Kouadio Konan Bertin (KKB) a animé une conférence pour se prononcer sur le processus électoral dans le cadre de la présidentielle prochaine. Ci-dessous l’intégralité de son propos liminaire.
Mesdames et Messieurs,
Amis de la presse nationale et internationale,
Permettez-moi de saluer votre présence matinale à cette rencontre à laquelle je vous invite. C’est toujours un plaisir renouvelé de vous revoir en pareilles circonstances pour débattre des questions nationales.
Merci pour le travail que vous abattez sans relâche dans l’intérêt de la démocratie et de la transparence.
Mesdames et Messieurs,
Amis de la presse nationale et internationale,
Depuis le jeudi 10 septembre 2015, à la suite de l’arrêt du Conseil Constitutionnel déclarant Alassane Dramane Ouattara éligible à l’élection du Président de la république du 25 octobre 2015, de nombreux ivoiriens sont descendus dans les rues pour manifester leur mécontentement. Cette situation se produit dans un contexte marqué par des prises de position publiques de certains juristes sur l’éligibilité du président sortant en l’état actuel de notre constitution. Je cite nommément Me Faustin Kouamé qui a publié sur cette question le livre Elections du Président de la République en Côte d’Ivoire (1993-2010) espoirs, dérives, droit et antidroit ; et il y a tout lieu de penser que la démission de l’éminent constitutionnaliste Francis Wodié de la présidence du Conseil Constitutionnel serait en partie liée par la problématique récurrente de l’éligibilité de Monsieur Alassane Dramane Ouattara depuis 1995.
Tous avaient convenu qu’il ne fallait que la voie référendaire pour résoudre définitivement ce problème. Les accords de Linas-Marcoussis avaient, du reste, recommandé une révision de l’article 35 de la constitution.
En outre, de nombreux ivoiriens étaient curieux de savoir comment le Conseil Constitutionnel s’y prendrait pour valider la candidature d’Alassane Dramane Ouattara sans violer la constitution en son article 35.
Et là, le Conseil Constitutionnel nous a agréablement surpris en créant le concept « d’éligibilité dérivée » qui ne figure nulle part dans les dispositions constitutionnelles de la Côte d’ivoire. C’est une réécriture de fait de la constitution ivoirienne en contradiction avec l’aspiration populaire. Koné Mamadou ne peut se substituer au peuple souverain de Côte d’Ivoire.
D’ailleurs, il n’est pas superflu de rappeler que le protocole numéro 7 de la charte de la Coalition Nationale pour le Changement (CNC) appelait au respect scrupuleux de notre constitution.
Malheureusement, ce qui devait arriver arriva.
En effet, je ne suis pas surpris du passage en force de Monsieur Alassane Dramane Ouattara avec un Conseil Constitutionnel qui, au lieu de dire le droit conformément à la constitution, a choisi de la piétiner. Pourtant, les conseils en la matière n’ont pas manqué. Le Président américain Barack Obama encourageait les africains à se doter d’institutions fortes et non d’hommes forts lors de son allocution du 12 juillet 2009 devant le parlement ghanéen. Pour sa part, le Président français François Hollande appelait solennellement les dirigeants africains à respecter leurs constitutions lors de la 15ème conférence des chefs d’Etat et de gouvernement des pays ayant le français en partage les 29 et 30 novembre 2014 à Dakar car respecter les constitutions, c’est respecter les peuples. Mieux, il a ajouté que là où les règles constitutionnelles sont malmenées, là où la liberté est bafouée, là où l’alternance démocratique est empêchée, les citoyens ont le devoir de faire prévaloir la justice, le droit et la démocratie.
Mesdames et Messieurs,
Amis de la presse nationale et internationale,
Le fait est que depuis l’avènement de Alassane Dramane Ouattara, il y a une mise en parenthèses des expressions démocratiques les plus élémentaires et rien ne semble arrêter les intimidations de toutes sortes, les violations des libertés publiques, les arrestations arbitraires, les emprisonnements d’opposants, les abus de pouvoir. Ainsi, depuis le dimanche 13 septembre, j’apprends que Monsieur Samba David, membre fondateur de la Coalition Nationale pour le Changement (CNC) a été enlevé chez lui par des hommes en tenue ainsi que de nombreux jeunes anonymes. Des informations récurrentes font état de deux (2) victimes, d’un (1) village incendié, des destructions de biens et d’arrestations prochaines d’autres leaders d’opinion.
