Le secteur du bâtiment et des travaux publics, qui, jadis, avait été plombé par la décennie de crises, fait partie des grands leviers pour booster les performances économiques de la Côte d’Ivoire.
Des réalisations d’autoroutes et de routes, des constructions de ponts, barrages hydro-électriques et thermiques, des travées d’adduction en eau potable, des renforcements de domaines portuaires et aéroportuaires, des réhabilitations de bâtiments, des reprofilages de pistes villageoises… Autant d’éléments que les Ivoiriens ont constaté ces quatre dernières années. A Abidjan comme à l’intérieur du pays, la Côte d’Ivoire est à nouveau en chantier depuis la fin de la crise post-électorale. La présence des gros engins sur les grandes artères de la ville et les chantiers exécutés ont occasionné un véritable boom dans le BTP ivoirien. Les statistiques fournies par la Direction générale de l’économie font ressortir que les grands travaux ont contribué entre 1,7% et 2,4% au Produit intérieur brut (PIB) ivoirien entre 2010 et 2014. Cette année, il est projeté un apport de 2,8% du PIB national.
Le Groupement ivoirien du bâtiment et des travaux publics (GIBTP) est l’entité affiliée à la Confédération générale des entreprises de Côte d’Ivoire (CGECI), regroupant les professionnels de ce secteur. Son président, Philippe Eponon, a annoncé les grandes tendances. Dans le spécial BTP de notre confrère Fraternité Matin, il a fait savoir que le chiffre d’affaires cumulé des sociétés de son groupement était de seulement 1.800 milliards de francs CFA entre 2004 et 2010. Ce cumul est passé à 2.100 milliards de francs CFA de 2011 à 2014. Soit une moyenne de 525 milliards cumulés par an. Selon lui, le secteur des BTP a versé près de 230 milliards sous forme d’impôts et taxes à l’Etat ivoirien. Quant aux cotisations, elles ont été estimées à 205 milliards sur les quatre dernières années.
Ces données viennent ainsi confirmer que la relance de l’économie ivoirienne a été fortement alimentée par secteur des BTP. Et les inaugurations de bon nombre de ces infrastructures sont un témoignage éloquent… L’on ne saurait dresser une liste exhaustive des chantiers engagés, en cours et déjà finalisés, entre 2011 et 2015. Il y a tout de même des travaux qui font l’admiration de tous et méritent d’être mis en exergue.
Un élan collégial des partenaires extérieurs
Le succès de l’économie ivoirienne repose en grande partie sur la contribution de ses partenaires extérieurs. Ils sont présents, depuis la fin de la dernière crise, sur presque tous les grands chantiers de l’Etat. Des appuis techniques et surtout financiers. Pour la construction de l’échangeur de la Rivera-2 par exemple, la Côte d’Ivoire a bénéficié d’un don de l’Association internationale pour le développement (IDA), membre du Groupe de la Banque mondiale – 6,178 milliards FCFA dans le cadre de la mise en œuvre du Programme d’urgence d’infrastructures urbaines (PUIUR). L’Etat ivoirien s’est occupé des charges relatives aux déguerpissements et indemnisations des populations. Pour l’extension de l’autoroute du Nord, sur le tronçon Singrobo-Yamoussoukro, la Banque islamique de développement (BID) était avec ses institutions sœurs – à savoir le Fonds de l’Opep (F-Opep), le Fonds saoudien de développement (FSD) et la Banque arabe pour le développement économique en Afrique (Badea) pour financer le projet de 137 milliards FCFA. Tous ces acteurs de la haute finance ont bien soutenu l’Etat ivoirien qui a déboursé environ 47,215 milliards FCFA. La rénovation du premier tronçon Abidjan-Singrobo, d’un coût additionnel de 35 milliards FCFA a, quant à elle, été supportée par des bailleurs locaux.
