Monsieur le Préfet de Région, Préfet de
Yamoussoukro,
Madame la Représentante Spéciale du
Secrétaire Général des N.U. en Côte d’Ivoire,
Monsieur le Gouverneur du District Autonome de Yamoussoukro,
Monsieur le Maire de Yamoussoukro,
Messieurs les Vice-Présidents de la CEI,
Mesdames et Messieurs les Membres de la Commission
Centrale de la CEI,
Monsieur le Directeur Pays du PNUD
Madame la Coordinatrice du NDI,
Madame la Directrice Pays de IFES,
Mesdames et Messieurs,
Permettez-moi, avant tout propos d’adresser à chacune et à chacun d’entre vous, mes chaleureuses salutations ainsi que mes souhaits de cordiale bienvenue à la cérémonie d’ouverture de notre atelier d’évaluation interne du processus électoral.
Monsieur le Préfet de Région,
Monsieur le Gouverneur du District,
Monsieur le Maire,
Votre présence, ce matin à nos côtés, est la preuve évidente de votre intérêt pour la chose électorale, mais aussi et surtout la marque et l’estime que vous portez à notre Institution.
Monsieur le Directeur-Pays du PNUD,
La Commission Electorale Indépendante, en vous conviant spécialement à la cérémonie d’ouverture de son atelier bilan a voulu marquer par ce geste sa reconnaissance pour l’estimable contribution que tout le système des Nations Unies apporte à notre Institution.
Je remercie également Madame la Coordinatrice du NDI et Madame la Directrice Pays de IFES pour leur appui constant.
Mesdames et Messieurs,
Le vent de l’histoire se joue de nos destins, nous apportant la tristesse et la joie, au gré de ses humeurs, et chaque matin qui se lève peut annoncer le soleil ou la pluie.
C’est pourquoi, qui que nous soyons et où que nous soyons, il nous faut être attentifs aux heurts et malheurs de l’humanité toute entière.
C’est pourquoi, en signe de solidarité avec nos frères et amis Français et Maliens, je voudrais vous demander de bien vouloir observer une minute de silence, en hommage à la mémoire de ces nombreuses victimes innocentes qui ont perdu la vie, lors des attentats terroristes perpétrés à Paris le 13 novembre 2015, et à Bamako le 20 novembre 2015, exécutés par des fanatiques sans foi ni loi ! Nous exprimons solidairement nos condoléances au peuple français et au peuple malien en général et aux familles endeuillées en particulier.
Minute de silence. Merci.
Le vent de l’histoire a soufflé également en Côte d’Ivoire, mais cette fois-ci, et pour la seconde fois, ce n’était pas pour semer la tempête, mais pour nous apporter la douce brise du réconfort.
Du réconfort après l’insupportable crise politique et sociale que nous avons connue il n’y a pas si longtemps, la brise après la tempête des douloureux évènements qui ont ébranlé jusqu’aux fondements de notre société et éclipsé pour un temps les valeurs fondamentales de la Nation et de la République lors de la crise post-électorale de 2010.
C’est pourquoi vous comprendrez aisément que avant de vous présenter le bilan des actions conçues et engagées par la CEI pour l’élection présidentielle 2015, je ne peux me dispenser de replacer cette campagne et cette consultation électorales, dans le contexte historique qui les a précédées et dont elles ne constituent que l’aboutissement.
Les individus et les peuples jouissent d’une précieuse et remarquable capacité de résilience, et l’on ne retient communément dans notre passé, que les bons moments : réjouissons-nous, qu’il en soit ainsi, mais cela ne dispense pas les responsables que nous sommes, d’accomplir leur devoir de mémoire, car sans cela, on peut toujours redouter que ce qui est arrivé hier puisse se reproduire demain.
Pour autant, je n’entends pas vous présenter un inventaire exhaustif de l’histoire de notre jeune nation, dans son effort pour promouvoir la démocratie dans notre pays.
