La construction du passage de l’afro-pessimisme à l’afro-optimisme dans l’économie libérale mondialisée
A l’afro-pessimisme des années 1960-2000, succède aujourd’hui l’afro-optimisme des années 2000 qui s’exprime à travers la multiplication des slogans prometteurs : « L’Afrique, continent d’avenir », « Afrique, nouvel eldorado », « Le grand réveil de l’Afrique », « Afrique, la nouvelle donne », « L’Afrique, vecteur de la croissance mondiale », etc. Ce vaste mouvement de l’afro-optimisme a été initié par le livre de Jean-Michel Severino et Olivier Ray, Le Temps de l’Afrique, publié en 2010, aux Editions Odile Jacob. Pour la première fois, un livre s’intéressait à autre chose qu’à l’histoire de l’Afrique. Dans la lignée des grands prophètes contemporains, comme Alain Peyrefitte, qui publia, en 1973, contre toute la littérature de l’époque sur la Chine, un livre prémonitoire, Quand la Chine s’éveillera…, Severino et Ray tissent proposent une analyse qui présente l’Afrique comme autre chose qu’un immense chaos. Dès 1973, la puissance de l’Asie en général et de la Chine en particulier séduit, comme séduit aujourd’hui l’immense potentiel de l’Afrique. Severino et Ray voient juste sur l’Afrique, comme Peyrefitte avait vu juste sur la Chine, sans complaisance.
L’économie libérale mondialisée, toujours à la recherche de nouvelles terres à conquérir, s’est emparé des slogans « l’Afrique, continent d’avenir », « l’Afrique, vecteur de la croissance mondiale ». Il est évident que ces slogans correspondent à une réalité. L’Afrique elle-même découvre qu’elle n’est plus un continent marginalisé et que, désormais, dans l’antichambre des Chefs d’Etat africains, assis sagement, attendent les nouveaux « amis » de l’Afrique pour proposer leurs services. Au fur et à mesure que s’estompe l’ombre des anciens colonisateurs comme la France, se profile l’ombre des nouveaux investisseurs que sont la Chine, l’Inde, le Japon, la Turquie, voire les Etats-Unis. Personne ne veut rater le décollage économique de l’Afrique. Sans vouloir dresser la liste des bonnes nouvelles venues d’Afrique, depuis l’abondance des richesses naturelles jusqu’au « boum » démographique sans précédent dans l’histoire de l’humanité, en passant par l’émergence de nouvelles élites et l’arrivée des investisseurs, l’Afrique possède désormais tous les leviers d’une croissance forte et durable.
Mais, cette Afrique unie, prospère et en paix n’est peut-être encore qu’un être imaginaire. L’Agenda 2063, écrit de façon collective et participative par l’Union Africaine, avec le souci de recueillir l’adhésion des populations, l’envisage. Mais, les menaces qui pèsent sur l’Afrique, dont la menace terroriste, sont encore très nombreuses, les défis à relever, dans tous les domaines, immenses. A cela s’ajoutent les deux réalités suivantes : les Etats n’ont pas d’amis, ils n’ont que des intérêts à défendre ; l’économie libérale mondialisée et financiarisée, qui prive les Etats de leur souveraineté monétaire, se soucie peu du partage des richesses, elle avance, sans état d’âme, cherchant toujours à produire à moindre coût, avec des objectifs de profit à court terme.
L’économie marchande, devenue l’âme du monde, est une nécessité, comme sont nécessaires les profits. Personne ne veut de la glaciation étatique des anciens pays communistes, encore moins les pays d’Afrique qui ont connu l’horreur dévastatrice du marxisme-léninisme. Il appartient à l’Afrique et aux Africains de faire preuve d’une double intelligence : une intelligence politique et une intelligence économique, intelligence politique, parce que les peuples sont avides de démocratie, intelligence économique, parce les populations sont avides de consommation.
Pendant que les “thinks tank” occidentaux élaborent le discours du passage de l’afro-pessimisme à l’afro-optimisme, devenu une véritable opération de marketing, dans le seul intérêt de l’économie marchande mondialisée, les Africains doivent rester lucides, s’ils ne veulent pas se laisser déposséder de leurs richesses naturelles et s’ils aspirent à rester maîtres de leur destin. Ce n’est qu’à cette condition que l’Afrique pourra devenir, comme le propose l’Agenda 2063, ce continent uni, prospère et en paix, que veulent tous les Africains.
