentant un modèle économique différent du passé, la nouvelle stratégie de la Rti vise à financer et coproduire des projets porteurs qui sont sélectionnés à la suite d’appels à projet.
«Ce n’est pas du copinage, clarifie Ahmadou. Ce métier est lié au talent». Jeune directeur, Ahmadou Bakayoko propose aux téléspectateurs ivoiriens des programmes dans lesquels ils se reconnaissent. En seulement six mois d’activité de Rti Distribution, le directeur général se félicite de la constitution d’un catalogue «riche et varié» de séries réalisées en Afrique francophone. L’on y parcourt près de 700 heures de programmes exclusivement constitués de programmes ivoiriens.
S’il admet que le secteur de la production est porteur, il soutient qu’ « il faut renforcer les capacités».
Pour la productrice Ana Ballo, la démarche de la Rti va amener les producteurs à se professionnaliser parce que, relève-t-elle, par le passé, ce métier était confronté à un manque d’écoulement des productions. Avec ses pairs producteurs, elle souhaite une joint-venture avec la Rti. «Le fait de savoir qu’il y a un projet est satisfaisant. La Côte d’Ivoire a un potentiel au niveau de la création. Quand on parle de la qualité, on parle de la Côte d’Ivoire», soutient Ana Ballo.
Comment divertir une Afrique qui s’urbanise et de nouvelles générations d’Africains à la fois imprégnés des tendances culturelles de l’Occident mais à la recherche de leur propre identité ?
C’était une problématique qui a été débattue avec les responsables de la chaîne TV BBlack.
«Divertir l’Afrique autrement», est le thème que David Monsoh et Hypolite Bouabré, le directeur commercial, ont animé. Selon Monsoh, pour cette génération d’Africains qui «n’a rien à envier à l’Occident», il faut la divertir avec des programmes de qualité. Ce qu’il apporte de plus, admet-il, c’est un «contenu de qualité», un mélange de culture black impliquant tout ce qui est musique africaine, américaine. En portant son regard sur les autres chaînes, David a la critique acerbe. «Ce sont des robinets à clips à longueur de journée», fait-il remarquer. «En Afrique généralement et en principalement en Côte d’Ivoire, nous avons de la matière. Il ne faut plus faire de l’à peu près», recommande-t-il. Pour le producteur d’œuvres musicales qu’il est, David est pour que les thèmes des chansons soient éducatifs.
L’Afrique à l’ère du numérique
Pour sa part, le publicitaire, Fabrice Sawegnon pose un autre regard sur les productions de la Rti. «Aujourd’hui, fait-il savoir, on est très limité au niveau local avec Rti1 et Rti2. Il faut qu’on puisse demain ouvrir l’espace à d’autres chaînes de télévision. Cela va nous permettre d’avoir différentes possibilités et permettre aux annonceurs de pouvoir parler différemment à des publics cibles qui ne sont peut-être pas ceux qui sont touchés par la Rti, aujourd’hui». Il intervenait auprès de Bernard Azaria, président directeur de Côte Ouest, leader de la distribution de contenus audiovisuels en Afrique, sur l’ «Impact du numérique sur le développement des médias en Afrique».
Pour le publicitaire qu’il est, la libéralisation de l’espace audiovisuel, est une «opportunité pour pouvoir bénéficier de plus de possibilité de diffusion» pour chaque opérateur du secteur.
De son point de vue, la Tnt et la libéralisation sont une opportunité «pour qu’il y ait une vraie prise en main des pouvoirs publics, une vraie élaboration des règles qui puissent favoriser l’entrée de grands groupes et surtout encourager les entreprises locales».
Il est important que l’Etat songe à mettre en place des règles pour préserver notre industrie et de la développer. Il faut que ces personnes qui viennent aient un cadre règlementaire, pour faire travailler les personnes locales afin que ceux-ci puissent bénéficier de l’expérience, de sorte à se comporter comme de grosses structures de productions au niveau panafricain.