Alors permettez que je vous dise franchement ceci : c’est un miracle que l’élection présidentielle de 2010 ait pu avoir lieu et c’est un autre miracle que, dans le respect des Institutions républicaines de notre pays, l’élection présidentielle de 2015 ait été conforme au chronogramme constitutionnel et se soit déroulée dans un climat apaisé, ce qui a permis à tous les acteurs avisés et à tous les observateurs éclairés de la considérer comme transparente et en tous points satisfaisante.
C’est un miracle que l’élection présidentielle ait eu lieu en 2010, car le pli avait été malheureusement pris de ne pas respecter le calendrier électoral, privant ainsi le peuple d’exercer son inaliénable souveraineté, qui ne peut s’exprimer qu’à travers une consultation régulière organisée à son intention : je ne dresserai pas ici la liste des pays africains qui se trouvent aujourd’hui dans cette situation, car elle serait sans doute plus longue que celle qui recenserait les bons élèves de la démocratie !
Ce qu’il faut bien comprendre en effet, c’est qu’avant de pouvoir juger si des élections ont été crédibles, encore faut-il qu’elles aient lieu !
Encore faut-il que les différents candidats aient eu le courage de conférer au peuple le droit de les juger, de les jauger, en un mot de choisir celle ou celui qu’il veut voir présider aux destinées du pays pendant la durée du mandat qui lui a été accordé.
Le miracle de 2010, ce fut donc le résultat d’un long travail de négociation, accompli de concert, je vous rappelle, par de nombreux acteurs de la classe politique, mais aussi, je tiens à le souligner, de la communauté internationale avec l’ONUCI au centre et de la société civile, ce qui a finalement abouti à ce retour à la démocratie représentative par l’organisation par la Commission Electorale Indépendante de l’élection présidentielle.
A la vérité, je ne peux pas concevoir que cela puisse ne pas être le cas, car à quoi bon se livrer à des joutes oratoires, s’astreindre à présenter un projet de société, en un mot se présenter aux élections, si l’on n’a pas admis d’avance que c’est le meilleur qui gagnera et que c’est le peuple qui en décidera.
Par ailleurs et je le répète avec force que la Commission Electorale Indépendante n’a pas une clé magique pour faire élire le Président de la République.
Toujours est-il qu’après l’orage, le ciel s’est dégagé et l’on a pu surmonter les difficultés.
Croyez-moi ; ce rappel de ce qui s’est passé en 2010 était nécessaire, avant de présenter le second miracle dont je vous ai parlé, aujourd’hui que les sarcasmes se sont tus, que les lampions partisans se sont éteints, je veux parler de l’élection présidentielle de 2015.
Premier constat : elle a eu lieu, en temps et lieu, c’est une première victoire, car nous renouons ainsi avec la légitimité républicaine, qui repose en tout premier lieu sur le respect du calendrier électoral.
Ce calendrier a été respecté, car tous les membres de la CEI ont su conjuguer leurs efforts, penser et se dépenser sans compter pour que cette opération soit couronnée de succès.
Voici qu’elles sont les principales conditions que, selon nous, nous sommes parvenus à remplir, pour qu’il en soit ainsi.
⁃ Premièrement, les capacités de sécurisation :
Une évidence s’impose à tous, mais encore plus à nous qui avons connu les affres du désordre et de la destruction, en période post-électorale et pour la première fois si la sécurité n’est pas remplie, il est tout simplement impossible de parler au peuple et d’écouter sa voix, comme il est impossible évidemment, de mettre en œuvre un plan pour la santé, l’éducation ou le développement.
C’est pour cette bonne raison que nous avons posé ce premier jalon, en rapport avec les Forces de Sécurité-FDS : Gendarmerie, Police et bien évidemment, avec les Forces impartiales représentées par l’ONUCI.
Notre coopération avec les Forces de Sécurité a permis, à l’évidence, que les choses se passent dans la quiétude et la sérénité, signe tangible de la confiance retrouvée.