Sur le troisième pont – baptisé pont Henri Konan Bédié –, les partenaires étaient nombreux, avec la Banque africaine de développement (BAD) comme chef de file. L’institution panafricaine a, à elle seule, apporté 58 millions d’euros (soit plus de 37,9 milliards FCFA) sous forme de prêts. Sa contribution représentait 20% du cout global de l’ouvrage, estimé à 124,6 milliards FCFA, construit sous le modèle de partenariat public-privé (PPP). La BAD a entrainé d’autres gros financiers à l’instar de la Banque ouest-africaine de développement (BOAD), la Banque d’investissement et de développement de la Cedeao (BIDC), la Société financière africaine (SFA), la Banque marocaine pour le commerce extérieur (BMCE), ainsi que l’Institution de financement du développement des Pays-Bas (FMO) dans la réalisation de cette méga-infrastructure. Bouygues Construction, a qui le gouvernement a fait la concession, détenait 47,04% du capital. L’échangeur sur le boulevard Valéry-Giscard-d’Estaing (VGE), lui, a coûté 25 milliards FCFA à l’Etat ivoirien.
Abidjan avait un déficit criard d’adduction en eau potable. Le gouvernant a pour cela conduit un projet de traitement d’eau à partir des nappes souterraines de la ville de Bonoua. Un prêt de 59 milliards FCFA a été consenti par la banque chinoise, Eximbank, pour réaliser cet ouvrage qui approvisionne les populations d’Abidjan-Sud, avec environ 80.000 mètres cubes d’eau potable par jour. C’est la société China Geology Ingenering Company qui a exécuté ce faramineux chantier.
A Jacqueville, ce sont des bailleurs tels que la Banque arabe pour le développement économique en Afrique (Badea) et le Fonds de l’Opep (F-Opep) qui ont apporté la manne financière nécessaire pour réaliser le pont Philippe-Grégoire-Yacé. Et la société égyptienne Arab Contractors a exécuté ce chantier de 20,33 milliards FCFA qui est venu désenclaver la région de 3A (Allandjan, Aïzi et Akouri).
La coopération avec l’empire du Milieu
Sur le nouvel axe routier, d’Abidjan à Grand-Bassam, la coopération bilatérale entre la Côte d’Ivoire et la République populaire de Chine a permis de réaliser cette autoroute à péage. Dix milliards FCFA pour le premier et 52 milliards FCFA pour le second. Son exécution est faite par China Machenery Engeneering Corporation (CMEC).
En début novembre 2014, le ministre du Pétrole et de l’Energie, Adama Toungara, indiquait ceci : «En ce qui concerne les paiements, la Côte d’Ivoire doit payer 140 milliards sur les 338 milliards. Et nous nous acquittons, de même qu’Eximbank, des paiements de façon régulière.» Il s’agit du giga-projet de construction du barrage hydroélectrique de Soubré. En attendant qu’il soit opérationnel début 2018, avec 275 mégawatts d’électricité, la phase 3 de la centrale thermique d’Azito a été déjà livrée le 30 juin. A Yopougon, un parterre d’institutions internationales a contribué à la mise en marche des 1.772 mégawatts additionnels apportés à l’économie énergétique du pays. Il a couté 392 millions de dollars américains, soit plus de 196 milliards de francs CFA. Auprès de Globeleq, on a remarqué la BOAD, FMO, Proparco, SFI, BAD, KFW Bankengruppe, Emerging Africa Infrastructure Fund, etc.
Plusieurs autres chantiers de l’Etat ont bénéficié de l’appui financier des bailleurs de fonds. Et les travaux de construction du second terminal à conteneurs sur l’île Boulay viennent de démarrer grâce à un prêt de 400 milliards FCFA consenti par la Banque chinoise d’export-import (Eximbank). L’Etat ivoirien a eu l’autorisation du Fonds monétaire international (FMI) pour le faire. Parce ce que ce prêt est dit non concessionnel…
Les banquiers locaux participent peu à cet essor
De la manière dont les financiers extérieurs affluent sur les travaux du BTP ivoirien, c’est le revers de la médaille lorsqu’on observe le comportement des banquiers locaux. Leur participation à ce pan de l’économie nationale laisse à désirer. Selon une étude menée par l’agence de notation financière Bloomfield Investment Corporation, la Côte d’Ivoire fait partie des pays de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa) où les banques locales financent très peu le secteur des BTP. Le volume global des crédits accordés à court terme à ce secteur, qui était de 40,993 milliards FCFA en 2009, est tombé à 26,293 milliards en 2010, l’année de la crise post-électorale. Le retour à la normalité s’est fait aussi sentir dans les financements, mais dans des proportions très moindres. En effet, le concours des banquiers a été rehaussé à 28,13 milliards FCA en 2011, à 66,873 milliards FCFA en 2014. A moyen et long terme, les financements sont passés de 2,99 milliards à 4,848 milliards FCFA entre 2011 et 2014. Cela peut-il être vu comme une avancée ? Non, puisque les chantiers issus du secteur du BTP sont exécutés à des dizaines et centaines de milliards de nos francs. La quote-part des banquiers est alors dérisoire. Disons simplement que les banques installées en terre ivoirienne participent très peu au boom observé dans le BTP. En témoigne le taux qui est seulement de 2% à 3% du total des crédits accordées aux différents secteurs de l’économie ivoirienne.
