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Économie Publié le mercredi 9 septembre 2015 |

Business/modèle : Stéphane Eholie, une passion, un rêve!

© Par DR
Business : Stéphane EHOLIE, Président Directeur Général de la Société Ivoirienne de Manutention et de Transit (SIMAT).
Dans un domaine considéré comme étant la chasse gardée des multinationales, Stéphane EHOLIE, Président Directeur Général de la Société Ivoirienne de Manutention et de Transit (SIMAT), a su s’imposer par son abnégation au travail et sa passion pour l’entreprenariat. Homme d’affaires discret que le succès a contraint d’être sous les projecteurs, ce diplômé en Economie et Finances d’entreprise des Universités de Nantes et de Paris IX Dauphine, se pose aujourd’hui comme un modèle de réussite entrepreneuriale qui fait la fierté des compétences africaines.

La flamme de l’entreprenariat
C’est au sein du groupe Bolloré que Stéphane EHOLIE, après ses études en France, fait ses premiers pas dans le monde des auxiliaires du transport où il y apprend les rouages du métier. Sa rigueur et son amour pour le travail bien fait lui permettent de gravir les échelons jusqu’au poste de Directeur de Manutention. Toutefois, l’envie d’entreprendre, de créer, d’extérioriser et de mettre en pratique cette passion, le poussent à quitter Bolloré pour voler de ses propres ailes. « J’aurais pu avoir une très belle carrière chez Bolloré, parce que c’est une très grande école, une grande entreprise leader en Afrique. Il fallait faire un choix, être salarié dans une entreprise ou entreprendre pour son propre compte. Mon choix a été vite fait parce que j’ai toujours rêvé d’entreprendre. J’avais des ambitions pour moi et pour mon pays : créer une entreprise forte pour contribuer au développement de mon pays ». Ses premiers pas dans l’entrepreneuriat le mènent à investir avec des entrepreneurs Hollandais. N’y étant qu’actionnaire minoritaire, il quitte ses partenaires et intègre une autre société où il partage l’actionnariat avec le groupe NECOTRANS. Cependant, une vision stratégique différente les sépare et conduit Stephane EHOLIE à créer, en mai 2001, la Société Ivoirienne de Manutention et de Transit (SIMAT), une PME à capitaux 100% ivoirien. « Au début, ce n’était pas du tout facile. On a commencé tout petit avec 40 personnes. Aujourd’hui, nous sommes à quelques 500 personnes. Nous sommes certifiés ISO 9001 et ISPS. J’ai rêvé d’une telle entreprise et je l’ai bâti ». Ce passionné du Business et du Management a bâti au fil des années, une PME pouvant compter et rivaliser sur l’échiquier national et international par l’introduction de la SIMAT sur le marché boursier français, notamment à Euronext NYSE, en décembre 2007, en tant que premier opérateur économique ivoirien à être côté sur ce marché boursier parisien. Mais quelle est la clé de ce succès ? « D’abord, si je parle de clé de succès, c’est dire que j’ai réussi. Or je suis loin d’avoir réussi. Je me donne tout simplement les moyens de réussir. Disons donc plutôt, quels sont les moyens que je me donne pour réussir ou essayer d’être un entrepreneur. Je dirai d’abord que c’est le travail. J’explique aux gens que j’arrive au travail à 5 heures du matin pour repartir à 21 heures. Deuxième chose, c’est faire ce que vous savez faire le mieux. Je suis dans le métier des auxiliaires de transport et je me donne les moyens d’exceller dans ce que je fais et avoir la maitrise de tous les paramètres liés au métier. Ce qui n’est d’ailleurs pas évident encore. Autre chose qui est importante, c’est d’avoir une confiance en soi, avoir une ambition et une visibilité nettes pour son entreprise, bien s’entourer et avoir un projet pour son entreprise. Un entrepreneur doit rêver de ce qu’il veut bâtir et bâtir son rêve. Il faut aussi compter bien évidement sur une bonne dose de chance ».
La confiance en la compétence locale