⁃ Deuxièmement, des capacités d’anticipation :
Le traumatisme que les Ivoiriennes et les Ivoiriens ont vécu pendant la crise post-électorale de 2010, vous comprendrez aisément, Mesdames et Messieurs, que les membres de la Commission Electorale indépendante et j’ajouterais, si vous me le permettez, et j’ai de bonnes raisons pour cela, son Président, ont en mémoire, les évènements tragiques que nous avons tous vécus.
C’est pourquoi nous ne nous sommes pas contentés de mettre en place le dispositif nécessaire pour que l’élection présidentielles de 2015 se déroule dans de bonnes conditions, mais nous avons tenu à anticiper sur de potentiels évènements de même ordre qui auraient pu se produire : on ne s’attendait pas au pire, mais on était préparé à son éventuel avènement.
C’est dans cet esprit (je ne dis pas dans cette perspective, qui laisserait entendre que nous étions pessimiste), c’est dans cet esprit, dis-je que nous avons participé à certaines rencontres pour présenter les vigoureuses mesures que la Commission Electorale Indépendante avait prise pour se mettre en situation de faire face à toutes les éventualités.
En effet, la Commission Electorale Indépendante a bien intégré cette idée : les fauteurs de troubles restent souvent en retrait, quand ils savent que les Institutions auxquelles ils s’en prennent et les citoyens qu’ils veulent détruire, sont prêts à les affronter et que le courage ne leur fera pas défaut.
C’est ici même à Yamoussoukro que nous avons déroulé notre programme de prévention. Cela fait toujours plaisir, avec le recul, de constater que les évènements nous ont donné raison.
Je voudrais vous révéler un secret : les membres de la Commission Electorale Indépendante eux aussi sont allés voter et leurs votes figurent comme chacun des votes comptabilisés, dans les résultats provisoires que j’ai eu l’honneur de proclamer, le mercredi 28 octobre 2015 pour être précis et qui ont par la suite été définitivement proclamés par le Conseil Constitutionnel.
Les résultats, vous les connaissez, ils sont suffisamment nets pour ne souffrir aucune contestation.
Troisièmement : capacité d’organisation
La proclamation des résultats est l’aboutissement d’une longue démarche et d’un passage obligé par différentes étapes programmées qui sont elles-mêmes le reflet de la capacité d’organisation qui a été celle de tous les acteurs engagés dans le cadre du programme.
Les généreux partenaires de la Côte d’Ivoire en général et de la Commission Electorale Indépendante en particulier, savent combien ce n’est pas chose aisée de rassembler les moyens financiers nécessaires pour boucler notre budget : qu’ils en soient ici et ainsi solennellement remerciés.
Parlons maintenant du recours à la technologie nouvelle : la tablette biométrique. Chacun sait qu’il faut vivre avec son temps et c’est pourquoi nous remercions le Gouvernement et nos partenaires de nous avoir permis d’acquérir des instruments d’identification biométrique à la pointe de la modernité ; savez-vous que sur ce point, la Côte d’Ivoire est parmi les premières, parmi les pionniers, à avoir expérimenté et généralisé le recours à la biométrie pour procéder à l’identification de la population et aux élections ?
Alors félicitons nous, et félicitons par la même occasion, les opérateurs compétents qui ont mis en place ce système dans notre pays : la science était de notre côté ; cela signifie-t-il que la conscience, elle aussi, y était, telle est la seconde question que je me pose maintenant.
⁃ Quatrièmement, les capacités de mobilisation :
Je ne vais pas répéter une énième fois que « science sans conscience n’est que ruine dans l’âme », mais je me permettrais néanmoins d’en tirer quelques leçons, pour éclairer d’un jour nouveau notre situation.