Je condamne vigoureusement ces dérives autocratiques en totale déphasage avec les aspirations légitimes du peuple ivoirien. Il s’agit ni plus ni moins du passage en force programmé, orchestré, structuré… et dont les premières étapes se vérifient dans la mise en place d’une Commission Electorale partisane, monocolore au service exclusif du seul candidat Dramane Ouattara dans l’adoption d’un code électoral non consensuel, d’une liste électorale établie dans des conditions opaques et clandestines, dans l’institutionnalisation du block out de l’opposition dans les médias de service public pourtant notoirement financés par le contribuable ivoirien, dans le refus camouflé du désarmement des ex-combattants entretenant en cela un climat d’insécurité et de psychose.
Alors que le droit de manifester est constitutionnellement reconnu à tout citoyen, d’où vient-il que la moindre intention en la matière soit réprimée sévèrement ?
Si les ivoiriens ont envie de manifester leur mécontentement, qu’ils soient autorisés à le faire et le rôle des pouvoirs publics est d’encadrer ces manifestations.
La longue crise que nous traversons a entraîné une rupture sans précédent du lien social et une crise de confiance d’avec les institutions d’organisation d’élection. Tout cela a contribué en une mise en abîme des valeurs qui structuraient notre vivre ensemble.
Notre passé récent nous enseigne et commande que le choix des personnalités destinées à jouer le rôle d’arbitre des élections doit être débarrassé de tout soupçons.
Nous avons besoin d’institutions électorales véritablement indépendantes avec un régime financier qui ne les clochardise pas, avec de larges prérogatives qui les soustraient du diktat de l’exécutif.
J’appelle à l’ouverture de négociation avec les forces démocratiques pour promouvoir le génie ivoirien. L’attendu houphouétiste de dialogue est appelé de toutes mes forces. C’est en réalité ce qui est ivoirien. Le Président Houphouët-Boigny nous a enseignés les vertus du dialogue. C’est une marque de l’ivoirien qui est d’ailleurs ancrée dans notre culture ancestrale. Et tout vrai houphouétiste ne devrait refuser le dialogue qui sauve des vies et préserve la paix.
Merci de votre écoute, et espérons que nous serons entendus avant qu’il ne soit tard.
KOUADIO Konan Bertin (KKB)
Député à l’Assemblée Nationale
Candidat à l’élection du Président de la République
Mesdames et Messieurs,
Amis de la presse nationale et internationale,
Permettez-moi de saluer votre présence matinale à cette rencontre à laquelle je vous invite. C’est toujours un plaisir renouvelé de vous revoir en pareilles circonstances pour débattre des questions nationales.
Merci pour le travail que vous abattez sans relâche dans l’intérêt de la démocratie et de la transparence.
Mesdames et Messieurs,
Amis de la presse nationale et internationale,
Depuis le jeudi 10 septembre 2015, à la suite de l’arrêt du Conseil Constitutionnel déclarant Alassane Dramane Ouattara éligible à l’élection du Président de la république du 25 octobre 2015, de nombreux ivoiriens sont descendus dans les rues pour manifester leur mécontentement. Cette situation se produit dans un contexte marqué par des prises de position publiques de certains juristes sur l’éligibilité du président sortant en l’état actuel de notre constitution. Je cite nommément Me Faustin Kouamé qui a publié sur cette question le livre Elections du Président de la République en Côte d’Ivoire (1993-2010) espoirs, dérives, droit et antidroit ; et il y a tout lieu de penser que la démission de l’éminent constitutionnaliste Francis Wodié de la présidence du Conseil Constitutionnel serait en partie liée par la problématique récurrente de l’éligibilité de Monsieur Alassane Dramane Ouattara depuis 1995.
Tous avaient convenu qu’il ne fallait que la voie référendaire pour résoudre définitivement ce problème. Les accords de Linas-Marcoussis avaient, du reste, recommandé une révision de l’article 35 de la constitution.
En outre, de nombreux ivoiriens étaient curieux de savoir comment le Conseil Constitutionnel s’y prendrait pour valider la candidature d’Alassane Dramane Ouattara sans violer la constitution en son article 35.
Et là, le Conseil Constitutionnel nous a agréablement surpris en créant le concept « d’éligibilité dérivée » qui ne figure nulle part dans les dispositions constitutionnelles de la Côte d’ivoire. C’est une réécriture de fait de la constitution ivoirienne en contradiction avec l’aspiration populaire. Koné Mamadou ne peut se substituer au peuple souverain de Côte d’Ivoire.
