M .Moussa Diomandé, président de l’Association Ivoirienne des Entreprises (Aiep) et expert en questions économiques, se prononce, dans cet entretien, sur la crise économique chinoise et l’impact éventuel qu’elle peut avoir sur les économies africaines.
Quelles leçons les Etats africains peuvent-ils tirer de la chute de l’économie chinoise ?
La question centrale de cette interview est la problématique de la croissance. Il y a longtemps que la croissance a été vue comme l’indicateur, pour montrer que le pays réalise des performances dans tous les domaines, c’est une synthèse des performances des pays. Ainsi pourrait-on dire que tel pays fait une croissance de 5% ou 10%, mais je peux vous dire que cette façon de penser ne marche pas parce que quand vous êtes à la poursuite de la croissance à tout moment, il arrive que cette notion n’est plus significative et c’est pour ça que nous disons que la poursuite obstinée de la croissance a des effets pervers dans le sens ou la croissance ne construit pas forcement le bonheur. Donc nos pays doivent être à la recherche du bonheur, de la prospérité, du bien- être, de la santé de nos populations.
Voilà les vrais indicateurs de la croissance. C’est ce qui va permettre finalement de juger l’efficacité de nos politiques économiques. La Chine a connu une croissance à un moment donné parce que ce pays a été l’usine du monde. Tout le monde allait en Chine pour manufacturer, pour confectionner, acheter des produits de première nécessité. Il se trouve que la Chine est en compétition avec d’autres pays, d’autres blocs économiques et cela a entrainé la panne de sa croissance économique. il y a aussi la monnaie qui , à un certain moment, n’a pas été compétitive et aujourd’hui il y a des réalités qui s’imposent à la Chine qui font qu’elle est obligée de repenser son économie. Mais ce qui est intéressant, c’est que la Chine est consciente qu’il faut bâtir un autre modèle qui n’est pas basé uniquement sur la croissance. Nous sommes de ceux qui pensent que la croissance pour la croissance n’a pas de sens. Nos Etats doivent plutôt être à la recherche du bonheur, de la prospérité, de l’emploi des jeunes, de la santé ; c’est ce qui est plus important. Et après, imaginer un autre modèle de développement qui va s’appuyer sur l’innovation, sur les nouvelles technologies.
C’est cela qui va tirer l’économie. En tant que président de l’Association Ivoirienne des Entreprises Privés, je dis que les entreprises ont un rôle important à jouer dans la croissance économique, parce que les entreprises doivent se renouveler ; c’est en se renouvelant que les entreprises créent de la richesse, des nouveaux marchés et font de nouvelles propositions de valeurs. Donc les Etats africains doivent tirer les leçons du cas chinois pour se rendre compte que la poursuite et l’obstination à la croissance à des effets pervers, et nous soutenons qu’on peut vivre sans croissance.
Comment pouvons-nous vivre sans croissance ?
Oui on peut vivre sans croissance parce que la croissance veut dire simplement que vous avez des parts de marchés aujourd’hui et vous voulez en avoir plus demain ; cela se fait dans un esprit uniquement commercial et trading. Alors qu’on peut opter pour un modèle de développement économique interne : l’entreprenariat interne, l’agriculture interne, l’élevage interne pour résoudre les problèmes de nos populations. La Chine et l’Europe sont en panne économiquement parce qu’ils n’ont plus de grands travaux à réaliser. Or, ce sont ces travaux qui génèrent les investissements. Quand nos pays vont finir de réaliser ces grands travaux que vont- ils faire ? Nous devons penser à un modèle ou la croissance ne soit pas l’objectif permanant. La Chine est en panne et est obligée de revoir son modèle économique et stimuler l’économie interne pour résoudre cette problématique. Je pense qu’on peut vivre sans croissance car la croissance est une terminologie économique pure et simple qui a été un indicateur à un moment donné mais dans le contexte actuel, j’estime que la croissance n’est pas le seul indicateur ; il y a la réduction de la pauvreté, le bonheur, l’emploi des jeunes (…) qui sont des éléments importants pour permettre aux gens de mesurer la bonne santé économique et sociale d’un Etat.
La Côte d’Ivoire s’est dotée d’une Zone Franche pour attirer un maximum d’investisseurs étrangers, est-ce qu’à la longue elle ne subira pas le même sort que la Chine ?
La Côte d’Ivoire ambitionne d’être un pays émergent à l’horizon 2020. Ce qu’il faut retenir aujourd’hui, c’est que le président a son modèle d’émergence mais le constat c’est que les pays émergents sont eux aussi en panne économique parce que les financements de ces pays proviennent des pays développés qui connaissent en ce moment de grandes difficultés économiques. Du coup, les capitaux se raréfient ; donc au lieu de venir investir en Afrique, les pays développés préfèrent chercher à résoudre les problèmes d’immigration ou aller stimuler leur économie en Allemagne ; conséquence : les capitaux injectés en Afrique sont entrain d’être rapatriés par ceux qui les avait prêtés. Nous disons que le président Ouattara a certes son modèle, mais il faut aller plus loin et travailler sur le bonheur, la santé, l’éradication de la pauvreté, sur l’éducation et sur l’emploi- jeune. Ainsi, une fois que ces éléments sont performants, on a automatiquement des indicateurs de performance qui vont consolider la cohésion sociale.
Avez-vous une adresse à l’endroit des Etats africains relativement à la crise économique chinoise ?
Les difficultés de croissance que connaissent nos Etats doivent interpeler nos dirigeants pour ne pas que nous connaissions la même situation que la Chine. Il faut inventer un modèle qui prenne en compte nos réalités et ne pas être à la poursuite obstinée de la croissance. Il importe que nos dirigeants aient pour priorité l’éradication de la pauvreté, la santé, la formation, le bonheur de nos populations et surtout trouver une alternative au problème de l’employabilité de nos jeunes.