On aura beau mettre en place les procédures Les plus complexes et les plus sophistiquées , multiplier les vérifications et les contrôles , user et abuser des réunions de travail et de concertation , il faut bien comprendre que ce qui fonde véritablement la démocratie , ce n’est pas la technologie mais la confiance des citoyens en eux-mêmes et en leur propre capacité à dialoguer pour savoir s’entendre et pour pouvoir décider.
Il n’y a pas de démocratie , si celles et ceux qui ont la chance de vivre dans un pays où le droit de vote est inscrit dans la constitution, ne se considèrent pas comme des acteurs suffisamment responsables, pour avoir la volonté de transformer ce droit en devoir.
Une fois encore, je m’interroge : alors que tant de combats pacifiques ont été menés par des femmes et des hommes courageux et obstinés, pour que le droit de vote nous soit accordé, n’est-il pas paradoxal que certains citoyens ne se sentent pas concernés ?
Il est vrai que, pour un certain nombre d’électeurs potentiels dont le nombre est difficilement quantifiable, ne pas prendre part au vote s’assimile davantage à de la négligence qu’ à une contestation du principe de la démocratie élective ou à un mépris affiché de la chose publique.
⁃ Cinquièmement, les capacités de Communication :
Nos réflexions préalables sur cette question, nous ont permis de mettre en évidence l’importance, pour qu’une campagne de communication soit efficace, du fait qu’elle soit ciblée sur un segment donné de la population.
L’accès aux médias étant différent, selon les régions et selon les médias, nous avons développé une stratégie de communication multimédia, en accentuant le vecteur «radio» pour les campagnes et le vecteur «presse» à destination des citadins et des lettrés.
Il ne m’appartient pas d’en apprécier l’efficacité, mais je crois pouvoir dire que, globalement, le message est bien passé, qu’il s’agisse de la presse publique ou privée, ou de la vigoureuse et généreuse campagne de sensibilisation et de mobilisation conduite par les différentes ONG engagées dans le champ de la démocratie et porteuses de ses valeurs.
C’est pourquoi, je tiens à remercier chaleureusement, au nom de la Commission Electorale Indépendante , toutes celles et tous ceux qui ont conduit des opérations de communication, qu’il s’agisse de l’incitation à l’inscription sur les listes électorales, de la sensibilisation des électeurs aux dangers de l’abstention, des recommandations relatives à la sécurité des opérations ou encore au débat que peut représenter toute action empêchant délibérément un citoyen de voter selon son cœur, en toute confidentialité, dans le secret de l’isoloir.
Sixièmement, les capacités de projection :
Je ne m’étendrais pas sur ce chapitre, car il fera l’objet, j’en suis persuadé, de nombreux et fructueux échanges entre nous au cours de ce séminaire.
Chacun sait qu’une Institution ne peut perdurer si elle se contente de répéter inlassablement ses propos, sans faire de nouvelles propositions, si elle se satisfait de recopier son modèle, sans se soucier des évolutions du monde.
Il nous faut donc, dès à présent, nous projeter vers l’avenir et nous préparer à tout ce qui peut et doit advenir .
Mais sachons rester modestes et, chaque matin, apporter notre pierre à l’édification de la démocratie dans notre Pays.
Chers Séminaristes,
Un regard rapide sur le programme des travaux de notre séminaire permet de remarquer le caractère pluriel de celui-ci.
En effet, qu’il s’agisse du Cadre Légal et Réglementaire régissant le processus ou de la Formation, de la Sensibilisation, de l’Education Civique et de la Communication, qu’il s’agisse de la Logistique et de la Sécurisation du processus de la Liste Electorale, rien au cours de cet Atelier n’échappera, je l’espère, à votre sagacité.
La Commission Electorale Indépendante attend vos recommandations.
C’est sur le bénéfice de ces observations que je voudrais, tout en souhaitant des journées fécondes de réflexions, déclarer ouverts les travaux de l’Atelier d’évaluation interne du processus électoral.