Christian Gambotti
Directeur général de l’Institut Choiseul
Directeur de la Collection
L’Afrique en marche
Conseiller spécial de l’IGE de Côte d’Ivoire
A l’afro-pessimisme des années 1960-2000, succède aujourd’hui l’afro-optimisme des années 2000 qui s’exprime à travers la multiplication des slogans prometteurs : « L’Afrique, continent d’avenir », « Afrique, nouvel eldorado », « Le grand réveil de l’Afrique », « Afrique, la nouvelle donne », « L’Afrique, vecteur de la croissance mondiale », etc. Ce vaste mouvement de l’afro-optimisme a été initié par le livre de Jean-Michel Severino et Olivier Ray, Le Temps de l’Afrique, publié en 2010, aux Editions Odile Jacob. Pour la première fois, un livre s’intéressait à autre chose qu’à l’histoire de l’Afrique. Dans la lignée des grands prophètes contemporains, comme Alain Peyrefitte, qui publia, en 1973, contre toute la littérature de l’époque sur la Chine, un livre prémonitoire, Quand la Chine s’éveillera…, Severino et Ray tissent proposent une analyse qui présente l’Afrique comme autre chose qu’un immense chaos. Dès 1973, la puissance de l’Asie en général et de la Chine en particulier séduit, comme séduit aujourd’hui l’immense potentiel de l’Afrique. Severino et Ray voient juste sur l’Afrique, comme Peyrefitte avait vu juste sur la Chine, sans complaisance.
L’économie libérale mondialisée, toujours à la recherche de nouvelles terres à conquérir, s’est emparé des slogans « l’Afrique, continent d’avenir », « l’Afrique, vecteur de la croissance mondiale ». Il est évident que ces slogans correspondent à une réalité. L’Afrique elle-même découvre qu’elle n’est plus un continent marginalisé et que, désormais, dans l’antichambre des Chefs d’Etat africains, assis sagement, attendent les nouveaux « amis » de l’Afrique pour proposer leurs services. Au fur et à mesure que s’estompe l’ombre des anciens colonisateurs comme la France, se profile l’ombre des nouveaux investisseurs que sont la Chine, l’Inde, le Japon, la Turquie, voire les Etats-Unis. Personne ne veut rater le décollage économique de l’Afrique. Sans vouloir dresser la liste des bonnes nouvelles venues d’Afrique, depuis l’abondance des richesses naturelles jusqu’au « boum » démographique sans précédent dans l’histoire de l’humanité, en passant par l’émergence de nouvelles élites et l’arrivée des investisseurs, l’Afrique possède désormais tous les leviers d’une croissance forte et durable.
Mais, cette Afrique unie, prospère et en paix n’est peut-être encore qu’un être imaginaire. L’Agenda 2063, écrit de façon collective et participative par l’Union Africaine, avec le souci de recueillir l’adhésion des populations, l’envisage. Mais, les menaces qui pèsent sur l’Afrique, dont la menace terroriste, sont encore très nombreuses, les défis à relever, dans tous les domaines, immenses. A cela s’ajoutent les deux réalités suivantes : les Etats n’ont pas d’amis, ils n’ont que des intérêts à défendre ; l’économie libérale mondialisée et financiarisée, qui prive les Etats de leur souveraineté monétaire, se soucie peu du partage des richesses, elle avance, sans état d’âme, cherchant toujours à produire à moindre coût, avec des objectifs de profit à court terme.
L’économie marchande, devenue l’âme du monde, est une nécessité, comme sont nécessaires les profits. Personne ne veut de la glaciation étatique des anciens pays communistes, encore moins les pays d’Afrique qui ont connu l’horreur dévastatrice du marxisme-léninisme. Il appartient à l’Afrique et aux Africains de faire preuve d’une double intelligence : une intelligence politique et une intelligence économique, intelligence politique, parce que les peuples sont avides de démocratie, intelligence économique, parce les populations sont avides de consommation.
Pendant que les “thinks tank” occidentaux élaborent le discours du passage de l’afro-pessimisme à l’afro-optimisme, devenu une véritable opération de marketing, dans le seul intérêt de l’économie marchande mondialisée, les Africains doivent rester lucides, s’ils ne veulent pas se laisser déposséder de leurs richesses naturelles et s’ils aspirent à rester maîtres de leur destin. Ce n’est qu’à cette condition que l’Afrique pourra devenir, comme le propose l’Agenda 2063, ce continent uni, prospère et en paix, que veulent tous les Africains.
Christian Gambotti
Directeur général de l’Institut Choiseul
Directeur de la Collection
L’Afrique en marche
Conseiller spécial de l’IGE de Côte d’Ivoire