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Économie Publié le samedi 13 juin 2015 | Notre Voie

Secteur de l’affichage extérieur/ Les manœuvres suspectes du gouvernement

© Notre Voie Par DR
CAFCI mène une réflexion sur la modernisation de l’affichage publicitaire
« La publicité extérieure face aux défis actuels », c’est le thème autour duquel les afficheurs de Côte d’Ivoire se sont réunis ce mercredi 20 mai, à l’espace CRRAE-UMOA (Abidjan), pour un atelier organisé par la CAFCI (Chambre des afficheurs de Côte d’Ivoire) aux fins de jeter les fondements d’une publicité extérieure en phase avec les défis actuels.

L’arrivée du groupe français JC Decaux dans l’univers de l’affichage extérieur ivoirien se présente comme un coup dur pour les professionnels nationaux.
Le secteur de l’affichage extérieur ivoirien va-t-il connaître un changement significatif les prochains jours ? Les professionnels du secteur s’interrogent et tentent de lire l’avenir dans les gestes, discours et regards des autorités ivoiriennes.
Pourtant, selon le Conseil supérieur de la publicité (CSP), le secteur est réglementé et les acteurs exercent en toute légalité et en tout professionnalisme. C’est cette adéquation réglementation-profession qui a conduit au démantèlement de 1196 panneaux publicitaires anarchiques (sur les 6000 recensés) dans le district d’Abidjan, aux fins de débarrasser cet espace urbain de toutes les pollutions visuelles. L’opération qui a débuté le lundi 14 janvier 2013, au rond-point de l’espace Akwaba de la commune de Port-Bouet, est une initiative du gouvernement que la Chambre des Afficheurs de Côte d’Ivoire (CAFCI) a magistralement exécutée.
Ainsi, faisant le bilan de l’opération à son cabinet, en mars dernier, la ministre de la Communication, Affoussiata Bamba-Lamine, a apprécié à sa juste valeur la mission accomplie par les professionnels ivoiriens. « Toutes les parties prenantes ont convenu de redimensionner l’opération de démantèlement et de déployer de vigoureux efforts d’assainissement en mettant un accent particulier sur la modernisation des panneaux publicitaires, en vue de faire d’Abidjan une ville émergente », a-t-elle indiqué, ce qui dénote de l’expertise des nationaux à bien mener les opérations les concernant.
DE GROS INTERETS EN JEU
Le gouverneur du district d’Abidjan, Robert Beugré Mambé, y est allé, lui aussi de ses félicitations en apercevant, à travers cette opération, une « capitale économique, un modèle en matière de gestion urbaine ». Ainsi que le directeur de cabinet du ministre d’Etat, ministre de l’Intérieur et de la Sécurité, Daniel Cheick Bamba, qui s’est réjoui de cette initiative qui « s’inscrit dans le processus pour une meilleure visibilité ».
Suite à ces satisfécits officiels, les professionnels de l’affichage extérieur ont décidé de poursuivre le plan de restructuration du secteur. Notamment mettre de l’ordre dans leur milieu, faire respecter les distances réglementaires dans la pose des panneaux publicitaires, moderniser les panneaux.
C’est dans ce contexte qu’intervient le groupe français JC Deceaux. Pour qui ne connait pas ce groupe dans l’affichage publicitaire, il doit se référer à sa position dominante en Amérique du Sud et en Asie. Depuis peu, ce groupe est devenu leader du mobilier publicitaire urbain en Afrique par l’acquisition de Continental Outdoor Media, le n°1 africain de l’affichage basé en Afrique du Sud. « JC Decaux deviendra le numéro un en communication extérieure sur le continent. Cette opération constitue une opportunité pour déployer notre savoir-faire sur un continent à très fort potentiel. Jusqu’à présent, nous nous étions développés en Afrique de manière organique », affirmait Jean-Sébastien Decaux, directeur général Europe du Sud, Belgique et Luxembourg, Afrique et Israël, lors du rachat. L’acquisition de Continental Outdoor Media fait entrer, de facto, JC Decaux dans 14 pays africains : Afrique du Sud, Angola, Botswana, Lesotho, Madagascar, Malawi, Maurice, Mozambique, Namibie, Ouganda, Swaziland, Tanzanie, Zambie et Zimbabwe. Et le groupe veut pousser ses pions en Afrique.
GARE AUX CONSEQUENCES
Ainsi, en 2013, juste après l’opération de démantèlement des panneaux publicitaires anarchiques, Jean-Sébastien Decaux se rend en Côte d’Ivoire où il fait part de l’ambition de son groupe à s’investir dans le secteur. Mais à la seule condition qu’il en soit le détenteur exclusif. Il multiplie les rencontres avec les autorités ivoiriennes, notamment la ministre de la Communication, le ministre d’Etat, ministre de l’Intérieur et de la Sécurité, le gouverneur du district d’Abidjan. « Abidjan se développe et se modernise. Il faut un accompagnement qualitatif au niveau de l’affichage. L’ambition de JC Decaux n’est pas mauvaise en soi. On en a discutée au ministère. Les avis divergent », tente d’expliquer un cadre du cabinet du ministère de la Communication. Sa rencontre avec les professionnels du secteur a tourné court parce qu’il veut leur imposer une vision unilatérale de gestion de l’espace publicitaire : l’exclusivité du secteur.
Fort du soutien du gouvernement, le turbo de « l’acquisition du secteur de l’affichage extérieur » se met en marche avec l’arrière de Paris (France) de Amadou Diallo (présenté comme le neveu d’Amadou Gon, secrétaire général de la présidence). Il étale ses ambitions en demandant un agrément au CSP pour représenter JC Decaux en Côte d’Ivoire. « Il doit avoir obtenu l’agrément. Il peut y avoir une ou des sociétés-écrans puisque des manœuvres sont orchestrées par ce groupe pour débuter ses activités sur le Plateau », révèle un membre du conseil municipal.
De fait, les professionnels du secteur ont été avertis de ce que toutes les entreprises qui vont présenter des défaillances dans la commune du Plateau devront céder leurs activités à JC Decaux ou à son représentant. « Je ne suis pas en mesure de confirmer l’exclusivité de ce groupe sur les activités d’affichage dans le Plateau. Il y a la volonté de ce groupe d’offrir des latrines, des espaces viables », se défend la même source. Mais selon d’autres confidences, JC Decaux va construire des latrines. Et sur les rues abritant ces latrines, l’affichage sera réservé au groupe. De même le groupe va réhabiliter les abris-bus de la Sotra. Et entre deux abris-bus, l’affichage est réservé au groupe.
Ce qui choque dans la démarche de ce groupe français, c’est la caporalisation du secteur. Et les autorités ivoiriennes qui semblent donner un avis favorable à cette ambition carnassière. « Qu’est ce que JC Decaux fait qu’on ne fait pas ou qu’on ne peut pas faire. Nous aussi, nous savons poser des panneaux grand format et modernes. Nous sommes dans un système à économie libérale. Chaque entreprise a sa place. Il n’est pas question qu’on pousse les entreprises nationales à disparaitre au profit des grands groupes », s’étrangle le directeur d’une régie.
De fait, les conséquences de l’exclusivité de ce groupe seront bien visibles. Au niveau économique, l’absence de concurrence va entraîner un relèvement de coût de la publicité, et subséquemment, une augmentation des prix des produits sur lesquels on communique, ceteris paribus. Au plan social, les entreprises qui ne pourront pas suivre le rythme imposé par le monopole vont devoir fermer, provoquant la mise au chômage des employés.

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