Youssouf BAKAYOKO
Président de la Commission
Electorale Indépendante
Yamoussoukro,
Madame la Représentante Spéciale du
Secrétaire Général des N.U. en Côte d’Ivoire,
Monsieur le Gouverneur du District Autonome de Yamoussoukro,
Monsieur le Maire de Yamoussoukro,
Messieurs les Vice-Présidents de la CEI,
Mesdames et Messieurs les Membres de la Commission
Centrale de la CEI,
Monsieur le Directeur Pays du PNUD
Madame la Coordinatrice du NDI,
Madame la Directrice Pays de IFES,
Mesdames et Messieurs,
Permettez-moi, avant tout propos d’adresser à chacune et à chacun d’entre vous, mes chaleureuses salutations ainsi que mes souhaits de cordiale bienvenue à la cérémonie d’ouverture de notre atelier d’évaluation interne du processus électoral.
Monsieur le Préfet de Région,
Monsieur le Gouverneur du District,
Monsieur le Maire,
Votre présence, ce matin à nos côtés, est la preuve évidente de votre intérêt pour la chose électorale, mais aussi et surtout la marque et l’estime que vous portez à notre Institution.
Monsieur le Directeur-Pays du PNUD,
La Commission Electorale Indépendante, en vous conviant spécialement à la cérémonie d’ouverture de son atelier bilan a voulu marquer par ce geste sa reconnaissance pour l’estimable contribution que tout le système des Nations Unies apporte à notre Institution.
Je remercie également Madame la Coordinatrice du NDI et Madame la Directrice Pays de IFES pour leur appui constant.
Mesdames et Messieurs,
Le vent de l’histoire se joue de nos destins, nous apportant la tristesse et la joie, au gré de ses humeurs, et chaque matin qui se lève peut annoncer le soleil ou la pluie.
C’est pourquoi, qui que nous soyons et où que nous soyons, il nous faut être attentifs aux heurts et malheurs de l’humanité toute entière.
C’est pourquoi, en signe de solidarité avec nos frères et amis Français et Maliens, je voudrais vous demander de bien vouloir observer une minute de silence, en hommage à la mémoire de ces nombreuses victimes innocentes qui ont perdu la vie, lors des attentats terroristes perpétrés à Paris le 13 novembre 2015, et à Bamako le 20 novembre 2015, exécutés par des fanatiques sans foi ni loi ! Nous exprimons solidairement nos condoléances au peuple français et au peuple malien en général et aux familles endeuillées en particulier.
Minute de silence. Merci.
Le vent de l’histoire a soufflé également en Côte d’Ivoire, mais cette fois-ci, et pour la seconde fois, ce n’était pas pour semer la tempête, mais pour nous apporter la douce brise du réconfort.
Du réconfort après l’insupportable crise politique et sociale que nous avons connue il n’y a pas si longtemps, la brise après la tempête des douloureux évènements qui ont ébranlé jusqu’aux fondements de notre société et éclipsé pour un temps les valeurs fondamentales de la Nation et de la République lors de la crise post-électorale de 2010.
C’est pourquoi vous comprendrez aisément que avant de vous présenter le bilan des actions conçues et engagées par la CEI pour l’élection présidentielle 2015, je ne peux me dispenser de replacer cette campagne et cette consultation électorales, dans le contexte historique qui les a précédées et dont elles ne constituent que l’aboutissement.
Les individus et les peuples jouissent d’une précieuse et remarquable capacité de résilience, et l’on ne retient communément dans notre passé, que les bons moments : réjouissons-nous, qu’il en soit ainsi, mais cela ne dispense pas les responsables que nous sommes, d’accomplir leur devoir de mémoire, car sans cela, on peut toujours redouter que ce qui est arrivé hier puisse se reproduire demain.
Pour autant, je n’entends pas vous présenter un inventaire exhaustif de l’histoire de notre jeune nation, dans son effort pour promouvoir la démocratie dans notre pays.