Les échanges ont portés sur les nouvelles technologies, les nouveaux canaux de distribution, nouveaux modes de consommations, nouveaux modèles d’affaires, nouveaux modèles publicitaires…
Bernard Azaria, président directeur de Côte d’Ivoire, leader de la distribution de contenus audiovisuels en Afrique relativise les choses: «Nous ne sommes pas les leaders en vérité. Certes, on a 80% de marché…».
«Ce qui gangrène notre économie dans l’industrie audiovisuelle, c’est qu’elle a été assistée par le gouvernement français pendant vingt, trente, quarante ans. C’est ce qui l’a maintenu dans une situation d’assistanat et d’indigence», avoue-t-il. Par ailleurs, il souligne que la priorité des dirigeants africains au lendemain des indépendances n’était pas le cinéma.
Riche de ses conférences et de son marché où l’on y trouve des producteurs de tout horizon, le Discop est un espace à découvrir.
La journée du jeudi sera marquée par des rencontres du cinéma francophone où les stratégies de développement des groupes audiovisuelles en Afrique francophone seront élaborées. Aussi les débats porteront-ils sur me rôle de la télévision et des nouveaux modes de distribution dans le financement des films.
Koné SAYDOO
«Le Discop, une belle opportunité pour les producteurs locaux de se faire connaître et de contribuer à l’émergence de la Côte d’Ivoire et de l’Afrique». Ces propos sont du producteur David Monsoh, par ailleurs fondateur de BBlack TV, groupe media éditeur de trois chaînes à dominantes musicales et disponible dans 60 pays.
Au programme «Suivez les étoiles de DiscopAfrica», Monsoh a ouvert la série de conférences du mardi 2 juin. Un espace de rêve pour les diffuseurs, producteurs et acheteurs de faire de bonnes affaires. Ahmadou Bakayoko, directeur général de la Radiodiffusion télévision ivoirienne (Rti) ne dira pas le contraire. Lui qui, en 2014, lors de sa présence au Discop Johannesburg, en Afrique du Sud, a noué des contacts pour la coproduction de fictions ambitieuses et qui répondent aux standards du marché international. D’où Ambre, un projet qu’il qualifie de «plus ambitieux» sur lequel la Rti travaille depuis un an.Cette réalisation répond à un objectif de coproduction avec un acteur du secteur audiovisuel sud-africain. Cette production permettra d’établir un pont entre l’Afrique francophone et l’Afrique anglophone. A l’ouverture, mardi, du rendez-vous audiovisuel à Abidjan où un coup de projecteur a été donné sur Rti Distribution, dirigé par Sandra Coulibaly, Ahmadou Bakayoko a dévoilé de grandes ambitions pour le media d’Etat qu’il veut porter au premier rang des groupes audiovisuels de service public d’Afrique subsaharienne. «Voici, a-t-il annoncé, cette Rti qui s’ouvre sur les producteurs». Lors des échanges, de nombreux intervenants, producteurs médias du Maroc, du Mali, du Benin, du Cameroun se sont dits séduits par le dynamisme de la «jeune équipe»à la tête de la Rti. Aussi ont-ils témoigné du contenu alléchant et prisé de la grille de programme. Présentant un modèle économique différent du passé, la nouvelle stratégie de la Rti vise à financer et coproduire des projets porteurs qui sont sélectionnés à la suite d’appels à projet.
«Ce n’est pas du copinage, clarifie Ahmadou. Ce métier est lié au talent». Jeune directeur, Ahmadou Bakayoko propose aux téléspectateurs ivoiriens des programmes dans lesquels ils se reconnaissent. En seulement six mois d’activité de Rti Distribution, le directeur général se félicite de la constitution d’un catalogue «riche et varié» de séries réalisées en Afrique francophone. L’on y parcourt près de 700 heures de programmes exclusivement constitués de programmes ivoiriens.
S’il admet que le secteur de la production est porteur, il soutient qu’ « il faut renforcer les capacités».
Pour la productrice Ana Ballo, la démarche de la Rti va amener les producteurs à se professionnaliser parce que, relève-t-elle, par le passé, ce métier était confronté à un manque d’écoulement des productions. Avec ses pairs producteurs, elle souhaite une joint-venture avec la Rti. «Le fait de savoir qu’il y a un projet est satisfaisant. La Côte d’Ivoire a un potentiel au niveau de la création. Quand on parle de la qualité, on parle de la Côte d’Ivoire», soutient Ana Ballo.