La Côte d’Ivoire n’est donc pas assez bien lotie en termes de financement des banques, comparativement aux autres pays de l’Uemoa. Au Burkina Faso par exemple, les données consolidées par l’agence de notation financière montrent que les banquiers de ce pays ont contribué à hauteur de 215,494 milliards FCFA au secteur BTP en 2014. La Côte d’Ivoire est à cette même période à seulement 71,721 milliards de francs CFA. En pourcentage, le Burkina est à 13,6% contre 3,2% pour la Côte d’Ivoire. Le modèle sénégalais est aussi palpitant puisque le volume global de crédits alloués au BTP a été évalué à 142,749 milliards FCFA en 2014. Soit un taux de 7,0% du total de prêts consentis à cette période.
Cette situation vient simplement confirmer que la plupart des grands chantiers de bâtiment et travaux publics sont exécutés par les grandes multinationales qui remportent aisément les marchés soumis à appels d’offres. Elles ont déjà les ressources financières et techniques nécessaires pour y aller. En plus, un bon nombre de chantiers s’opèrent sous diverses formes de partenariats public-privé (PPP). Des bailleurs de fonds et institutions internationales sont à l’affût. Les quelques opérateurs locaux qui interviennent dans le BTP, en co-traitance ou sous-traitance, sur les grands chantiers et ceux accédant aux petits marchés de reprofilage de routes, de construction de petits ponts et édifices publics, ne sont guère avantagés… Parce que les banquiers ivoiriens ne leur ouvrent pas vraiment leurs coffres.
Philippe Ezaley
Des réalisations d’autoroutes et de routes, des constructions de ponts, barrages hydro-électriques et thermiques, des travées d’adduction en eau potable, des renforcements de domaines portuaires et aéroportuaires, des réhabilitations de bâtiments, des reprofilages de pistes villageoises… Autant d’éléments que les Ivoiriens ont constaté ces quatre dernières années. A Abidjan comme à l’intérieur du pays, la Côte d’Ivoire est à nouveau en chantier depuis la fin de la crise post-électorale. La présence des gros engins sur les grandes artères de la ville et les chantiers exécutés ont occasionné un véritable boom dans le BTP ivoirien. Les statistiques fournies par la Direction générale de l’économie font ressortir que les grands travaux ont contribué entre 1,7% et 2,4% au Produit intérieur brut (PIB) ivoirien entre 2010 et 2014. Cette année, il est projeté un apport de 2,8% du PIB national.
Le Groupement ivoirien du bâtiment et des travaux publics (GIBTP) est l’entité affiliée à la Confédération générale des entreprises de Côte d’Ivoire (CGECI), regroupant les professionnels de ce secteur. Son président, Philippe Eponon, a annoncé les grandes tendances. Dans le spécial BTP de notre confrère Fraternité Matin, il a fait savoir que le chiffre d’affaires cumulé des sociétés de son groupement était de seulement 1.800 milliards de francs CFA entre 2004 et 2010. Ce cumul est passé à 2.100 milliards de francs CFA de 2011 à 2014. Soit une moyenne de 525 milliards cumulés par an. Selon lui, le secteur des BTP a versé près de 230 milliards sous forme d’impôts et taxes à l’Etat ivoirien. Quant aux cotisations, elles ont été estimées à 205 milliards sur les quatre dernières années.
Ces données viennent ainsi confirmer que la relance de l’économie ivoirienne a été fortement alimentée par secteur des BTP. Et les inaugurations de bon nombre de ces infrastructures sont un témoignage éloquent… L’on ne saurait dresser une liste exhaustive des chantiers engagés, en cours et déjà finalisés, entre 2011 et 2015. Il y a tout de même des travaux qui font l’admiration de tous et méritent d’être mis en exergue.