Alors permettez que je vous dise franchement ceci : c’est un miracle que l’élection présidentielle de 2010 ait pu avoir lieu et c’est un autre miracle que, dans le respect des Institutions républicaines de notre pays, l’élection présidentielle de 2015 ait été conforme au chronogramme constitutionnel et se soit déroulée dans un climat apaisé, ce qui a permis à tous les acteurs avisés et à tous les observateurs éclairés de la considérer comme transparente et en tous points satisfaisante.
C’est un miracle que l’élection présidentielle ait eu lieu en 2010, car le pli avait été malheureusement pris de ne pas respecter le calendrier électoral, privant ainsi le peuple d’exercer son inaliénable souveraineté, qui ne peut s’exprimer qu’à travers une consultation régulière organisée à son intention : je ne dresserai pas ici la liste des pays africains qui se trouvent aujourd’hui dans cette situation, car elle serait sans doute plus longue que celle qui recenserait les bons élèves de la démocratie !
Ce qu’il faut bien comprendre en effet, c’est qu’avant de pouvoir juger si des élections ont été crédibles, encore faut-il qu’elles aient lieu !
Encore faut-il que les différents candidats aient eu le courage de conférer au peuple le droit de les juger, de les jauger, en un mot de choisir celle ou celui qu’il veut voir présider aux destinées du pays pendant la durée du mandat qui lui a été accordé.
Le miracle de 2010, ce fut donc le résultat d’un long travail de négociation, accompli de concert, je vous rappelle, par de nombreux acteurs de la classe politique, mais aussi, je tiens à le souligner, de la communauté internationale avec l’ONUCI au centre et de la société civile, ce qui a finalement abouti à ce retour à la démocratie représentative par l’organisation par la Commission Electorale Indépendante de l’élection présidentielle.
A la vérité, je ne peux pas concevoir que cela puisse ne pas être le cas, car à quoi bon se livrer à des joutes oratoires, s’astreindre à présenter un projet de société, en un mot se présenter aux élections, si l’on n’a pas admis d’avance que c’est le meilleur qui gagnera et que c’est le peuple qui en décidera.
Par ailleurs et je le répète avec force que la Commission Electorale Indépendante n’a pas une clé magique pour faire élire le Président de la République.
Toujours est-il qu’après l’orage, le ciel s’est dégagé et l’on a pu surmonter les difficultés.
Croyez-moi ; ce rappel de ce qui s’est passé en 2010 était nécessaire, avant de présenter le second miracle dont je vous ai parlé, aujourd’hui que les sarcasmes se sont tus, que les lampions partisans se sont éteints, je veux parler de l’élection présidentielle de 2015.
Premier constat : elle a eu lieu, en temps et lieu, c’est une première victoire, car nous renouons ainsi avec la légitimité républicaine, qui repose en tout premier lieu sur le respect du calendrier électoral.
Ce calendrier a été respecté, car tous les membres de la CEI ont su conjuguer leurs efforts, penser et se dépenser sans compter pour que cette opération soit couronnée de succès.
Voici qu’elles sont les principales conditions que, selon nous, nous sommes parvenus à remplir, pour qu’il en soit ainsi.
⁃ Premièrement, les capacités de sécurisation :
Une évidence s’impose à tous, mais encore plus à nous qui avons connu les affres du désordre et de la destruction, en période post-électorale et pour la première fois si la sécurité n’est pas remplie, il est tout simplement impossible de parler au peuple et d’écouter sa voix, comme il est impossible évidemment, de mettre en œuvre un plan pour la santé, l’éducation ou le développement.
C’est pour cette bonne raison que nous avons posé ce premier jalon, en rapport avec les Forces de Sécurité-FDS : Gendarmerie, Police et bien évidemment, avec les Forces impartiales représentées par l’ONUCI.
Notre coopération avec les Forces de Sécurité a permis, à l’évidence, que les choses se passent dans la quiétude et la sérénité, signe tangible de la confiance retrouvée.