D’ailleurs, il n’est pas superflu de rappeler que le protocole numéro 7 de la charte de la Coalition Nationale pour le Changement (CNC) appelait au respect scrupuleux de notre constitution.
Malheureusement, ce qui devait arriver arriva.
En effet, je ne suis pas surpris du passage en force de Monsieur Alassane Dramane Ouattara avec un Conseil Constitutionnel qui, au lieu de dire le droit conformément à la constitution, a choisi de la piétiner. Pourtant, les conseils en la matière n’ont pas manqué. Le Président américain Barack Obama encourageait les africains à se doter d’institutions fortes et non d’hommes forts lors de son allocution du 12 juillet 2009 devant le parlement ghanéen. Pour sa part, le Président français François Hollande appelait solennellement les dirigeants africains à respecter leurs constitutions lors de la 15ème conférence des chefs d’Etat et de gouvernement des pays ayant le français en partage les 29 et 30 novembre 2014 à Dakar car respecter les constitutions, c’est respecter les peuples. Mieux, il a ajouté que là où les règles constitutionnelles sont malmenées, là où la liberté est bafouée, là où l’alternance démocratique est empêchée, les citoyens ont le devoir de faire prévaloir la justice, le droit et la démocratie.
Mesdames et Messieurs,
Amis de la presse nationale et internationale,
Le fait est que depuis l’avènement de Alassane Dramane Ouattara, il y a une mise en parenthèses des expressions démocratiques les plus élémentaires et rien ne semble arrêter les intimidations de toutes sortes, les violations des libertés publiques, les arrestations arbitraires, les emprisonnements d’opposants, les abus de pouvoir. Ainsi, depuis le dimanche 13 septembre, j’apprends que Monsieur Samba David, membre fondateur de la Coalition Nationale pour le Changement (CNC) a été enlevé chez lui par des hommes en tenue ainsi que de nombreux jeunes anonymes. Des informations récurrentes font état de deux (2) victimes, d’un (1) village incendié, des destructions de biens et d’arrestations prochaines d’autres leaders d’opinion.
Je condamne vigoureusement ces dérives autocratiques en totale déphasage avec les aspirations légitimes du peuple ivoirien. Il s’agit ni plus ni moins du passage en force programmé, orchestré, structuré… et dont les premières étapes se vérifient dans la mise en place d’une Commission Electorale partisane, monocolore au service exclusif du seul candidat Dramane Ouattara dans l’adoption d’un code électoral non consensuel, d’une liste électorale établie dans des conditions opaques et clandestines, dans l’institutionnalisation du block out de l’opposition dans les médias de service public pourtant notoirement financés par le contribuable ivoirien, dans le refus camouflé du désarmement des ex-combattants entretenant en cela un climat d’insécurité et de psychose.
Alors que le droit de manifester est constitutionnellement reconnu à tout citoyen, d’où vient-il que la moindre intention en la matière soit réprimée sévèrement ?
Si les ivoiriens ont envie de manifester leur mécontentement, qu’ils soient autorisés à le faire et le rôle des pouvoirs publics est d’encadrer ces manifestations.
La longue crise que nous traversons a entraîné une rupture sans précédent du lien social et une crise de confiance d’avec les institutions d’organisation d’élection. Tout cela a contribué en une mise en abîme des valeurs qui structuraient notre vivre ensemble.
Notre passé récent nous enseigne et commande que le choix des personnalités destinées à jouer le rôle d’arbitre des élections doit être débarrassé de tout soupçons.
Nous avons besoin d’institutions électorales véritablement indépendantes avec un régime financier qui ne les clochardise pas, avec de larges prérogatives qui les soustraient du diktat de l’exécutif.
J’appelle à l’ouverture de négociation avec les forces démocratiques pour promouvoir le génie ivoirien. L’attendu houphouétiste de dialogue est appelé de toutes mes forces. C’est en réalité ce qui est ivoirien. Le Président Houphouët-Boigny nous a enseignés les vertus du dialogue. C’est une marque de l’ivoirien qui est d’ailleurs ancrée dans notre culture ancestrale. Et tout vrai houphouétiste ne devrait refuser le dialogue qui sauve des vies et préserve la paix.
Merci de votre écoute, et espérons que nous serons entendus avant qu’il ne soit tard.
KOUADIO Konan Bertin (KKB)
Député à l’Assemblée Nationale
Candidat à l’élection du Président de la République