Un élan collégial des partenaires extérieurs
Le succès de l’économie ivoirienne repose en grande partie sur la contribution de ses partenaires extérieurs. Ils sont présents, depuis la fin de la dernière crise, sur presque tous les grands chantiers de l’Etat. Des appuis techniques et surtout financiers. Pour la construction de l’échangeur de la Rivera-2 par exemple, la Côte d’Ivoire a bénéficié d’un don de l’Association internationale pour le développement (IDA), membre du Groupe de la Banque mondiale – 6,178 milliards FCFA dans le cadre de la mise en œuvre du Programme d’urgence d’infrastructures urbaines (PUIUR). L’Etat ivoirien s’est occupé des charges relatives aux déguerpissements et indemnisations des populations. Pour l’extension de l’autoroute du Nord, sur le tronçon Singrobo-Yamoussoukro, la Banque islamique de développement (BID) était avec ses institutions sœurs – à savoir le Fonds de l’Opep (F-Opep), le Fonds saoudien de développement (FSD) et la Banque arabe pour le développement économique en Afrique (Badea) pour financer le projet de 137 milliards FCFA. Tous ces acteurs de la haute finance ont bien soutenu l’Etat ivoirien qui a déboursé environ 47,215 milliards FCFA. La rénovation du premier tronçon Abidjan-Singrobo, d’un coût additionnel de 35 milliards FCFA a, quant à elle, été supportée par des bailleurs locaux.
Sur le troisième pont – baptisé pont Henri Konan Bédié –, les partenaires étaient nombreux, avec la Banque africaine de développement (BAD) comme chef de file. L’institution panafricaine a, à elle seule, apporté 58 millions d’euros (soit plus de 37,9 milliards FCFA) sous forme de prêts. Sa contribution représentait 20% du cout global de l’ouvrage, estimé à 124,6 milliards FCFA, construit sous le modèle de partenariat public-privé (PPP). La BAD a entrainé d’autres gros financiers à l’instar de la Banque ouest-africaine de développement (BOAD), la Banque d’investissement et de développement de la Cedeao (BIDC), la Société financière africaine (SFA), la Banque marocaine pour le commerce extérieur (BMCE), ainsi que l’Institution de financement du développement des Pays-Bas (FMO) dans la réalisation de cette méga-infrastructure. Bouygues Construction, a qui le gouvernement a fait la concession, détenait 47,04% du capital. L’échangeur sur le boulevard Valéry-Giscard-d’Estaing (VGE), lui, a coûté 25 milliards FCFA à l’Etat ivoirien.
Abidjan avait un déficit criard d’adduction en eau potable. Le gouvernant a pour cela conduit un projet de traitement d’eau à partir des nappes souterraines de la ville de Bonoua. Un prêt de 59 milliards FCFA a été consenti par la banque chinoise, Eximbank, pour réaliser cet ouvrage qui approvisionne les populations d’Abidjan-Sud, avec environ 80.000 mètres cubes d’eau potable par jour. C’est la société China Geology Ingenering Company qui a exécuté ce faramineux chantier.
A Jacqueville, ce sont des bailleurs tels que la Banque arabe pour le développement économique en Afrique (Badea) et le Fonds de l’Opep (F-Opep) qui ont apporté la manne financière nécessaire pour réaliser le pont Philippe-Grégoire-Yacé. Et la société égyptienne Arab Contractors a exécuté ce chantier de 20,33 milliards FCFA qui est venu désenclaver la région de 3A (Allandjan, Aïzi et Akouri).
La coopération avec l’empire du Milieu
Sur le nouvel axe routier, d’Abidjan à Grand-Bassam, la coopération bilatérale entre la Côte d’Ivoire et la République populaire de Chine a permis de réaliser cette autoroute à péage. Dix milliards FCFA pour le premier et 52 milliards FCFA pour le second. Son exécution est faite par China Machenery Engeneering Corporation (CMEC).