Avec B.S
Quelles leçons les Etats africains peuvent-ils tirer de la chute de l’économie chinoise ?
La question centrale de cette interview est la problématique de la croissance. Il y a longtemps que la croissance a été vue comme l’indicateur, pour montrer que le pays réalise des performances dans tous les domaines, c’est une synthèse des performances des pays. Ainsi pourrait-on dire que tel pays fait une croissance de 5% ou 10%, mais je peux vous dire que cette façon de penser ne marche pas parce que quand vous êtes à la poursuite de la croissance à tout moment, il arrive que cette notion n’est plus significative et c’est pour ça que nous disons que la poursuite obstinée de la croissance a des effets pervers dans le sens ou la croissance ne construit pas forcement le bonheur. Donc nos pays doivent être à la recherche du bonheur, de la prospérité, du bien- être, de la santé de nos populations.
Voilà les vrais indicateurs de la croissance. C’est ce qui va permettre finalement de juger l’efficacité de nos politiques économiques. La Chine a connu une croissance à un moment donné parce que ce pays a été l’usine du monde. Tout le monde allait en Chine pour manufacturer, pour confectionner, acheter des produits de première nécessité. Il se trouve que la Chine est en compétition avec d’autres pays, d’autres blocs économiques et cela a entrainé la panne de sa croissance économique. il y a aussi la monnaie qui , à un certain moment, n’a pas été compétitive et aujourd’hui il y a des réalités qui s’imposent à la Chine qui font qu’elle est obligée de repenser son économie. Mais ce qui est intéressant, c’est que la Chine est consciente qu’il faut bâtir un autre modèle qui n’est pas basé uniquement sur la croissance. Nous sommes de ceux qui pensent que la croissance pour la croissance n’a pas de sens. Nos Etats doivent plutôt être à la recherche du bonheur, de la prospérité, de l’emploi des jeunes, de la santé ; c’est ce qui est plus important. Et après, imaginer un autre modèle de développement qui va s’appuyer sur l’innovation, sur les nouvelles technologies.
C’est cela qui va tirer l’économie. En tant que président de l’Association Ivoirienne des Entreprises Privés, je dis que les entreprises ont un rôle important à jouer dans la croissance économique, parce que les entreprises doivent se renouveler ; c’est en se renouvelant que les entreprises créent de la richesse, des nouveaux marchés et font de nouvelles propositions de valeurs. Donc les Etats africains doivent tirer les leçons du cas chinois pour se rendre compte que la poursuite et l’obstination à la croissance à des effets pervers, et nous soutenons qu’on peut vivre sans croissance.
Comment pouvons-nous vivre sans croissance ?
Oui on peut vivre sans croissance parce que la croissance veut dire simplement que vous avez des parts de marchés aujourd’hui et vous voulez en avoir plus demain ; cela se fait dans un esprit uniquement commercial et trading. Alors qu’on peut opter pour un modèle de développement économique interne : l’entreprenariat interne, l’agriculture interne, l’élevage interne pour résoudre les problèmes de nos populations. La Chine et l’Europe sont en panne économiquement parce qu’ils n’ont plus de grands travaux à réaliser. Or, ce sont ces travaux qui génèrent les investissements. Quand nos pays vont finir de réaliser ces grands travaux que vont- ils faire ? Nous devons penser à un modèle ou la croissance ne soit pas l’objectif permanant. La Chine est en panne et est obligée de revoir son modèle économique et stimuler l’économie interne pour résoudre cette problématique. Je pense qu’on peut vivre sans croissance car la croissance est une terminologie économique pure et simple qui a été un indicateur à un moment donné mais dans le contexte actuel, j’estime que la croissance n’est pas le seul indicateur ; il y a la réduction de la pauvreté, le bonheur, l’emploi des jeunes (…) qui sont des éléments importants pour permettre aux gens de mesurer la bonne santé économique et sociale d’un Etat.
La Côte d’Ivoire s’est dotée d’une Zone Franche pour attirer un maximum d’investisseurs étrangers, est-ce qu’à la longue elle ne subira pas le même sort que la Chine ?
La Côte d’Ivoire ambitionne d’être un pays émergent à l’horizon 2020. Ce qu’il faut retenir aujourd’hui, c’est que le président a son modèle d’émergence mais le constat c’est que les pays émergents sont eux aussi en panne économique parce que les financements de ces pays proviennent des pays développés qui connaissent en ce moment de grandes difficultés économiques. Du coup, les capitaux se raréfient ; donc au lieu de venir investir en Afrique, les pays développés préfèrent chercher à résoudre les problèmes d’immigration ou aller stimuler leur économie en Allemagne ; conséquence : les capitaux injectés en Afrique sont entrain d’être rapatriés par ceux qui les avait prêtés. Nous disons que le président Ouattara a certes son modèle, mais il faut aller plus loin et travailler sur le bonheur, la santé, l’éradication de la pauvreté, sur l’éducation et sur l’emploi- jeune. Ainsi, une fois que ces éléments sont performants, on a automatiquement des indicateurs de performance qui vont consolider la cohésion sociale.
Avez-vous une adresse à l’endroit des Etats africains relativement à la crise économique chinoise ?
Les difficultés de croissance que connaissent nos Etats doivent interpeler nos dirigeants pour ne pas que nous connaissions la même situation que la Chine. Il faut inventer un modèle qui prenne en compte nos réalités et ne pas être à la poursuite obstinée de la croissance. Il importe que nos dirigeants aient pour priorité l’éradication de la pauvreté, la santé, la formation, le bonheur de nos populations et surtout trouver une alternative au problème de l’employabilité de nos jeunes.
Avec B.S