⁃ Deuxièmement, des capacités d’anticipation :
Le traumatisme que les Ivoiriennes et les Ivoiriens ont vécu pendant la crise post-électorale de 2010, vous comprendrez aisément, Mesdames et Messieurs, que les membres de la Commission Electorale indépendante et j’ajouterais, si vous me le permettez, et j’ai de bonnes raisons pour cela, son Président, ont en mémoire, les évènements tragiques que nous avons tous vécus.
C’est pourquoi nous ne nous sommes pas contentés de mettre en place le dispositif nécessaire pour que l’élection présidentielles de 2015 se déroule dans de bonnes conditions, mais nous avons tenu à anticiper sur de potentiels évènements de même ordre qui auraient pu se produire : on ne s’attendait pas au pire, mais on était préparé à son éventuel avènement.
C’est dans cet esprit (je ne dis pas dans cette perspective, qui laisserait entendre que nous étions pessimiste), c’est dans cet esprit, dis-je que nous avons participé à certaines rencontres pour présenter les vigoureuses mesures que la Commission Electorale Indépendante avait prise pour se mettre en situation de faire face à toutes les éventualités.
En effet, la Commission Electorale Indépendante a bien intégré cette idée : les fauteurs de troubles restent souvent en retrait, quand ils savent que les Institutions auxquelles ils s’en prennent et les citoyens qu’ils veulent détruire, sont prêts à les affronter et que le courage ne leur fera pas défaut.
C’est ici même à Yamoussoukro que nous avons déroulé notre programme de prévention. Cela fait toujours plaisir, avec le recul, de constater que les évènements nous ont donné raison.
Je voudrais vous révéler un secret : les membres de la Commission Electorale Indépendante eux aussi sont allés voter et leurs votes figurent comme chacun des votes comptabilisés, dans les résultats provisoires que j’ai eu l’honneur de proclamer, le mercredi 28 octobre 2015 pour être précis et qui ont par la suite été définitivement proclamés par le Conseil Constitutionnel.
Les résultats, vous les connaissez, ils sont suffisamment nets pour ne souffrir aucune contestation.
Troisièmement : capacité d’organisation
La proclamation des résultats est l’aboutissement d’une longue démarche et d’un passage obligé par différentes étapes programmées qui sont elles-mêmes le reflet de la capacité d’organisation qui a été celle de tous les acteurs engagés dans le cadre du programme.
Les généreux partenaires de la Côte d’Ivoire en général et de la Commission Electorale Indépendante en particulier, savent combien ce n’est pas chose aisée de rassembler les moyens financiers nécessaires pour boucler notre budget : qu’ils en soient ici et ainsi solennellement remerciés.
Parlons maintenant du recours à la technologie nouvelle : la tablette biométrique. Chacun sait qu’il faut vivre avec son temps et c’est pourquoi nous remercions le Gouvernement et nos partenaires de nous avoir permis d’acquérir des instruments d’identification biométrique à la pointe de la modernité ; savez-vous que sur ce point, la Côte d’Ivoire est parmi les premières, parmi les pionniers, à avoir expérimenté et généralisé le recours à la biométrie pour procéder à l’identification de la population et aux élections ?
Alors félicitons nous, et félicitons par la même occasion, les opérateurs compétents qui ont mis en place ce système dans notre pays : la science était de notre côté ; cela signifie-t-il que la conscience, elle aussi, y était, telle est la seconde question que je me pose maintenant.
⁃ Quatrièmement, les capacités de mobilisation :
Je ne vais pas répéter une énième fois que « science sans conscience n’est que ruine dans l’âme », mais je me permettrais néanmoins d’en tirer quelques leçons, pour éclairer d’un jour nouveau notre situation.