Dans sa démarche managériale, Stéphane EHOLIE a fait le choix de faire confiance aux ressources humaines locales. Le résultat est édifiant : SIMAT tient la dragée haute aux majors du secteur. « Ma vision managériale s’inscrit dans mon leitmotiv qui est d’investir, d’avoir des parts de marchés, créer de nouveaux services et surtout travailler avec des jeunes ivoiriens compétents. Pour prouver qu’il existe une expertise locale, qu’il y a de bons entrepreneurs ivoiriens qui peuvent rivaliser avec les entreprises étrangères ». La manutention, le transit maritime et aérien, ainsi que la consignation, la logistique et l’entreposage sont des secteurs d’activités détenus dans nos pays africains par de grandes sociétés multinationales. Mais, cet environnement hautement concurrentiel dans lequel évolue la SIMAT n’est pas de nature à décourager outre mesure Stéphane EHOLIE. « L’environnement des affaires est très dynamique. Vous avez plusieurs structures qui n’ont pas la même taille et qui n’offrent pas les mêmes services. Il n’y a pas de lois de préférences nationales, on se bat donc avec des concurrents sur un marché très vaste. Chaque structure étend ses activités en fonction de ses moyens. Aujourd’hui, nous sommes installés à Abidjan à l’aéroport, au Port et à San-Pedro. En somme, il y a de la place pour tous. ». Certes, il y a très peu d’entreprises locales qui ont des performances dans la manutention, le transit maritime et aérien ou dans d’autres secteurs d’activités économiques, mais le PDG de SIMAT croit à l’émergence de PME dynamiques, tenues par des Africains, en général, et par des Ivoiriens en particulier, car dit-il : « Je le dis haut et fort qu’un pays ne sera jamais émergent sans les compétences locales. On ira à l’émergence à l’orée 2020, lorsqu’on aura de plus en plus d’hommes d’affaires, des entrepreneurs ivoiriens et africains qui pourront compétir et faire la concurrence aux autres. Les compétences locales sont là, à tous les niveaux. Il nous appartient de prendre notre destin en main. Prendre conscience que le continent africain ne peut se construire sans ses propres compétences ». Une autre particularité managériale à la SIMAT, se décline dans une approche familiale pour la pérennité de l’entreprise. « J’ai l’avantage d’avoir mon épouse qui travaille avec moi et ça se passe très bien. Je prends plaisir à travailler avec elle, parce qu’on se complète. J’ai même mon fils qui est rentré de Londres qui travaille avec moi que je forme pour la relève. Moi, j’essaie d’entreprendre et je n’ai rien inventé. Aujourd’hui on parle du groupe Bolloré, c’est un nom de famille Bolloré. Si j’avais dit le Groupe EHOLIE, on me prendrait sûrement pour un prétentieux, mais quand vous voyez les grands Groupes en Europe, ils se sont construits de père en fils. Je veux donc rêver comme eux ».
Sa vision de l’entrepreneur de demain
‘’A cœur vaillant, rien d’impossible’’ et ‘’entreprendre, toujours entreprendre’’, sont les piliers fondamentaux qui guident les actions de Stéphane EHOLIE. Surtout quand on rêve grand et que l’on connaît son métier. C’est pourquoi, il exhorte les jeunes générations à la persévérance et au travail. « Les nouvelles générations doivent savoir d’abord qu’entreprendre n’est pas facile. Je pense que le premier pas, c’est avoir un métier qu’on maitrise, avoir un business plan, une vision, croire à son rêve. Avoir le courage de se relever chaque fois qu’on prend un coup, foncer et se donner les moyens pour réaliser son rêve. Parce que l’entrepreneur ivoirien de demain doit être quelqu’un qui maitrise son sujet et évoluant dans des secteurs d’activités à forte valeur ajoutée. Il doit être un champion régional, à l’instar de ce que font les Marocains. La Côte d’Ivoire est leader de l’UEMOA, on doit donc avoir un Ivoirien entrepreneur dans chaque pays de la zone. On ne doit pas voir l’entrepreneur ivoirien en fonction de son appartenance politique, religieux ou ethnique, mais en fonction de ses compétences dans le secteur où il évolue. Aujourd’hui, il y a une volonté forte du pouvoir de voir de plus en plus d’Ivoiriens dans les affaires. Il faut donc saisir cet appel au rebond ».

Par Yann Roger Eliakim
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