Comment divertir une Afrique qui s’urbanise et de nouvelles générations d’Africains à la fois imprégnés des tendances culturelles de l’Occident mais à la recherche de leur propre identité ?
C’était une problématique qui a été débattue avec les responsables de la chaîne TV BBlack.
«Divertir l’Afrique autrement», est le thème que David Monsoh et Hypolite Bouabré, le directeur commercial, ont animé. Selon Monsoh, pour cette génération d’Africains qui «n’a rien à envier à l’Occident», il faut la divertir avec des programmes de qualité. Ce qu’il apporte de plus, admet-il, c’est un «contenu de qualité», un mélange de culture black impliquant tout ce qui est musique africaine, américaine. En portant son regard sur les autres chaînes, David a la critique acerbe. «Ce sont des robinets à clips à longueur de journée», fait-il remarquer. «En Afrique généralement et en principalement en Côte d’Ivoire, nous avons de la matière. Il ne faut plus faire de l’à peu près», recommande-t-il. Pour le producteur d’œuvres musicales qu’il est, David est pour que les thèmes des chansons soient éducatifs.
L’Afrique à l’ère du numérique
Pour sa part, le publicitaire, Fabrice Sawegnon pose un autre regard sur les productions de la Rti. «Aujourd’hui, fait-il savoir, on est très limité au niveau local avec Rti1 et Rti2. Il faut qu’on puisse demain ouvrir l’espace à d’autres chaînes de télévision. Cela va nous permettre d’avoir différentes possibilités et permettre aux annonceurs de pouvoir parler différemment à des publics cibles qui ne sont peut-être pas ceux qui sont touchés par la Rti, aujourd’hui». Il intervenait auprès de Bernard Azaria, président directeur de Côte Ouest, leader de la distribution de contenus audiovisuels en Afrique, sur l’ «Impact du numérique sur le développement des médias en Afrique».
Pour le publicitaire qu’il est, la libéralisation de l’espace audiovisuel, est une «opportunité pour pouvoir bénéficier de plus de possibilité de diffusion» pour chaque opérateur du secteur.
De son point de vue, la Tnt et la libéralisation sont une opportunité «pour qu’il y ait une vraie prise en main des pouvoirs publics, une vraie élaboration des règles qui puissent favoriser l’entrée de grands groupes et surtout encourager les entreprises locales».
Il est important que l’Etat songe à mettre en place des règles pour préserver notre industrie et de la développer. Il faut que ces personnes qui viennent aient un cadre règlementaire, pour faire travailler les personnes locales afin que ceux-ci puissent bénéficier de l’expérience, de sorte à se comporter comme de grosses structures de productions au niveau panafricain.
Les échanges ont portés sur les nouvelles technologies, les nouveaux canaux de distribution, nouveaux modes de consommations, nouveaux modèles d’affaires, nouveaux modèles publicitaires…
Bernard Azaria, président directeur de Côte d’Ivoire, leader de la distribution de contenus audiovisuels en Afrique relativise les choses: «Nous ne sommes pas les leaders en vérité. Certes, on a 80% de marché…».
«Ce qui gangrène notre économie dans l’industrie audiovisuelle, c’est qu’elle a été assistée par le gouvernement français pendant vingt, trente, quarante ans. C’est ce qui l’a maintenu dans une situation d’assistanat et d’indigence», avoue-t-il. Par ailleurs, il souligne que la priorité des dirigeants africains au lendemain des indépendances n’était pas le cinéma.
Riche de ses conférences et de son marché où l’on y trouve des producteurs de tout horizon, le Discop est un espace à découvrir.
La journée du jeudi sera marquée par des rencontres du cinéma francophone où les stratégies de développement des groupes audiovisuelles en Afrique francophone seront élaborées. Aussi les débats porteront-ils sur me rôle de la télévision et des nouveaux modes de distribution dans le financement des films.
Koné SAYDOO