On aura beau mettre en place les procédures Les plus complexes et les plus sophistiquées , multiplier les vérifications et les contrôles , user et abuser des réunions de travail et de concertation , il faut bien comprendre que ce qui fonde véritablement la démocratie , ce n’est pas la technologie mais la confiance des citoyens en eux-mêmes et en leur propre capacité à dialoguer pour savoir s’entendre et pour pouvoir décider.
Il n’y a pas de démocratie , si celles et ceux qui ont la chance de vivre dans un pays où le droit de vote est inscrit dans la constitution, ne se considèrent pas comme des acteurs suffisamment responsables, pour avoir la volonté de transformer ce droit en devoir.
Une fois encore, je m’interroge : alors que tant de combats pacifiques ont été menés par des femmes et des hommes courageux et obstinés, pour que le droit de vote nous soit accordé, n’est-il pas paradoxal que certains citoyens ne se sentent pas concernés ?
Il est vrai que, pour un certain nombre d’électeurs potentiels dont le nombre est difficilement quantifiable, ne pas prendre part au vote s’assimile davantage à de la négligence qu’ à une contestation du principe de la démocratie élective ou à un mépris affiché de la chose publique.
⁃ Cinquièmement, les capacités de Communication :
Nos réflexions préalables sur cette question, nous ont permis de mettre en évidence l’importance, pour qu’une campagne de communication soit efficace, du fait qu’elle soit ciblée sur un segment donné de la population.
L’accès aux médias étant différent, selon les régions et selon les médias, nous avons développé une stratégie de communication multimédia, en accentuant le vecteur «radio» pour les campagnes et le vecteur «presse» à destination des citadins et des lettrés.
Il ne m’appartient pas d’en apprécier l’efficacité, mais je crois pouvoir dire que, globalement, le message est bien passé, qu’il s’agisse de la presse publique ou privée, ou de la vigoureuse et généreuse campagne de sensibilisation et de mobilisation conduite par les différentes ONG engagées dans le champ de la démocratie et porteuses de ses valeurs.
C’est pourquoi, je tiens à remercier chaleureusement, au nom de la Commission Electorale Indépendante , toutes celles et tous ceux qui ont conduit des opérations de communication, qu’il s’agisse de l’incitation à l’inscription sur les listes électorales, de la sensibilisation des électeurs aux dangers de l’abstention, des recommandations relatives à la sécurité des opérations ou encore au débat que peut représenter toute action empêchant délibérément un citoyen de voter selon son cœur, en toute confidentialité, dans le secret de l’isoloir.
Sixièmement, les capacités de projection :
Je ne m’étendrais pas sur ce chapitre, car il fera l’objet, j’en suis persuadé, de nombreux et fructueux échanges entre nous au cours de ce séminaire.
Chacun sait qu’une Institution ne peut perdurer si elle se contente de répéter inlassablement ses propos, sans faire de nouvelles propositions, si elle se satisfait de recopier son modèle, sans se soucier des évolutions du monde.
Il nous faut donc, dès à présent, nous projeter vers l’avenir et nous préparer à tout ce qui peut et doit advenir .
Mais sachons rester modestes et, chaque matin, apporter notre pierre à l’édification de la démocratie dans notre Pays.
Chers Séminaristes,
Un regard rapide sur le programme des travaux de notre séminaire permet de remarquer le caractère pluriel de celui-ci.
En effet, qu’il s’agisse du Cadre Légal et Réglementaire régissant le processus ou de la Formation, de la Sensibilisation, de l’Education Civique et de la Communication, qu’il s’agisse de la Logistique et de la Sécurisation du processus de la Liste Electorale, rien au cours de cet Atelier n’échappera, je l’espère, à votre sagacité.
La Commission Electorale Indépendante attend vos recommandations.
C’est sur le bénéfice de ces observations que je voudrais, tout en souhaitant des journées fécondes de réflexions, déclarer ouverts les travaux de l’Atelier d’évaluation interne du processus électoral.
Youssouf BAKAYOKO
Président de la Commission
Electorale Indépendante