En début novembre 2014, le ministre du Pétrole et de l’Energie, Adama Toungara, indiquait ceci : «En ce qui concerne les paiements, la Côte d’Ivoire doit payer 140 milliards sur les 338 milliards. Et nous nous acquittons, de même qu’Eximbank, des paiements de façon régulière.» Il s’agit du giga-projet de construction du barrage hydroélectrique de Soubré. En attendant qu’il soit opérationnel début 2018, avec 275 mégawatts d’électricité, la phase 3 de la centrale thermique d’Azito a été déjà livrée le 30 juin. A Yopougon, un parterre d’institutions internationales a contribué à la mise en marche des 1.772 mégawatts additionnels apportés à l’économie énergétique du pays. Il a couté 392 millions de dollars américains, soit plus de 196 milliards de francs CFA. Auprès de Globeleq, on a remarqué la BOAD, FMO, Proparco, SFI, BAD, KFW Bankengruppe, Emerging Africa Infrastructure Fund, etc.
Plusieurs autres chantiers de l’Etat ont bénéficié de l’appui financier des bailleurs de fonds. Et les travaux de construction du second terminal à conteneurs sur l’île Boulay viennent de démarrer grâce à un prêt de 400 milliards FCFA consenti par la Banque chinoise d’export-import (Eximbank). L’Etat ivoirien a eu l’autorisation du Fonds monétaire international (FMI) pour le faire. Parce ce que ce prêt est dit non concessionnel…
Les banquiers locaux participent peu à cet essor
De la manière dont les financiers extérieurs affluent sur les travaux du BTP ivoirien, c’est le revers de la médaille lorsqu’on observe le comportement des banquiers locaux. Leur participation à ce pan de l’économie nationale laisse à désirer. Selon une étude menée par l’agence de notation financière Bloomfield Investment Corporation, la Côte d’Ivoire fait partie des pays de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa) où les banques locales financent très peu le secteur des BTP. Le volume global des crédits accordés à court terme à ce secteur, qui était de 40,993 milliards FCFA en 2009, est tombé à 26,293 milliards en 2010, l’année de la crise post-électorale. Le retour à la normalité s’est fait aussi sentir dans les financements, mais dans des proportions très moindres. En effet, le concours des banquiers a été rehaussé à 28,13 milliards FCA en 2011, à 66,873 milliards FCFA en 2014. A moyen et long terme, les financements sont passés de 2,99 milliards à 4,848 milliards FCFA entre 2011 et 2014. Cela peut-il être vu comme une avancée ? Non, puisque les chantiers issus du secteur du BTP sont exécutés à des dizaines et centaines de milliards de nos francs. La quote-part des banquiers est alors dérisoire. Disons simplement que les banques installées en terre ivoirienne participent très peu au boom observé dans le BTP. En témoigne le taux qui est seulement de 2% à 3% du total des crédits accordées aux différents secteurs de l’économie ivoirienne.
La Côte d’Ivoire n’est donc pas assez bien lotie en termes de financement des banques, comparativement aux autres pays de l’Uemoa. Au Burkina Faso par exemple, les données consolidées par l’agence de notation financière montrent que les banquiers de ce pays ont contribué à hauteur de 215,494 milliards FCFA au secteur BTP en 2014. La Côte d’Ivoire est à cette même période à seulement 71,721 milliards de francs CFA. En pourcentage, le Burkina est à 13,6% contre 3,2% pour la Côte d’Ivoire. Le modèle sénégalais est aussi palpitant puisque le volume global de crédits alloués au BTP a été évalué à 142,749 milliards FCFA en 2014. Soit un taux de 7,0% du total de prêts consentis à cette période.
Cette situation vient simplement confirmer que la plupart des grands chantiers de bâtiment et travaux publics sont exécutés par les grandes multinationales qui remportent aisément les marchés soumis à appels d’offres. Elles ont déjà les ressources financières et techniques nécessaires pour y aller. En plus, un bon nombre de chantiers s’opèrent sous diverses formes de partenariats public-privé (PPP). Des bailleurs de fonds et institutions internationales sont à l’affût. Les quelques opérateurs locaux qui interviennent dans le BTP, en co-traitance ou sous-traitance, sur les grands chantiers et ceux accédant aux petits marchés de reprofilage de routes, de construction de petits ponts et édifices publics, ne sont guère avantagés… Parce que les banquiers ivoiriens ne leur ouvrent pas vraiment leurs coffres.
Philippe Ezaley